Document de recherche 2022/075
Conditions océanographiques optiques, chimiques et biologiques sur le plateau continental de Terre-Neuve-et-Labrador en 2018
Par Maillet, G., Bélanger, D., Doyle, G., Robar, A., Rastin, S., Ramsay, D. et Pepin, P.
Résumé
L’état des nutriments et du plancton marin sur les Grands Bancs et le plateau continental de Terre-Neuve et Labrador en 2018 est évalué et comparé aux conditions moyennes à long-terme dans la région afin de mettre en évidence les interrelations entre les conditions biogéochimiques océanographiques et la production marine primaire (phytoplancton) et secondaire (zooplancton). Globalement, les indices optiques et de chlorophylle a indiquent une biomasse de phytoplancton au-dessus de la normale à la station de monitorage à haute fréquence (S27) pour avril et mai 2018. Les indices de production de phytoplancton étaient près des normales durant le reste de l’année. Les profils printaniers de silicate et de nitrate montrent une absorption de nutriments à des profondeurs deux fois supérieures aux moyennes climatologiques suggérant qu’une portion de la production primaire a eu lieu plus profondément en zone euphotique. Les anomalies annuelles de chlorophylle le long des sections océanographiques transversales du plateau continental indiquent également une production de phytoplancton au-dessus de la moyenne pour 2018, ce qui contraste avec les niveaux plus faibles observés depuis le début des années 2010. Bien que l’imagerie satellitaire de la couleur de l’océan pour 2018 concorde avec les observations in situ du Programme de monitorage de la zone Atlantique (PMZA), les indices de floraison printanière à l’échelle régionale montrent une intensité et une ampleur réduites de la floraison printanière. La tendance générale de l’augmentation de l’abondance du zooplancton sur les Grands Bancs observée depuis le début du PMZA s’est poursuivie en 2018. L’abondance des copépodes de grande taille à haute teneur énergétique Calanus finmarchicus était principalement près des normales sur les Grands Bancs et le plateau continental de Terre-Neuve et Labrador en 2018 après 4 années de faible abondance. L’abondance des copépodes de petite taille Pseudocalanus spp. et Oithona spp. était de retour à des niveaux près de la normale après 3–4 années d’abondances élevées à l’exception des Grands Bancs sud-est où l’abondance est demeurée au-dessus de la normale. L’abondance des organismes zooplanctoniques non-copépodes est demeurée au-dessus de la normale dans l’ensemble de la région pour une 6e année consécutive, atteignant des niveaux records ou parmi les plus élevés pour S27 et chacune des sections océanographiques. Les cycles de production de C. finmarchicus et de Pseudocalanus spp. à S27 ont été retardés d’environ un mois en 2018 et présentent des signes de production d’une deuxième génération. Le zooplancton de grande taille (>1 mm) était le principal responsable de l’augmentation de la biomasse total de zooplancton le long de chacune des sections océanographiques. La biomasse du zooplancton de petite taille (<1 mm) présentait des anomalies négatives dans l’ensemble de la région, continuant une tendance qui a débuté il y a plus d’une décennie. Les abondances relatives de certains taxa de phyto- et de zooplancton en surface basées sur les données du programme d’enregistrement du plancton en continu (EPC) indiquent des niveaux élevés de copépodes de petite taille et de plancton sensible à l’acidification sur le nord des Grands Bancs. Des changements dans l’acidification des océans et la chimie des carbonates montrent des variations saisonnières de pH et d’horizons de saturation (Ω) de l’aragonite et de la calcite. Les mesures de carbone océanique indiquent de façon générale que les masses d’eau sont saturées en ions carbonates, mais sous-saturée en aragonite dans les eaux intermédiaires et profondes à certaines stations d’échantillonnage. Les patrons de variation générale des nutriments, de la biomasse du phytoplancton et de l’abondance du zooplancton soulignent l’importance des relations entre l’environnement biogéochimique et la production océanique primaire et secondaire. Les résultats montrent des signes persistants d’un changement de la structure de taille de la communauté de copépodes caractérisé par une diminution de l’abondance des copépodes de grande taille à haute teneur énergétique en faveur d’autres taxa de copépodes de petite taille. Davantage de recherches sont nécessaires afin de comprendre les raisons à la base des changements dans la structure des communautés zooplanctoniques et leur effets sur le transfert d’énergie vers les niveaux trophiques supérieurs.
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