Mesures de conservation des coraux et des éponges dans les Maritimes

Plusieurs relevés scientifiques réalisés depuis 2005 ont permis de définir les caractéristiques sous-marines de la partie est du bassin Jordan comme étant des zones qui revêtent un intérêt pour la conservation. La fermeture vise deux crêtes, y compris un affleurement rocheux proéminent initialement appelé le « jardin de rocaille ». Ces caractéristiques contiennent des densités élevées de coraux de l’espèce Primnoa resedaeformis et d’autres communautés vulnérables d’invertébrés filtreurs. Ces habitats structurels sont importants pour d’autres espèces telles que les poissons de fond, dont certaines sont pêchées à des fins commerciales.

En 2016, le MPO a établi une zone de conservation 49 km2 dans la partie est du bassin Jordan. Le zone de conservation est fermée à toute activité de pêche de fond.

Ces canyons sous-marins sont situés au sud du banc de Georges, près de la frontière internationale entre le Canada et les États-Unis. Ce sont de larges vallées à parois escarpées et profondes (plus de 2 000 mètres), qui touchent le fond marin. Ces canyons font partie d’une chaîne qui se trouve le long de la pente continentale de l’est de l’Amérique du Nord. Les relevés scientifiques réalisés en 2014 à laquelle ont participé l’Université Dalhousie et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis, en collaboration avec le Secteur des Sciences du MPO, montrent de fortes densités de grandes gorgones, comme les coraux de l’espèce Paragorgia arborea, et une grande diversité d’autres espèces de coraux, cramponnés aux parois des canyons. Les habitats d'eau profonde contiennent également de nombreuses autres espèces uniques et vulnérables des grands fonds qui ont une grande longévité. Une étude rigoureuse des communautés des grands fonds dans cette zone est prévue au cours des prochaines années.

En 2016, le MPO a créé le zone de conservation des canyons Corsair et Georges, grande de 9 106 km2. Toute activité de pêche de fond sera interdite pendant la fermeture à l'exception de deux petites zones de « pêche limitée », situées à côté du canyon Georges, où la pêche au crabe rouge sera autorisée. Pour aider le MPO à évaluer l'importance de ces zones, un suivi de l'évolution de la situation et des relevés scientifiques seront menés. Une surveillance continue et des relevés scientifiques futurs aideront Pêches et Océans Canada (MPO) à évaluer la pertinence continue de la pêche du crabe rouge dans ces zones.

Le chenal Nord-Est, au sud-ouest de la Nouvelle-écosse, fait l'objet de mesures de conservation des coraux dans la région depuis la fin des années 1990. En juin 2002, Pêches et Océans Canada a établi une zone de conservation des coraux de 424 kilomètres carrés (une partie des divisions 5ZE et 4X de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest) dans le but de protéger de fortes concentrations d'octocoraux intacts (Paragoria arborea et Primnoa resedaeformis). La zone a été choisie en fonction des résultats des relevés visuels effectués par Pêches et Océans Canada et l'Université Dalhousie en 2000 et en 2001. On a noté des traces des impacts de la pêche sur les coraux (c.-à-d. des coraux vivants brisés, des coraux renversés et des squelettes éparpillés).

La zone de conservation est divisée en deux secteurs :

1. Secteur où la pêche de fond est interdite : Ce secteur représente environ 90 % de la zone et l'utilisation de tous les engins de fond servant à pêcher le poisson de fond ou les invertébrés (palangres, chaluts à panneaux, filet maillants et casiers) y est interdite. Comme l'ont montré les relevés scientifiques, c'est dans ce secteur que se trouve la plus forte densité de coraux.

2. Secteur où la pêche de fond est limitée : Ce secteur, représentant les quelque 10 % restants de la zone, est ouvert aux activités de pêche autorisées, soit à l'heure actuelle uniquement à la pêche du poisson de fond à la palangre (avec présence d'un observateur en mer). Il est fermé à toute pêche pratiquée au moyen d'un autre engin de fond.

En septembre 2003, des scientifiques de Pêches et Océans Canada ont observé des monticules du corail à formation récifale Lophelia pertusa à Stone Fence, au sud-est du Cap-Breton, en Nouvelle-écosse. Il s'agit du seul endroit connu de la côte canadienne de l'Atlantique qui abrite des colonies vivantes de Lophelia pertusa. Les coraux et le fond marin avoisinant présentent des signes de dommages importants occasionnés par les engins de pêche. La zone de conservation du récif de Lophelia de 15 kilomètres carrés a été créée en juin 2004. Toute pêche de fond est interdite dans un petit secteur englobant tout le récif et ses alentours afin de protéger l'ensemble du complexe récifal contre d'autres dommages et de lui permettre de se rétablir, ce qui pourrait prendre plusieurs décennies.

La zone de protection marine (ZPM) du Gully a été établie par un règlement pris en mai 2004, en vertu de la Loi sur les océans du Canada. Un des objectifs de la création de cette ZPM est de protéger la grande diversité de coraux qui s'y trouve. En effet, des coraux sont présents dans de nombreuses parties de ce canyon. La distribution et l'habitat de la plupart des espèces de coraux correspondent aux secteurs 1 et 2 de la ZPM (environ 1 900 kilomètres carrés). Le Plan de gestion du Gully contient plus d'information sur la façon dont sont gérées les activités se déroulant dans la zone.

En 2010, un processus consultatif national sur l'occurrence, la vulnérabilité à la pêche et la fonction écologique des coraux, des éponges et des évents hydrothermaux dans les eaux canadiennes (SCCS as - 2010/041) a permis de déceler des concentrations uniques au monde de Vazella pourtalesi, une espèce rare d'éponge siliceuse qui construit des structures, dans une zone de 8 000 km2 sur le plateau néo-écossais. Deux zones où l'éponge, communément appelée « Russian Hat », est présente à haute densité, ont été évaluées comme étant à haut risque à cause des répercussions de la pêche. Ainsi, deux zones, une de 62 km² à l'extrémité est du banc Sambro et une de 197 km² entre le sud-ouest et le nord-est du bassin d'émeraude, ont été fermées à la pêche en contact avec le fond en vertu de la Loi sur les pêches.