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Le Cadre stratégique et opérationnel pour la gestion intégrée des environnements estuariens, côtiers et marins au Canada

Le Cadre stratégique et opérationnel pour la gestion intégrée des environnements estuariens, côtiers et marins au Canada

Le Cadre stratégique et opérationnel pour la gestion intégrée des environnements estuariens, côtiers et marins au Canada (PDF, 1.36 Mo)

Table des matières

2.0 Une politique canadienne de gestion intégrée

L’intégration d’une approche de gestion des océans implique la prise en compte de l’impact potentiel d’une multitude d’activités sur le plan écosystémique. Les écosystèmes occupent un espace géographique, mais leurs frontières sont ouvertes et peuvent se déplacer avec le temps, se resserrant ou s’élargissant en réaction à des influences telles que l’invasion d’organismes venant d’autres écosystèmes, les changements climatiques mondiaux, qu’ils se situent à l’échelle du bassin océanique ou à l’échelle locale et, de façon de plus en plus répandue, l’impact humain. Tous les écosystèmes sont reliés à d’autres et s’y intègrent. Des écosystèmes locaux, comme les estuaires et les baies, sont des sous-ensembles d’écosystèmes plus grands et, en tant que tels, sont interdépendants. Des changements irréversibles dans les grands systèmes peuvent en contrepartie être déclenchés par des changements locaux.

Tout au long de l’histoire, les eaux marines et côtières ont supporté deux activités importantes : la pêche et le transport. Celles-ci sont toujours aussi vitales mais d’autres activités économiques et sociales y prennent de plus en plus d’importance, au Canada et dans d’autres parties du monde. Par exemple, l’aquaculture est une source de plus en plus importante de nourriture, du fait surtout que les stocks de poissons sauvages sont en baisse. De même, au large des côtes canadiennes, la prospection et le développement pétrolier et gazier sont une industrie en pleine croissance dans un certain nombre de régions. Pendant ce temps, les océans fournissent des possibilités d’activités récréatives et contribuent à faire du Canada l’une des principales destinations touristiques du monde. Toutes ces utilisations des océans contribuent substantiellement à assurer la prospérité de l’économie nationale et le gagne-pain de citoyens canadiens.

Au siècle dernier, les organismes responsables de la gestion des activités marines se préoccupaient généralement de la gestion d’une espèce ou d’une activité unique. Cette approche a favorisé une alternance de forte expansion et de récession qui a souvent eu pour conséquence d’épuiser des ressources précieuses et d’hypothéquer les options et les bénéfices futurs reliés à l’utilisation de ces ressources. Trop souvent, l’utilisation des ressources et les mesures de développement ont été gérées séparément, sans examen préalable complet des incidences à long terme, directes et indirectes, sur les plans social, économique et environnemental.

Les activités maritimes et terrestres ont une incidence sur nos océans et nos eaux côtières. La pêche intensive risque d’épuiser les stocks de poissons, ce qui affecterait non seulement l’industrie elle-même mais aussi les habitats et les écosystèmes dont ils dépendent. Le transport maritime peut perturber les aires de reproduction et d’alimentation, ainsi que la voie migratoire des mammifères marins. La pollution d’origine terrestre sous la forme d’effluents industriels, de ruissellement agricole et d’eaux usées, risque d’imposer des contraintes à l’écosystème des eaux où elle se déverse et d’avoir des incidences sur la santé humaine. De la même façon, le développement de la côte risque de modifier la nature du littoral — et ses processus naturels — et de compromettre le tourisme et la biologie de la zone.

Au 21e siècle, le défi de la gouvernance des océans est tout aussi ambitieux, car il doit instaurer des structures décisionnelles qui prennent en compte la conservation et la protection des écosystèmes, tout en fournissant, en même temps, des possibilités de création de richesses dans les économies et les communautés maritimes. C’est là le fondement de l’approche intégrée.

La Loi sur les océans est une solution originale au défi de la gouvernance des océans du fait de son engagement à appliquer trois principes importants au cœur de la Stratégie sur les océans du Canada que les États côtiers du monde entier tentent de mettre en œuvre :

La gestion intégrée concilie les considérations environnementales, économiques et sociales en planifiant l’utilisation durable. Elle offre de nombreux avantages :

La gestion intégrée appuiera le développement économique équilibré et diversifié de nos océans et de nos eaux côtières en protégeant leur santé, en préservant leur biodiversité et en maintenant leur productivité. Elle permettra également la concrétisation de ces richesses et de ces bénéfices par le biais de processus ouverts, aptes à instaurer la confiance et la crédibilité parmi les gouvernements, les organisations Autochtones, les communautés côtières et autres intervenants du domaine maritime. Ces processus auront pour effet d’équilibrer la protection des écosystèmes marins et le potentiel de développement économique par la gestion de l’incertitude et par un degré approprié de gestion du risque incluant des mesures de précaution. Ils serviront aussi à établir des seuils d’action prédéterminés, à promouvoir des investissements dans l’acquisition du savoir et à garantir les engagements pour la protection des zones d’importance vitale.

2.1 Contexte législatif

Le Canada est devenu un chef de file mondial en adoptant sa Loi sur les océans en 1997. Il s’est engagé légalement à adopter une approche globale de la protection et du développement de ses eaux marines et côtières.

En vertu du droit international, le Canada jouit de droits souverains sur ses eaux et, en contrepartie, il est responsable envers la communauté internationale de la saine gouvernance ainsi que de la protection et de la conservation du milieu marin. La Loi sur les océans définit le fondement juridique et politique de la planification et de la prise de décisions relatives à nos océans et à nos eaux côtières et reconnaît que nos trois océans font partie du patrimoine commun à tous les Canadiens. Elle engage le Canada à promouvoir la compréhension des océans, des processus océaniques, des écosystèmes marins et des ressources marines, ainsi qu’à favoriser le développement durable des océans et de leurs ressources. Elle affirme également que la conservation basée sur une approche écosystémique est d’une importance fondamentale pour la préservation de la diversité et de la productivité biologiques du milieu marin.

Pour renforcer cette approche, la Loi prévoit l’application à grande échelle de l’approche de précaution pour la conservation, la gestion et l’exploitation des ressources marines. Elle reconnaît également le potentiel considérable des océans et de leurs ressources pour la diversification et la génération des richesses dont profiteront tous les Canadiens, et en particulier les communautés côtières.

Pour respecter ces engagements, la Loi demande au ministre des Pêches et des Océans «… de diriger et de favoriser l’élaboration et la mise en œuvre de plans pour la gestion intégrée de toutes les activités ou mesures qui s’exercent ou qui ont un effet dans les estuaires et les eaux côtières et marines faisant partie du Canada ou sur lesquelles le droit international reconnaît à celui-ci des droits souverains. » (Annexe 1)

La Loi stipule également que, dans le cadre de la mise en œuvre de ces plans de gestion intégrée, le ministre des Pêches et des Océans :

La Loi sur les océans reconnaît que la gestion intégrée peut accroître l’efficacité d’initiatives de conservation et de protection marines telles que les zones de protection marines. Elle reconnaît également que la gestion intégrée permet de mettre en œuvre des mesures de contrôle de la santé des écosystèmes marins telles que l’application de normes relatives à la qualité du milieu marin.

Les mandats de plus de 23 ministères fédéraux ont des incidences sur les décisions et les politiques maritimes. La compétence provinciale et/ou territoriale et le règlement des revendications territoriales dans les régions situées à proximité des côtes reposent non seulement sur une étroite collaboration entre tous les niveaux de gouvernement mais aussi sur un engagement à adopter une méthode de gestion et un objectif communs. Dans tous les cas, Pêches et Océans Canada doit consulter, coopérer et collaborer avec les autres autorités fédérales, provinciales et territoriales, les autorités Autochtones affectées, les communautés côtières et autres qui sont directement touchées par les plans de gestion intégrée.

De par ses responsabilités et son expertise, Pêches et Océans Canada contribue au processus de gestion intégrée. En plus d’assumer son rôle d’administrateur des océans, Pêches et Océans Canada continue d’être responsable de la gestion éclairée des ressources halieutiques et de leurs habitats, de la sécurité marine et de la protection de l’environnement. Il fournit également des conseils et des connaissances scientifiques.

2.2 Le concept

La gestion intégrée est :

Un grand nombre d’éléments essentiels interviennent dans la gestion intégrée d’un océan ou d’une zone côtière :

2.3 Les principes

La gestion intégrée est basée sur un certain nombre de principes communs

La planification de la gestion intégrée est essentiellement une approche simple, fondée sur le bon sens, qui représente une façon moderne et qualitativement différente d’utiliser, de protéger et de conserver les océans et les eaux côtières du Canada. Sa mise au point et son application profiteront à tous les Canadiens. De plus, elle permettra au Canada de continuer à donner l’exemple sur le plan international en matière d’intendance des ressources marines.

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