Renseignements généraux sur les raies
On dénombre plus de 500 espèces de raies dans le monde, dont 16 ou 17 vivent occasionnellement ou à l'année dans les eaux canadiennes de l'Atlantique. Les raies se distinguent facilement des autres poissons par leur corps plat dorsoventralement (c.-à-d. du dessus au dessous de l'animal) en forme de disque et leurs grandes nageoires pectorales rattachées aux côtés de la tête. La forme simple de leur corps leur permet de vivre sur le plancher océanique, ou très près de celui-ci, où elles s'enfouissent dans la boue ou le sable pour tendre une embuscade à leurs proies ou éviter les prédateurs. Toutefois, un certain nombre d'espèces, comme les membres de l'ordre des Myliobatiformes, sont devenues nectoniques, c'est-à-dire qu'elles utilisent leurs nageoires pectorales pour voler dans l'eau, littéralement.
En plus de la forme de leur corps, les raies se distinguent par des fentes branchiales ventrales, des yeux et des spiracles situés sur le dessus de leur tête, des dents en pavement ainsi que l'absence de nageoire anale. Parmi les adaptations uniques de certaines espèces, mentionnons les organes électriques spécialisés capables de produire une douloureuse décharge électrique (raies électriques) ainsi que les écailles placoïdes modifiées – ou aiguillons – pouvant infliger des piqûres venimeuses (pastenagues).
Toutefois, en dépit de cette diversité, les raies (aussi appelées batoïdes) forment un petit groupe mal connu. On ne dispose d'aucune information sur le cycle biologique de la plupart des espèces, y compris celles qui vivent dans les eaux canadiennes de l'Atlantique. Par exemple, on ne sait pas vraiment quel âge peuvent atteindre les raies, quand elles atteignent la maturité, si elles utilisent des nurseries, jusqu'où elles migrent et dans quelle mesure elles sont vulnérables à la surexploitation. Malheureusement, comme les données sur des espèces de batoïdes en particulier sont quasi nulles dans la majorité des cas, de nombreuses espèces voient leur abondance diminuer au fur et à mesure qu'elles prennent de l'importance dans le cadre des pêches dirigées et des prises accessoires.
Le présent site Web a été créé dans l'espoir de sensibiliser le public au sujet de ces poissons marins fascinants et méconnus. Vous trouverez nombre de réponses à des questions simples concernant la biologie des batoïdes ainsi qu'à des questions plus précises portant sur les espèces de l'Atlantique Nord-Ouest. On y traite également de certaines initiatives de recherche entreprises par des scientifiques au Laboratoire de recherche sur les requins du Canada à l'Institut océanographique de Bedford ainsi qu'à l'unité sur les espèces marines en péril du Centre des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest afin de mieux comprendre la biologie, l'abondance et la santé des populations de raies dans les eaux canadiennes de l'Atlantique, de manière à ce que ces mystérieux poissons conservent leur caractère essentiel au sein de notre écosystème marin.
Étiquetage de la raie
En mars 2003, un programme extensif d'étiquetage de la raie biocellée (Raja binoculata) a été lancé par le MPO. L'objectif de l'étude est de mesurer les patrons saisonniers de migration de la raie biocellée et de fournir de l'information sur la croissance en vue de compléter la recherche sur la détermination de l'âge.
Les relevés d'étiquetage ont été effectués en mars et août 2003, mars 2004, mars 2005, mars 2006, et en août 2006. Le prochain relevé est prévu pour février 2008. En 2003, nous avons frété le F/V FROSTI en tant que notre navire de relevé. Les relevés suivants ont utilisé le navire de recherche NGCC W.E. RICKER. Jusqu'à maintenant, 17100 raies biocellées ont été étiquetées dans le détroit de la Reine Charlotte, le détroit d'Hécate Nord, et l'entrée Dixon.
En août 2007, 1639 étiquettes avaient été retournées à la Station biologique du Pacifique.
En mai 2013, 1847 étiquettes avaient été retournées à la Station biologique du Pacifique.
Veuillez faire parvenir étiquette et information à:
Maria Surry
Fisheries and Oceans Canada
Pacific Biological Station
3190 Hammond Bay Road
Nanaimo, BC V9T 6N7
Tel: (250) 756-7317
Schon Acheson
Senior Groundfish Port Sampler
Unit # 3
100 Annacis Parkway
Delta, BC V3M 6A2
604-666-2658
Alimentation
Comment les raies se nourrissent-elles?
Les raies s'alimentent essentiellement sur le plancher océanique en prenant des bouchées d'invertébrés sessiles ou en extrayant des proies enfouies, mais elles se nourrissent aussi dans la colonne d'eau. Parmi les méthodes utilisées par les raies pour extraire une proie enfouie, mentionnons le « coup d'aile », ou un mouvement des nageoires pectorales visant à remuer les sédiments benthiques; l'abattage hydraulique, où la raie ouvre et ferme la bouche de manière à produire un jet d'eau entre la bouche et le sable et la nourriture en suspension; et, enfin, la succion. Les mâchoires des raies ne sont pas fermement rattachées au crâne, ce qui leur permet de projeter leurs mâchoires sur une courte distance devant leur tête lorsqu'elles s'alimentent. En retour, cette action crée un effet de succion lui permettant de recueillir des proies ou de les arracher du fond, en même temps que des sédiments. Ces derniers sont éjectés par la bouche, les spiracles ou les fentes branchiales une fois la nourriture séparée des sédiments dans la bouche.
La technique de chasse typiquement utilisée par les raies s'appelle l'embuscade. Le prédateur se cache ou masque sa présence par mimétisme agressif tout en attendant sa proie. Les raies (surtout les grandes espèces et les individus plus âgés) s'enfouissent souvent partiellement ou entièrement dans les substrats mous du plancher océanique afin d'attraper des proies démersales par surprise.
De quoi les raies se nourrissent-elles?
Les raies (famille des Rajidae) du nord-ouest de l'Atlantique sont des carnivores « généralistes ». Autrement dit, chaque espèce consomme généralement divers organismes allant de crustacés, comme des crabes, des crevettes, des homards, des amphipodes, des isopodes et des mysidacés, à des vers polychètes, des mollusques bivalves, de petits poissons et parfois des céphalopodes. Leur régime alimentaire est légèrement ontogénétique, c'est-à-dire que les individus plus âgés consomment davantage de poissons et de céphalopodes (c.-à-d. animaux benthopélagiques) et moins de proies de l'endofaune et de l'épifaune (animaux benthivores) que les raies juvéniles et adolescentes.
Quels animaux se nourrissent de raies?
Les raies sont la proie de nombreux organismes différents. Avant l'éclosion, les œufs de raie, riches en énergie, sont consommés majoritairement par des gastropodes, mais aussi par des mammifères marins comme les phoques et les lions de mer. On a déjà trouvé des œufs de raie dans des cachalots. Cependant, étant donné la grande taille des cachalots, il est probable qu'ils les aient accidentellement engloutis en poursuivant une autre proie près du plancher océanique, ou encore qu'ils aient mangé une raie femelle gravide. Des études menées sur les capsules d'œufs de raie épineuse (Raja radiata) au large de la côte du Danemark ont permis de constater que plus de 18 % d'entre elles avaient été percées, apparemment par des gastropodes carnivores. De même, des œufs de raie hérisson (Leucoraja erinacea) ont été incubés à des fins expérimentales pendant un an au large de la côte du Maine; parmi eux, 22 % présentaient un trou, et il y avait presque chaque fois plusieurs trous dans une seule capsule. Toutefois, pour l'instant, on ne peut qu'émettre des hypothèses quant aux effets évolutifs et sur les populations découlant de la prédation exercée sur les œufs de raie.
Après l'éclosion, les raies sont la proie de nombreux prédateurs, comme des requins, d'autres raies et des phoques gris. Cependant, comme les élasmobranches sont dépourvus d'os et d'otolithes, on trouve rarement des restes solides de ces poissons dans le contenu stomacal ou les fèces de leurs prédateurs, ce qui complique l'établissement de prévisions précises quant aux taux de prédation. On a tout de même trouvé à quelques reprises des plaques osseuses de raies dans des fèces de phoques au Royaume-Uni.
Dans les milieux plus tropicaux, on a observé des requins-marteaux (Sphyrna mokarran) en train de capturer et de consommer des raies. Plus précisément, ils se servent de la forme particulière de leur tête pour asséner de puissants coups aux raies et les coincer contre le fond avant d'en prendre des bouchées. Les requins-marteaux utilisent aussi une autre technique pour chasser les raies : le requin se sert de sa force pour coincer la raie contre le fond au moyen de la surface ventrale de sa tête, puis, tout en restant au-dessus de la raie, il fait brusquement pivoter son corps et sa tête pour engloutir la raie partiellement ou entièrement.
Reproduction
Stratégies de reproduction
Comme pour tous les élasmobranches, la fécondation se fait de manière interne chez les raies. La fécondation interne présente des avantages, car elle accroît la probabilité et l'efficacité de la fécondation en réduisant le gaspillage de sperme. En outre, elle assure que les œufs riches en énergie produits par la femelle ne sont pas dévorés par des prédateurs, et que toute l'énergie consacrée à la reproduction est transmise aux embryons, et non diffusée dans l'environnement. C'est plus précisément le cas chez les espèces qui conservent les embryons dans leur corps jusqu'à ce qu'ils aient terminé de se développer. Ce mode de reproduction s'appelle la viviparité. Les élasmobranches qui se reproduisent de cette façon sont dits vivipares. Il existe de nombreux types de viviparité, que l'on peut classer selon deux catégories générales : la viviparité placentaire et la viviparité aplacentaire. La viviparité placentaire est le mode de reproduction le plus évolué, au cours duquel les embryons sont d'abord dépendants de la vésicule vitelline, mais sont par la suite nourris directement par la mère au moyen d'un lien placentaire. Aucun batoïde ne se reproduit de cette façon. L'ovoviviparité (ou viviparité aplacentaire), quant à elle, est le seul mode de reproduction des raies (ordre des Myliobatiformes). Chez les raies, les embryons dépendent de l'important vitellus présent dans l'œuf formé seulement durant les premières étapes de leur développement. Après avoir consommé les éléments nutritifs de l'œuf, l'embryon ingère ou absorbe un lait utérin très riche en matière organique (l'histotrophe) produit par la mère et sécrété dans l'utérus. On peut observer la plus évoluée de ces stratégies chez certaines raies, dans lesquelles la muqueuse utérine forme de fins filaments (appelés trophonemata) qui accroissent la superficie aux fins de sécrétion de lait utérin. Cette forme d'apport en éléments nutritifs (ou d'investissement maternel) permet d'engendrer de très nombreux petits, ce qui est le cas pour la majorité des espèces de raies.
D'autres élasmobranches portent leurs œufs pendant moins longtemps, puis les déposent sur le plancher océanique dans de solides sacs ovigères kératinisés. Ce mode de reproduction s'appelle l'oviparité. Les élasmobranches qui se reproduisent de cette façon sont dits ovipares.
Chez les raies ovipares et vivipares, les jeunes naissent ou éclosent lorsqu'ils sont complètement formés, telles des copies en miniature de leurs parents, et ils peuvent éviter activement les prédateurs, ce dont sont incapables les larves de nombreuses espèces de poissons téléostéens. La taille relativement grande atteinte par les élasmobranches avant leur éclosion ou leur naissance leur permet également de consommer une plus grande diversité de proies potentielles.
Toutes les raies de l'ordre des Rajiformes affichent la même forme primitive d'oviparité, que l'on appelle oviparité prolongée. On parle d'oviparité prolongée lorsque les œufs sont pondus et que le développement des embryons se fait essentiellement à l'extérieur de la mère et qu'il dure parfois pendant une très longue période. Plus précisément, les ovules riches en énergie sont fécondés dans les oviductes, rapidement encapsulés dans des sacs ovigères faits de kératine sécrétée par les glandes coquillières (ou nidamentaires), puis déposés sur le substrat, d'ordinaire deux par deux. Une fois que les sacs ovigères ont été déposés au fond de la mer (oviposition), les parents ne s'occupent plus du tout des embryons, qui s'alimentent seulement au moyen de la vésicule vitelline. Les solides sacs ovigères fournissent un milieu indépendant osmotiquement jusqu'à ce que l'embryon soit capable de rétention urinaire et d'osmorégulation. Le sac ovigère constitue également la seule protection de l'embryon contre les prédateurs et l'environnement extérieur. Le développement dans le sac ovigère est un lent processus qui peut durer jusqu'à 15 mois, après quoi l'embryon (ou la raie miniature) se fraie un chemin vers l'extérieur de la capsule. Environ 42 % des poissons cartilagineux (famille des Chondrichtyes) se reproduisent par oviparité prolongée.
Il semble que l'oviparité constitue la condition la plus primitive ou ancestrale des élasmobranches. Le passage graduel de l'oviparité à la viviparité chez certaines espèces a peut-être aidé à protéger les jeunes contre les prédateurs potentiels et les autres dangers, en plus de leur offrir un milieu de développement plus uniforme. Les jeunes élasmobranches ovipares sont généralement plus petits que les élasmobranches vivipares, car la quantité d'éléments nutritifs à la portée de l'embryon en développement se limite à la vésicule vitelline. Les plus gros jeunes, quant à eux, sont davantage en mesure d'éviter les prédateurs, ce qui explique peut-être l'évolution générale d'un nombre croissant d'espèces ovipares qui deviennent vivipares, surtout chez les espèces plus pélagiques.
Bien que les espèces ovipares ne procurent aucun soin à leurs petits sur le plan de l'alimentation une fois les œufs déposés, on ne dispose que de très peu de données sur les soins administrés par les géniteurs chez les élasmobranches ovipares. On ignore s'ils gardent activement leurs œufs ou construisent des nids, mais il est possible que les élasmobranches choisissent un substrat approprié où pondre leurs œufs afin de maximiser les chances de survie des embryons en développement. Les femelles d'au moins une espèce de requin tête-de-taureau (famille des Heterodontidae) sont connues pour prendre les œufs dans leur gueule, puis les déposer sur des rochers et parmi la végétation aquatique.
Accouplement
On a pu observer un rituel d'accouplement chez un tout petit nombre d'espèces d'élasmobranches à l'état sauvage. Seules cinq espèces sur les quelque 450 espèces de batoïdes ont pu être étudiées à l'état sauvage en train de se reproduire, ce qui fait que l'on ignore presque tout de leur comportement sexuel naturel. Il semble que la réceptivité de la femelle à la copulation dépende de son état hormonal. Des signaux chimiques et comportementaux signalent peut-être sa réceptivité aux mâles. Par exemple, le processus de mise bas active peut-être la sécrétion d'un type quelconque de phéromone sexuelle ou d'attractif sexuel olfactif à l'intention des raies mâles. On peut observer un rituel avant l'accouplement (c.-à-d. le mâle qui s'accroche à la femelle et la mord) chez de nombreuses espèces d'élasmobranches, y compris plusieurs espèces de batoïdes. Ses traces sont également visibles chez les femelles, sous forme de cicatrices et de blessures. Par exemple, l'aigle de mer mâle (Aetobatis narinari) plonge vers la femelle et s'accroche à son dos durant la copulation. En outre, les morsures infligées par le mâle de diverses espèces (entre autres, la pastenague à queue épineuse [Dasyatis centroura], la raie ronde de Haller [Urolophus halleri] et la raie ronde concentrique (Urolophus concentricus) peuvent laisser des cicatrices profondes sur le corps de la femelle. L'accouplement et l'insémination sont souvent un très long processus, surtout chez les batoïdes : la copulation peut durer plusieurs heures. Chez certaines espèces d'élasmobranches, le sperme est stocké dans la glande nidamentaire de la femelle, parfois pendant des mois, voire davantage, avant d'être relâché afin de féconder les ovules libérés.
Pêche des raies
Pêche de la raie
De nombreuses espèces de raies revêtent de plus en plus d'importance pour la pêche partout dans le monde. Par exemple, les « ailes » des raies sont comestibles. Leur viande est ferme, blanche et sucrée; leur texture et leur goût rappellent ceux des pétoncles. Dans l'est de l'Atlantique, la viande de raie a une grande valeur, et les ailes sont dégustées fraîches, salées ou fumées. Par contre, dans l'Atlantique Nord-Ouest, les raies étaient autrefois pêchées principalement pour être transformées en farine de poisson et en aliments pour animaux de compagnie, et parfois utilisées en tant que simili-pétoncles, jusqu'à ce que le déclin d'espèces traditionnelles de poissons de fond (comme la morue Gadus morhua) entraîne une augmentation des pêches « de remplacement ». Aujourd'hui, les raies de l'Atlantique Nord-Ouest sont considérées comme des aliments de qualité. La pêche commerciale cible principalement la raie tachetée (Leucoraja ocellata) et la raie épineuse (Amblyraja radiata). Ces deux espèces sont pêchées au moyen de palangres, de filets maillants et de chaluts, et leurs grandes nageoires pectorales sont commercialisées tout le long de la côte de l'Amérique du Nord ainsi qu'en Europe.
Aperçu du contexte de la pêche à la raie au Canada atlantique
- Auparavant, les raies (surtout la raie épineuse et la raie tachetée) étaient débarquées par des flottes étrangères partout dans l'Atlantique Nord-Ouest, jusqu'à la mise en place de la limite de 200 milles en 1976. Par la suite, les raies pêchées dans les eaux canadiennes n'étaient surtout prises que de façon accidentelle et étaient généralement rejetées.
- Les flottes nationales ont commencé à cibler la raie dans les eaux côtières en 1994 quand, en réponse à l'effondrement des principales pêches de poisson de fond, Pêches et Océans Canada (MPO) a ouvert une pêche expérimentale à la raie sur les Grands Bancs Sud-Ouest, au sud du Banc de Saint-Pierre et sur la partie adjacente du plateau néo-écossais.
- Le gouvernement du Canada a ensuite décidé de réglementer la pêche à la raie en 1995 dans la limite de 200 milles. La raie tachetée était la principale cible de la pêche commerciale pratiquée dans l'est du plateau néo-écossais, représentant plus de 90 % des prises, tandis que la raie épineuse était la principale espèce ciblée dans les eaux de Terre-Neuve.
- Depuis la mise en place de cette pêche non traditionnelle au Canada, le nombre total de bateaux de pêche pêchant activement la raie (surtout la raie épineuse) sur les Grands Bancs a augmenté progressivement. Toutefois, le total des prises déclarées, incluant les rejets, en 2005 pour cette région a été plus faible que les années précédentes.
- Les débarquements effectués dans le cadre de la pêche canadienne à la raie (surtout la raie tachetée) sur le plateau néo-écossais ont décliné progressivement depuis 1994, reflétant les réductions du total autorisé des captures (TAC). Plus précisément, les débarquements sont passés de 2 000 t la première année à moins de 300 t par an depuis 2001.
- En 1995, lorsque le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné la raie tachetée de l'est du plateau néo-écossais comme espèce menacée, la pêche dirigée dans l'est du plateau néo-écossais a été abandonnée.
- La pêche dirigée sur les Grands Bancs se poursuit, à l'instar de la pêche à la raie dans d'autres zones de l'Atlantique Nord-Ouest, comme le sud de la Nouvelle-Angleterre.
Prises accessoires
Malheureusement, en plus des pêches dirigées, les raies du nord-ouest de l'Atlantique ont connu et continuent de connaître une mortalité accrue en raison de la pression de la pêche indirecte. Les raies sont prises de façon non intentionnelle (c.-à-d. en tant que prises accessoires) dans le cadre des activités de pêche au chalut du poisson de fond ainsi que de pêche au pétoncle; elles sont soit conservées (c.-à-d. débarquées), soit rejetées. Les rejets annuels de raies ont varié dans la majorité des zones; dans certaines zones, comme la côte nord-est des États-Unis, on a estimé que la biomasse totale des rejets représentait entre deux et huit fois les débarquements déclarés (1989-1998). On ignore si les raies rejetées peuvent survivre et, si oui, dans quelle proportion. En outre, au Canada, les débarquements de raies ne sont pas toujours recensés par espèce; on inscrit plutôt « espèce indéterminée », ce qui complique l'accès à l'état de chaque espèce individuelle de raie. De récentes études sur l'abondance des raies dans l'Atlantique Nord-Ouest d'après les relevés au navire de recherche laissent entendre que la pression de la pêche – en plus d'autres sources de mortalité – est responsable de l'effondrement de nombreuses espèces. Par exemple, dans l'est du plateau néo-écossais, l'abondance des adultes chez la raie tachetée, la raie épineuse et la raie à queue de velours (Malacoraja senta) semble avoir diminué de plus de 90 % depuis les années 1970. Pour en apprendre davantage sur l'état actuel des raies dans les eaux canadiennes de l'Atlantique, veuillez consulter la section Conservation des raies du site Web. Les rapports sur l'état des stocks et les documents de recherche, y compris les documents de l'évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) de la raie tachetée, sont disponibles auprès du Secrétariat canadien de consultation scientifique.
À l'échelle mondiale
En plus des captures effectuées dans l'est et l'ouest de l'Atlantique Nord, un grand nombre de raies sont capturées dans le cadre de pêches commerciales et artisanales dans le sud des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Surtout dans l'ouest du bassin Indo-Pacifique, les batoïdes doivent surmonter la forte pression de la pêche dirigée et font l'objet de beaucoup de prises accessoires dans la majorité de leur aire de répartition en raison de leurs précieuses nageoires. Par exemple, les populations de nombreuses espèces de la troisième famille de batoïdes en importance (Dasyatidae) ont considérablement diminué en raison de la pression de la pêche côtière intensive pratiquée en Indonésie et ailleurs en Asie du Sud-Est. Malheureusement, à moins de réduire la pression de la pêche sur les batoïdes, certaines espèces sont susceptibles de disparaître à l'échelle locale, voire de s'éteindre.
- Date de modification :