Lamproie marine : La lutte se poursuit pour protéger nos pêches dans les Grands Lacs
Table des matières
- 1. Les pêches dans nos Grands Lacs : une ressource partagée
- 2. De quelle façon lutte-t-on contre la lamproie marine dans les Grands Lacs?
- 3. Le cycle de vie de la lamproie marine
- 4. Travailler ensemble à la protection des pêches dans nos Grands Lacs
- Pour plus de renseignements
1. Les pêches dans nos Grands Lacs : une ressource partagée
Les Grands Lacs représentent une ressource précieuse que se partagent le Canada et les États-Unis. Plus de 40 millions de personnes en dépendent pour l'alimentation, l'eau potable et les loisirs. Les pêches à elles seules, qui permettent à 5 millions de personnes de s'adonner à la pêche à la ligne sportive et qui créent 75 000 emplois, génèrent annuellement jusqu'à 7 milliards de dollars dans la région.
La santé des pêches dans les Grands Lacs est constamment menacée par la perte d'habitat, la pollution et la présence d'espèces envahissantes comme la lamproie marine. Nous misons sur l'intendance et sur la coopération pour nous attaquer à certains de nos plus gros défis. La lutte contre la lamproie marine constitue l'un des domaines où nous sommes effectivement en train de gagner la bataille.
1.1 Qu'est-ce que la lamproie marine?
La lamproie marine est un poisson primitif qui provient de l'océan Atlantique. Dans les Grands Lacs, elle n'a aucune valeur commerciale et les poissons ne s'en nourrissent généralement pas.
Sans mâchoire, elle a une bouche ronde en forme de disque de succion tapissé de dents acérées qui, semblables à des cornes, entourent sa langue râpeuse. Contrairement à la plupart des poissons, la lamproie a un corps qui se compose de cartilage et non d'os; dépourvue d'écailles et de nageoires paires, elle n'a ni ligne latérale ni vessie natatoire.
1.2 Où trouve-t-on la lamproie marine?
Les lamproies marines, qui ont été observées pour la première fois dans le lac Ontario dans les années 1830, ont accédé aux Grands Lacs à partir de l'océan Atlantique par les canaux de navigation artificiels. Les chutes Niagara ont agi à titre de barrière naturelle, empêchant la lamproie marine de se déplacer vers les lacs Érié, Huron, Michigan et Supérieur. Toutefois, lorsque le canal Welland (construit pour contourner les chutes) a été approfondi en 1919, les lamproies marines ont commencé à avoir accès aux autres lacs. En 1938, elles avaient envahi tous les Grands Lacs.
1.3 Quels sont les dommages causés aux pêches par la lamproie marine?
La lamproie marine est un parasite. Elle se fixe aux poissons au moyen de sa bouche à ventouse et de ses dents, et se sert de sa langue pour gratter les écailles et la peau des poissons afin de se nourrir de leur sang et de leurs liquides organiques. Une seule lamproie peut détruire jusqu'à 18 kg (40 lb) de poisson au cours de sa vie adulte. La lamproie marine est si nuisible que, dans certaines conditions, seul un poisson attaqué sur sept survira. Elle s'attaque à tous les types de poissons, y compris le touladi, le saumon, la truite (saumon) arc-en-ciel, la truite brune, le corégone, la perchaude, la lotte, le doré jaune, le poisson-chat et même l'esturgeon.
Au cours des années 1940 et 1950, les populations de lamproies marines ont grandement augmenté puisque l'on ne disposait pas de méthodes de lutte efficaces et qu'il n'y avait aucun prédateur naturel de cette espèce. Ce facteur a contribué de manière importante à l'effondrement des populations de poissons qui étaient les piliers économiques de la prospérité des pêches dans les Grands Lacs. Par exemple, avant que la lamproie marine n'entre dans les Grands Lacs, le Canada et les États-Unis récoltaient annuellement environ 7 millions de kg (15 millions de lb) de touladi dans les lacs Huron et Supérieur. Toutefois, au début des années 1960, ces prises ne représentaient plus que 136 000 kg (300 000 lb). Les pêches étaient dévastées.
2. De quelle façon lutte-t-on contre la lamproie marine dans les Grands Lacs?
La Commission des pêcheries des Grands Lacs collabore avec Pêches et Océans Canada, le U.S. Fish and Wildlife Service et le U.S. Army Corps of Engineers pour lutter contre la lamproie marine dans les Grands Lacs. Le U.S. Geological Survey mène des recherches essentielles sur la lamproie marine. Le programme de lutte utilise plusieurs techniques pour s'attaquer à la lamproie marine tout au long des différentes phases de son cycle de vie.
2.1 Produits anti-lamproies
La lutte contre la lamproie marine commence lorsque les biologistes se rendent sur le terrain pour faire le relevé des cours d'eau qui contiennent des larves de lamproie marine. Ces évaluations sont ensuite utilisées pour venir en aide à la Commission, qui s'en servira pour décider des cours d'eau qui seront traités avec des produits anti-lamproies, ou « lampricides ».
Actuellement, la principale méthode de lutte contre la lamproie marine consiste en un lampricide appelé TFM. Le TFM tue les larves de lamproie marine tout en ayant peu ou pas de répercussions sur les autres espèces de poissons et d'animaux. À la suite de tests approfondis que l'on a commencé à effectuer dans les années 1950, les scientifiques ont déterminé que le TFM n'était pas toxique pour les plantes aquatiques, les invertébrés, les poissons et la faune, ou qu'il n'avait qu'une incidence minime sur ceux-ci. La concentration de TFM utilisée ne présente pas de dangers pour les humains ou les autres mammifères. Une forme solide de lampricide, connue sous le nom de Bayluscide granulaire, est appliquée dans les eaux tranquilles ou profondes. Le TFM et le Bayluscide granulaire sont enregistrés auprès de l'Environmental Protection Agency des États-Unis et de Santé Canada.
Environ 200 cours d'eau des Grands Lacs sont traités à intervalles réguliers avec des lampricides afin de tuer les larves de la lamproie marine. Malgré le succès du TFM et du Bayluscide granulaire, les lampricides sont coûteux et la Commission des pêcheries des Grands Lacs cherche à réduire leur utilisation en se penchant davantage sur les méthodes alternatives suivantes.
2.2 Obstacles
Des obstacles ont été construits pour empêcher la migration vers l'amont des lamproies marines pendant leur période de frai. La plupart des obstacles permettent aux poissons qui font des bonds de passer en ne subissant qu'une perturbation minimale. Certains obstacles permettent également aux espèces qui ne font pas de bonds de passer, tout en empêchant le passage des lamproies marines. Les obstacles ont diminué en partie ou en totalité le besoin d'utiliser des lampricides dans nombre de cours d'eau.
2.3 Phéromones et signaux d'alarme
Les lamproies marines ont l'odorat très développé. Depuis la fin des années 1990, la Commission et ses partenaires de recherche travaillent à l'élaboration de moyens qui permettraient de tirer parti de cette caractéristique pour lutter contre la lamproie marine. Les phéromones sont des odeurs naturelles que les organismes émettent pour affecter le comportement. On a identifié plusieurs composantes de phéromone dans la lamproie marine, lesquelles attirent les femelles en frai vers les mâles. D'autres phéromones émises par les larves servent à indiquer aux lamproies marines quels cours d'eau représentent un habitat de frai convenable. Les phéromones pourraient être utilisées comme « appât » pour les pièges (voir « Piégeage » ci-dessous), ou encore pour perturber la reproduction des lamproies en manipulant leur comportement.
Des signaux d'alarme, qui peuvent aussi se fonder sur les odeurs, avertissent les animaux d'un danger imminent. Des scientifiques ont découvert que les lamproies marines en désintégration envoient un signal d'alarme qui avertit les autres membres de l'espèce d'éviter la zone. Les signaux d'alarme pourraient empêcher les lamproies marines d'aller dans certaines zones ou, lorsque combinés aux phéromones, les éloigner et les attirer tour à tour.
2.4 Piégeage
Des pièges à lamproie marine sont utilisés à divers endroits dans le bassin des Grands Lacs, souvent de concert avec des obstacles. Les pièges sont conçus pour attraper les lamproies marines lorsqu'elles migrent vers l'amont pour frayer, permettant ainsi le retrait d'individus de la population des géniteurs. Les pièges fournissent en outre un moyen d'évaluer les populations reproductrices de lamproies, de même que de mesurer, en fin de compte, le niveau de réussite de la lutte contre la lamproie marine. Les phéromones et les signaux d'alarme pourraient rehausser l'efficacité des pièges, qui tirent par ailleurs parti des nouvelles conceptions et techniques en matière de piégeage.
2.5 Une réussite!
SLa lutte contre la lamproie marine dans les Grands Lacs demeure une grande réussite. Des efforts de lutte continus ont donné lieu à une réduction de 90 % des populations de lamproie dans la plupart des régions, créant ainsi des conditions nettement plus favorables à la survie et à la reproduction des poissons.
Bien qu'il soit impossible de débarrasser complètement les Grands Lacs des lamproies marines, nous pouvons maintenir, grâce à une coopération et à un soutien continus, leurs populations à des niveaux où elles auront une incidence moindre sur nos pêches.
Lutter contre la lamproie marine, c'est investir dans nos pêches et dans notre environnement. La réussite ici veut dire que nous disposons de plus de poissons de qualité et qu'il y a d'autant plus d'occasions de pêcher pour nous et pour les générations à venir!
3. Le cycle de vie de la lamproie marine
Le fait de comprendre le cycle de vie de la lamproie marine aide les scientifiques à mettre en œuvre un programme de lutte efficace.
Au cours de la phase de frai (1), les lamproies marines migrent vers les cours d'eau, construisent des nids en forme de croissants avec des roches, fraient et meurent ensuite. Après l'éclosion des œufs (2), les larves dérivent vers les zones de sédiments mous et s'enfouissent dans le fond de la rivière pour y vivre pendant plusieurs années. Lorsqu'elles sont prêtes, les larves se transforment (3) en poissons parasites (4); leur bouche en forme de ventouse et leurs dents acérées se développent; ils migrent vers le lac ouvert et s'attaquent aux poissons. Après s'être nourries pendant 12 à 18 mois, les lamproies marines retournent dans les cours d'eau pour frayer, et le cycle recommence.
4. Travailler ensemble à la protection des pêches dans nos Grands Lacs
Des organismes gouvernementaux travaillent à l'amélioration de nos pêches en collaboration avec des organismes non gouvernementaux et avec le public amateur de pêche. En 1995, le Canada et les États-Unis ont créé la Commission des pêcheries des Grands Lacs pour lutter contre la lamproie marine, coordonner la recherche et améliorer les pêches. Cette approche axée sur la coopération demeure une réussite depuis 1955.
Pour plus de renseignements
Veuillez communiquer avec la Commission des pêcheries des Grands Lacs (en anglais seulement), le Centre de contrôle de la lamproie de mer ou avec l'un de ses partenaires situé le plus près de chez vous pour en apprendre davantage sur la lutte contre la lamproie de mer.
- Commission des pêcheries des Grands Lacs
2100 Commonwealth Blvd., Ste. 100
Ann Arbor, MI 48105
734-662-3209 - Pêches et Océans Canada
Centre de contrôle de la lamproie de mer
1219, rue Queen Est
Sault-Sainte-Marie (Ontario) P6A 2E5
705-941-3000 | Sans frais : 800-553-9091 | Téléc. : 705-941-3025 - U.S. Geological Survey
Hammond Bay Biological Station
11188 Ray Road
Millersburg, MI 49759
989-734-4768 - Upper Midwest Science Center
2630 Fanta Reed Road
LaCrosse, WI 54602
608-783-6451 - U.S. Fish and Wildlife Service
Ludington Biological Station
229 S. Jebavy Drive
Ludington, MI 49431
231-845-6205 - U.S. Fish and Wildlife Service
Marquette Biological Station
3090 Wright Street
Marquette, MI 49855
906-226-6571
Ce contenu a été produite en collaboration avec l'Ontario Federation of Anglers and Hunters (en anglais seulement) et le Great Lakes Sport Fishing Council (en anglais seulement), qui sont des partenaires essentiels pour la protection de nos pêches.
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