Déclaration des présidents du cinquième Congrès international des aires marines protégées (IMPAC5)
À titre de coprésidents du Forum du leadership (9 février 2023) du cinquième Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC5, du 3 au 9 février 2023), au nom des nombreux participants, et en tant que la ministre de Pêches et Océans Canada, et le ministre d’Environnement et Changement climatique Canada et ministre responsable de Parcs Canada, nous :
- soulignons que des océans sains sont essentiels au maintien de la nature et de la vie humaine, à la disponibilité continue des ressources marines au profit des générations futures, et à la concrétisation de nos engagements collectifs de lutter contre les changements climatiques et assurer la conservation de la biodiversité;
- soutenons le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal (COP15, Convention des Nations Unies sur la diversité biologique), l’Engagement pour la conservation des océans (COP27, Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) et l’Appel à l’action « Notre océan, notre avenir, notre responsabilité » (Conférence des Nations unies sur les océans de 2022);
- saluons les progrès accomplis à l’échelle mondiale pour créer, étendre et gérer plus efficacement les aires marines protégées (AMP) et les autres mesures de conservation efficaces par zoneNote de bas de page 1 (AMCEZ), et félicitons les 16 nations qui ont adopté l’Engagement pour la conservation des océans lors de la COP27 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques;
- déclarons notre engagement continu à protéger et à restaurer l’océan mondial, et à utiliser les ressources marines de manière durable;
- affirmons que les AMP et les AMCEZ gérées efficacementNote de bas de page 2 représentent des investissements essentiels pour préserver, restaurer et soutenir un capital naturel résilient (espèces marines et côtières, habitats, écosystèmes et biodiversité), atténuer les changements climatiques (carbone bleu), soutenir les moyens de subsistance des peuples autochtones et des collectivités locales, et sauvegarder les zones du patrimoine culturel et historique;
- reconnaissons qu’un système mondial d’AMP et d’AMCEZ gérées efficacement est nécessaire pour procurer ces avantages et soutenir l’élaboration et le déploiement de mécanismes durables de financement, ainsi que la mobilisation des ressources pour y parvenir;
- affirmons que la conservation dirigée par les Autochtones est essentielle à la réussite de la conservation du milieu marin, et que la meilleure façon d’y parvenir est de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA);
- soutenons l’amélioration et le renforcement du dialogue avec les industries maritimes et favorisons leur participation élargie aux futurs congrès internationaux sur les aires marines protégées, et aux actions visant à protéger la biodiversité et à gérer les ressources marines de manière durable;
- soulignons l’interconnexion des objectifs de développement durable des Nations Unies, et reconnaissons que des réseaux d’AMP et d’AMCEZ gérés efficacement sont essentiels pour protéger 30 pour cent de notre océan d’ici 2030 et pour parvenir à la pleine régénération de la nature d’ici 2050 ; et
- remercions les Premières Nations hôtes, les Musqueam, les Squamish et les Tsleil-Waututh de nous avoir reçus et si bien accueillis, ainsi que l’Union internationale pour la conservation de la nature, la Société pour la nature et les parcs du Canada, et la Province de la Colombie-Britannique pour leur partenariat en vue d’organiser IMPAC5.
Comme mesures concrètes pour protéger l’océan, sa biodiversité, et ses services écosystémiques, nous recommandons ce qui suit comme un Appel à l’action émergeant de ces discussions :
Dans l’immédiat, nous demandons
la conclusion des négociations en temps opportun, prévues du 20 février au 3 mars 2023, afin d’établir un traité juridiquement contraignant dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, en vue de permettre la protection, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité dans les zones situées au-delà des zones de compétence nationale – soit des zones en haute mer, qui couvre 64 p. 100 de l’océan.
À l’horizon 2030, nous demandons
- que les Nations accélèrent les progrès pour mettre pleinement en œuvre les mesures et les cibles relevant de l’Objectif de développement durable no 14 des Nations Unies (conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable), renforcent les normes de protection des AMP et des AMCEZ, et redoublent d’efforts pour atteindre la Cible 3 (conserver 30 p. 100 des zones marines et côtières d’ici 2030) du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal;
- que soient créées des AMP et des AMCEZ transfrontalières pour améliorer la conservation des écosystèmes, la connectivité et la migration des espèces (c’est-à-dire les corridors marins ou bleus) ainsi que les liens culturels et sociaux;
- que soient établis des réseaux d’AMP et d’AMCEZ qui soient : bien connectés, gérés de manière équitable, écologiquement représentatifsNote de bas de page 3; intégrés dans le paysage terrestre, marin et océanique au sens large (p. ex., au moyen de la planification spatiale marine); et intégrés dans les plans nationaux pour la protection de l’environnement, le développement durable (p. ex. économie bleue et économie verte) et l’atténuation des changements climatiques ainsi que l’adaptation à ces derniers;
- un soutien financier durable des AMP et les AMCEZ à long terme, en particulier pour les pays en développement, de la part des gouvernements, des institutions financières privées, de l’industrie maritime, des organisations philanthropiques et des ONG, et l’exploration d’outils financiers novateurs à cette fin;
- un soutien bilatéral et multilatéral aux pays en développement pour le développement des capacités, l’accès aux technologies et leur transfert, la promotion de l’innovation et de la coopération technique et scientifique (cible 20 du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal) afin d’établir et de gérer efficacement et équitablement les AMP et les AMCEZ, de protéger le milieu marin et de gérer les ressources marines de manière durable; et
- une approche de précaution pour s’assurer que le développement des ressources marines est conforme à des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance rigoureux, qui soutiennent nos efforts pour lutter contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.
Ces mesures devraient reposer sur
- une coopération internationale accruer pour protéger le milieu marin, notamment grâce à une plus grande collaboration entre les organisations internationales et intergouvernementales;
- un partenariat avec les peuples autochtones pour permettre la conservation dirigée par les AutochtonesNote de bas de page 4 et l’établissement et la gestion d’AMP et d’AMCEZ d’une manière conforme aux principes de la DNUDPA, en particulier l’article 29(1),
- l’approche « à double perspective » et la prise en compte des connaissances traditionnelles ainsi que de la recherche scientifiqueNote de bas de page 5 pour mieux comprendre l’océan et les zones côtières, y compris le potentiel d’absorption du carbone des écosystèmes de carbone bleu (p. ex. les marais, les estuaires);
- la priorité accordée par les Nations, les organisations civiles et internationales et l’industrie à la protection et à la restauration des zones à fort potentiel d’absorption du carbone bleu;
- des processus inclusifs pour la protection des océans afin de faire participer les populations de toute la société : les peuples autochtones, les jeunes, les femmes, les communautés locales, la société civile, les gouvernements, le milieu universitaire, et l’industrie;
- des programmes de sensibilisation aux océans visant à mieux faire comprendre au public et à l’industrie l’importance des océans et les mesures à prendre pour les protéger; et
- une collaboration accrue, et davantage de ressources et de stratégies visant à réduire la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
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