Codium fragile
Codium fragile spp. fragile
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Si vous pensez avoir découvert une espèce aquatique envahissante :
- ne rejetez pas l'espèce à l'eau
- prenez des photos
- Remarque :
- l'emplacement exact (coordonnées GPS)
- la date d'observation
- identification des caractéristiques
- contactez-nous pour le signaler
Sur cette page
- Origine et répartition
- Caractéristiques d'identification
- Habitat
- Impacts écologiques et économiques
- Mode d'arrivée au pays
- Méthodes de dispersion
- Actions du gouvernement
- Pour plus d'information
- Références
Le Codium fragile est une algue verte qui pousse dans les eaux peu profondes infralittorales le long de la côte. Elle se caractérise par de nombreuses tiges cylindriques vert foncé qui prennent naissance dans le crampon par lequel la plante se fixe au plancher océanique. La plante peut atteindre une hauteur de 100 centimètres et, lorsqu'elle est vivante, ses tiges ont une texture pelucheuse et douce. Au stade juvénile, Codium fragile a l'apparence d'un tapis duveteux qui ressemble à de la mousse.
Origine et répartition
Le Codium fragile est originaire du Japon. Il a été signalé pour la première fois en Amérique du Nord aux États-Unis, près de New York, en 1957. Cette espèce a été observée pour la première fois au Canada à Mahone Bay en Nouvelle‑Écosse en 1989. Elle a été observée dans le golfe du Saint‑Laurent en 1996. Codium fragile a été découvert dans les eaux de Terre Neuve et Labrador le 27 novembre 2012. Cette espèce est également commune dans le sud du Golfe du Saint-Laurent le long des côtes du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard.
Caractéristiques d'identification
- En forme de petit buisson, duveteux et mou comme une éponge au toucher
- Couleur : vert foncé à vert pâle
- Tiges épaisses et spongieuses de 3 à 10 millimètres de diamètre, de forme cylindrique, qui se terminent en "Y"
- Taille : jusqu'à 100 centimètres de longueur
- Poids : jusqu'à 3 kilogrammes par plante
- Lorsqu'elles sont sèches, les tiges blanchissent et ressemblent à des spaghettis
Espèces similaires (indigènes)
Le Codium se distingue facilement des algues indigènes du golfe du Saint-Laurent. Seul le Fucus bifide partage certaines de ses caractéristiques.
Fucus Bifide (Fucus distichus)
Cette espèce partage certaines caractéristiques du Codium fragile comme sa forme arbustive et ses ramifications. Les tiges du Fucus Bifide portent toutefois des réceptacles de couleur jaune doré remplis d'une substance gélatineuse.
Habitat
Le Codium fragile adulte pousse fixée au fond marin et ressemble à un petit buisson vert duveteux pouvant mesurer entre 30 et 100 centimètres de hauteur. Cette algue adulte se reproduit par la production de spores et peut aussi produire de nouvelles plantes si les « branches » se brisent ou si la plante au complet est soulevée (p. ex. par l'action des vagues) et déplacée à un autre endroit où elle se fixe. De nouvelles plantes peuvent également se former à partir de fragments qui sont dispersés par les courants océaniques et se fixent à des substrats stables. Grâce à cette capacité de régénération à partir de fragments, Codium fragile peut faire concurrence aux graminées et algues marines indigènes, comme la zostère et le varech.
Cette espèce peut tolérer de fortes fluctuations de salinité (12 à 42 %) et de température (-2 à 33 °C). Dans des conditions optimales (température de 24 °C et salinité comprise entre 24 et 30 %), Codium fragile peut croître rapidement (jusqu'à 9 centimètres par mois). Cette espèce peut se reproduire de façon sexuée et asexuée.
Impacts écologiques et économiques
Codium fragile peut remplacer des algues marines indigènes comme le varech et les graminées marines (zostère) en tant qu'algue marine dominante, en particulier là où les algues indigènes sont en régression. Ce phénomène peut perturber les cycles naturels entre les forêts immergées de varech et les zones dénudées, qui sont normalement contrôlés par les populations d'oursins. Le varech constitue la principale source de nourriture des oursins, qui sont récoltés pour leurs œufs. De plus, la formation de prairies denses et basses par Codium fragile peut restreindre les déplacements de nombreuses espèces (y compris le homard) qui souvent vivent immergés et dépendent du varech comme habitat, nourriture et abri contre les prédateurs. Codium fragile peut aussi se fixer aux mollusques (comme les myes, les pétoncles et les huîtres) et perturber ainsi leurs déplacements et leur alimentation. L'algue fixée aux mollusques peut ensuite être déplacée par le mouvement des vagues et entraîner avec elle le mollusque auquel elle est fixée, d'où son nom anglais de « voleuse d'huîtres ». Codium fragile peut avoir d'importantes répercussions en causant des salissures dans les bancs coquilliers, ce qui a pour effet d'accroître les besoins en main-d'œuvre d'entretien dans les installations aquacoles.
Mode d'arrivée au pays
Le Codium fragile aurait probablement été introduit en Amérique du Nord accroché à la coque de bateaux (biosalissure) en provenance d'Europe. Cette hypothèse est supportée la capacité de cette espèce à s'établir et croître sur les surfaces peu protégées des bateaux, à supporter de fort courants et à tolérer de grandes variations de température et de salinité.
Méthodes de dispersion
Il y a plusieurs vecteurs, naturels et anthropiques, par lesquels le Codium fragile peut se disperser.
La capacité de cette espèce de se régénérer à partir d'un fragment de colonie lui permet de se disperser facilement via les fragments ou les plantes entières à la dérive. Plusieurs activités humaines peuvent également entrainer la dispersion du Codium fragile telles que, l'encrassement des coques de bateaux commerciaux ou récréatifs par l'organisme, l'eau de ballasts et l'utilisation d'équipement de pêche comportant des biosalissure dans des zones où l'espèce n'est pas encore présente.
Actions du gouvernement
Recherche scientifique
Pêches et Océans Canada étudie les populations du Codium fragile afin d'améliorer la compréhension concernant son adaptation aux conditions canadiennes.
Contrôle de l'abondance
Il n'y a pas de façons efficaces de se débarrasser du Codium fragile si elle a déjà envahi une zone. Enlever l'algue manuellement peut la briser en plus petits morceaux, qui peuvent chacun produire une nouvelle plante. Le mieux à faire est d'empêcher sa prolifération dans de nouvelles zones. Le Codium fragile peut se fixer aux coques de bateaux, aux moteurs, aux ancres ou aux engins de pêche dans les eaux peu profondes. Assurez-vous que l'équipement est propre lorsque vous passez d'une zone à une autre et suivez les recommandations générales de Pêches et Océans Canada. Afin de lutter contre la propagation de cette espèce, il faut faire une inspection visuelle des coques des bateaux et des engins de pêche et les nettoyer régulièrement. De plus, le matériel végétal et animal et l'eau présente à l'intérieur des bateaux doivent être éliminés sur terre. Les peintures antisalissure sont efficaces pour prévenir la fixation d'une grande variété de salissures marines et elles devraient être appliquées régulièrement.
Les relevés et la surveillance de Codium fragile à Terre-Neuve et Labrador sont des outils efficaces de détection précoce, qui peuvent offrir la possibilité de maîtriser, de contenir ou, idéalement, d'éradiquer les nouvelles populations avant qu'elles se propagent. La capacité de Codium fragile de survivre par fragmentation fait qu'il est très difficile d'éliminer les populations. Bien que les méthodes d'élimination manuelle permettent de réduire immédiatement les densités de la population, les populations peuvent se rétablir rapidement grâce à la survie des fragments. De plus, même si certaines espèces indigènes se nourrissent de Codium fragile, il est peu probable que ces organismes puissent réussir à limiter significativement l'envahissement. L'éducation du public est l'un des meilleurs moyens de limiter la propagation de Codium fragile. Par ailleurs, les recherches se poursuivent en vue d'en apprendre davantage sur la biologie de cette espèce dans les environnements de Terre Neuve et Labrador et d'élaborer des stratégies d'atténuation et de communication visant à limiter et à prévenir la propagation de cette espèce dans l'ensemble de la province.
Pour plus d'information
- Codium fragile dans les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador
- Publications du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS)
Références
- Bégin, C., and Scheibling, R.E. 2003. Growth and survival of the invasive green alga Codium fragile ssp. tomentosoides in tide pools on a rocky shore in Nova Scotia. Bot. Mar. 46: 404-412.
- Drouin, A., and McKindsey, C.W. 2007. QBRAT v2 assessment: Codium fragile ssp. tomentoisoides in the Gulf of St. Lawrence as a case study. DFO Can. Sci. Advis. Sec. Res. Doc. 2007/07. iv + 28 p.
- Scheibling, R.E., and Gagnon, P. 2006. Competitive interactions between the invasive green alga Codium fragile ssp. tomentosoides and native canopy-forming seaweeds in Nova Scotia (Canada). Mar. Ecol. Prog. Ser. 325: 1-14.
- Trowbridge, C.D. 1998. Ecology of the green macroalga Codium fragile (Suringar) Hariot 1889: Invasive and non-invasive subspecies. Oceanogr. Mar. Biol. Annu. Rev. 36: 1-64.
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