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Document de recherche 2006/011

Effets de la conchyliculture sur l’habitat du poisson

Par McKindsey, C.W., M.R. Anderson, P. Barnes, S. Courtenay, T. Landry, et  M. Skinner

Résumé

Le présent document traite du rôle que jouent les élevages de bivalves dans l’écosystème. Grâce à l’information qu’il contient, les gestionnaires de l’habitat pourront prendre des décisions éclairées sur cette industrie et ce, en tenant compte de l’écosystème. Nous avons ainsi examiné le rôle des bivalves dans les écosystèmes naturels ainsi que les méthodes et les conditions d’élevage observées au Canada et ailleurs. Nous avons ensuite évalué si le rôle joué par ces organismes en milieu naturel était reproduit en milieu conchylicole.

Jusqu’à maintenant, nombre de recherches (et de mesures réglementaires) ont été axées sur la sédimentation ainsi que sur l’effet qu’a ce phénomène sur les processus biogéochimiques et biologiques qui surviennent dans les sédiments en dessous des installations d’élevage de bivalves en suspension. Nombre d’efforts ont aussi été consacrés à l’élaboration de modèles de la capacité biotique pour la production. Ces modèles évaluent habituellement la colonne d’eau (phytoplancton, zooplancton, sels nutritifs et détritus) et les processus benthiques (sels nutritifs) pour optimiser la production.

Ces approches, qui sont assez avancées, tiennent compte jusqu’à un certain point de la gestion écosystémique. Toutefois, elles projettent une image légèrement incomplète et négative du rôle joué par les élevages des bivalves dans l’écosystème. Nous élaborons donc sur le fait que les nombreux rôles joués par les élevages des bivalves dans l’écosystème sont en réalité positifs et peuvent compenser en grande partie les effets plus négatifs qui sont souvent pris en considération. Nous examinons aussi la macrofaune (macro-invertébrés et poissons) et les espèces directement associées à l’élevage des bivalves et proposons que ces organismes soient pris en considération plus souvent et de manière plus officielle dans les décisions prises sur les installations d’élevage des bivalves. Nous insistons également sur quelques enjeux qui, à notre avis, doivent être étudiés plus à fond pour qu’une véritable gestion écosystémique puisse être pratiquée.

Selon un examen de la littérature, les bivalves ont une interaction très importante avec l’environnement et ce, à bien des égards. Ils peuvent avoir une incidence considérable sur les communautés planctoniques et le cycle des sels nutritifs. Par une série de mécanismes, ils ont aussi une incidence considérable sur la diversité et la productivité des assemblages auxquels ils sont associés et peuvent avoir des effets en cascade sur l’écosystème dans son ensemble.

Les espèces principales élevées dans l’est du Canada sont les moules indigènes (Mytilus edulis et Mytilus trossulus) et l’huître américaine (Crassostrea virginica). Sur la côte ouest, les principales espèces élevées sont l’huître creuse du Pacifique (Crassostrea gigas) et la palourde japonaise (Venerupis philippinarum), deux espèces exotiques. Les moules sont la plupart du temps élevées sur des filières, tandis que les huîtres, dans l’est du Canada, le sont le plus souvent sur le fond ou dans des parcs flottants. Sur la côte ouest, les huîtres sont élevées sur le fond et dans des parcs flottants, mais on assiste aussi à une progression des installations d’élevage en suspension. Finalement, sur la côte est, les naissains sont presque tous sauvages, tandis que sur la côte ouest, c’est l’inverse.

Dans l’ensemble, on a constaté que les bivalves d’élevage jouaient en grande partie les mêmes rôles que les bivalves vivant dans des conditions naturelles. Cela étant dit, la concentration de bivalves plus importante des élevages a certains effets négatifs sur l’écosystème en raison de l’accroissement de la charge biologique à proximité des installations d’élevage et des récoltes pratiquées sur le fond et dans les parcs flottants. Par contre, les élevages de bivalves fonctionnent plus ou moins comme les récifs artificiels. Dans les élevages de bivalves en suspension, l’abondance des salissures et des grandes espèces mobiles associées à ces salissures ainsi que l’abondance des macro-invertébrés et des poissons directement en dessous des installations d’élevage demeure constamment élevée. Certains travaux démontrent toutefois que la présence de ces espèces peut compenser les pertes survenant directement en dessous des installations d’élevage suspendues. On a également observé des augmentations similaires chez les espèces accompagnatrices à l’emplacement de parcs flottants. Les interactions entre l’élevage des bivalves, les oiseaux et les mammifères marins sont variables.

Enfin, nous examinons aussi un certain nombre de méthodes d’évaluation des stratégies d’échantillonnage appliquées à une série d’organismes qui, à notre avis, devraient être incluses dans l’évaluation de l’incidence de l’élevage des bivalves sur l’écosystème. Nous décrivons aussi brièvement les préoccupations soulevées au sujet des espèces aquatiques envahissantes dans l’élevage des bivalves, puis nous terminons en soulignant certaines lacunes dans les connaissances et en formulant des recommandations pour des recherches futures.

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