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Les refuges marins des coraux et des éponges du golfe du Saint-Laurent

Transcription

Narrateur : Au cœur des profondeurs du golfe du Saint-Laurent s'épanouissent des refuges marins d'une étrangeté captivante.

Texte à l'écran : Les refuges marins des coraux et des éponges du golfe Saint-Laurent. Pêches et Océans Canada

Jade Brossard, Biologiste, Conservation marine, Pêches et Océans Canada : Les refuges marins des coraux et des éponges du golfe Saint-Laurent sont des zones de conservation marine établies par Pêches et Océans Canada en 2017.

Donc dans le golfe du Saint-Laurent, on en retrouve onze, principalement situées autour de l'île d'Anticosti et dans le chenal laurentien. Ces onze zones de conservation marine visant la protection des coraux et des éponges ont une superficie de plus de 8500 kilomètres carrés, soit environ 17 fois la superficie de l'île de Montréal.

Les refuges marins ont été sélectionnés en fonction de plusieurs critères. Premièrement, il a été important d'aller chercher les zones de forte densité de coraux et d'éponges, et aussi les zones où est-ce qu'il y a beaucoup d'espèces. Aussi, il a été important de minimiser l'impact sur les pêches.

Alexandre Mc Cutcheon, Analyste en géomatique, Gestion des pêches, Pêches et Océans Canada : Avant de rendre officiels les refuges marins des coraux et éponges, Pêches et Océans a utilisé les données socioéconomiques pour pouvoir retravailler les limites. On a aussi eu des discussions et des rencontres avec les pêcheurs pour discuter de ces limites-là et essayer de trouver le meilleur compromis entre la conservation, mais aussi l'utilisation durable du milieu.

Il est possible d'autoriser des activités dans les refuges marins de coraux et éponges en les évaluant au cas par cas. Plus précisément, les activités qui peuvent être autorisées sont des relevés, des suivis ou des recherches scientifiques. Puis, en évaluant ces activités, on va s'assurer que les informations qu'on va en retirer vont dépasser les perturbations potentielles qu'on pourrait avoir sur l'habitat ou sur les espèces qu'on souhaite conserver.

Marilyn Thorne, Technicienne, Sciences aquatiques, Conservation marine, Pêches et Océans Canada : On fait le suivi écologique des refuges marins par la photo et la vidéo sous-marine. On installe des caméras sur un traineau benthique qui est remorqué par le navire. Les relevés d'imagerie vont nous permettre de voir les espèces présentes dans les refuges marins, leur distribution, leur abondance et puis également l'interaction avec d'autres espèces.

Avec le temps, le suivi écologique va nous permettre de mieux informer la gestion et de prendre des décisions éclairées pour le suivi des refuges marins. Les coraux et les éponges sont des animaux. Par exemple, la plume de mer qui est un corail mou est constituée de plusieurs polypes, qui sont des petits animaux fixés sur un axe central.

Narrateur : Les coraux et les éponges présentent une faible capacité de déplacement et une croissance très lente, ce qui les rend particulièrement vulnérables à toutes les perturbations de leur environnement.

Marilyn Thorne : Ce sont tous les organismes filtreurs; ils filtrent les particules dans l'eau pour s'alimenter. Ils ont une très grande longévité, pouvant aller de plusieurs dizaines d'années pour les plumes de mer et encore plus pour les éponges.

Jade Brossard : Les coraux et les éponges sont essentiels dans l'écosystème parce qu'ils offrent des habitats aux autres organismes.

Ils peuvent offrir des aires de repos, des aires d'alimentation, des aires de reproduction à plusieurs espèces et dans les eaux profondes et sombres du golfe Saint-Laurent, les coraux et les éponges peuvent représenter le seul habitat sur le fond marin, donc c'est comme une oasis en plein milieu du désert.

Narrateur : Parmi les habitants de ces écosystèmes, on découvre une multitude de créatures marines, notamment la morue de l'Atlantique, le sébaste, l'aiguillat noir et le grenadier. À ce jour, on a observé 5 espèces de plume de mer dans ces refuges marins :

  1. Pennatula aculeata
  2. Balticina finmarchica
  3. Anthoptilum grandiflorum
  4. Ptilella grandis
  5. Kophobelemnon stelliferum

Narrateur : Ainsi qu'au moins 4 autres espèces de coraux mous et une espèce de corail dur, le seul du genre présent dans le golfe du Saint-Laurent : Flabellum (Ulocyathus) alabastrum.

On dénombre également plus d'une quarantaine d'espèces d'éponges dans ces habitats. Plusieurs d'entre elles restent à être découvertes et identifiées.

Jade Brossard : Les coraux, les éponges sont des espèces très fragiles et peuvent donc être très vulnérables à toutes les perturbations de leur environnement. Les engins de pêche qui entrent en contact avec le fond peuvent les arracher, les écraser, les blesser et peuvent même mener à leur mort :

  • Chalut de fond
  • Senne
  • Filet maillant
  • Palangre
  • Dragues
  • Casiers et cages

Et on sait que le processus de rétablissement de ces animaux peut être très lent, s'étalant sur des décennies.

Alexandre Mc Cutcheon : Dans les sites en fait, c'est l'utilisation des engins qui touchent le fond qui est interdite, ça vient affecter plusieurs pêches et les efforts que déploient les pêcheurs pour s'adapter à ces zones de conservation, ça fait partie d'une importante contribution qu'ils font pour conserver les espèces marines au Québec.

Jade Brossard : Ces interdictions émises par Pêches et Océans Canada font l'objet de surveillance sur le terrain par les agents des pêches pour éviter que des pêches non autorisées aient lieu dans les refuges marins. Les refuges marins des coraux et des éponges du golfe du Saint-Laurent représentent une excellente occasion de sensibiliser le grand public à l'importance de protéger les coraux et les éponges et l'écosystème les entourant.

À bord du Bella Desgagnés, le Réseau d'observation des mammifères marins a mis sur pied une activité d'interprétation financée par Pêches et Océans Canada, qui porte sur l'importance de la protection des coraux et des éponges dans le golfe du Saint-Laurent. Ce bateau ravitaille la Basse-Côte-Nord et il amène des touristes en saison estivale. Aussi, il traverse 3 des 11 refuges marins visant la protection des coraux et des éponges. D'autres initiatives avec des partenaires permettent également de sensibiliser le grand public et les utilisateurs du milieu aux enjeux de conservation marine.

Narrateur : L'objectif de ces initiatives est de sensibiliser le grand public pour favoriser une prise de conscience collective en faveur de la préservation de ces écosystèmes marins uniques. La mise en place des refuges marins de Pêches et Océans Canada est le résultat d'un effort collectif remarquable qui démontre l'importance de collaborer pour conserver et protéger la richesse de ces sanctuaires marins essentiels à la prospérité d'une multitude d'autres espèces qui vivent dans nos eaux.

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