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À propros du bruit sous-marin et ses effets

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La physique du son sous-marin est bien comprise par la communauté scientifique. Toutefois, le fonctionnement du son en milieu marin et les effets connexes du bruit sur les animaux marins demeurent une question très difficile à décrire. En fait, de nombreux aspects liés aux répercussions ne sont pas encore entièrement connus. Les lecteurs sont invités à consulter la liste des références du présent document pour en savoir plus sur le bruit sous-marin.

Bien que ce document ait été principalement fondé sur les conclusions de la science occidentale sur le son et le bruit sous-marin et leurs impacts, le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité et l'importance des systèmes de connaissances autochtones pour comprendre et gérer la gestion du bruit sous-marin. Les lecteurs peuvent consulter l'ébauche de « la Stratégie canadienne sur le bruit sous-marin » pour plus d'informations sur les efforts du gouvernement du Canada pour mieux comprendre et gérer le bruit sous-marin.

Les termes liés identifiés dans le texte sont des termes de glossaire. Pour obtenir la définition de ces termes, veuillez cliquer dans la section Glossaire du document.

L'importance du son dans l'océan

Le son est essentiel à la vie sous-marin. Bien que la communication acoustique soit importante pour de nombreux animaux terrestres, elle l'est encore plus pour les animaux marins, car le son se déplace très efficacement sous-marin.Note de bas de page 1 L'océan possède un riche paysage sonore naturel, composé de sons biotiques et abiotiques. Les sons biotiques naturels comprennent :

Ces cons biotiques sont utilisés pourNote de bas de page 2 :

Les sons abiotiques proviennent de sources non vivantes, comme :

Cette combinaison de sons fait de l'océan un environnement extrêmement dynamique où la capacité des animaux marins d'envoyer et de recevoir des signaux sonores est essentielle à leur survie.Note de bas de page 3,Note de bas de page 4,Note de bas de page 5

La science du son

Le son est une énergie créée par la vibration des molécules. À mesure que l'énergie est transférée d'une molécule à l'autre, le mouvement génère des ondes de pression acoustique qui peuvent se déplacer à travers un milieu, comme l'air ou l'eau. En résumé, « son » est le terme utilisé pour décrire ce qu'entend un récepteur lorsqu'il reçoit et interprète ces ondes de pression.

Le son est souvent décrit par son amplitude (ou son volume) et sa fréquence (ou son hauteur). Pour l'oreille humaine, les fréquences plus élevées sont perçues comme des sons plus aigus; les plus grandes amplitudes sont perçues comme des sons plus forts. À mesure qu'il traverse un milieu, le son perd de l'énergie, ce qui limite la distance sur laquelle il peut se déplacer.Note de bas de page 6 Les sons forts ont plus d'énergie acoustique que les sons plus doux. Les sons à basse fréquence perdent moins d'énergie pendant leur déplacement, ce qui leur permet de se déplacer plus loin que les sons à plus haute fréquence.Note de bas de page 7 C'est pourquoi on utilise couramment des dispositifs forts et à basse fréquence comme les cornes de brume pour communiquer sur de longues distances. De même, la vocalisation d'un rorqual bleu, qui est aussi très forte et à basse fréquence, peut être détectée à des centaines de kilomètres de distance.Note de bas de page 8

Les niveaux sonores (le volume du son) sont mesurés en décibels (dB), une unité relative sur l'échelle logarithmique.

Un son mesuré à 70 dB a 100 fois plus d'énergie acoustique qu'un son mesuré à 50 dB.

Comprendre le son dans le milieu marin

L'échelle des décibels est mesurée différemment dans l'air que dans l'eau, à l'aide d'une pression de référence différente. Cela signifie que la comparaison du décibel exact entre l'air et l'eau peut être trompeuse, car un niveau de décibels « silencieux » dans l'air peut être relativement « fort » dans l'eau.

Le son se comporte différemment dans l'eau par rapport à l'air en raison des propriétés physiques différentes de ces deux milieux. Le son peut se déplacer environ 4,5 fois plus vite dans l'eau de mer que dans l'air (1 450 à 1 550 mètres/seconde dans l'eau salée contre 343 mètres/seconde dans l'air).Note de bas de page 7 La vitesse du son augmente également avec la salinité de l'eau; l'océan transmet donc le son de manière extrêmement efficace. Cette caractéristique fait du son un moyen de communication très efficace et fiable dans l'eau, surtout lorsqu'on le compare à la vue (la vision est souvent limitée à des dizaines de mètres au mieux sous l'eau)Note de bas de page 9,Note de bas de page 10 ou à l'odeur (les odeurs sont souvent entremêlées en raison de la turbulence des eaux de l'océan).Note de bas de page 11 D'autres facteurs, comme la température et la pression de l'eau (qui varient en fonction de la profondeur), la salinité, la composition et la structure du fond marin, et d'autres conditions océanographiques, y compris la quantité de glace et l'état de la mer, peuvent également influencer la vitesse et la distance des sons. L'étude de ces relations permet aux scientifiques de mieux comprendre les caractéristiques du son en milieu marin.

Température, salinité et pression

La température, la salinité et la pression ont une incidence sur la vitesse du son qui se déplace sous l'eau. La vitesse du son augmente avec la température et la pression, qui elles-mêmes varient fortement selon la profondeur (figure 1). Du fait des effets interdépendants de la température et de la pression, c'est à une profondeur d'environ 500 à 1 000 m, où la température et la pression sont relativement basses, que le son se déplace le plus lentement. Cette zone horizontale de vitesse minimale est appelée canal SOFAR (pour « SOund Fixing And Ranging » [en anglais]), aussi appelé « chenal sonore profond ». De même, le son se déplace plus rapidement dans l'eau plus salée. Dans les régions recevant des apports d'eau douce (comme les estuaires ou la fonte des glaciers), le son dans l'eau se déplacerait plus lentement que dans les autres zones marines si tous les autres facteurs sont les mêmes.

Figure 1 – Température, pression et profil de vitesse du son en fonction de la profondeur de l'eau et de la propagation du son dans le canal SOFAR (adapté de Webb (2017)).

Figure 1 – Température, pression et profil de vitesse du son en fonction de la profondeur de l'eau et de la propagation du son dans le canal SOFAR (adapté de Webb (2017))Note de bas de page 12.

Les ondes sonores peuvent parcourir de grandes distances en perdant une énergie minimale dans le canal SOFAR.

Ce canal est particulièrement important pour les communications des baleines et l'étude des sons sous-marins .

Profondeur de l'eau, composition du fond marin, couverture de glace et autres conditions océanographiques

Le son se déplace différemment selon la profondeur de l'eau. Chaque fois que les ondes sonores interagissent avec la surface de l'océan ou le fond marin, une partie ou la totalité de l'énergie acoustique est réfléchie ou absorbée.Note de bas de page 13 Dans les eaux peu profondes, les ondes sonores ont davantage d'interactions avec la surface et le fond marin, ce qui entraîne une perte accrue d'énergie acoustique. La quantité d'absorption ou de réflexion du son dépend de la composition du fond marin et de l'état de la mer.Note de bas de page 13 Lorsque la mer est couverte de glace, le son est partiellement absorbé par la glace de mer et est réfléchi ou dispersé selon que la surface inférieure de la glace est plus ou moins lisse. Ainsi, le son perd de l'énergie plus rapidement et ne se déplace pas aussi loin dans les régions polaires en présence de glace de mer.Note de bas de page 14,Note de bas de page 15

L'acidité de l'océan influe également sur l'absorption du son. À mesure que l'acidification de l'océan s'accentue, on prévoit que l'absorption du son diminuera.

Une étude a révélé que le son pourra se déplacer plus efficacement sous l'eau plus acide et que les signaux pourraient avoir des amplitudes plus grandes de 5 dB sur de longues distances (~200 km).Note de bas de page 16

Activités humaines et sources de son sous-marin

Le développement de l'économie maritime mondiale au cours des 200 dernières années a augmenté le nombre de sources et le volume sonore globale des sons sous-marin d'origine humaine (ou anthropique), ce qui a complètement changé le paysage sonore sous-marin côtier et extracôtier (figure 2).Note de bas de page 17

Bien que de nombreuses activités humaines dans le milieu marin produisent des sons sur un large éventail de fréquences, six grandes catégories d'activités, décrites ci-après, sont à l'origine de la majorité des sons sous-marin.

Note:

Dans le contexte du présent document et de la Stratégie canadienne sur le bruit sous-marin, le bruit sous-marin est défini comme le bruit généré par l'activité humaine et transmis sous la surface de l'eau; il a un large éventail d'effets sur les animaux marins, notamment :

  • limitant les communications acoustiques;
  • causant des changements comportementaux et physiologiques;
  • des blessures physiques;
  • la mort.

Lorsqu'on examine les sons créés par ces activités, il est important de tenir compte de quatre aspects de la source de bruit :

  1. l'amplitude (ou le volume sonore) de la source;
  2. la gamme de fréquences de la source;
  3. si la source produit un bruit continu ou impulsionnel; et l'étendue de la source, y compris la fréquence de l'activité dans une zone où elle peut avoir une incidence sur la vie marine.
Figure 2 : Grandes catégories d'activités humaines qui produisent la majorité des sons sous-marin.

Figure 2 : Grandes catégories d'activités humaines qui produisent la majorité des sons sous-marin.

Grands bâtiments

Les grands navires océaniques, comme les porte-conteneurs, les vraquiers, les navires de charge côtiers, les traversiers et les navires de croisière, constituent collectivement la plus importante source anthropique de sons à basse fréquence émis sous-marin.Note de bas de page 17 Bien que ces navires produisent divers sons, la source la plus importante est le son continu à basse fréquence émis par l'hélice du navire.Note de bas de page 18,Note de bas de page 19 Cette gamme de basses fréquences est essentielle pour de nombreuses espèces marines, qui l'utilisent pour communiquer et se localiser, parfois sur de grandes distances.Note de bas de page 17 Ces sons contribuent à l'arrière-plan du son anthropique sur de vastes zones géographiques.Note de bas de page 20,Note de bas de page 21

À mesure que l'océan continue de se réchauffer sous l'effet des changements climatiques, on prévoit que la réduction de la glace de mer entraînera également une augmentation importante du bruit sous-marin dans l'Arctique.

Bien qu'une grande partie de cette augmentation provienne de l'intensification du trafic maritime, on s'attend également à une augmentation des bruits abiotiques (comme les bris de glace, les vêlages d'icebergs, etc.).

Petits bâtiments

Les navires plus petits, comme les bateaux de pêche, les embarcations de plaisance et les navires de tourisme (à l'exception des navires de croisière), constituent une autre source importante de son continu sur une vaste gamme de fréquences. Ces navires sont abondants et se trouvent souvent près du rivage, dans des eaux de moins de 200 mètres où l'absorption et la réflexion du son sont importantes. Certains petits navires, comme les remorqueurs, produisent des niveaux sonores comparables à ceux des grands bâtiments, mais d'autres, comme les navires de tourisme et les embarcations de plaisance, produisent moins de bruit individuellement que les grands bâtiments; cependant, leur nombre élevé et leur présence dans des eaux moins profondes peuvent contribuer à une augmentation importante du bruit anthropique dans les zones côtières.Note de bas de page 22,Note de bas de page 23,Note de bas de page 24,Note de bas de page 25,Note de bas de page 26,Note de bas de page 27

Levés sismiques

Les levés sismiques marins sont souvent utilisés pour la recherche géologique et l'exploration pétrolière et gazière. Ces levés utilisent des canons à air qui libèrent rapidement de l'air comprimé. Les bulles d'air qui s'effondrent créent un son impulsionnel très fort et intense dirigé vers le fond marin; les ondes réfléchies servent à identifier les caractéristiques géologiques souterrain.Note de bas de page 28 L'intensité et la gamme de fréquences des levés sismiques varient selon le but des levés.Note de bas de page 29,Note de bas de page 30

Activités industrielles et de construction

Le battage de pieux, le dragage, le forage, le creusement de tunnels, les énergies marines renouvelables et les écluses sont autant d'exemples d'activités industrielles et de construction qui contribuent au son sous-marin et le long des côtes. Ce groupe diversifié d'activités peut produire des sons impulsionnels à haute intensité (p. ex. battage de pieux par impact) et des sons continus à faible intensité (p. ex. dragage, battage de pieux à l'aide de vibrofonceurs) dans le milieu marin.Note de bas de page 9,Note de bas de page 31

Activités militaires

Les opérations militaires, comme les essais de choc contre les navires (où des explosifs sont délibérément activés près d'un nouveau navire pour simuler un quasi-accident pendant une bataille), les exercices de tir réel et les opérations utilisant un sonar militaire, génèrent toutes des niveaux sonores très élevés. Les opérations comportant des explosions sont des sons impulsionnels, tandis que le sonar naval est un bref son continu qui est souvent répété fréquemment. Ces activités produisent certains des sons anthropiques les plus forts et les plus intenses dans le milieu marin.Note de bas de page 21,Note de bas de page 32

Échosondeurs et sonars

L'utilisation d'échosondeurs et de sonars à des fins scientifiques, industrielles et récréatives augmente constamment. Ces systèmes créent généralement un signal acoustique impulsionnel pour chercher de l'information sur des objets (comme des poissons) dans la colonne d'eau, sur le fond marin ou dans les sédiments. Contrairement aux canons à air sismiques, ces signaux utilisent un transducteur pour créer une onde sonore plutôt que de l'air comprimé. De plus, les échosondeurs et les sonars transmettent généralement des signaux dans des bandes de fréquences beaucoup plus élevées que les canons à air sismiques (figure 3). L'utilisation de ces systèmes dans le milieu marin est répandue et ils peuvent fonctionner à des fréquences très variées.Note de bas de page 33

Catégories d'impacts sur la faune marine

En tout temps et en tout lieu, la combinaison de sons naturels et anthropiques peut créer un paysage sonore très variable. Bien que les animaux marins se soient adaptés aux changements des sons marins naturels, le bruit sous-marin anthropique fort et intense est relativement nouveau.Note de bas de page 17,Note de bas de page 21,Note de bas de page 34 Même si le son est une vibration qui traverse un milieu, le bruit est un son spécialement indésirable ou nuisible.Note de bas de page 35 Le bruit sous-marin peut interférer avec des fonctions biologiques et écologiques essentielles et avoir ainsi divers impacts sur la faune marine.Note de bas de page 36,Note de bas de page 37 Il est important de noter que l'impact du bruit sur le comportement des animaux marins est probablement fonction du contexte.Note de bas de page 38 Par exemple, l'âge, le sexe, l'emplacement et l'activité des animaux ainsi que leur exposition antérieure au bruit peuvent tous influer sur la façon dont ils réagiront au bruit anthropique.Note de bas de page 39,Note de bas de page 40,Note de bas de page 41

Il existe quatre catégories générales d'impacts du bruit sous-marin sur la vie marine :

Masquage

Imaginez-vous à un festival de musique où deux groupes jouent près l'un de l'autre :

  • Dans quelle mesure pouvez-vous différencier les chansons ?
  • Pouvez-vous bien communiquer verbalement avec la personne qui se trouve à côté de vous ?

Les sons provenant de différentes sources à des fréquences semblables peuvent interférer les uns avec les autres, ce qui rend difficile l'interprétation exacte des signaux sonores. Le masquage se produit lorsque le bruit interfère avec un son ou un signal d'intérêt et réduit la capacité de l'animal à détecter, reconnaître ou comprendre ce son. Le bruit sous-marin anthropique peut masquer certains sons naturels comme ceux émis par des proies, des prédateurs et des partenaires de reproduction, qui sont vitaux pour les mammifères marins. Les chercheurs ont découvert que les animaux ont de la difficulté à utiliser le son pour communiquer lorsque le bruit anthropique est fort et émis à des fréquences, temps et espaces similaires à ceux des signaux acoustiques de l'animal (figure 3).Note de bas de page 42,Note de bas de page 43 Compte tenu de la nature généralisée des activités anthropiques, le masquage pourrait être l'un des impacts les plus étendus et importants sur la communication acoustique des organismes marins.Note de bas de page 44

Figure 3 : Fréquences des champs auditifs des animaux et sources de bruits anthropiques (adapté de Duarte et al. (2021) et Vergara et al. (2021)).

Figure 3 : Fréquences des champs auditifs des animaux et sources de bruits anthropiques (adapté de Duarte et al. (2021)Note de bas de page 17 et Vergara et al. (2021)Note de bas de page 45).

Blessure physique

Une exposition à un bruit intense peut causer des blessures physiques, notamment une déficience auditive temporaire ou permanente, voire la mort. Même si toutes les espèces animales ont des champs auditifs différents, il a été démontré que les animaux exposés à un son intense ne peuvent plus détecter les signaux sur l'ensemble de leur champ auditif pendant un certain temps après l'exposition.Note de bas de page 46,Note de bas de page 47 Si l'ampleur de cette déficience diminue normalement au fil du temps, il arrive parfois que l'exposition au bruit entraîne des dommages auditifs irréversibles.Note de bas de page 48 Cette incapacité permanente à détecter les signaux à certaines fréquences pourrait nuire aux fonctions vitales des animaux au point où leur survie serait menacée.

Effets physiologiques

Le bruit peut avoir divers effets physiologiques, y compris une augmentation du stress,Note de bas de page 49,Note de bas de page 50,Note de bas de page 51 une modification des taux métaboliques,Note de bas de page 52 une diminution des réactions du système immunitaireNote de bas de page 53 et une réduction des taux de reproduction.Note de bas de page 54 Des expositions prolongées et des augmentations répétées du stress pourraient avoir des répercussions à long terme sur la santé des animaux marins.Note de bas de page 55

Changements de comportement

L'exposition au bruit peut entraîner des changements de comportement et des interruptions des activités normales,Note de bas de page 56,Note de bas de page 57 y compris des changements dans les communications acoustiques (ou les vocalisations), l'arrêt des interactions alimentaires ou sociales, des changements dans le déplacement ou le comportement de plongée et l'abandon temporaire ou permanent de l'habitat.Note de bas de page 58,Note de bas de page 59,Note de bas de page 60 À long terme, un changement de comportement permanent pourrait avoir une incidence sur la capacité d'un animal de trouver de la nourriture et de se reproduire.Note de bas de page 61 Dans les cas graves, le bruit peut également causer des réactions aiguës et graves, comme la panique, la fuite, la débandade ou l'échouement, qui peuvent provoquer des blessures ou la mort de l'animal.Note de bas de page 10

Réaction de différentes espèces marines au bruit sous-marin

Une liste croissante d'études scientifiques confirme que le bruit généré par les activités humaines dans l'océan ou à proximité peut avoir une multitude d'effets négatifs sur de nombreuses espèces marines différentes. La recherche menée à ce jour porte en majorité sur les cétacés,Note de bas de page 62 mais de nombreuses autres études cherchent désormais à comprendre les impacts du bruit sous-marin sur d'autres espèces marines. En fait, la récente analyse de 538 études sur les effets du bruit sous-marin anthropique a confirmé que le bruit a un effet négatif sur de nombreuses espèces différentes d'animaux marinsNote de bas de page 17 au niveau de l'individu, de la population et de la communauté en influençant les interactions entre les individus d'une même espèce et de différentes espèces.Note de bas de page 63,Note de bas de page 64,Note de bas de page 65

Les sections suivantes présentent certains des effets du bruit sur :

Mammifères marins

Des études sur le terrain ont révélé que les mammifères marins réagissent de diverses façons à l'exposition aux bruits sous-marins. Par le passé, la recherche primaire tendait à se concentrer davantage sur l'évaluation des réactions physiologiques, des blessures physiques et de la mortalité, mais elle s'est élargie ces dernières années pour tenir compte des effets du bruit sur le comportement et les communications acoustiques. La déficience auditive, le masquage, le stress accru et la désertion des aires d'alimentation de prédilection ne sont que quelques-uns des effets observés chez un grand nombre de mammifères marins.Note de bas de page 66,Note de bas de page 67,Note de bas de page 68 Les conséquences de ces impacts ne sont pas toujours bien comprises, mais pourraient comprendre:Note de bas de page 69,Note de bas de page 70

Tous ces effets peuvent avoir des effets cumulatifs et en cascade sur la survie et la reproduction des espèces, tant sur le plan individuel que sur celui de la population.Note de bas de page 17,Note de bas de page 71,Note de bas de page 72 Pour les cétacés en général, bien que la figure 3 montre qu'ils communiquent sur une grande gamme de fréquences, la plupart des espèces de cétacés n'utilisent qu'une gamme de fréquences plus étroite et sont souvent classées en trois groupes :

Ces différences sont également importantes pour tenir compte de l'impact du bruit sur les cétacés, car ils sont sensibles à différents types de bruit en fonction de leur champ auditif.

Poissons marins

Des recherches ont montré qu'en réaction au bruit, les poissons marins peuvent modifier leur comportement, subir des niveaux de stress élevés, être moins capables de détecter les prédateurs et de chercher de la nourriture, et souffrir d'une perte auditive temporaire.Note de bas de page 47,Note de bas de page 56,Note de bas de page 73,Note de bas de page 74,Note de bas de page 75 Étant donné le nombre d'espèces de poissons différentes et la variété des habitats qu'elles occupent, la recherche sur les impacts du bruit devrait également tenir compte des physiologies individuelles et des cycles biologique.Note de bas de page 76,Note de bas de page 77 Par exemple, le bruit peut avoir une incidence sur le développement des œufs des poissons qui pondent dans des nids stationnaires par rapport aux poissons qui naissent vivants.Note de bas de page 78 De plus, la présence d'une vessie natatoire chez les poissons marins peut également avoir une incidence sur leur sensibilité au bruit. Les poissons dotés d'une vessie natatoire ont une sensibilité auditive plus élevée et ont tendance à utiliser davantage le son pour la communication; ils peuvent aussi être plus touchés par le bruit sous-marin que ceux qui n'en ont pas.Note de bas de page 79

Tortues de mer

Comparativement aux mammifères marins et aux poissons, la recherche s'est très peu intéressée aux tortues de mer.Note de bas de page 80 Bien que des recherches récentes montrent qu'un bruit sous-marin excessif peut provoquer une déficience auditive temporaire chez les tortues d'eau douce,Note de bas de page 81 la nature hautement migratoire des tortues de mer complique l'étude des effets potentiels du bruit sous-marin sur ce groupe d'animaux.Note de bas de page 82

Invertébrés marins

Le terme invertébrés marins englobe un grand nombre d'animaux qui vivent dans divers habitats océaniques, y compris la colonne d'eau et le fond marin.Note de bas de page 83 Ces espèces (qui comprennent les coraux, les éponges, les oursins et les mollusques comme le calmar et les moules) sont sensibles au son transmis par la colonne d'eau et le fond marin.Note de bas de page 84,Note de bas de page 85,Note de bas de page 86,Note de bas de page 87 elon plusieurs études, le bruit sous-marin peut avoir divers effets sur ces espècesNote de bas de page 88,Note de bas de page 89,Note de bas de page 90 :

Le bruit sous-marin de grande amplitude, comme celui des levés sismiques, peut également entraîner une diminution de l'abondance des invertébrés marins, comme le zooplancton.Note de bas de page 91

Oiseaux de mer

Il existe très peu d'études sur les effets potentiels du bruit sous-marin dans l'océan sur les oiseaux de mer, mais une étude récente a révélé que les oiseaux plongeurs, comme les Guillemots marmettes, peuvent être exposés au bruit sous-marin et à ses effets lorsqu'ils se nourrissent.Note de bas de page 92 92 Il convient de noter que, bien que les oiseaux de mer ne passent que peu de temps sous-marin, la recherche montre qu'ils sont sensibles au son émis dans l'air et sous l'eau.Note de bas de page 93,Note de bas de page 94 Des évaluations plus complètes des répercussions potentielles sur les oiseaux de mer sont donc nécessaires.

Impacts du bruit sous-marin sur les pratiques culturelles et sociétales humaines

Le bruit sous-marin anthropique n'a pas seulement des impacts importants sur la faune, il a aussi des répercussions sur de nombreuses pratiques culturelles et sociétales des collectivités côtières et autochtones.Note de bas de page 95,Note de bas de page 96 Par exemple, les collectivités côtières et les Autochtones qui pratiquent la chasse et la pêche de subsistance dépendent fortement de la présence de certaines espèces marines importantes dans des habitats précis et à des moments précis pour ces activités. La présence de bruit sous-marin peut éloigner ces espèces, perturber les pratiques traditionnelles et avoir une incidence sur l'exercice des droits ancestraux protégés par la Constitution.Note de bas de page 97

Réduction des répercussions complexes du bruit sous-marin

En plus de comprendre comment l'activité humaine crée du bruit et les caractéristiques de ces différents sons, il est également essentiel de comprendre les répercussions sur la faune marine lorsque plus d'une activité humaine se produit au même endroit au même moment. Le bruit simultané provenant de multiples activités humaines peut s'ajouter à d'autres agents de stress marins et interagir avec eux pour accroître les effets cumulatifs sur les organismes marins.

Même si des travaux de recherche sont en cours au sujet des répercussions individuelles du bruit sur les espèces, il demeure extrêmement difficile de quantifier les impacts cumulatifs ou les effets de l'interaction de diverses sources de bruit sur un animal en particulier. Les propriétés physiques du bruit, la biologie et le comportement des animaux qui y sont exposés et les circonstances entourant leur exposition sont tous des considérations importantes qui peuvent interagir avec les effets cumulatifs du bruit sous-marin sur la vie marine et les influencer.

Plusieurs exemples tirés de la littérature scientifique montrent que les conditions et la santé de la faune touchée peuvent souvent s'améliorer rapidement lorsque les niveaux de bruit diminuent.Note de bas de page 98 Selon une étude de 2012, une diminution de six décibels du bruit sous-marin, liée à la diminution du trafic maritime dans la baie de Fundy après les événements du 11 septembre 2001, a entraîné une réduction du stress chez les baleines noires de l'Atlantique Nord.Note de bas de page 51 Plusieurs autres études ont révélé que la réduction du bruit produit par la navigation commerciale pendant la pandémie de COVID-19Note de bas de page 99,Note de bas de page 100,Note de bas de page 101,Note de bas de page 102 avait contribué à la présence anormale de mammifères marins dans des ports achalandés et des zones côtières où on ne les observe pas habituellement.Note de bas de page 103,Note de bas de page 104

Ces résultats de recherche particuliers indiquent qu'une meilleure compréhension des répercussions du bruit peut aider à mener des efforts ciblés à l'égard des causes du bruit sous-marin. Bien que d'autres recherches soient nécessaires, les preuves circonstancielles recueillies au cours de ces périodes de réduction importante du bruit sous-marin donnent à penser que les espèces marines réagissent positivement à la réduction du bruit sous-marin anthropique.

La présente page web donne un aperçu général et succinct des caractéristiques du son, du bruit sous-marin et ses impacts. Les lecteurs sont encouragés à approfondir ce sujet et à participer à l'une des initiatives de collaboration actuelles et futures du gouvernement du Canada visant à lutter contre ce facteur de stress. Compte tenu de la complexité du bruit sous-marin, il est essentiel de poursuivre les recherches afin de mieux comprendre ce sujet. Cela soutiendra les efforts conjoints des gouvernements, des organisations et des communautés pour gérer efficacement les sources de bruit anthropiques afin d'atténuer de manière significative leurs répercussions sur la faune marines.

Glossaire

Abiotique
désigne quelque chose qui est physique plutôt que biologique, dépourvu de vie. Note de bas de page 105 Dans le contexte d'un écosystème, les facteurs abiotiques pourraient inclure la lumière du soleil, la température, les régimes de vent et les précipitations.
Agents de stress marins
facteurs qui influent sur la santé et les fonctions des écosystèmes marins.Note de bas de page 106 Ils peuvent être naturels, comme des tremblements de terre ou des tempêtes, ou causés par les humains, comme la pêche, la pollution ou les changements climatiques. L'impact cumulatif de diverses pressions dans l'océan peut entraîner une réduction de la capacité des écosystèmes marins à résister à ces défis et à s'en remettre. Ils peuvent finir par entraîner un déclin de la biodiversité dans les milieux marins.Note de bas de page 107
Amplitude
désigne la hauteur de l'onde de pression sonore ou « l'intensité sonore » d'un son. Note de bas de page 108 Elle est souvent mesurée sur l'échelle des décibels (dB). De légères variations d'amplitude (ondes de pression « courtes ») produisent des sons faibles ou silencieux, tandis que de grandes variations (ondes de pression « hautes ») produisent des sons forts ou intenses. Par exemple, imaginez une vague à la surface d'un étang. L'amplitude serait la hauteur maximale de l'eau au-dessus ou au-dessous de son niveau de calme.
Anthropique
causé ou généré par les humains.
Biotique
désigne tout ce qui est lié aux organismes vivants ou qui en résulte, en particulier dans leurs relations écologiques.Note de bas de page 109 C'est le contraire d'abiotique, qui fait référence aux organismes non vivants dans un écosystème.
Caractéristique géologique souterrain
structure ou formation géologique située sous la surface de la terre. Ces caractéristiques peuvent comprendre des formations rocheuses, des gisements minéraux et d'autres structures géologiques qui ne sont pas visibles de la surface.Note de bas de page 110 Les caractéristiques géologiques de la subsurface peuvent être étudiées à l'aide de diverses techniques géophysiques, comme les levés sismiques.
Cétacés
baleines, dauphins et marsouins.
Champ auditif
gamme particulière de fréquences sonores auxquelles certaines espèces sont le plus réceptives.
Conditions océanographiques
caractéristiques physiques et chimiques de l'océan qui varient dans l'espace et le temps. Elles comprennent des facteurs comme la température, la salinité, les courants, les vagues, les marées, la concentration et l'épaisseur de la glace et les vents de surface.Note de bas de page 111
Décibel
unité utilisée pour mesurer l'intensité d'un son ou le niveau de puissance d'un signal électrique. Il s'agit d'une unité relative et non absolue. Le décibel est utilisé pour décrire les sons en termes d'intensité sonore.Note de bas de page 112 Pour les sons sous-marins, on utilise une pression de référence de 1 micropascal (μPa) pour décrire les sons en termes de décibels.
Échelle logarithmique
façon de mesurer des données qui croissent de façon exponentielle. Il s'agit d'une unité relative et non absolue. Les chiffres sur l'axe sont des logarithmes ou des puissances d'un nombre de base, ce qui entraîne une augmentation exponentielle de la valeur entre les unités.Note de bas de page 113 Par exemple, sur une échelle logarithmique en base 10, la distance de 1 à 10 est la même que la distance de 10 à 100 ou de 100 à 1 000.
Effets cumulatifs
changements totaux de l'animal, de l'environnement, de la santé, des conditions sociales et économiques attribuables à diverses activités humaines et à divers processus naturels qui se produisent au fil du temps et à différents endroits. Ils comprennent les effets additifs d'un projet ou d'un aménagement lorsqu'ils sont combinés à d'autres activités passées, présentes et futures prévisibles.Note de bas de page 114
Énergie acoustique
l'énergie qui traverse une substance sous forme d'ondes sonores est appelée énergie acoustique.Note de bas de page 115 Lorsque le son traverse un milieu, il crée des ondes de vibrations dont l'énergie varie en fonction de l'amplitude des ondes sonores.
État de la mer
état général de la surface de l'océan lié aux vagues et aux houles à un certain endroit et à un certain moment. Il est influencé par de nombreux facteurs comme les vents, le courant et la glace de mer.Note de bas de page 116 L'état de la mer influe sur les niveaux sonores ambiants, de sorte que les niveaux sont plus bas lorsque la mer est calme et plus élevés lorsqu'elle est agitée. Il peut également influencer la vitesse du son dans l'eau, qui à son tour influe sur la distance que le son peut parcourir avant qu'il ne devienne trop faible pour être détecté.Note de bas de page 9
Fréquence
le son se déplace dans un milieu comme l'eau sous forme d'onde, d'où le terme onde sonore. La fréquence, aussi appelée hauteur, indique la fréquence à laquelle une onde sonore se répète en une seule seconde. Mesurée en hertz (Hz), ou cycles par seconde; les nombres plus élevés signifient des sons plus aigus et les nombres plus bas, des sons plus graves.Note de bas de page 10
Intensité
quantité d'énergie contenue dans une onde sonore, mesurée dans une zone donnée à un moment donné; se traduit également par la perception subjective de la pression acoustique et de l'intensité sonore.
Invertébrés marins
animaux marins sans colonne vertébrale, qui comprennent notamment les mollusques et crustacés (p. ex. homards, crabes, palourdes, mollusques), les holothuries, les oursins, les coraux et bien d'autres.
Levé sismique
opération géophysique qui utilise une source d'air sismique pour générer des ondes acoustiques qui se propagent dans l'eau et les sédiments, qui sont réfléchies ou réfractées sur les couches de la subsurface des sédiments et sont ensuite enregistrées par des hydrophones à la surface.Note de bas de page 117
Masquer (ou masquage)
phénomène où un ou plusieurs sons, habituellement un son plus fort, influencent la perception d'un autre. En raison de cette interférence, l'auditeur a du mal à saisir et à identifier avec précision le son d'intérêt, ce qui le rend moins distinct et plus difficile à comprendre.42 Le masquage peut se produire sous l'eau lorsque le bruit de fond, comme les vagues, le vent, la pluie ou les activités humaines, nuit à la détection ou à la communication des sons produits par des animaux marins ou des dispositifs marins.Note de bas de page 64
Salinité
quantité de sel dissous dans un plan d'eau. La vitesse du son dans l'eau a tendance à augmenter à mesure que la salinité augmente.Note de bas de page 118
Son continu
type de son qui dure longtemps et qui n'a pas de caractéristiques impulsionnelles.Note de bas de page 119
Son impulsionnel
signal acoustique avec un démarrage et un arrêt instantanés. Les sons impulsionnels sous-marins sont générés par certaines activités humaines, comme les levés géophysiques, le battage de pieux par impact, les dispositifs de dissuasion acoustique, les échosondeurs multifaisceaux et la détonation d'explosifs.Note de bas de page 120
Taux métabolique
quantité d'énergie qu'un organisme dépense au cours d'une période donnée.Note de bas de page 121 Il s'agit de la rapidité avec laquelle les combustibles tels que les sucres sont décomposés pour permettre le fonctionnement des cellules de l'organisme. Le taux métabolique varie d'une espèce à l'autre et dépend des conditions environnementales et du niveau d'activité d'un organisme.
Transducteur
dispositif qui convertit les signaux électriques en ondes sonores ou vice versa, dans le but de générer ou de recevoir des bruits sous-marins.Note de bas de page 122,Note de bas de page 123
Vêlage d'iceberg
processus ou événement qui se produit lorsque de grandes plaques de glace se détachent d'un glacier et tombent dans l'eau.Note de bas de page 124 Les ondes sonores générées par le vêlage peuvent être détectées par des microphones, des séismomètres et des hydrophones, et peuvent renseigner sur la fréquence des vêlages et la taille des icebergs.Note de bas de page 124 Le vêlage des icebergs est l'une des principales sources de bruit sous-marin naturel dans les régions polaires; il peut être extrêmement bruyant et être perçu à des milliers de kilomètres de distance.Note de bas de page 125
Vessie natatoire
organe intérieur rempli d'air utilisé par certains poissons pour contrôler leur flottabilité. La vessie natatoire est également liée à l'oreille interne; elle peut être utilisée pour produire différents sons et agit comme mécanisme de détection des changements de pression acoustique.Note de bas de page 79

Références

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