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Document de recherche 2005/038

Perspective préliminaire sur les normes et les modèles applicables à l’oxygène dissous dans la zone marine côtière, en prêtant une attention particulière à la pisciculture dans les eaux de la baie de Fundy situées au sud-ouest du Nouveau-Brunswick

Par Page, F.H.

Résumé

La tendance à l’établissement de normes relatives à la concentration d’oxygène dissous dans les estuaires et les zones côtières marines s’intensifie un peu partout dans le monde. La plupart des normes visent à protéger les processus de production et les processus écosystémiques de la zone côtière et à restreindre les perturbations anthropiques des taux naturels d’oxygène dissous à un pourcentage limité (5 – 10 %). Au Canada, le CCME a élaboré des normes nationales préliminaires concernant l’oxygène dissous pour la zone côtière, mais ces lignes directrices n’ont pas encore été entièrement adoptées par les divers secteurs de compétence du pays.

La mariculture nécessite de l’oxygène en raison des besoins respiratoires des organismes d’élevage, ainsi que de la décomposition des déchets organiques ou des effluents. L’expérience dans ce domaine dans le monde entier a montré que l’aquaculture pouvait réduire considérablement les concentrations d’oxygène et, dans certains cas, à un point grave. Même si des réductions limitées dans l’espace et modérées peuvent se produire presque immédiatement après la mise sur pied d’une exploitation aquacole, les réductions graves peuvent prendre de nombreuses années, voire des décennies. Au Canada, les gouvernements fédéral et provinciaux espèrent aussi améliorer le développement de l’aquaculture au pays et, dans le sud-ouest du Nouveau Brunswick, l’industrie et les gouvernements, provincial et fédéral, travaillent à l’adoption d’une démarche axée sur le rendement en vue de réduire les répercussions de l’aquaculture sur l’environnement. Dans certaines régions canadiennes, l’aquaculture est déjà le principal facteur anthropique à influer sur les concentrations d’oxygène dissous de la zone côtière. Quelques exploitations maricoles canadiennes réduisent déjà, périodiquement, les concentrations d’oxygène dissous, quoique à des échelles spatiale et temporelle relativement limitées, à des taux inférieurs aux lignes directrices acceptées à l’échelle internationale et recommandées à l’échelle nationale.

Sur le plan mondial, les modèles servant à simuler et à prévoir les effets de la pisciculture sur la concentration d’oxygène dissous commencent à tenir compte des effets rapprochés et éloignés. Dans certains cas, l’oxygène est utilisé comme facteur principal du modèle et les normes relatives à l’oxygène servent à estimer les limites de la capacité de charge pour l’aquaculture. Toute l’expérience de modélisation montre que le principal facteur de contrôle des répercussions environnementales et de la concentration d’oxygène en particulier est la circulation de l’eau. Dans les zones à grand renouvellement, où la vitesse minimale de l’eau est suffisante, le taux d’alimentation en oxygène peut être en équilibre avec la production aquacole, de sorte que la demande pour l’aquaculture et la demande en oxygène pour la décomposition des déchets organiques peuvent être satisfaites, tandis que les normes environnementales sont respectées. Dans les zones où le renouvellement d’eau est faible et où les courants sont limités, cet équilibre est difficile à atteindre et c’est dans ce genre de zones que la détérioration de la qualité de l’eau a généralement eu lieu.

Il est donc temps pour le Canada de s’attaquer sérieusement et rapidement à l’élaboration et à la mise en œuvre de normes appropriées relatives à l’oxygène dissous et de protocoles de gestion de la zone côtière marine et de l’aquaculture. Un tel effort nous aidera à éviter les conséquences éco-socio-économiques graves associées à une mauvaise qualité de l’eau. Du point de vue de l’analyse des risques, la question de l’oxygène dissous pourrait être classée comme impossible à gérer. L’aquaculture est pratiquée sur une proportion relativement limitée des côtes canadiennes et c’est seulement dans certaines de ces zones que sa pratique est suffisamment intense pour causer des problèmes. Ainsi, la probabilité d’un appauvrissement important en oxygène dissous causé par l’aquaculture est faible à modérée et les effets des réductions sont aussi probablement faibles à modérés.

On propose d’utiliser les recommandations et les approches du CCME relatives à la qualité des eaux comme guide à l’élaboration de normes appropriées. Il est aussi indiqué que le développement de l’aquaculture pourrait profiter de l’adoption de l’approche de protection de l’utilisation et du concept de zone de dilution initiale. Ces mesures nécessiteront l’acquisition et l’utilisation de capacités de surveillance et de modélisation de la qualité de l’eau adaptées aux secteurs de compétence et l’adoption de règlements appropriés. Pour que ce processus soit efficace et conforme aux principes qui sous-tendent la volonté du Canada d’assurer une planification et une gestion mieux intégrées et holistiques de la zone côtière, il devrait assurer une participation de tous les intervenants et niveaux de compétence appropriés. Le processus devrait commencer par un programme de surveillance assidue de l’oxygène afin de déterminer les variations naturelles dans les principales zones d’aquaculture, ainsi que les variations dans les exploitations existantes et à proximité. Le processus devrait aussi inclure l’établissement de modèles de circulation d’eau tridimensionnels à haute résolution spatiale et temporelle et de modèles de qualité de l’eau relativement simples et empiriques, la combinaison de ces modèles entre eux et avec les initiatives de gestion et de planification de la gestion intégrée du SIG, ainsi que l’étalonnage et la validation avec les données recueillies sur le terrain.

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