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Hydroids qui habitent dans des moules

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Catégorie 4 (Importance négligeable au Canada)

Noms courants et généralement admis de l'organisme ou de l'agent pathogène

Hydroïdes des moules.

Nom scientifique ou classification taxonomique

Plusieurs espèces d'hydroïdes (Cnideria, Hydrozoa, Leptomedusae) des genres Eugymnanthea et Eutima qui se fixent aux tissus de la cavité du manteau des bivalves. Initialement, ces hydroïdes avaient été classés dans la famille des Eutimidae (Rees 1967; Kubota 1978, 1983, 1984, 1985c, 1987b), mais ont rejoint récemment la famille des Eirenidae (Bouillon 1985, Piraino et al. 1994, Kubota 2000, Govindarajan et al. 2005). Plusieurs espèces ont été observées dans les moules, notamment Eugymnanthea inquilina (polimantii) dans la mer Méditerranée (Palombi 1935; Cerruti 1941; Crowell 1957; Piraino et al. 1994; Rayyan et al. 2002), Eugymnanthea (Ostreohydra) japonica (identifiée dans un premier temps comme Eugymnanthea inquilina japonica), Eutima (Eugymnanthea) cirrhifera et Eutima japonica (=Eucheilota intermedia, synonymie établie par Kubota 2000) dans les eaux japonaises (Rees 1967; Kubota 1978, 1979, 1985b, 1987b, 1989, 1991, 2000). Kubota (2000) évoque la possibilité de regrouper les genres Eutima et Eugymnanthea en un seul genre.

Répartition géographique

L'observation de moules contenant des hydroïdes est fréquente dans les eaux japonaises et taïwanaises, ainsi que sur la côte européenne de la mer Méditerranée (des observations ont été faites en Italie, en France, en Espagne, en Croatie et en Grèce). Toutefois, l'examen de 3 960 M. galloprovincialis provenant de six points le long de la côte de Gaza entre janvier et juillet 2005 et 2006 n'a relevé la présence d'aucun hydroïde (A. Rayyan, données inédites). Des hydroïdes ont été observés moins fréquemment dans d'autres bivalves, notamment Crassostrea gigas, Venerupis (Ruditapes) philippinarum et Chlamys farreri sur la côte japonaise et Ruditapes (Tapes) decussatus, Cardium edule et Ostrea edulis dans la mer Méditerranée (Rees 1967; Kubota 1985c, 2000; Rayyan et al. 2002; Govindarajan et al. 2005). d'autres espèces d'hydroïdes présentes dans les bivalves ont aussi été signalées dans des spécimens de Tivela mactroides au Brésil (Narchi et Hebling 1975), de Crassostrea rhizophorae à Porto Rico (Mattox et Crowell 1951) et dans plusieurs espèces de bivalves xylophages en Inde (Santhakumari 1970). Aucun hydroïde n'a été signalé dans les bivalves des eaux froides (Kubota 1987b) ni au Canada.

Espèces hôtes

Mytilus galloprovincialis, Mytilus edulis, Mytilus coruscus et d'autres espèces de bivalves, notamment les huîtres et d'autres espèces mentionnées ci-dessus. Piraino et al. (1994) ont indiqué que les polypes d'E. inquilina présents dans les spécimens de R. decussatus de la mer Ionienne (sud-est de l'Italie) produisaient rarement de médusoïdes et que le développement des gonades de ces derniers était limité, ce qui laisse entendre que le cycle de vie de cette espèce d'hydroïde présente dans les palourdes était perturbé. Il semblerait que les moules jouent un rôle important dans la stabilité et la durabilité des populations d'E. inquilina dans cette zone.

Impact sur les hôtes

Les hydroïdes présents dans les bivalves se fixent au manteau, aux pieds, aux palpes labiaux, à la paroi corporelle et peu fréquemment aux branchies des moules hôtes de la mer Méditerranée (Kubota 1989, Rayyan et al. 2002), mais plus fréquemment aux branchies des moules des eaux japonaises (Kubota 1991, 2000). Piraino et al. (1994) ont indiqué qu'E. inquilina était rarement observé dans les moules dont la longueur de coquille était inférieure à 40 mm. La plupart du temps, les polypes sont observés dans des agglomérats ou des groupes de spécimens de M. galloprovincialis plus âgés, ce qui laisse entendre que la première fixation d'un planula seul est suivie par le bourgeonnement asexué des polypes qui en résultent, afin de former une colonie de clones, même si les ciliés sont capables de se déplacer lentement sur l'épithélium cilié du manteau ou des palpes (Crowell 1957). De la reproduction asexuée des polypes naissent des eumédusoïdes à courte durée de vie, dont certaines espèces sont dépourvues de manubrium. Les polypes deviennent extrêmement petits et dégénèrent souvent à la fin de la production des médusoïdes. Cependant, ils peuvent se régénérer après la libération du médusoïde. Les médusoïdes, qui sont généralement sexués, sont libérés une fois leurs gonades arrivées à maturité et prêtes à produire des gamètes (gonophores). Les gamètes s'unissent ensuite pour former des larves planula, qui s'installent ensuite dans un bivalve hôte et deviennent des polypes.

Rayyan et al. (2004) ont observé que les infestations d'E. inquilina s'accroissaient en fonction de la taille des moules et que l'indice de condition était inférieur lorsque le nombre d'hydroïdes présents dans les moules était élevé, et plus particulièrement lorsque les moules étaient également infectées par Urastoma cyprinae etMytilicola intestinalis. Rayyan et al. (2004) font également remarquer que la chaire des moules touchées par un grand nombre d'hydroïdes a une odeur désagréable. Bien qu'un rapport indique que les polypes puissent être à l'origine de la perte de cils et de la présence de granules dans les cellules épithéliales des moules hôtes, un autre rapport indique qu'il n'y a pas de signe d'effet sur les tissus du manteau de la fixation des hydroïdes sur le disque du pied (Piraino et al. 1994). Cependant, la relation entre l'hydroïde et la moule hôte a été qualifiée de commensale (coexistence relativement harmonieuse) : il semblerait que l'hydroïde reçoive de la nourriture et offre à la moule une certaine protection contre d'autres nuisibles (Rees 1967, Kubota 1983, Piraino et al. 1994). Plus précisément, Piraino et al. (1994) ont observé l'ingestion sélective de sporocystes de trématodes du genre Bucéphale par les spécimens d'E. inquilina vivant dans les moules en Italie du sud. Cependant, Kubota (1983) a constaté que des crabes pinnothères (Pinnotheres spp.) étaient parfois présents dans les moules dans lesquelles vivaient des hydroïdes, mais que ces derniers ne se fixaient pas aux crabes.

Techniques de diagnostic

Observations brutes et préparation humide

athécate (pas de périderme [périsarc]) sur l'intégralité du corps; seule une fine membrane recouvre le bourgeon de méduse (Figure 2); polypes solitaires (de 0,7 à 3,5 mm environ de l'hydrosome au disque et jusqu'à 0,29 mm de largeur); absence d'hydrorhize et de gonothèque; présence d'un plateau pour la fixation aux tissus du mollusque, un seul tour de 17 à 30 tentacules distaux filiformes (jusqu'à 7,0 mm de longueur) autour d'un hypostome superficiel; production d'un bourgeon de polype ou d'un seul médusoïde (Leptomedusae) sur la colonne près de la base. La couleur du polype varie. Elle peut être blanche, jaune, orange et parfois même rouge (Rayyan et al. 2002). Un deuxième polype peut apparaître sous la forme de bourgeon, près de la base du premier. Lorsque le bourgeon se mue en deuxième polype, les deux polypes déchirent la base de la colonne et le plateau, puis se séparent.

Figure 1. Polype d'Eugymnanthea inquilina présentant un bourgeon indifférencié (flèche) proche du disque du pied.

Figure 2. Polype d'E. inquilina présentant un bourgeon médusoïde en développement entouré d'une membrane (flèche).

La morphologie du médusoïde est essentielle pour identifier l'espèce (Kubota 1985b). Les médusoïdes d'E. inquilina âgés d'un jour mesurent entre 0,55 et 0,90 mm de large au niveau de l'ombrelle. Le médusoïde possède huit statocystes marginaux, mais pas de manubrium ni de tentacule marginal (figure 3). Il possède quatre canaux radiaires sur lesquels se trouve une grande gonade ovale proximale et au bout desquels se trouvent des bulbes tentaculaires rudimentaires distaux. Les statocystes contiennent un nombre variable de statolithes (de 0 à 7), mais la plupart d'entre eux contiennent plus de deux statolithes (figure 4) (Rayyan et al. 2002, Govindarajan et al. 2005). l'absence habituelle de manubrium et le plus grand nombre de statolithes par statocyste au stade médusaire peuvent être utilisés pour distinguer E. inquilina d'Eugymnanthea japonica (qui possède généralement un manubrium plus mince et un statolithe par statocyste ou, plus rarement, deux ou trois) (Kubota 1989, Kubota 1991, Govindarajan et al. 2005). Eutima cirrhifera possède des cirres latéraux de chaque côté des bulbes tentaculaires. Eutima japonica (Eucheilota intermedia) possède de nombreux cirres (jusqu'à 41), quatre tentacules et jusqu'à 10 statolithes par statocyste (Kubota 1984).

Figure 3. Médusoïde mature d'E. inquilina (âgé d'un jour). Aucun manubrium n'est présent. Les flèches indiquent l'emplacement de trois des huit statocystes.

Figure 4. Trois statocystes (flèches) d'E. inquilina, dont deux contenant cinq statocystes et un en contenant trois.

Sondes à ADN

le produit du séquençage de la réaction en chaîne de la polymérase (PCR) des gènes 16S rDNA (segment d'environ 600 paires de base) a été utilisé pour différencier les deux espèces d'Eugymnanthea présentes dans les moules, E. inquilina et E. japonica (Govindarajan et al. 2005).

Culture

les polypes peuvent être retirés avec précaution du tissu hôte et conservés dans de petits plateaux ou dans des nacelles contenant de l'eau de mer naturelle dans des conditions identiques à celles de l'endroit où la moule hôte a été prélevée. On nourrit les hydroïdes (polypes d'origine et médusoïdes qui en résultent) de larves d'Artemia spp. (artémie) fraîchement écloses, et l'eau est aérée et changée tous les jours. À des fins taxonomiques, les médusoïdes peuvent être examinés vivants ou conservés dans du formol tamponné à 10 %.

Bioessai

l'étude de la mésoglée repose sur l'adhérence des cellules à la mésoglée et sur leur prolifération (matrice extracellulaire). Elle permet de distinguer les différentes espèces d'hydrozoaires. La mésoglée est extraite d'un polype vivant et incubée dans une eau sans calcium ni magnésium que l'on agite afin que les cellules se séparent de la matrice. Puis elle est lavée à l'eau distillée, placée sur une lamelle de verre et séchée à l'air libre. Les tissus de l'échantillon de l'étude sont ensuite extraits, lavés à l'eau de mer filtrée, appliqués à la mésoglée sèche et constamment humidifiés. Après une heure environ, on examine l'adhérence des cellules à la mésoglée. Une autre méthode consiste à greffer des fragments de tissu provenant d'un premier spécimen sur la mésoglée d'un autre spécimen. Les fragments de tissu adhèrent et prolifèrent uniquement si la mésoglée provient d'un spécimen très proche (conspécifique). Toutefois, les conclusions de l'étude de la mésoglée ne sont pas forcément suffisantes pour distinguer les espèces étroitement apparentées (Govindarajan et al. 2005).

Méthodes de contrôle

On ne connaît pas de méthode de prévention ou de contrôle. La prévalence de l'infestation semble être plus importante dans les espaces restreints où la population de bivalves est élevée que dans les eaux libres.

Références

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Citation

Bower, S.M., Rayyan, A. (2009): Précis des maladies infectieuses et des parasites des mollusques et des crustacés exploités commercialement: Hydroïdes des moules

Date de la dernière révision : Juillet 2009
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