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Plan d'action pour la conservation des caouanes du Canada Atlantique

Pêches et Océans Canada, région des Maritimes - Octobre 2010

Table des matières

Liste des tableaux et figures

Tableau 1. Nombre moyen de nids et moyenne du taux de croissance logarithmique de la population dans les unités de rétablissement de l'Atlantique Nord-Ouest. Tiré de Harris et coll. (2010). 17

Figure 1. Répartition et ampleur des captures de caouanes dans les pêches canadiennes du thon et de l'espadon à la palangre, d'après les données de 2000 à 2009 (repères jaunes) et d'après le relevé sur le thon rouge du centre de l'Atlantique Nord réalisé en 2001-2002 (repères verts). Les croix indiquent les calées n'ayant donné lieu à aucune capture accidentelle de caouanes. Les données de toutes les années ont été combinées et sont présentées selon la moyenne de captures par 10 milles nautiques carrés. La taille des repères correspond au nombre de tortues capturées par 1 000 hameçons. Les lignes mauves indiquent les limites de la zone économique exclusive du Canada. (D'après Paul et coll., 2010.) Les ellipses (lignes rouges pointillées) montrent l'emplacement des concentrations de caouanes recensées dans MacAlpine et coll. (2007). 18

Sommaire

La pêche canadienne des poissons pélagiques à la palangre fait état de prises accessoires de tortues caouanes.

Lors de sa réunion d'avril 2010, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué la situation de la caouane et conclu que l'espèce était désormais en voie de disparition. Le COSEPAC songe maintenant à inscrire l'espèce sur la liste figurant dans la Loi sur les espèces en péril (LEP).

Des universitaires, des membres du gouvernement et des organismes non gouvernementaux (internationaux, américains et canadiens) ont été invités à participer à l'Évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) de la tortue caouane, qui s'est tenue du 15 au 17 février 2010. Des représentants de la US National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont également assisté à la réunion, reflet de la poursuite de la collaboration entre le Canada et les États-Unis en matière de conservation des tortues marines. Tous ces groupes partagent les mêmes préoccupations au sujet de la conservation des caouanes et ont produit un rapport consensuel faisant état des faits scientifiques reconnus, de l'ampleur des captures accidentelles de caouanes par les palangriers canadiens pêchant des poissons pélagiques ainsi que de l'incidence potentielle sur le rétablissement de l'espèce. S'il a été reconnu que la pêche des poissons pélagiques à la palangre constitue une menace importante dans les eaux canadiennes, l'étendue et la portée de l'ensemble des menaces permettent en revanche de croire que la flottille canadienne ne constitue pas la principale menace au rétablissement de l'espèce. Il est très peu probable que la réduction ou l'élimination de la mortalité dans les eaux canadiennes suffisent à elles seules à permettre le rétablissement de l'espèce. En plus de réduire les menaces qui pèsent contre les caouanes dans les eaux canadiennes, il faut aussi faire appel à la coopération internationale pour réduire les menaces pesant sur la population dans son ensemble afin de parvenir au rétablissement de l'espèce.

Dans le cadre des efforts continus du Canada visant à protéger les caouanes, le présent document décrit les mesures à prendre pour atteindre notre but qui consiste à améliorer nos connaissances et notre gestion des prises accessoires lors de la pêche des poissons pélagiques à la palangre au Canada atlantique, et on y trouve un tableau de la situation des caouanes dans l'Atlantique Nord-Ouest ainsi que des efforts constants et planifiés du Canada en matière de surveillance, de conservation et de protection des tortues marines, y compris la collaboration avec les initiatives américaines et internationales visant à coordonner plus efficacement les efforts globaux de conservation et de rétablissement des tortues marines, et à y contribuer conjointement.

Contexte

Raison d'être du plan

La situation de la conservation des caouanes (Caretta caretta) est une préoccupation mondiale. De 1982 à 1994, l'espèce a figuré comme espèce vulnérable sur la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), passant au statut d'espèce en voie de disparition en 1996 (IUCN 2009). En tant qu'espèce de la famille des Cheloniidés (Chelonidae), la tortue caouane a été inscrite sur la liste apparaissant à l'annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), ce qui signifie que le commerce international de cette espèce est interdit (UNEP-WCM, 2010). En outre, la caouane est inscrite comme espèce menacée en vertu de la Endangered Species Act des États-Unis depuis 1978 (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). Au Canada, le COSEPAC a évalué la situation de l'espèce (COSEPAC, 2010a; b) et, à la demande du gouvernement du Canada, le Comité songe à inscrire l'espèce sur la liste de la Loi sur les espèces en péril (LEP).

Le ministère des Pêches et des Océans (MPO) a entrepris une EPR de la caouane en février 2010 dans le but d'éclairer la décision relative à l'inscription de l'espèce. Une EPR consiste à mener une évaluation scientifique de la situation actuelle de l'unité désignable (UD) visée, à évaluer les menaces à sa survie et à son rétablissement, à étudier la faisabilité de son rétablissement et à fournir des avis consensuels fondés sur des données scientifiques à ce sujet. Les avis scientifiques examinés par des pairs et découlant de l'EPR peuvent ensuite être pris en considération dans le cadre des processus de la LEP, y compris les décisions à l'égard de l'inscription et de la planification du rétablissement. L'EPR de la tortue caouane a réuni des scientifiques du MPO, des spécialistes des tortues de la NOAA et du milieu universitaire, des organismes non gouvernementaux et des représentants de l'industrie dans le but d'étudier les meilleures données disponibles. Les avis formulés ainsi que les analyses et les documents justificatifs issus de l'EPR sont présentés dans d'autres publications (MPO, 2010; Harris et coll., 2010; Paul et coll., 2010).

La situation de la caouane est préoccupante sur le plan de la conservation de l'espèce et il faudra peut-être plusieurs années avant que la décision de l'inscrire sur la liste apparaissant dans la LEP soit prise. D'ici là, le MPO étudie activement des stratégies et des mesures à adopter pour réduire l'incidence des activités humaines sur les caouanes dans les eaux du Canada atlantique. Le présent Plan de conservation résume la situation des caouanes dans l'Atlantique Nord-Ouest et fournit des renseignements sur les recherches scientifiques et les efforts de gestion des pêches visant à réduire le nombre de rencontres causant des dommages aux tortues lors des sorties de pêche au Canada atlantique.

Le MPO participe depuis longtemps aux efforts internationaux de planification du rétablissement de la tortue caouane et il a récemment collaboré avec les États-Unis à l'élaboration d'un plan d'action visant à étudier la mise en oeuvre de méthodes communes de collecte de données sur les prises accessoires et à atténuer les répercussions des pêches dans les eaux tempérées. Le Plan de conservation décrit les mesures à prendre pour atteindre notre but qui consiste à améliorer nos connaissances et notre gestion des prises accessoires lors de la pêche des poissons pélagiques à la palangre au Canada atlantique. Ces mesures peuvent être adoptées en vertu de la Loi sur les pêches et par l'intermédiaire du Plan de gestion intégrée des pêches (PGIP) en tant que mesures provisoires pendant que le processus de la LEP se poursuit. Si l'espèce est inscrite sur la liste de la LEP, le présent Plan de conservation formera l'assise de la démarche de rétablissement et des exigences ultérieures établies par la LEP.

Description de l'espèce

La caouane est l'une des six espèces de tortues marines à carapace dure qui forment la famille des Cheloniidés (ordre des Testudines appartenant à la classe des reptiles). Sur le plan génétique, les populations de l'Atlantique et du Pacifique sont distinctes.

La caouane a une tête et un bec relativement grands. La tête et la dossière sont généralement brun rougeâtre, tandis que le plastron et les parties reliant la dossière au plastron vont habituellement du jaune au blanc crème. Chez les adultes, les mâles se distinguent des femelles par leur queue plus longue et la griffe plus longue et plus courbée de leurs deux nageoires avant. (Kamezaki, 2003). L'épaisse carapace des caouanes adultes comporte cinq plaques vertébrales, habituellement cinq paires de plaques costales, 12 ou 13 paires de plaques marginales (incluant la plaque supracaudale) et une large plaque nucale qui rejoint de part et d'autre les premières plaques costales (Kamezaki, 2003).

Le cycle biologique de la caouane comporte à la fois une phase terrestre et une phase aquatique. Cette tortue passe la majeure partie de sa vie en mer, mais les femelles adultes reviennent à terre pour nicher. Les mâles, eux, ne reviennent pas à terre. Les caouanes passent de longues périodes à s'alimenter en vue de constituer les réserves de graisse nécessaires à la migration jusqu'à leurs aires de nidification. Chez la tortue caouane, la femelle atteint la maturité sexuelle vers 30 ans (entre 23 et 42 ans) (National Marine Fisheries Service 2009). Les femelles ne se reproduisent pas chaque année; l'intervalle entre les saisons de nidification (nouvelle migration) est généralement de deux ou trois ans (National Marine Fisheries Service 2009). Dans le sud des États-Unis, l'accouplement a lieu entre la fin du mois de mars et le début de juin, la ponte survenant entre la fin du mois d'avril et le début de septembre (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). L'incubation des oeufs dure environ deux mois (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008) et les nouveau-nés quittent la plage où ils sont nés dès l'éclosion. Le cycle biologique se poursuit en milieu aquatique.

Divers types d'habitats sont nécessaires à la survie de la caouane durant ses stades de développement. Il y a trois écosystèmes fondamentaux : la zone terrestre - la plage de nidification où les oeufs sont pondus, se développent et éclosent; la zone néritique - les habitats près du rivage à moins de 200 mètres de profondeur où les tortues s'alimentent; et la zone océanique - les habitats épipélagiques (profondeurs de 0 à 200 m) où se nourrissent les tortues, là où la profondeur de l'océan dépasse 200 m (Bolten, 2003).

Le US Turtle Expert Working Group (Turtle Expert Working Group 2009) définit cinq stades de développement chez la tortue caouane, selon la taille (longueur standard de la carapace -LSC) et la répartition :

La US Loggerhead Sea Turtle Biological Review Team (équipe d'étude biologique de la caouane) répartit les caouanes du monde entier en neuf segments de population distincts (SPD) qui sont importants sur les plans biologique et écologique (Conant et coll., 2009). La population du Canada atlantique fait partie du SPD de l'Atlantique Nord-Ouest et est constituée principalement de caouanes juvéniles au stade océanique (et de certaines tortues juvéniles ou adultes au stade néritique) provenant des plages de nidification du SPD de l'Atlantique Nord-Ouest (MPO 2010).

Répartition

La tortue caouane habite les régions tempérées et tropicales des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Dans l'Atlantique Nord-Ouest, l'espèce vit principalement dans les eaux tempérées du Gulf Stream, au large du plateau continental. Dans les eaux du Canada atlantique, durant le printemps, l'été et l'automne, l'aire de répartition de la caouane commence au banc Georges, longe le plateau néo-écossais et les Grands Bancs, puis s'étend jusqu'aux limites de la zone économique exclusive, avec des incursions occasionnelles des tortues dans les eaux du plateau (Harris et coll., 2010; McAlpine et coll., 2007). L'espèce montre une nette préférence pour les eaux plus chaudes en surface, où la température se situe entre 20 et 25 °C (Brazner et McMillan 2008; Watson et coll., 2004). Le taux de prises accessoires de caouanes dans les pêches au Canada atlantique est le plus élevé dans les zones où la température de l'eau se situe entre 24 et 25 °C, puis ce taux diminue rapidement (Brazner et McMillan, 2008). Les prises accessoires des pêches aux États-Unis dans la zone appelée « Northeast Distant » (NED) atteignent leur sommet dans les eaux dont la température est de 22 °C (Gardner et coll., 2008). Peu de tortues caouanes ont été signalées dans les eaux côtières ou semihauturières du Canada atlantique, même s'il y a une forte présence d'observateurs dans ces régions (Figure 1), sans doute parce que la température de l'eau y est inférieure à la température minimale que l'espèce peut tolérer. Les caouanes présentes dans les eaux semihauturières sont sans doute des tortues qui demeurent dans des poches d'eau chaude qui se détachent du Gulf Stream et se déplacent vers les zones semihauturières (McAlpine et coll., 2007).

Situation de la population et tendances au Canada atlantique

Il n'y a pas actuellement d'estimation de l'abondancedes tortues caouanes dans les eaux du Canada atlantique. L'information sur les tortues dans les eaux canadiennes se limite à des observations occasionnelles, aux prises accessoires dans les pêches, à des cas de tortues échouées et à des données limitées provenant de relevés. Pour le moment, la rareté des données ne permet pas d'évaluer l'abondance de la population de cette espèce dans l'habitat océanique de l'ensemble de l'Atlantique Nord-Ouest (Harris et coll., 2010; National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). Les meilleures données sur la situation de la population se fondent sur l'observation des femelles pondeuses. L'abondance des nids peut servir d'indicateur de l'abondance des femelles matures (Tableau 1). Le nombre total estimé de nids sur les plages de nidification de l'Atlantique Nord-Ouest a fluctué entre 47 000 et 90 000 nids par an au cours de la dernière décennie (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). Selon les plus petits nombres de nids recensés de 2004 à 2008, la population de femelles adultes dans l'Atlantique Nord se situe à un niveau médian de 30 050 tortues, avec des estimations minimale et maximale de 16 847 et 89 649 respectivement (National Marine Fisheries Service 2009).

Comme les femelles sont fidèles à leur lieu de nidification, les tendances au sujet des nids peuvent servir d'indicateur approximatif de l'abondance des femelles adultes (Turtle Expert Working Group 2009). Il se peut que ces tendances ne s'observent pas dans le segment de population situé dans les eaux du Canada atlantique, voire dans l'ensemble de la population. Les relevés effectués dans les aires de nidification fournissent de courtes séries chronologiques de données et ne couvrent même pas la durée d'une génération (environ 46 ans). En raison de ce long cycle biologique, on constate un décalage temporel entre les tendances dans les aires de nidification et celles observées dans la sous-population canadienne. Quoi qu'il en soit, la tendance dans le nombre de nids constitue le meilleur indicateur de l'abondance actuellement disponible. En général, le nombre de nids semble avoir décliné depuis 1998 dans toutes les unités de rétablissement pour lesquelles on dispose de données, y compris dans la plus grande zone de nidification de l'Atlantique, à savoir la péninsule floridienne (Tableau 1; National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008).

L'équipe américaine de rétablissement de la caouane de l'Atlantique a évalué les tendances dans les cinq unités de rétablissement et nous présentons ici un résumé tiré du plan de rétablissement élaboré par les États-Unis (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). Les tendances dans le nombre de nids selon les données des relevés effectués sur les plages de l'unité de rétablissement du secteur nord, qui comprend plus de 80 % des nids d'où peuvent provenir les caouanes composant la population canadienne, indiquent un important taux annuel de déclin de 1,3 % depuis 1983. D'après les relevés aériens, le taux annuel de déclin des nombres totaux de nids dans les aires de nidification de la Caroline du Sud est de 1,9 % depuis 1980. Les analyses des données des relevés effectués sur les plages de nidification révèlent que l'unité de rétablissement de la péninsule floridienne (de loin la plus importante unité de rétablissement) a connu un déclin de 26 % entre 1989 et 2008, dont un déclin de 41 % depuis 1998. Le taux annuel moyen du déclin pour cette période de 20 ans s'élève à 1,6 %. Les données des relevés effectués sur les plages de référence de la Floride de l'unité de rétablissement du nord du golfe du Mexique reflètent une importante tendance à la baisse du nombre de caouanes de l'ordre de 4,7 % annuellement. Il y a peu de données concernant les deux autres unités de rétablissement. Les données provenant de Quintana Roo, dans l'État du Yucatán, au Mexique (unité de rétablissement de la Grande Caraïbe), indiquent une tendance à la hausse sur une période de 15 ans s'échelonnant de 1987 à 2001. Cependant, le nombre de nids est en déclin depuis 2001. D'autres petites populations nicheuses au sein de l'unité de rétablissement ont connu une baisse au cours des dernières décennies. Les séries chronologiques de données pour l'unité de rétablissement des îles Dry Tortugas sont insuffisantes pour permettre d'établir une tendance (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008).

Description et analyse des menaces

Autrefois, on pêchait beaucoup la caouane dans l'Atlantique Nord-Ouest à des fins commerciales et de subsistance, sans compter les prises accessoires dans d'autres types de pêches. Aujourd'hui, la capture des caouanes est interdite dans la majorité des pays de l'Atlantique Nord-Ouest, sauf dans 13 pays et territoires des Caraïbes. La récolte des caouanes dans les Caraïbes n'a généralement lieu qu'en dehors de la saison de nidification et les pays qui autorisent la pêche de la caouane disposent pour la plupart de règlements qui favorisent la récolte de grosses tortues juvéniles et d'adultes, les deux stades les plus importants sur le plan de la reproduction (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). La récolte illégale représente une menace constante (d'après Koch et coll., 2006), mais les niveaux des prises illégales ne sont pas vraiment documentés.

Actuellement, les plus grandes menaces pour la caouane se répartissent en deux catégories : prises accessoires dans les pêches et perturbation des tortues en nidification ou des sites de nidification, ce à quoi s'ajoutent d'autres menaces de moindre importance (Brazner et McMillan, 2008; MPO, 2010; National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008).

Prises accessoires

La capture accidentelle de caouanes survient dans plusieurs types de pêche, dans toute la gamme des espèces qui sont pêchées dans l'océan Atlantique. Selon le plan de rétablissement des États-Unis (Brazner et McMillan, 2008; National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008), la mortalité annuelle totale au cours de la dernière décennie (essentiellement due aux captures accessoires dans les pêches, mais aussi à des collisions avec des bateaux, aux activités de dragage, à l'emmêlement dans des engins de pêche ou des débris marins et à la pollution par les hydrocarbures) se situe approximativement entre 10 000 et 100 000 caouanes juvéniles au stade océanique et entre 14 000 et 140 000 juvéniles au stade néritique. En 2000, on estime qu'entre 150 000 et 200 000 caouanes ont été capturées dans l'ensemble des pêches de poissons pélagiques à la palangre pratiquées dans l'océan Atlantique (Lewison et coll., 2004), la plus grande partie par des pays autres que le Canada et les États-Unis.

Prises accessoires au Canada atlantique

La seule source avérée de dommage ou de mortalité d'origine humaine dans les eaux canadiennes est la pêche canadienne du thon et de l'espadon à la palangre (Harris et coll., 2010). Les prises accessoires seraient principalement des tortues juvéniles au stade océanique et néritique (MPO, 2010). Les estimations du nombre total de rencontres avec des caouanes dans ce type de pêche ont été fournies par Paul et coll. (2010). En résumé, les prises accessoires dans cette pêche ont été évaluées d'après les données des observateurs, puis les taux de prises accessoires notés au cours des sorties durant lesquelles un observateur était présent ont été appliqués par extrapolation à l'ensemble des pêches au moyen d'une méthode d'estimation par quotient (voir ci-dessous). Selon les estimations de Paul et coll. (2010), environ 1 200 caouanes (intervalle de confiance [IC] de 95 % : 700-1800) ont été capturées chaque année dans la pêche canadienne du thon et de l'espadon à la palangre entre 2002 et 2008. Si on suppose que le taux de mortalité des caouanes accrochées par des hameçons se situe entre 20 et 45 % (Chaloupka et coll., 2004; Parker et coll., 2005; Sasso et Epperly, 2007), la mortalité causée par cette pêche parmi les tortues juvéniles au stade océanique ou néritique serait de 200 à 500 individus chaque année (de 2002 à 2008).

Comparaison entre les prises accessoires dans les pêches au Canada et les prises accessoires ailleurs dans l'Atlantique Nord

La majorité des données disponibles sur les prises accessoires de caouanes dans l'Atlantique Nord, à l'extérieur du territoire canadien, sont issues des renseignements sur les pêches commerciales aux États-Unis. Les données résumées ci-après sont fondées sur les estimations présentées dans le plan de rétablissement de la population des caouanes de l'Atlantique Nord-Ouest élaboré par les États-Unis (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008; veuillez consulter le plan pour plus de précisions quant à la manière dont ont été obtenues les estimations de ces prises accessoires). Tout comme au Canada, les palangriers d'autres pays pêchant des poissons pélagiques rencontrent des tortues caouanes. Le plan de rétablissement des États-Unis estime à 30 000 (moyenne logarithmique) le nombre annuel total de rencontres dans l'Atlantique Nord. En outre, des prises accessoires sont recensées dans plusieurs pêches au chalut, au filet maillant et à la drague visant une quinzaine d'espèces différentes à l'échelle internationale. Par exemple, les pêches du requin et les pêches du pétoncle à la drague, aux États-Unis, capturent accidentellement chaque année environ 1 000 caouanes chacune et on estime que les pêches au chalut capturent au total 30 000 individus (moyenne logarithmique) chaque année (Brazner et McMillan 2008; National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008).

Le plan de rétablissement élaboré par les États-Unis fournit des estimations des taux de mortalité par équivalent-adulte, c'est-à-dire que le taux de mortalité à chaque stade biologique est ajusté en fonction de l'apport prévu à la reproduction, en tenant compte de l'âge du spécimen, de la probabilité qu'il atteigne la maturité et de la durée de vie prévue (tableau A1-4 dans National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). Cette conversion prend en considération la maturité relativement tardive des caouanes et le fait que les tortues peuvent mourir avant d'avoir atteint la maturité sexuelle et d'avoir pu se reproduire (c.-à-d. que la mort survenant à de plus jeunes âges n'a pas l'incidence équivalente sur le taux de mortalité des femelles adultes en âge de se reproduire). En convertissant en équivalents-adultes les stades biologiques des tortues capturées par les palangriers canadiens pêchant le thon et l'espadon (juvéniles au stade océanique et au stade néritique) à l'aide des taux de survie établis dans le plan de rétablissement des États-Unis, on obtient une estimation d'environ 5 à 15 morts d'équivalent-adulte chaque année pour la période de 2002 à 2008. À titre comparatif, la mortalité annuelle totale en équivalents-adultes dans tout l'Atlantique Nord s'élève à 9 417 tortues dans les pêches au chalut et à 872 individus dans les pêches de poissons pélagiques à la palangre.

Paul et coll. (2010) ont comparé les taux de prises accessoires de caouanes par les palangriers américains et canadiens pêchant des poissons pélagiques dans les eaux canadiennes de l'Atlantique et dans les eaux adjacentes. Étant donné que la pêche américaine est surtout axée sur l'espadon et que la pêche canadienne cible soit l'espadon, soit le thon, il a fallu, aux fins de la comparaison, subdiviser les données canadiennes en fonction des deux groupes cibles à l'étude. Paul et coll. (2010) ont établi que la pêche canadienne des poissons pélagiques à la palangre axée sur le thon représentait un important corrélat en ce qui concerne le nombre de rencontres de caouanes, le taux de rencontres observé étant plus élevé quand la flottille cible les thons. Pour ce qui est de la pêche dirigée sur l'espadon, le taux de rencontres pour la période de 2005 à 2007 était comparable aux données présentées dans les rapports publiés concernant la pêche américaine des poissons pélagiques à la palangre (Fairfield-Walsh et Garrison, 2006; Fairfield-Walsh et Garrison, 2007; Fairfield-Walsh et Garrison, 2008; Paul et coll., 2010). Les taux de prises accessoires dans les calées dirigées sur l'espadon au Canada étaient comparables à ceux de la pêche de l'espadon pratiquée dans les eaux adjacentes, tandis que les taux de prises accessoires dans la pêche canadienne ciblant le thon tropical étaient plus élevés.

Des estimations des captures accidentelles de caouanes dans la pêche canadienne du thon et de l'espadon ont été établies suivant une méthode d'estimation par quotient (Paul et coll., 2010). Les taux de prises accessoires ont ensuite été appliqués par extrapolation à l'ensemble de la pêche. (MPO, 2010). Les prises accessoires de caouanes dans les pêches américaines de poissons pélagiques à la palangre ont été calculées à l'aide d'un modèle statistique delta-lognormal, en appliquant aussi les résultats à l'ensemble des pêches par extrapolation (p. ex., Garrison et coll. 2009). Paul et coll. (2010) ont utilisé ce modèle delta-lognormal aux fins de comparaison avec les résultats obtenus à l'aide de la méthode d'estimation par quotient et pour faciliter la comparaison avec la méthode utilisée aux États-Unis. Le modèle delta-lognormal utilisant la région et le trimestre de pêche comme variables de stratification a produit un nombre de rencontres dans la pêche canadienne de poissons pélagiques à la palangre inférieur de près de 50 % aux prévisions obtenues en appliquant le modèle d'estimation par quotient avec la même stratification. Les deux modèles ont cependant reflété sensiblement les mêmes tendances, à la fois au cours d'une même année et d'une année à l'autre. Selon Paul et coll. (2010), le taux de rencontres plus faible produit par la méthode d'évaluation delta-lognormal est attribuable au fait que le modèle n'utilise que la portion de la flottille qui rencontre habituellement des tortues (les calées ne donnant lieu à aucune capture accidentelle de tortues ne sont pas incluses dans le calcul proportionnel des prises). Lors de l'examen par les pairs réalisé dans le cadre de l'EPR de la caouane entreprise par le MPO, le choix de la méthode d'évaluation s'est arrêté sur la méthode d'estimation par quotient, car on a jugé que le modèle delta-lognormal est trop limitatif étant donné qu'il ne tient pas compte de toutes les calées dans le calcul du taux de prises accessoires (MPO, 2010).

Perturbation de la nidification

Comme nous l'avons dit plus haut, la caouane ne niche pas au Canada. La perturbation de la nidification comprend un grand nombre de phénomènes, dont les activités humaines qui perturbent directement les nids (causant la mort des embryons) ou qui empêchent les femelles de regagner les aires de nidification où elles pondent leurs oeufs. Au nombre de ces activités, citons les suivantes : nettoyage des plages, présence humaine sur les plages de nidification la nuit, matériel récréatif de plage, circulation de véhicules sur les plages de nidification, mise en place de sable (restauration des plages), construction d'ouvrages de défense, aménagement de clôtures à sable et travaux de stabilisation des côtes à proximité des plages de nidification. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le plan de rétablissement de la population de caouanes de l'Atlantique Nord-Ouest élaboré par les États-Unis (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008).

Autres menaces

Les collisions avec les bateaux, la récolte illégale, la pollution marine telle la présence de débris causant l'emmêlement, l'exploitation pétrolière et gazière en mer, les changements climatiques et les changements dans le réseau trophique constituent tous des menaces potentielles pour les caouanes au stade océanique (Conant et coll., 2009; COSEPAC, 2010b; Harris et coll., 2010). Il n'y a pas de cas avérés de dommage ou de mortalité attribuables à ces menaces dans les eaux du Canada atlantique, mais cela est peut-être dû au manque d'information plutôt qu'à une véritable absence de cas. Dans certaines zones en dehors des eaux canadiennes, des tortues marines sont souvent blessées lors de collisions avec la coque ou l'hélice de bateaux. De 1997 à 2005, environ 15 % des cas de caouanes échouées sur la côte atlantique des États-Unis et sur les côtes du golfe du Mexique portaient des blessures causées par ces deux types de collisions; on ne sait cependant pas dans quel pourcentage les blessures sont survenues après ou avant la mort (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008). Les cas de caouanes tuées alors qu'elles nichent sont rares aux États-Unis. Dans certains autres pays, la récolte illégale de tortues marines représente une menace importante, bien qu'il n'existe pas d'estimation du taux de mortalité attribuable à cette menace (National Marine Fisheries Service et US Fish and Wildlife Service, 2008).

Efforts de conservation actuels et futurs

Renseignements généraux et historique

En 2001 et en 2002, la Nova Scotia Swordfishermen's Association (NSSA) a reçu un appui financier du Programme d'intendance de l'habitat d'Environnement Canada. Les fonds obtenus ont servi à accroître la présence d'observateurs durant les sorties dans le but de déterminer l'ampleur des prises accessoires de tortues marines par la flottille et les mesures d'atténuation envisageables. En 2003, la NSSA a élaboré un code de conduite pour la manipulation responsable des tortues marines et l'adoption de mesures d'atténuation; l'Association a joint le code à son Plan de pêche axée sur la conservation en 2004. Ce code de conduite volontaire est inclus dans les conditions de permis de la flottille. Parmi les mesures proposées, citons les suivantes : éviter les zones où les taux de captures de tortues marines sont élevés, signaler l'existence de taux de captures élevés dans une zone donnée à tous les navires qui y circulent, adopter des protocoles sur la façon de virer les engins de pêche pour réduire toute blessure éventuelle aux tortues qui auraient pu être capturées et établir des lignes directrices sur la bonne manipulation des tortues marines ainsi que des instructions pratiques sur la manière de les décrocher des engins de pêche. Entre 2003 et 2004, la NSSA a acheté des outils pour libérer les tortues des engins de pêche et les a fournis à tous les bateaux de pêche actifs. En 2008, des représentants de tous les bateaux actifs dans la pêche de l'espadon ont reçu une formation et une certification dans le maniement de ces outils lors d'un atelier offert par le US National Marine Fisheries Service. La presque totalité de la flottille (90 %) utilise aujourd'hui des hameçons circulaires afin d'optimiser les chances de survie de certaines des espèces qui sont remises à l'eau. Ce type d'hameçon permet par ailleurs aux tortues de se maintenir à la surface de l'eau pour respirer, de telle sorte que les pêcheurs libèrent et remettent à l'eau des tortues vivantes dans presque tous les cas.

Parmi les autres mesures adoptées jusqu'ici, citons la remise à l'eau obligatoire des caouanes, le suivi des bateaux à l'aide du système de surveillance des navires (SSN) ainsi que la présence d'observateurs dans 5 % des sorties de pêche, auquel s'ajoute un autre 5 % en 2009-2010 et en 2010-2011 afin de mieux déterminer le degré d'exactitude du nombre estimé de rencontres et de couvrir une zone plus vaste.

L'EPR de la tortue caouane menée par le MPO a documenté le niveau de captures accidentelles de caouanes par la flottille canadienne de pêche hauturière de poissons pélagiques à la palangre et l'incidence potentielle de ce type de rencontres sur le rétablissement de l'espèce. L'EPR n'a pas été en mesure d'évaluer les répercussions des stratégies d'atténuation proposées sur l'abondance de la population dans les eaux canadiennes, mais, compte tenu de l'étendue et de la portée de l'ensemble des menaces, on peut supposer que la flottille canadienne ne représente pas la principale menace au rétablissement de la caouane. De plus, un projet pluriannuel continu du MPO visant à évaluer les prises accessoires dans la plupart des pêches pratiquées dans la région des Maritimes ne fait guère état d'interactions additionnelles avec les caouanes dans d'autres types de pêche. Néanmoins, il a été reconnu au cours de l'EPR que les mesures d'atténuation adoptées par le Canada peuvent contribuer au rétablissement de la population, mais qu'à elles seules, elles n'auraient fort probablement qu'une incidence limitée sur le rétablissement de l'espèce; la coopération internationale est essentielle pour réduire les menaces pesant contre la population dans son ensemble afin de parvenir au rétablissement de l'espèce (MPO, 2010). Les initiatives visant à réduire, à court et à moyen terme, les rencontres de caouanes dans les pêches canadiennes de poissons pélagiques à la palangre sont présentées ci-après.

Stratégies et mesures d'atténuation des prises accessoires (Pêche de poissons pélagiques à la palangre)

La seule source avérée de dommage ou de mortalité d'origine humaine dans les eaux canadiennes est la pêche du thon et de l'espadon à la palangre. Il faut toutefois reconnaître que l'adoption de mesures d'atténuation dans les pêches canadiennes ne donnera sans doute pas lieu à des changements importants dans la productivité de la tortue caouane ni, par conséquent, dans son abondance. Quoi qu'il en soit, il faut étudier la mesure dans laquelle il y a lieu d'en faire plus pour modifier ou limiter les activités humaines de manière à freiner le déclin de l'espèce, voire à contribuer à une certaine amélioration de la situation. Pour que les mesures soient efficaces, il faut faire appel à la coopération internationale et à la collaboration des pêcheurs qui s'adonnent à ces types de pêches afin de réduire les interactions avec les caouanes. Voici ce que nous proposons.

Objectif

« Faire en sorte que les dommages causés par les activités humaines dans les eaux canadiennes n'atteignent pas des niveaux qui nuiraient au rétablissement de la population et favoriser une augmentation de l'abondance jusqu'à des niveaux pouvant être qualifiés de niveaux historiques en adoptant, en collaboration avec l'industrie, des solutions pratiques en matière de surveillance ainsi que d'atténuation des prises accessoires et du taux de mortalité des tortues marines après leur remise à l'eau par les flottilles canadiennes de pêche commerciale. »

Stratégies

1. Amélioration de la surveillance et de la collecte de données concernant les caouanes

Mesures en cours en 2010-2011 :

1.1. Maintenir ou accroître la présence d'observateurs lors des sorties de pêche de manière à avoir une estimation statistiquement fiable des niveaux de prises accessoires.

1.2. Adopter les pratiques exemplaires provenant d'autres pays (p. ex., les États-Unis) et adopter ou élaborer des protocoles sur l'embarquement des tortues marines afin de pouvoir les dégager et les décrocher plus facilement et, ainsi, d'accroître le taux de survie des tortues remises à l'eau.

1.3. Utiliser le projet sur les prises accessoires de la région des Maritimes pour sensibiliser davantage l'industrie.

1.4. Passer en revue les exigences des contrats des observateurs et déterminer les modifications ou ajouts qui s'imposent pour rehausser les exigences en matière de collecte de données.

1.5. Examiner la collecte des données dans les registres de bord afin de déterminer s'il est possible d'apporter des améliorations.

1.6. Fournir à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) les données sur les prises accessoires de tortues marines, comme l'exige la circulaire 413/10 de la CICTA.

Mesures prévues pour 2011-2012 :

1.7. Travailler avec le secteur de la pêche canadienne de poissons pélagiques à la palangre et le personnel du Programme des observateurs afin de transmettre ou de mettre en oeuvre des pratiques exemplaires en matière de manipulation et d'embarquement des tortues marines.

1.8. Obtenir les données sur le stade biologique des caouanes qui s'alimentent dans les eaux canadiennes. Le fait d'embarquer les tortues capturées permettra de prendre des mesures précises des animaux et de mener d'autres activités de recherche.

2. Poursuite de la collaboration internationale et du renforcement de la capacité

Mesures en 2010-2011 :

2.1. Passer en revue les méthodes d'estimation du nombre de rencontres avec des caouanes en vue de les harmoniser avec celles qu'utilisent les États-Unis. Le modèle statistique actuellement utilisé par le Canada (estimation par quotient) produit des estimations plus élevées.

2.2. Mener des activités bilatérales avec les États-Unis (pratiques exemplaires pour réduire les prises accessoires de tortues marines, manipulation et remise à l'eau sans causer de blessure aux tortues).

2.3. Participer à l'atelier Kobe sur les prises accessoires pour améliorer la coopération et la coordination entre les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP).

Mesures à long terme :

2.4. Participer à la coordination avec d'autres parties dans le but de favoriser l'adoption de mesures de conservation et de gestion des tortues marines uniformes dans toutes les ORGP.

2.5. Continuer à participer, à titre d'observateur, à la Convention interaméricaine pour la protection et la conservation des tortues marines.

2.6. Élaborer des propositions visant la réduction des captures de tortues en attendant les résultats de l'atelier Kobe sur les prises accessoires et les recommandations qui en découleront.

3. Introduction de mesures de gestion des pêches pour réduire les prises accessoires

Mesures en 2010-2011 :

3.1. Élaborer de nouveaux protocoles plus stricts relativement à l'application du code de conduite.

Mesures en 2011-2012 :

3.2. Utiliser obligatoirement des hameçons circulaires corrodables de taille 16/0 à partir de décembre 2011 afin de réduire la mortalité des caouanes remises à l'eau.

3.3. Utiliser obligatoirement des engins de manipulation et de remise à l'eau ne causant pas de dommage aux tortues et adopter des protocoles plus stricts que ceux qui sont actuellement inclus dans le code de conduite volontaire d'ici mai 2011.

3.4. Évaluer s'il est possible et efficace de fermer temporairement des zones de pêche en fonction de la température afin de réduire les interactions avec les caouanes.

Mesure à long terme :

3.5. Modifier la configuration des engins de pêche et les méthodes de pêche en fonction des résultats de la recherche.

4. Recherche en appui des stratégies

Mesures en 2010-2011 :

4.1. Déterminer s'il existe des zones spatiotemporelles sensibles à la capture accidentelle de caouanes dans les eaux canadiennes.

4.2. Étudier les répercussions du déploiement des engins de pêche (p. ex., moment des calées, durée des calées) sur la fréquence des rencontres avec des caouanes.

4.3. Mener les activités établies dans le plan de recherche sur les tortues marines des Maritimes élaboré par le MPO :

4.3.1. analyse des données découlant de la présence accrue d'observateurs lors des sorties de pêche en 2001 et 2002 afin d'améliorer la surveillance, s'il y a lieu;

4.3.2. examen de la documentation sur les méthodes de pêche actuelles et examen des documents de référence.

4.4. Utiliser les données plus précises recueillies lors de la surveillance accrue mentionnée précédemment pour améliorer les estimations de la mortalité après la remise à l'eau des tortues capturées accidentellement.

Mesures à long terme :

4.5. Suivre les études internationales portant sur la survie des caouanes capturées accidentellement après leur remise à l'eau.

4.6. Créer des modèles spatiotemporels des habitats des caouanes dans les eaux canadiennes et comparer l'emplacement des habitats par rapport à la température de l'eau en surface et à la répartition spatiale de la pêche canadienne de poissons pélagiques à la palangre.

Les diverses mesures présentées ci-dessus devraient entraîner une baisse du nombre de rencontres avec les caouanes dans les pêches de poissons pélagiques à la palangre. À titre d'exemple, NOAA Fisheries prévoit une diminution des prises accessoires si les palangriers américains utilisent des hameçons circulaires au lieu d'hameçons en J et une hausse du taux de survie si tous les engins sont retirés des tortues capturées avant qu'elles ne soient remises à l'eau (p. ex., National Marine Fisheries Service, 2004), comme l'exigent les mesures décrites précédemment.

Les éléments décrits dans le présent Plan de conservation représentent les efforts déployés par le Canada pour protéger les tortues caouanes. Le plan sera mis à jour en fonction des nouvelles connaissances qui permettront de mieux évaluer la situation des populations dans l'Atlantique Nord-Ouest et de déterminer d'éventuelles méthodes efficaces de gestion des captures accidentelles dans les pêches pratiquées au Canada atlantique. Le Canada poursuivra ses efforts de surveillance, de conservation et de protection de la caouane, notamment en collaborant aux efforts américains et internationaux axés sur une coordination efficace et une contribution mixte à la conservation et au rétablissement de toutes les tortues marines. En raison des grands déplacements migratoires de la tortue caouane, la conservation de l'espèce se doit d'être une responsabilité partagée parmi de nombreux pays. Étant donné le vaste éventail de menaces pesant contre les tortues en dehors des eaux canadiennes, les efforts de conservation décrits dans le présent plan, s'ils sont insuffisants pour garantir le rétablissement de l'espèce, constituent une preuve de l'engagement du Canada à contribuer aux efforts de rétablissement déployés par la communauté internationale.

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Tableau 1. Nombre moyen de nids et moyenne du taux de croissance logarithmique de la population dans les unités de rétablissement de l'Atlantique Nord-Ouest. Tiré de Harris et coll. (2010).

Unités de rétablissement de l'Atlantique Nord-Ouest Années de données (Nids)1 Nombre moyen de nids1 Années de données (Tendance)2 Moyenne arithmétique du taux de croissance logarithmique de la population [IC de 95 %]2
Secteur nord 1989-2008 5 215 1983-2005 -0,012 [-0,079, 0,055]
Péninsule floridienne 1989-2007 64 513 1989-2007 -0,026 [-0,065, 0,013]
Îles de Dry Tortugas 1995-2004 246    
Nord du golfe du Mexique (indice de la Floride) 1995-2007 906 1997-2007 -0,049 [-0,121, 0,022]
Grande Caraïbe 1989-20053 1 6743 1989-2006 -0,012 [-0,068, 0,043]
Adapté de :
1 (National Marine Fisheries Service, 2009)
2 (Conant et coll., 2009)
3 (Turtle Expert Working Group 2009)
Figure 1. Répartition et ampleur des captures de caouanes

Figure 1. Répartition et ampleur des captures de caouanes dans les pêches canadiennes du thon et de l'espadon à la palangre, d'après les données de 2000 à 2009 (repères jaunes) et d'après le relevé sur le thon rouge du centre de l'Atlantique Nord réalisé en 2001-2002 (repères verts). Les croix indiquent les calées n'ayant donné lieu à aucune capture accidentelle de caouanes. Les données de toutes les années ont été combinées et sont présentées selon la moyenne de captures par 10 milles nautiques carrés. La taille des repères correspond au nombre de tortues capturées par 1 000 hameçons. Les lignes mauves indiquent les limites de la zone économique exclusive du Canada. (D'après Paul et coll., 2010.) Les ellipses (lignes rouges pointillées) montrent l'emplacement des concentrations de caouanes recensées dans MacAlpine et coll. (2007).

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