Aperçu de l’outil de modélisation de la séquence des effets en aquaculture pour évaluer les impacts de l’aquaculture
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Introduction
Un modèle de la séquence des effets (SE) est un outil qui représente des interactions complexes entre les activités humaines, le type des relations de cause à effet dont l’existence est connue et les mécanismes par lesquels les agents de stress finissent par provoquer des effets dans le milieu aquatique. Le modèle considère qu’un seul agent de stress environnemental peut trouver sa source dans de multiples activités et causer un ou plusieurs effets environnementaux. Il reconnaît également qu’un seul effet environnemental peut être influencé par un ou plusieurs agents de stress ou activités. Lorsqu’on envisage une activité donnée, il est important d’intégrer les attributs propres au site et les changements écosystémiques prévus (en plus des agents de stress propres à l’aquaculture), comme les changements climatiques, dans l’évaluation des effets et de l’efficacité des mesures d’atténuation potentielles.
Le Programme de protection des pêches (PPP) de Pêches et Océans Canada (MPO) utilise des modèles de séquences des effets pour évaluer les projets. Conformément à cette approche, l’évaluation de l’impact des nouveaux sites aquacoles sur les poissons et leur habitat réalisée par le MPO tient compte de l’éventail des activités, des agents de stress connexes et de leurs effets sur différentes composantes de l’écosystème.
Dans la prise de décisions concernant les activités aquacoles, conformément au Cadre de gestion des risques liés à l’aquaculture (CGRA), les séquences des effets de l’aquaculture servent à cerner les questions nécessitant une évaluation et un avis scientifiques et à appuyer les étapes de gestion des risques en déterminant les options d’atténuation, en choisissant les stratégies de gestion des risques et en déterminant le risque résiduel après application des mesures d’atténuation. Voir le Cadre de gestion des risques liés à l’aquaculture pour obtenir davantage de précisions.
Séquences des effets en aquaculture
Le modèle des séquences des effets en aquaculture (figure1) a été élaboré en collaboration avec les organismes de réglementation provinciaux et territoriaux. Un processus du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS) a confirmé le fondement scientifique des liens entre les principales catégories d’agents de stress qui sont associées aux activités aquacoles, les agents de stress qui peuvent en résulter et les effets potentiels de ces agents sur différents écosystèmes et composantesNote de bas de page 1 environnementales. Au fur et à mesure que des données supplémentaires tirées de la surveillance des sites aquacoles et de nouveaux résultats de recherche scientifique seront disponibles, il faudra revoir la caractérisation de la durée, de l’échelle et de l’intensité des relations entre les agents de stress et les effets et la mettre à jour afin de refléter cette nouvelle information.
Au moment d’évaluer une demande précise en aquaculture, les liens entre chacun des agents de stress et les effets pertinents décrits dans l’outil de modélisation des séquences des effets en aquaculture sont pris en compte. L’environnement et l’activité précis détermineront les liens qui existent entre l’agent de stress et l’effet, ainsi que les mesures d’atténuation à prendre pour éliminer ou affaiblir ces liens de manière efficace et durable. Les risques résiduels pour chacune des composantes environnementales découlant des activités aquacoles après que les mesures d’atténuation ont été appliquées sont ensuite pris en compte dans la Stratégie de gestion du risque.
Descriptions des agents de stress
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Des modifications physiques de l’habitat se produisent lors de la mise en place ou du retrait des infrastructures physiques (p.ex. cages en filet, palangres, radeaux, ancres et amarrages, structures de culture de mollusques sur la plage), ainsi que lors de l’utilisation d’équipement d’élevage (p.ex. des dispositifs d’éclairage sous-marins visant à favoriser la croissance des poissons marins ou des dispositifs de dissuasion acoustiques pour éloigner les prédateursNote de bas de page 2).
La portée et les répercussions des modifications physiques prévues de l’habitat sont prises en compte principalement à l’étape précédant la phase opérationnelle (à savoir la demande de site), qui comprend une évaluation du type d’habitat benthique dans la région du projet d’aquaculture.
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Les rejets de produits chimiques et de débris se produisent principalement lors d’activités liées à la gestion des sites et des stocks, et pendant l’utilisation d’un équipement opérationnel pouvant produire de tels rejets et débris, comme les produits antiparasitaires, les drogues et les agents antisalissures autorisés, ainsi que les matériaux utilisés pour la construction (p.ex. acier, bois, flotteurs) et les opérations (p.ex. sacs d’aliments, cordages) qui peuvent être égarés et constituer des débris.
Les effets de l’utilisation de produits antiparasitaires, de médicaments et d’agents antisalissures sur l’environnement récepteur, y compris les organismes non ciblés, sont évalués par Santé Canada.
Le MPO et ses partenaires en matière de réglementation (SC et ECCC) collaborent à l’élaboration d’un outil d’évaluation pour établir une surveillance obligatoire après dépôt de drogues ou de produits antiparasitaires. Une fois mise en œuvre, l’évaluation initiale aura lieu à l’étape précédant la phase opérationnelle et les résultats de la surveillance après le dépôt serviront à déterminer si une surveillance continue est requise à l’avenir.
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Les rejets de matières organiques et de matières connexes se produisent à la suite des activités de gestion des stocks (p.ex. l’alimentation et l’élevage du poisson, l’élimination ou l’envasement naturel des organismes causant des biosalissures sur l’infrastructure physique) qui présentent un composant organique ou connexe (p.ex. les nutriments).
La portée présumée des dépôts de matières organiques sur le plancher océanique environnant est évaluée à l’étape qui précède la phase opérationnelle. Dans le cadre de la conformité opérationnelle continue en vertu du Règlement sur les activités d’aquaculture, les exploitations de pisciculture marine doivent satisfaire à une exigence réglementaire, axée sur le rendement, relative au rejet de matières organiques. Des normes réglementaires semblables pourraient également s’étendre aux exploitations de pisciculture en eau douce et de conchyliculture.
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L’élimination des nutriments et des matières organiques se produit en conséquence des activités de gestion des stocks lorsque certaines espèces d’élevage (p.ex. les bivalves) éliminent des matières particulaires, des nutriments et de l’oxygène à partir de la colonne d’eau.
L’ampleur prévue de l’élimination des éléments nutritifs résultant de l’ajout de mollusques d’élevage et les effets prévus sur les populations sauvages sont évalués à l’étape qui précède la phase opérationnelle.
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Le rejet ou le retrait de poissons se produit principalement à la suite des activités de gestion des stocks.
Le retrait du poisson est envisagé et géré en vertu de la politiqueNote de bas de page 3 du MPO sur les prises accessoires. Cela arrive lorsque certains poissons sauvages sont temporairement ou définitivement retirés des eaux en même temps que les poissons d’élevage (p.ex. lors du tri par tailles ou de la récolte), ou pendant les activités de contrôle des biosalissures et des prédateurs.
L’ajout de poissons dans un milieu se produit lors d’un empoissonnement intentionnel de poissons d’élevage dans des milieux aquatiques aux fins d’élevage (mise en valeur des stocks de saumon par exemple), ou à la suite d’un rejet non intentionnel de poissons (évasions).
L’effet des rejets non intentionnels de poissons d’élevage sur les populations sauvages est pris en compte à l’étape précédant la phase opérationnelle, et un lien est établi avec les responsabilités fiduciaires découlant de la Loi sur les espèces en péril et de la Loi sur les pêches. Il est également pris en compte par le Comité des introductions et des transferts dans l’évaluation des demandes d’introductions ou de transferts exceptionnels, en vertu de l’article56c du Règlement de pêche (dispositions générales).
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Le rejet d’agents pathogènes et d’organismes nuisibles est associé à la gestion des sites et des stocks. L’augmentation de la biomasse des poissons en raison d’une installation aquacole peut avoir une incidence sur la présence ou l’abondance d’agents pathogènes du poisson (p.ex. bactéries, virus) et d’organismes nuisibles (p.ex. pou du poisson et tuniciers).
L’introduction d’agents pathogènes ou d’organismes nuisibles est évaluée à l’étape opérationnelle, principalement à l’aide des Comités des introductions et des transferts (CIT). Les conditions de permis (provincial, territorial ou fédéral) décrivent les mesures d’atténuation pour la gestion de l’abondance des agents pathogènes ou des organismes nuisibles.
Les maladies à déclaration obligatoire sont réglementées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).
Des renseignements et des exemples de la façon dont l’outil de modélisation des séquences des effets en aquaculture peut être utilisé pour appuyer les décisions en aquaculture dans le Cadre de gestion des risques en aquaculture se trouvent dans le document connexe intitulé Cadre de gestion des risques en aquaculture: Application des séquences des effets en aquaculture dans les décisions relatives aux activités aquacoles.
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