Faire progresser l’équité entre les sexes dans la Décennie pour les sciences océaniques
Récapitulatif des 3 séances organisées dans le cadre de la série virtuelle 2020 2021 de la Décennie pour les sciences océaniques
Sur cette page
- Avant-propos
- Introduction
- Contexte actuel
- Rôles de la communauté océanique dans l’avancement de l’équité des genres dans les sciences océaniques
- Les moyens d’habiliter et d’inspirer les jeunes femmes dans le domaine des sciences océaniques
- Conclusions et recommandations clés pour faire progresser l’égalité des sexes dans la Décennie pour les sciences océaniques
- Références
- Annexe 1. Séances virtuelles : modérateurs et intervenants
Avant‑propos
Par l’ambassadrice Cayer
Les océans, qui couvrent 70 % de la surface de la planète, jouent un rôle central dans le maintien de la vie sur Terre et le bien-être de l’humanité. Nous ne pouvons plus ignorer les effets des activités humaines non durables sur les océans, et nous devons prendre des mesures pour mettre un terme à la dégradation de ces derniers.
L’un des objectifs clés du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies est consacré aux océans, et vise à « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ». Notre compréhension de l’océan et de sa contribution à la durabilité dépend en grande partie de notre capacité à développer une océanographie efficace. Menée par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable est l’occasion de travailler ensemble pour inverser la tendance en matière de santé des océans en utilisant la science pour relever les nombreux défis auxquels sont confrontés nos environnements marins.
Pour que la Décennie des sciences océaniques nous permette de parvenir à « l’océan dont nous avons besoin pour l’avenir que nous voulons », nous devons veiller à ce que les meilleures personnes travaillent dans le domaine de l’océanographie, en particulier les femmes scientifiques. En effet, seulement 37 % des personnes qui font carrière dans le domaine de l’océanographie sont des femmes. Bien que ce chiffre soit plus élevé que dans d’autres domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, il ressort clairement de ce rapport que des mesures doivent être prises à tous les niveaux – par les particuliers, les institutions et organisations, ainsi que les gouvernements. Ces mesures doivent donner aux femmes les moyens et l’envie de faire carrière en océanographie en leur garantissant l’accès à l’éducation et à la technologie grâce au mentorat, à des bourses d’études, à des réseaux et à la reconnaissance de leurs contributions.
Je vous invite à lire les recommandations du rapport, à les communiquer au plus grand nombre, et à explorer les possibilités de contribuer à la promotion de l’équité entre les sexes dans le cadre de la Décennie des sciences océaniques, dans l’intérêt de l’océan et de toute l’humanité.
Introduction
La Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable 2021‑2030 (« la Décennie ») des Nations Unies a été lancée en janvier 2021. Il s’agit d’un effort mondial novateur visant à forger de nouveaux partenariats scientifiques, sociaux et économiques pour favoriser une science efficace, la gestion des océans et le développement durable. La Décennie est une occasion unique qui vise à transformer les sciences océaniques de sorte à inverser le déclin de la santé des océans et à garantir un océan durable pour les prochaines générationsNote de bas de page 1.
Pour atteindre ses objectifs, la Décennie doit transcender les genres, les géographies, les cultures et les générations pour veiller à ce que tous les membres de la société soient inclus et travaillent ensemble dans une campagne transformationnelle à grande échelle et novatrice pour faire progresser, accélérer et intégrer les sciences océaniques dans les politiques et les processus décisionnels. L’équité entre les genres consiste à être juste envers toutes les identités de genre et, une fois atteinte, elle mène à l’égalité. L’équité entre les sexes ne consiste pas seulement à avoir un nombre égal de personnes de sexe différent à la table, mais aussi à veiller à l’inclusion et à ce que chacun ait une voix égale. La Décennie est l’occasion d’accélérer les efforts visant à atteindre l’équité entre les genres dans le domaine des sciences océaniques d’ici 2030.
Soucieux de mettre l’accent sur l’équité entre les genres dans le secteur des océans, Pêches et Océans Canada, la Commission canadienne pour l’UNESCO et la Commission océanographique intergouvernementale ont organisé conjointement 3 séances sur le thème de l’équité entre les genres dans le cadre de la série virtuelle de la Décennie, qui ont eu lieu le 10 novembre 2020, le 11 février 2021 et le 8 mars 2021. En outre, la séance de mars 2021 a reçu le soutien de L’Oréal Canada dans le contexte de son programme de bourses d’excellence pour les femmes et la science. Au total, environ 2000 personnes de plus de 100 pays ont pris part à la série, et 22 conférenciers du monde entier ont participé aux discussions (annexe 1).
Les 3 séances virtuelles sur l’équité entre les genres étaient les suivantes :
- Renforcer l’autonomie des femmes pour agir dans le cadre de la Décennie pour les sciences océaniques (10 novembre 2020)
- Discussion pour explorer les perspectives sur le genre en relation avec les pratiques et la collaboration scientifiques et politiques pour un océan durable, mettre en évidence les approches pour promouvoir l’avancement de l’égalité des genres dans le secteur maritime, et présenter des exemples inspirants.
- Regardez la session virtuelle complète sur YouTube (en anglais seulement)
- Discussion pour explorer les perspectives sur le genre en relation avec les pratiques et la collaboration scientifiques et politiques pour un océan durable, mettre en évidence les approches pour promouvoir l’avancement de l’égalité des genres dans le secteur maritime, et présenter des exemples inspirants.
- Faire des vagues pour l’océanographie : Renforcer l’autonomie des femmes et des filles pour agir dans le cadre de la Décennie pour les sciences océaniques (11 février 2021)
- À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles dans le domaine des sciences, des experts soulignent l’importance des réseaux de pairs et des modèles pour donner le goût aux femmes et aux filles de poursuivre une carrière dans le domaine des sciences océaniques.
- Regardez la session virtuelle complète sur YouTube (en anglais seulement)
- À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles dans le domaine des sciences, des experts soulignent l’importance des réseaux de pairs et des modèles pour donner le goût aux femmes et aux filles de poursuivre une carrière dans le domaine des sciences océaniques.
- Faire des vagues pour l’océanographie : Renforcer les capacités des femmes dirigeantes dans le cadre de la Décennie pour les sciences océaniques (8 mars 2021)
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- Regardez la session virtuelle complète sur YouTube (en anglais seulement)
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Le présent rapport met en évidence les mesures possibles et les recommandations proposées lors des séances virtuelles qui pourraient contribuer à faire progresser l’équité entre les genres dans le domaine des sciences océaniques d’ici 2030. Au cours des 3 séances, 2 thèmes constants ont émergé des discussions :
- l’un axé sur les mesures qui pourraient être prises à différents niveaux de la communauté océanique (c’est‑à‑dire les personnes, les organisations/institutions et les gouvernements)
- l’autre axé sur des idées spécifiques visant à habiliter et à inspirer les jeunes femmes désireuses de poursuivre une brillante carrière dans le domaine des sciences océaniques
Ce rapport présente également des recommandations qui découlent des présentations et des discussions qui ont eu lieu durant la série virtuelle.
Contexte actuel
Même si les séances virtuelles visaient à instaurer un dialogue entre les panélistes et les participants, chaque séance fournissait un important contexte aux échanges. Les participants ont appris que la diversité est connue pour accroître l’objectivité, l’innovation et la créativité dans les milieux de travail et les groupes de recherche, mais que des inégalités de représentation persistent en fonction du sexe et d’autres mesures de la diversité, notamment :
- la race
- l’origine ethnique
- les aptitudes
- le statut socio‑économique
- etc.
Il est apparu que ces inégalités découlent de la discrimination, du racisme, des stéréotypes et des préjugés conscients et inconscients et qu’elles peuvent se recouper, ce qui signifie que les personnes d’identités diverses peuvent être confrontées à des obstacles importants à une participation égale.
Les femmes et les personnes qui s’identifient comme non binaires sont notamment sous‑représentées dans les secteurs océaniques du développement technologique et de l’observation des océans, ainsi que dans les rôles décisionnels.
Les participants ont été encouragés à garder à l’esprit qu’un manque de diversité chez les scientifiques se traduit par une homogénéité des pensées, et, sans diversité de pensée, l’innovation nécessaire peut ne pas être proposée ou reçue. Une culture plus équilibrée dans le domaine des sciences ouvre les portes à la découverte. En outre, les panélistes ont souligné que la science océanique devait être considérée dans son sens le plus large et que, tant que des personnes seraient laissées de côté, il serait difficile d’inspirer le changement. Les participants ont appris que les programmes scientifiques les plus fructueux sont presque toujours le fruit d’une collaboration, qui garantit que le programme s’appliquera directement aux obstacles auxquels tous les membres de la communauté océanique sont confrontés.
Les participants ont également pris connaissance du concept de « tuyau percéNote de bas de page 3 » et du fait qu’il s’agit d’un problème récurrent dans le domaine des sciences océaniques. L’analogie du « tuyau percé » décrit la manière dont les femmes deviennent peu à peu des minorités sous‑représentées dans le domaine des sciences océaniques, principalement dans les postes de direction ou les rôles décisionnels. Afin de tenir compte des désavantages historiques et sociaux liés au sexe, il faut prendre des mesures qui aideront à parvenir à l’équité.
Rapport mondial sur les sciences océaniques 2020 a révélé que les femmes dans le domaine des sciences océaniques continuaient d’être sous représentées encore plus dans les catégories hautement techniques et décisionnelles.
En outre, les femmes représentent environ 7 % à 72 % de l’ensemble du personnel océanographique (c’est‑à‑dire les chercheurs, les techniciens et le personnel de soutien) selon le pays, la moyenne mondiale étant de 37 %Note de bas de page 2.
Rôles de la communauté océanique dans l’avancement de l’égalité des genres dans les sciences océaniques
Un thème qui a émergé de toutes les discussions est l’idée que, pour parvenir à l’équité entre les genres dans le domaine des sciences océaniques, des mesures s’imposent à tous les niveaux (c’est‑à‑dire les personnes, les institutions/organismes et les gouvernements). Il est ressorti des discussions que la transformation de l’ensemble de l’« écosystème » des sciences océaniques est nécessaire pour accélérer la mise en place d’un environnement inclusif et équitable pour tous d’ici la fin de la Décennie pour les sciences océaniques.
Les personnes
Les participants ont appris que chacun avait un rôle individuel à jouer pour encourager les différents moyens de renforcer l’autonomie des femmes et abattre les obstacles à l’équité entre les genres. Les personnes peuvent également agir en faveur de l’équité des genres :
- en défendant leurs propres intérêts
- en privilégiant la collaboration
- en servant de mentors
Les discussions ont mis en évidence le fait que les femmes ne sont pas les seules à pouvoir inspirer le changement, mais que les alliés masculins ont également un rôle essentiel à jouer.
Les panélistes ont discuté de la nécessité pour les personnes de déterminer comment l’équité des genres les touchait personnellement, puis d’adapter leur emploi du temps, leurs relations avec leurs pairs et leurs agissements en conséquence. Il ne faut pas sous‑estimer l’importance de défendre ses intérêts et ceux de son entourage immédiat. En outre, il a été noté que raconter ses expériences vécues donnait l’occasion d’apprendre les uns des autres, de trouver de l’inspiration et d’inciter les autres à trouver le courage de raconter leur vécu et de provoquer des changements. Les panélistes ont également souligné qu’il était impératif de reconnaître les modèles et les personnes qui ont ouvert la voie à d’autres femmes dans le domaine des sciences océaniques et de suivre leur exemple.
Par ailleurs, il est ressorti de la discussion que, dans leur propre entourage, les personnes pouvaient appeler à une collaboration active non seulement avec les scientifiques, mais aussi avec d’autres membres de la communauté océanique (par exemple les étudiants, les jeunes, les décideurs, les chefs d’entreprise, les spécialistes du secteur maritime, les populations locales, les diplomates, etc.). Plaider pour l’équité dans son entourage est une façon de sensibiliser ses collègues ou les membres de la communauté au sujet d’enjeux importants dont ils ne sont peut‑être pas au fait, et d’accélérer ainsi les progrès vers l’atteinte de l’équité entre les genres.
Bien qu’il n’incombe pas uniquement aux femmes de résoudre les problèmes d’équité entre les genres, les panélistes ont souligné que, pour atteindre leurs objectifs, les femmes devaient croire en elles‑mêmes et garder une attitude positive face à l’adversité.
Institutions et organisations
Le rôle important des institutions et des organisations dans la création d’occasions pour les femmes et la garantie de l’équité entre les genres a été invoqué. Si certaines organisations sont petites et disposent d’un budget limité, d’autres ont une portée et une influence considérables (par exemple les universités, les organes des Nations Unies, les grandes organisations non gouvernementales, etc.) et peuvent montrer l’exemple en mettant en œuvre divers programmes et initiatives pour faire progresser l’équité entre les genres.
Les panélistes ont indiqué qu’une mesure fondamentale prise à ce niveau consistait à accroître la connaissance des océans au moyen d’initiatives ciblées et à promouvoir les carrières dans le domaine des sciences océaniques grâce à des programmes et à des occasions qui ciblent principalement les jeunes et les professionnels de l’océan en début de carrière. On a souligné la nécessité de cibler ces efforts sur les jeunes dès leur plus jeune âge, notamment en leur offrant des possibilités d’éducation et de renforcement des capacités, surtout dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins développés.
Les panélistes ont également indiqué que les institutions et les organisations devraient veiller à ce que les décisions au sujet du financement et des pratiques d’embauche tiennent compte des conditions sociales existantes et des obstacles qui perpétuent la marginalisation. Ils ont précisé que, pour garantir la prise en compte de ces facteurs, il convenait de mettre en œuvre des politiques soucieuses de l’équité des genres et de recueillir des données ventilées par sexe sur les institutions. Les panélistes ont convenu de l’importance que les organisations se concentrent sur des résultats mesurables et aident les employés à concilier vie professionnelle et vie de famille, quel que soit leur sexe.
Les panélistes ont observé que, concrètement, si l’on voulait faire progresser l’équité entre les genres sur le plan institutionnel et organisationnel, il fallait offrir différentes possibilités aux femmes en début de carrière, notamment l’accès à des expériences pratiques, le mentorat et la célébration des réalisations des femmes dans le domaine des sciences océaniques.
Dans un effort pour encourager les femmes à exprimer les problèmes qu’elles vivent peut‑être, les panélistes ont indiqué qu’il était essentiel de leur offrir un espace et un environnement sûrs et de prévoir des mesures de protection robustes contre le harcèlement sexuel. Les participants ont appris qu’un moyen efficace de créer des espaces sûrs consistait à cerner les problèmes (réels ou potentiels) et à mettre en œuvre des plans concrets pour les résoudre.
Gouvernements
Les gouvernements ont un rôle important à jouer pour ouvrir la voie à l’équité entre les genres. Les panélistes ont indiqué que, sur le plan des pouvoirs publics, un engagement de la part de tous les ordres du gouvernement à l’égard de l’instauration d’une nouvelle culture des sciences océaniques, qui inclut la collaboration et l’échange d’informations scientifiques avec et entre les femmes, était essentiel. Les discussions ont révélé la possibilité de renforcer les capacités au moyen de bourses d’études dans le domaine des sciences océaniques, et d’accroître la transparence concernant les possibilités de financement de la science afin d’assurer un accès plus équitable pour les femmes à toutes les étapes de leur carrière, mais surtout pour les scientifiques en début de carrière.
Il a été mentionné que les gouvernements, par l’élaboration de politiques, pouvaient empêcher la discrimination dans les politiques d’embauche, et que des efforts étaient déployés pour garantir la parité entre les sexes sur le lieu de travail. Il est également important que les gouvernements mettent en œuvre et appliquent des politiques qui favorisent l’égalité des sexes pour garantir un lieu de travail sûr et exempt de harcèlement.
En outre, les panélistes ont indiqué que les gouvernements pouvaient lancer diverses initiatives en faveur de l’équité entre les genres, comme l’organisation d’activités de sensibilisation destinées aux femmes et aux personnes non binaires, la reconnaissance des modèles féminins à l’aide de diverses méthodes de communication et la mise en place d’occasions en milieu de travail permettant aux femmes d’approfondir leurs connaissances sur la gouvernance des océans, tout cela pour les guider vers des rôles directionnels et décisionnels. Par ailleurs, l’intégration de dispositions relatives à l’équité entre les genres dans les accords internationaux et de directives liées aux océans pourrait contribuer à faciliter un changement de culture en faveur de l’équité entre les genres.
Un panéliste a rappelé aux participants que, lorsqu’on pensait à l’équité entre les sexes, il ne fallait pas ignorer l’intersectionnalité et les autres facteurs identitaires. Les femmes, et encore plus les femmes de couleur, ont souvent plus de difficultés :
- à se trouver des mentors
- à joindre des réseaux
- à décrocher un emploi
- à négocier une rémunération équitable
Les institutions, les organisations et les gouvernements doivent s’efforcer de mettre en œuvre les suggestions énumérées précédemment pour garantir l’équité à cet égard.
Les moyens d’habiliter et d’inspirer les jeunes femmes dans le domaine des sciences océaniques
Tout au long des séances, il a été question de l’importance d’habiliter et d’inciter les jeunes femmes à poursuivre des carrières dans le domaine des sciences de l’océan. L’accent a été mis sur la nécessité d’offrir aux filles la possibilité de s’intéresser aux sciences dès le plus jeune âge, et de les encourager à nourrir cet intérêt. Il a été noté qu’il était crucial de ne pas imposer nos propres préjugés sexistes aux jeunes, mais de les laisser décider ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. En outre, diverses idées et mesures qui visent à attirer et à retenir les femmes dans le domaine des sciences de l’océan ont été exprimées.
Technologie
Les panélistes ont reconnu que l’Internet et ses ressources illimitées étaient un outil précieux pour créer du contenu et communiquer des renseignements à une pluralité d’utilisateurs. Tout au long des discussions, il a été noté que les personnes qui souhaitaient poursuivre une carrière scientifique devaient se construire une « identité scientifique », et que l’une des pierres angulaires de la construction identitaire était l’occasion de voir des personnes comme elles faire le travail (c’est‑à‑dire « s’imaginer dans leur peau »). Il a été avancé que la création d’un terrain favorable et de contenus axés sur la promotion des femmes et des personnes issues de communautés sous‑représentées du monde entier qui travaillent dans les sciences et les technologies de l’océan permettrait d’inspirer les prochaines générations. De plus, la création et l’édition de contenus en ligne axés sur les réalisations des femmes dans le domaine des sciences océaniques peuvent contribuer à combler le fossé numérique entre les sexes.
D’autre part, les panélistes ont également mentionné que l’utilisation des technologies émergentes (par exemple la réalité virtuelle immersive) offrait la possibilité de rendre le milieu océanique plus accessible. Ils ont également tenu à dire qu’il était important que la technologie et les ressources numériques soient mises au point par des femmes, ou avec une participation égale de celles‑ci, sans quoi les préjugés sexistes historiques se perpétueraient dans les programmes.
Mentorat
Les panélistes ont insisté sur le fait que, si on offrait aux jeunes femmes et aux filles des réseaux de pairs et des modèles, elles auraient des outils essentiels et l’inspiration nécessaire pour devenir les professionnelles de l’océan qu’elles ont toujours rêvé de devenir. Les panélistes ont rappelé que les mentors pouvaient jouer un rôle important en encourageant les jeunes femmes et les personnes qui s’identifient comme non binaires dans leurs études et leurs carrières. Comme mentionné ci dessus, il est essentiel que les jeunes filles se sentent représentées dans le domaine des sciences océaniques et qu’elles puissent voir des mentors féminins forts réussir. Outre les possibilités de mentorat en personne, il a été suggéré que de mettre les femmes scientifiques en vedette sur des affiches, des panneaux d’affichage ou d’autres types de publicité pourrait être une source d’inspiration pour les jeunes filles et les femmes.
Le panel a également mentionné que, pour donner aux femmes les moyens d’assumer davantage de rôles de direction, les femmes qui occupent ces postes devaient repérer les autres femmes qui ont les qualités requises pour assumer un rôle de direction, puis investir leur temps, leurs efforts et leurs ressources pour les aider à saisir les occasions qui se présentent au cours de leur carrière.
Réseaux, ambassadrices et programmes de formation
Les panélistes ont rappelé qu’il existait diverses possibilités de réunir les communautés et les professionnels de l’océan en début de carrière dans le cadre de la Décennie, entre autres le All‑Atlantic Ocean Youth Ambassador ProgramNote de bas de page 4 et les Professionnels de l’océan en début de carrière de la Décennie pour les sciences océaniquesNote de bas de page 5. Grâce à ces plateformes et à d’autres, les femmes et les jeunes peuvent se réunir pour :
- discuter d’enjeux importants
- participer à des activités pour élargir leurs réseaux
- saisir les occasions de formation et de perfectionnement
- participer à différentes facettes des sciences de l’océan
Par ailleurs, des projets mondiaux axés sur l’égalité des sexes et pilotés par des institutions internationales (par exemple ceux menés par la World Maritime UniversityNote de bas de page 6 et l’Organisation hydrographique internationaleNote de bas de page 7) ont été soulignés comme des efforts importants pour permettre à davantage de femmes de participer équitablement aux sciences océaniques et d’acquérir les connaissances et les compétences dont elles auront besoin pour assumer des rôles de direction au sein du milieu. Le fait de réunir des personnes d’horizons et de pays différents pour des occasions de réseautage permettra de créer des liens et de faire émerger de nouvelles idées.
Bourses
Pour encourager les femmes à demeurer dans le domaine scientifique, les panélistes ont proposé :
- d’offrir des incitatifs financiers et une autonomie
- davantage de possibilités de formation et de perfectionnement
- de les aider à élargir leurs réseaux professionnels grâce à une plus grande visibilité et à une participation accrue
Les panélistes ont rappelé aux participants qu’il était possible que les femmes soient moins présentes dans les publications scientifiques ou publient moins d’articles que leurs homologues masculins en raison du temps qu’elles consacraient à leurs responsabilités familiales. Lors du recrutement pour des postes universitaires, par exemple, il a été proposé que les publications ne soient pas le seul déterminant de la réussite. Les réalisations antérieures à une période de congé doivent également être prises en compte, et les femmes qui tentent de revêtir leur sarrau après une absence doivent être épaulées dans cette démarche.
Leadership politique
Les panélistes ont souligné l’importance d’avoir des dirigeants crédibles qui ont la compétence et le courage d’influencer la prise de décision au niveau politique. Les études montrent que les pays où les femmes sont présentes au parlement sont plus susceptibles de réserver des zones protégées et de ratifier des traités internationauxNote de bas de page 8. Afin d’instaurer des règles de gestion avantageuses pour tous, tous les sexes doivent avoir participé de façon égale à leur élaboration.
Un changement culturel
Comme l’ont mentionné les panélistes, les femmes continuent d’assumer une responsabilité disproportionnée en matière de soins familiaux comparativement aux autres sexes. On a indiqué que, pour lutter contre ce phénomène, le changement culturel en cours, où les partenaires assument une part égale de responsabilité dans la prise en charge des obligations familiales, devait continuer à évoluer, tout comme les cultures organisationnelles adaptatives qui offrent une plus grande flexibilité pour s’adapter aux horaires de travail et aux circonstances personnelles.
Conclusions et recommandations clés pour faire progresser l’égalité des sexes dans la Décennie pour les sciences océaniques
Afin de contrer le phénomène du « tuyau percé », les participants ont pu apprendre qu’il était de la plus haute importance :
- d’encourager les filles à poursuivre des carrières en sciences océaniques et de leur donner les moyens d’y parvenir
- d’aider les femmes tout au long de leur carrière
- de faire preuve d’équité entre les sexes dans les politiques institutionnelles
- de mettre en œuvre des pratiques qui tiennent compte des dimensions culturelles et
- de donner aux femmes de véritables occasions de faire partie de la communauté des sciences de l’océan
La Décennie est l’occasion de donner à la communauté des spécialistes de l’océan les moyens de tracer une voie solide vers la transformation des sciences océaniques, et de faire tomber les obstacles à une participation équitable. Les recommandations suivantes sont issues des discussions menées lors des séances sur le genre organisées dans le cadre de la série virtuelle de la Décennie :
- faire progresser la connaissance des océans dans les écoles et créer des occasions pour les jeunes filles de participer aux activités STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques)
- repérer et célébrer les modèles féminins pour que les jeunes femmes et les filles se voient représentées dans les sciences océaniques
- concevoir et mettre en œuvre des programmes d’éducation et de formation axés sur les jeunes femmes, surtout dans les pays en développement
- créer davantage de bourses d’études destinées aux jeunes femmes dans le domaine des sciences océaniques
- créer davantage de possibilités de réseautage et de mentorat pour les femmes travaillant dans le domaine des sciences océaniques et dans les secteurs maritimes
- accorder la priorité aux politiques d’égalité afin d’éliminer les disparités entre les sexes et de garantir aux femmes un environnement de travail sûr et favorable
- recueillir des données de base ventilées par sexe et établir des objectifs généraux et spécifiques liés à l’équité entre les genres; suivre et évaluer les progrès et donner suite aux résultats
Nous espérons qu’en prenant en compte et en mettant en œuvre les recommandations de ce rapport, la communauté océanographique parviendra à l’équité entre les genres dans le domaine des sciences océaniques d’ici la fin de la Décennie pour les sciences océaniques.
Références
All Atlantic Ocean Research Alliance, « All‑Atlantic Youth Ambassadors: Introduction », 9 février 2022, https://allatlanticocean.org/view/atlanticambassadors/introduction.
Blickenstaff, J.C., « Women and science careers: leaky pipeline or gender filter? », Gender and Education, 17:4, (2005), 369‑386. https://doi.org/10.1080/09540250500145072.
Habtezion, S., « Gender and climate change: overview of linkages between gender and climate change », Programme des Nations unies pour le développement, 2016.
Organisation hydrographique internationale, « Promouvoir le rôle des femmes dans le domaine de l’hydrographie », 4 février 2022, https://iho.int/fr/basic‑cbsc‑ewh.
Commission océanographique intergouvernementale, « La décennie de l’océan : vision et mission », La décennie de l’océan, 5 novembre 2021, https://www.oceandecade.org/fr/vision‑mission/.
Isensee, Kirsten, COI‑UNESCO, Rapport mondial sur les sciences océaniques 2020 : Cartographie des capacités au service de la durabilité des océans, Paris : Éditions UNESCO, 2020.
Professionnels de l’océan en début de carrière dans le cadre de la Décennie de l’océan, « Programme ECOP », 9 février 2022, https://www.ecopdecade.org/.
World Maritime University « Empowering women for the United Nations Decade of ocean science for sustainable development », 4 février 2022, https://empoweringwomen.wmu.se/.
Annexe 1. Séances virtuelles : modérateurs et intervenants
Renforcer l’autonomie des femmes pour agir dans le cadre de la Décennie pour les sciences océaniques (10 novembre 2020)
- Dre Jacqueline Uku, agente de recherche principale, Kenya Marine and Fisheries Research Institute, et présidente de la Western Indian Ocean Marine Science Association
*Modératrice de la séance - Jean Chiazor Anishere, présidente, African Women in Maritime
- Dre Geneviève Béchard, directrice générale du Service hydrographique du Canada et hydrographe en chef
- Suchana Apple Chavanich, professeure agrégée, département des sciences marines, Université Chulalongkorn, Thaïlande
- Mara Freilich, doctorante au Massachusetts Institute of Technology‑Woods Hole Oceanographic Institution et trésorière de la Society for Women in Marine Science
- Dre Kirsten Isensee, spécialiste du programme, COI‑UNESCO
- Anna Jöborn, présidente directrice générale de la Swedish Foundation for Strategic Environmental Research, Mistras
- Professeur Ronan Long, directeur de la Global Ocean Institute de la World Maritime University‑Sasakawa
- Dr Ariel Troisi, président de la Commission océanographique intergouvernementale
Faire des vagues pour les sciences océaniques : renforcer l’autonomie des femmes et des filles pour agir dans le cadre de la Décennie des sciences océaniques (11 février 2021)
- Catherine Blewett, responsable en chef de l’engagement stratégique, Ocean Frontier Institute
*Modératrice de la séance - Natasha Cayer, ambassadrice et déléguée permanente du Canada auprès de l’UNESCO
- Stefan Fritz, directeur général, Consortium de la recherche marine allemande
- Jasmin Graham, président directeur général de Minorities in Shark Sciences; formateur dans le domaine de l’environnement et coordonnateur du projet MarSci‑LACE
- Dre Kirsten Isensee, spécialiste du programme, COI‑UNESCO
- Lia Siegelman, chercheuse postdoctorale, Scripps Institution of Oceanography, lauréate de la bourse L’Oréal‑UNESCO France pour les femmes et la science
- Francesca Trotman, fondatrice de Love the Oceans
- Dre Erika Woolsey, responsable de Hydrous, exploratrice de la National Geographic
Renforcer les capacités des femmes dirigeantes dans le cadre de la Décennie pour les sciences océaniques (8 mars 2021)
- Paula Christina Sierra‑Correa, INVEMAR (Instituto de Investigaciones Marinas y Costeras)
*Modératrice de la séance - Emily Choy, boursière postdoctorale du CRSNG et de l’initiative Excellence en recherche 2020 de L’Oréal‑UNESCO au Département des sciences des ressources naturelles de l’Université McGill et à Environnement et Changement climatique Canada
- Professeure Angela Hatton, directrice des sciences et des technologies, National Oceanography Centre, Royaume‑Uni
- Professeure Sheila Heymans, directrice générale du European Marine Board
- Margaret Leinen, directrice de la Scripps Institution of Oceanography
- Contre‑amiral Luigi Sinapi, directeur de l’Organisation hydrographique internationale
- Dre Jacqueline Uku, présidente de la Western Indian Ocean Marine Science Association
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