La panope (Panopea generosa) : Anatomie, histologie, développement, pathologie, parasites et symbiontes
Lésions d'origine inconnue chez les panopes
'Verrues' superficielles
Les 'verrues' sont des zones de protubérances lisses, surélevées, de couleur gris-rose ou crème, observées à la fois sur le siphon et sur le manteau (Figures 1 à 8). Leur taille varie de quelques millimètres à sept centimètres de longueur, et elles sont formées de boursouflures du périostracum remplies de cellules mortes et moribondes.
Des 'verrues' ont été observées à la fois sur le siphon et sur le manteau de panopes provenant de chacune des zones d’échantillonnage, mais elles étaient plus fréquentes sur le siphon que sur le manteau. Des « verrues » d’aspect anormal, comme celles illustrées sur les Figures 7 et 8, ont aussi été observées, bien que rarement, et leur aspect histologique ressemblait à celui d’autres verrues. La formation d’une verrue résulte d’une accumulation d’hémocytes (cellules sanguines de la panope) dans la musculature du siphon ou du manteau causant une purulence (un nombre extrêmement élevé d’hémocytes). Cette lésion semble migrer (mécanisme encore inexpliqué) du tissu musculaire jusqu’à la surface où elle finit par être isolée des tissus sous-jacents par du périostracum. Il se peut que l’apparition de 'verrues' sur la surface du siphon et du manteau fasse partie d’un mécanisme de guérison chez la panope.
Sur le plan histologique, les 'verrues' étaient composées d’hémocytes granulaires, nécrotiques, densément regroupés (Figure 10). Certaines verrues étaient enchâssées dans la musculature sans démarcation évidente, et le matériel nécrotique contenait l’épithélium (Figure 9). Occasionnellement, le matériel de la verrue n’était séparé des tissus sous-jacents que par l’épithélium, et la 'verrue' s’étendait profondément dans la musculature du siphon formant une dépression (Figure 11). En d’autres cas, non seulement la couche épithéliale était-elle intacte, mais le matériel de la 'verrue' était séparé du tissu vivant et encapsulé par la couche acellulaire éosinophile du périostracum (Figure 12)
Figures 9 à 12. Coupes histologiques de 'verrues' de panopes. Coloration à l’hématoxyline-éosine.
Jusqu’ici, aucun agent étiologique identifiable associé à ces lésions n’a été observé. Dans neuf panopes, les tissus situés à la base de la 'verrue' étaient purulents. Le matériel purulent d’une panope et le tissu l’environnant (Figure 10) ont été fixés en vue d’un examen au microscope électronique et ont été utilisés dans les études de transmission expérimentale telles que décrites sur la page Expériences de transmission des 'verrues'. Aucun agent étiologique n’a été détecté dans le matériel des 'verrues' ou dans les tissus environnants examinés en microscopies optique et électronique.
Cloques
Les cloques sont des boursouflures contenant un liquide clair (Figures 13 et 14) qui ont été trouvées sur la surface du siphon ou du manteau. Elles ont été observées beaucoup moins fréquemment que les « verrues » et apparaissaient dans les échantillons de toutes les zones sauf une région de la côte est de l’Île de Vancouver (Secteur de gestion des pêches 17) et une région de la côte ouest de l’Île de Vancouver (Secteur de gestion des pêches 24). Sur le plan histologique, plusieurs couches acellulaires (le périostracum externe et les couches éosinophiles internes) étaient parsemées de quelques cellules nécrotiques. Quelques bactéries opportunistes ont été observées sur la surface externe de la panope.
Cicatrices
Les cicatrices (Figures 16 et 17) sont composées de couches de périostracum, ou conchyoline, exhibant une coloration anormale sans effet détectable sur les tissus vivants. On croit qu’elles représentent les vestiges d’une lésion guérie, ou « verrue », et elles ont été observées dans tous les échantillons sauf ceux provenant d’un emplacement sur la côte ouest de l’Île de Vancouver (Secteur de gestion des pêches 24).
Coloration orangée anormale des surfaces internes
Bien qu’aucune verrue, cloque ou cicatrice n’ait été observée dans la viscère des panopes, des anomalies de ces organes ou tissus ont été observées lors de la dissection. Chez 11 des 112 panopes présentant des anomalies superficielles, une coloration anormale de teinte orangée apparaissait sur la papille conique, située sur la surface interne du manteau musculaire derrière l’ouverture pédieuse. Une panope récoltée sur la côte est de l’Île de Vancouver (Secteur de gestion des pêches 14) portait de nombreuses plaques de teinte orangée dans plusieurs organes. Dix des 112 panopes exhibaient des nodules de teinte orangée dans le tissu palléal tapissant les valves (Figure 17). Cette partie du manteau, qui est habituellement mince, ne possède que très peu de fibres musculaires et aucune couche acellulaire (périostracum et couche éosinophile) contrairement à la partie du manteau musculaire située à l’extérieur des valves. Dans certains cas, les nodules étaient en train de se faire recouvrir d’une couche nacrée et ils se seraient possiblement transformés en anomalies de valves telles que décrites ci-dessous.
Sur le plan histologique, cette coloration orangée indique généralement une infiltration et une agrégation d’hémocytes (formation de pustules) dans les tissus. Dans les branchies (Figure 18) et dans les nodules de teinte orangée sur le manteau (Figure 17), la réaction ressemble au matériel observé dans les 'verrues' et se compose d’hémocytes granulaires, nécrotiques, densément regroupés. De grosses plaques de teinte orangée dans la glande digestive contenaient plusieurs cellules avec de grosses inclusions éosinophiles (Figure 19). Une portion de ce matériel a été fixé pour l’observation en microscopie à transmission, et son examen a révélé des inclusions denses contenant des membranes disposées en couches et en verticilles occupant la majeure partie des cellules affectées. De même que pour les 'verrues' superficielles, aucun agent étiologique n’a été identifié, et la cause de cette réponse cellulaire anormale n’était pas toujours évidente.
Figures 18 et 19. Coupes histologiques de plaques de coloration orangée anormale dans les tissus de panopes. Coloration à l’hématoxyline-éosine.
Anomalies des valves
À quelques reprises, des protubérances calcaires ont été observées sur la surface interne des valves chez les panopes (Figure 20). On croit que celles-ci sont des 'verrues' superficielles qui sont apparues dans le feuillet palléal sous les valves (voir ci-dessus et Figure 17). Avec le temps, ces verrues ont été recouvertes de nacre et rattachées à la surface interne de la valve. Une surface interne rugueuse a été observée sur les valves de quatre panopes; dans deux de ces cas, la rugosité faisait pendant à une coloration de teinte orangée sur le feuillet palléal qui était en contact avec cette surface.
La coquille de quelques panopes était abîmée; le dommage était d’origine récente et probablement survenu lors de la récolte. On a noté que la valve d’une panope récoltée sur la côte ouest de l’Île de Vancouver (Secteur de gestion des pêches 24) au début de mai 1998 avait été abîmée dans le passé et s’était ensuite fusionnée avec succès, résultant en deux valves de longueurs inégales (Figures 21 et 22).
Figures 21 et 22. La valve gauche réparée d’une panope récoltée sur la côte ouest de l’Île de Vancouver (Secteur de gestion des pêches 24). Notez la différence de taille entre les deux valves, évidente lorsqu’on observe leur surface interne (Figure 22). Mise à part la valve endommagée, la panope était en bonne santé.
Références
Secteurs de gestion des pêches - Région du Pacifique. L’emplacement des secteurs de gestion des pêches de la région du Pacifique, tel que mentionnés dans le texte ci-dessus, peut être visualisé sur la carte.
Morse, M.P. and Zardus, J.D. 1997. Bivalva. Microscopic Anatomy of Invertebrates Vol. 6A Mollusca II. F.W. Harrison and A.J. Kohn. Wiley-Liss. pp. 7-118.
Simkiss, K. 1988. Molluscan Skin (excluding Cephalopods). The Mollusca Vol. 11 Form and Function. E.T. Truman and M.R. Clarke. Academic Press Inc. pp. 11 - 35.
Information de citation
Bower, S.M. and Blackbourn, J. (2003): La panope (Panopea generosa) : Anatomie, histologie, développement, pathologie, parasites et symbiontes : Lésions d’origine inconnue chez les panopes.
Dernière révision en date du : août 2020
Commentaires à Susan Bower
- Date de modification :