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Mytilicola orientalis (copépodes rouges) des palourdes et coques

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Catégorie

Catégorie 2 (au Canada et d'intérêt régional)

Noms courants et généralement admis de l'organisme ou de l'agent

Mytilicola, maladie de vers rouges.

Nom scientifique ou classification taxonomique

Mytilicola orientalis (copépodes, de la famille des Mytilicolidae) [pas un ver] (Mori 1935). En 1938, il a été décrit de façon erronée comme Mytilicola ostreae (Lauckner 1983).

Répartition géographique

Mytilicola orientalis a été décrit pour la première fois à partir d'huîtres (Crassostrea gigas) et de moules (Mytilus crassitesta) au Japon (Mori 1935). On pense que ce parasite a été introduit sur la côte ouest des États-Unis à partir du Japon avec des naissains d'huîtres dès les années 1930; il est maintenant largement répandu le long de la côte ouest de l'Amérique du Nord (y compris la côte ouest du Canada). Il a également été introduit en France dans les années 1970 avec des C. gigas importées (Lauckner 1983, Grizel 1985). Après la mise en œuvre de la Directive du Conseil des communautés européennes 91/67/CEE, le libre-échange des mollusques et crustacés a commencé en janvier 1993, entraînant l'extension de l'aire de répartition des M. orientalis de France jusqu'en Irlande (Minchin et al. 1993, Minchin 1996). Il a également été signalé pour la première fois dans la zone de la mer du Nord (Pays-Bas) en 1993 (Stock 1993), et on le trouve désormais dans la mer Méditerranée (Streftaris et Zenetos 2006).

L'aire de répartition locale (régionale), au moins dans le nord-est du Pacifique et probablement ailleurs, semble limitée aux estuaires boueux recouverts, où les bivalves à proximité des lignes de marée basse semblent être les plus infestés. Goater et Weber (1996) ont attribué cette aire de répartition à des facteurs qui limitent la colonisation par des larves nageantes, ce qui indique que les effets des vagues, des courants de marée, de la salinité et/ou des conditions de substratum peuvent jouer un rôle.

Espèces hôtes

Venerupis (= Tapes) philippinarum, Protothaca (= Venerupis) staminea, Nuttallia obscurata, Saxidomus giganteus, Crepidula fornicata et un large éventail d'autres bivalves marins, comme les huîtres et les moules. En Colombie-Britannique, Marshall et al. (2003) ont rapporté une prévalence considérablement plus élevée chez les palourdes N. obscurata (60 % à 64 % d'individus infestés) que chez les palourdes du Pacifique (P. staminea, 8 % à 4 %) et les palourdes japonaises (V. philippinarum, 0 % à 4 %) prélevées sur les mêmes plages.

Impact sur les hôtes

Les effets pathologiques de M. orientalis sont sujets à controverse. Des publications récentes ont signalé des répercussions minimales de M. orientalis sur les différentes espèces d'hôtes de la côte ouest du Canada et en Europe. Par exemple, Marshall et al. (2003) n'ont pas détecté d'effet important sur les palourdes provenant du détroit de Georgie, en Colombie-Britannique. Cependant, la prévalence et l'intensité de l'infestation ont tendance à être faibles. Néanmoins, certains scientifiques considèrent M. orientalis comme un sérieux parasite (Holmes et Minchin 1995; Streftaris et Zenetos 2006). Mytilicola orientalis peut altérer la morphologie du revêtement épithélial de l'intestin. Comme l'espèce apparentée Mytilicola intestinalis, M. orientalis se fixe à la paroi intestinale avec les segments distaux de la deuxième antenne, qui présente deux soies en forme d'épines se terminant par une griffe incurvée, et peut provoquer des modifications métaplastiques dans l'intestin de son hôte (Lauckner 1983). Parfois, la muqueuse focale s'érode complètement, et un appendice du copépode peut pénétrer dans le tissu conjonctif sous-jacent avec infiltration hémocytaire concurrente (figure 1). Sous les zones de métaplasie épithéliale, une réponse semblable à la fibrose peut survenir dans le tissu conjonctif, indiquant une tentative par l'hôte de protéger les tissus sous-jacents par encapsulation du parasite (Lauckner 1983). Lorsque M. orientalis se trouve dans une petite section du tractus intestinal, qu'un seul ou plusieurs spécimens soient présents, il peut provoquer une distension de la paroi intestinale (figure 2). Toutefois, la pathologie serait négligeable ou minime dans la plupart des cas. Dans les eaux européennes, des infections doubles peuvent se produire avec M. intestinalis; il est donc prudent d'observer les synergies potentielles entre ces deux espèces de Mytilicola qui peuvent entraîner des conséquences pathologiques pour les bivalves hôtes (Stock 1993; Torchin et al. 2002). Streftaris et Zenetos (2006) ont ajouté M. orientalis sur leur liste des 100 pires espèces envahissantes dans la mer Méditerranée.

Le cycle vital de Mytilicola orientalis est inconnu, mais ressemble probablement à celui de M. intestinalis (Cheng 1967). En Colombie-Britannique, on a observé une seule période de reproduction, de juin à la fin août, et les larves demeuraient dans la colonne d'eau pendant une courte période et ne s'éloignaient pas beaucoup (Bernard 1969). Chez la palourde, Marshall et al. (2003) ont signalé la présence de ce parasite dans la lumière de l'estomac et de l'intestin, ainsi qu'un spécimen dans le conduit de la glande digestive.

Techniques de diagnostic

Observations générales

Garder ouverts l'estomac et l'intestin de bivalves entiers frais pour observer la présence de copépodes rougeâtres allongés. Pour faciliter la détection, le tractus intestinal disséqué peut être comprimé entre deux plaques de verre avant l'examen au microscope. En raison de la morphologie relativement allongée et des petits membres de ce copépode parasite, il ressemble à un ver à l'œil nu, d'où le nom courant de ver rouge. Il dispose de cinq segments thoraciques chacun avec des protubérances triangulaires postéro-latérales appariées (processes), suivies d'une partie génitale et d'un abdomen étroit ayant une segmentation incomplète. La femelle mesure environ 6 à 12 mm de longueur, 1,3 mm dans sa plus grande largeur et peut avoir des ovisacs allongés appariés (environ 7 mm de longueur, contenant chacun environ 200 œufs) fixés à la partie génitale et pouvant s'étendre au-delà de l'extrémité postérieure de l'abdomen. Mesurant environ de 2 à 5 mm de longueur totale et environ 0,5 mm de largeur, le mâle est plus court et plus large que la femelle (Grizel 1985). La tête de M. orientalis porte une tache rouge médiane, la première paire d'antennes dispose de quatre segments et la seconde en possède deux. La seconde paire d'antennes se transforme en une paire de crochets robustes utilisés comme points d'ancrage pour résister à l'expulsion par l'hôte. On observe une réduction globale de la longueur et de la complexité des appendices comparativement aux copépodes libres.

On peut distinguer les trois espèces de Mytilicola par leurs caractéristiques morphologiques externes. La femelle adulte de M. orientalis fait de 10 à 12 mm de longueur avec une paire de processus minces s'étendant des coins postérieurs de la tête, tandis que la femelle adulte de M. intestinalis fait environ 8 mm de longueur avec des coins postérieurs de la tête légèrement arrondis. Chez les adultes des deux sexes, la deuxième antenne a deux segments chez M. orientalis et trois segments chez M. intestinalis. Les protubérances thoraciques postéro-latérales sont plus importantes chez M. orientalis, à l'exception de la première paire qui est absente chez les mâles de M. orientalis. M. orientalis et M. intestinalis peuvent être différenciés de Mytilicola porrecta (un parasite intestinal de divers mollusques commerciaux du sud des États-Unis), qui est plus court (femelle de 5 mm de long environ) et comporte quatre segments sur la deuxième antenne et aucune mandibule. Le mâle adulte de M. porrecta a des protubérances thoraciques postéro-latérales réduites qui sont presque invisibles. La griffe du maxillipède est courte, robuste et fortement crochue, comparativement à celle des mâles de M. orientalis et de M. intestinalis, qui est allongée et pas très crochue.

Histologie

Examiner les coupes transversales du corps pour déceler la présence de gros copépodes dans la lumière de l'intestin. Les copépodes peuvent se fixer à la paroi intestinale au moyen d'appendices à crochets. Une métaplasie du tissu focal peut se produire dans l'épithélium intestinal.

Figure 1. Coupe histologique d'un parasite de l'espèce Mytilicola au sein de la lumière du tractus intestinal d'une palourde Protothaca staminea. Les flèches indiquent les foyers d'infiltration hémocytaire et les dommages causés à la paroi intestinale liés aux appendices du copépode. Coloration à l'hématoxyline et à l'éosine.

Figure 2. Coupe histologique d'un parasite de l'espèce Mytilicola au sein de la lumière intestinale d'une palourde Nuttallia obscurata. Les multiples sections peuvent représenter le même organisme replié sur lui-même. Les dommages infligés à la paroi intestinale (indiqués par la lettre D) semblent être dus à la coupe. Coloration à l'hématoxyline et à l'éosine.

Digestion

La perturbation chimique des tissus exposera les copépodes et facilitera la quantification. Plus précisément, la digestion de la chair retirée de la coquille des bivalves par la pepsine, suivie d'une filtration des tissus désintégrés par des tamis (pores de 348 µm et de 124 µm), et l'examen des résidus de Mytilicola grâce à un microscope binoculaire est une technique utilisée pour détecter tous les stades parasitaires de M. intestinalis, notamment les sacs vitellins et les stades infectieux précoces intacts (0,45 µm de longueur) [Dare 1982]. Ce processus est recommandé pour les études à grande échelle plutôt que pour le diagnostic de l'identité du parasite.

Méthodes de contrôle

On ne connaît pas de méthode de prévention ou de contrôle. Les bivalves provenant de zones infectées connues (actuellement ou dans le passé) ne doivent pas être déplacés vers des zones où aucune trace de Mytilicola spp. n'a été détectée.

Le risque d'introduction réside dans la transplantation de bivalves infectés d'un endroit à un autre. Actuellement, le plus grand risque d'introduction est associé à l'industrie aquacole de bivalves pendant la transplantation et le transport des naissains et des stocks d'élevage. Ce risque a été illustré concrètement par l'introduction de M. Orientalis du Japon dans la côte ouest d'Amérique du Nord dans les années 1930, puis en France dans les années 1970, et ensuite en Irlande en 1993 par la transplantation des Crassostrea gigas infestées (Steele et Mulcahy 2001). Le nombre critique de M. orientialis requis pour établir une population peut dépendre des conditions locales. Des bras de mer cloisonnés avec des mouvements de marée de faibles à modérés ont plus de chances de développer des populations locales (Holmes et Minchin 1995). Le risque d'introduction peut être considérablement réduit grâce à l'application de règlements interdisant le déplacement des bivalves infestés.

Références

Bernard, F.R. 1969. The parasitic copepod Mytilicola orientalis in British Columbia. Journal Fisheries Research Board of Canada 26: 190-191.

Cheng, T.C. 1967. Marine molluscs as hosts for symbioses with a review of known parasites of commercially important species. In: F.S. Russell (ed.). Advances in Marine Biology. Volume 5. Academic Press Inc., London, p. 286-296.

Dare, P.J. 1982. The susceptibility of seed oysters of Ostrea edulis L. and Crassostrea gigas Thunberg to natural infestation by the copepod Mytilicola intestinalis Steuer. Aquaculture 26: 201-211.

Goater, C.P. et A.E. Weber. 1996. Factors affecting the distribution and abundance of Mytilicola orientalis (Copepoda) in the mussel, Mytilus trossulus, in Barkley Sound, B.C. Journal of Shellfish Research 15: 681-684.

Grizel, H. 1985. Mytilicola orientalis Mori, parasitism. In: C.J. Sindermann (ed.) Fiches d'Indentification des Maladies et Parasites des Poissons, Crustacés et Mollusques No. 20. ICES, Copengague. 4 pp.

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Lauckner, G. 1983. Diseases of Mollusca: Bivalvia. In: O. Kinne (ed.). Diseases of Marine Animals. Volume II: Introduction, Bivalvia to Scaphopoda. Biologische Anstalt Helgoland, Hamburg, p. 829-830.

Marshall, W.L., S.M. Bower et G.R. Meyer. 2003. A comparison of the parasite and symbiont fauna of cohabiting native (Protothaca staminea) and introduced (Vennerupis philippinarum and Nuttalia obscurata) clams in British Columbia. Journal of Shellfish Research 22: 185-192.

Minchin, D. 1996. Management of the introduction and transfer of marine molluscs. Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems 6: 229-244.

Minchin, D., C.B. Duggan, J.M.C. Holmes et S. Neiland. 1993. Introductions of exotic species associated with Pacific oyster transfers from France to Ireland. International Council for Exploration of the Sea C.M. 1993/F: 27: 11 pp.

Mori, T. 1935. Mytilicola orientalis , a new species of parasitic Copepoda. Zoological Magazine, Tokyo 47: 687-690.

Steele, S. et M.F. Mulcahy. 2001. Impact of the copepod Mytilicola orientalis on the Pacific oyster Crassostrea gigas in Ireland. Diseases of Aquatic Organisms 47: 145-149.

Stock, J.H. 1993. Copepoda (Crustacea) associated with commercial and non-commercial Bivalvia in the East Scheldt, The Netherlands. Bijdragen tot de Dierkunde 63: 61-64.

Streftaris, N. et A. Zenetos. 2006. Alien marine species in the Mediterranean - the 100 ‘Worst Invasives' and their impact. Mediterranean Marine Science 7: 87-118.

Torchin, M.E., K.D. Lafferty et A.M. Kuris. 2002. Parasites and marine invasions. Parasitology 124 Supplement: S137-S151.

Citation

Bower, S.M. (2010) : Précis des maladies infectieuses et des parasites des mollusques et des crustacés exploités commercialement: Mytilicola, maladie de vers rouges des palourdes et des coques.

Date de la dernière révision : Janvier 2010
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Date de modification :