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Panope du Pacifique

Panope du Pacifique
Nom latin

Panopea generosa

Nom du groupe

Mollusques

Information taxonomique (en anglais seulement)

Habitat

On trouve la panope du Pacifique (Panepea generosa) dans les eaux du Pacifique Nord-Est, de l’Alaska à la Basse-Californie, au Mexique (Quayle 1970). Des pêches à la panope du Pacifique sont pratiquées en Alaska, en Colombie-Britannique, dans l’État de Washington et dans la Basse-Californie, au Mexique. Les panopes vivent à des profondeurs s’échelonnant entre la zone intertidale basse et une profondeur de plus de 100 mètres (Jamison et al. 1984). On les trouve sur des lits de substrats mous (sable, boue, gravier et coquilles écrasées), où elles s’enfouissent dans le fond de l’océan. Une panope en développement s’enfouit d’environ un tiers de mètre par an. Après avoir atteint une profondeur d’environ un mètre dans le substrat, l’adulte s’établit et demeure à cette profondeur durant toute sa vie.

Description de l’espèce

La panope est un bivalve, c’est-à-dire que sa coquille est composée de deux valves, qui sont de couleur blanche et de forme presque rectangulaire. Les deux valves, de taille égale, ne parviennent pas à loger l’énorme siphon (cou), qui affiche une coloration allant du blanc au brun rougeâtre. La panope est le plus gros coquillage fouisseur du monde, la longueur de sa coquille pouvant dépasser 20 centimètres. Elle pèse généralement entre 0,5 et 1,5 kilogramme, mais peut peser jusqu’à 3 kilogrammes. Les panopes affichent une longue durée de vie, des spécimens âgés d’au moins 168 ans ayant été signalés (Bureau et al. 2002).

Cycle biologique du panope du Pacifique

Vidéo : Pêcher des panopes

Vidéo : Pêcher des panopes

Les panopes sont de gros bivalves fouisseurs que l’on trouve entre la zone intertidale et une profondeur d’environ 110 mètres (Jamison et al. 1984) et qui affichent un poids moyen au débarquement d’environ un kilogramme. On peut déterminer l’âge d’une panope du Pacifique grâce aux anneaux de croissance, en utilisant une procédure validée (Shaul et Goodwin 1982). Les panopes figurent parmi les animaux qui affichent la plus longue durée de vie au monde, atteignant souvent des âges de plus de 100 ans. Elles présentent une croissance rapide durant leurs 10 à 15 premières années, après quoi la croissance de la longueur de la coquille cesse tandis que le poids total augmente à un rythme lent en raison d’un épaississement de la coquille et d’une augmentation du poids de la chair (Harbo et al. 1983, Goodwin et Shaul 1984, Sloan et Robinson 1984, Bureau et al. 2002, 2003). Les estimations du taux de mortalité naturelle chez les populations de la Colombie-Britannique oscillent entre 0,01 à moins de 0,05 (Breen et Shields 1983, Harbo et al. 1983, Sloan et Robinson 1984, Noakes et Campbell 1992). Les panopes du Pacifique commencent à être recrutées pour la pêche à l’âge 4 et sont entièrement recrutées à l’âge 12 (Harbo et al. 1983).

Les panopes du Pacifique adultes ont des sexes séparés. On trouve des gonades mûres chez les panopes dont l’âge se situe entre 2 et 107 ans, ce qui donne à penser qu’une panope pourrait être capable de se reproduire sur plus d’un siècle. La panope fraye annuellement, le plus souvent entre juin et juillet, en association avec l’augmentation de la température de l’eau de mer (Sloan et Robinson 1984). Les panopes sont des géniteurs à la volée, les femelles libérant entre sept et dix millions d’œufs qui sont fertilisés dans la colonne d’eau, après quoi on observe une période larvaire pélagique de 40 à 50 jours, puis les animaux s’établissent sur le fond (Goodwin et al. 1979, Goodwin et Shaul 1984). Après le stade larvaire, une fois établis, les individus sont mobiles et actifs et peuvent voyager le long du fond grâce à leurs byssus en forme de parachute. Ils commencent à s’enfouir dans le substrat lorsqu’ils atteignent une longueur de coquille d’environ 2 mm; la longueur de la coquille et la longueur du siphon déterminent la profondeur à laquelle ils vont se fixer. Au moment de l’établissement et pendant les deux premières années, les panopes du Pacifique juvéniles sont vulnérables à un certain nombre de prédateurs, y compris les escargots, les étoiles de mer, les crabes (Cancer spp), les crevettes et les poissons (Goodwin et Pease 1989). Les panopes du Pacifique à croissance rapide peuvent s’enfouir à une profondeur refuge de 60 cm ou plus en deux ans. Malgré l’importante production reproductive de P. generosa au cours de sa longue vie, le recrutement semble être sporadique. La distribution des fréquences selon l’âge fait apparaître des pics d’abondance juvénile, ce qui donne à penser que les populations pourraient être soutenues par des vagues de recrutement. Des expériences en laboratoire indiquent que les embryons de panope du Pacifique ont des limites plus ou moins étroites de tolérance à la salinité et à la température (Goodwin 1973).

Évaluation des stocks

Illustration d'un panope

Illustration d’un panope

La dernière évaluation du stock de panopes en Colombie-Britannique remonte à 2012 (Bureau et al. 2012). La pêche à la panope dans cette province est évaluée et gérée sur la base du sous-gisement de panopes. En 2018, plus de 5 000 sous-gisements de panopes ont été documentés sur la côte de la Colombie-Britannique. Ainsi, la pêche à la panope est évaluée et gérée à une échelle spatiale très fine.

La plupart des travaux scientifiques qui sont menés sur la panope visent à estimer la biomasse de la population dans les secteurs où elle fait l’objet d’une pêche commerciale. Les relevés en plongée nous offrent des données permettant d’estimer la densité moyenne des panopes. Le poids moyen des spécimens est obtenu grâce aux données des journaux de récolte commerciale, et les secteurs où se trouvent les gisements de panopes sont estimés à partir des emplacements de la récolte et de relevés en plongée et hydroacoustiques. On estime la biomasse pour chaque sous-gisement de panopes en effectuant le produit entre la superficie du sous-gisement, la densité des panopes et le poids moyen des panopes qui se trouvent dans le gisement. Des taux de récolte régionale annuelle de 1,2 à 1,8 % ont été établis grâce à la modélisation structurée par âge (Zhang et Hand 2007). Les options possibles en matière de récolte sont estimées pour chaque sous-gisement en appliquant le taux de récolte régionale annuelle à la biomasse estimée dans le sous-gisement.

La biomasse et les options en matière de récolte pour chaque sous-gisement de panopes sont mis à jour tous les ans pour que l’on puisse tenir compte des données les plus récentes sur la densité, le poids moyen et la superficie du gisement. L’indice du stock, qui est défini comme étant le rapport entre la biomasse actuelle et la biomasse non pêchée pour un sous-gisement donné, est également estimé tous les ans. Les méthodes d’estimation de l’indice du stock ont été mises à jour en 2017 (Bureau 2017, MPO 2017). Le point de référence limite (PRL) pour la pêche à la panope a été fixé à 40 % de la biomasse non pêchée et s’applique à l’échelon du sous-gisement. La pêche est fermée dans les sous-gisements qui comportent un indice du stock inférieur à 0,4.

En 2018, plus de 74 % de la superficie des gisements de panopes ouverts à la pêche a été couverte par des relevés, soit des relevés employant des scaphandres autonomes, soit des relevés de télémesure acoustique, soit les deux. Ainsi, les options en matière de récolte recommandées sont de plus en plus fondées sur de l’information dérivée des données, et moins sur des extrapolations prudentes. Les déclins des populations de panopes dûs à la prédation par la loutre de mer (Enhydra lutris) ont eu une incidence sur les quotas de pêche. Les initiatives de planification de l’espace marin pourraient avoir une incidence sur l’accès à une partie des stocks de panopes à l’avenir.

Les documents de recherche, les avis scientifiques et les rapports sur l’état des stocks – articles scientifiques et articles brefs sur l’état des ressources, sont disponibles sur le site du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS).

Les objectifs actuels des travaux scientifiques sont de caractériser les gisements de panopes pour permettre la réalisation d’une analyse spatiale et pour que l’on puisse mieux comprendre la dynamique de la métapopulation.

Les recherches sur les panopes menées à la Station biologique du Pacifique sont cofinancées par l’Underwater Harvesters Association (UHA).

Recherche en cours sur le panope

Relevés en plongée de la densité

Carte : Relevés de la panope en Colombie-Britannique

Carte : Relevés de la panope en Colombie-Britannique

Des relevés en plongée de la densité des panopes ont été menés en collaboration avec l’UHA et des Premières Nations depuis 1992 dans la plupart des secteurs de la côte de la Colombie-Britannique. Jusqu’à présent, plus de 185 relevés en plongée (de 10 à 15 jours chacun) ont été menés, couvrant plus de 62% des gisements et plus de 74 % de la superficie totale des gisements disponible pour la récolte commerciale. Les relevés en plongée fournissent les données sur la densité qui sont requises si l’on veut estimer la biomasse, à partir de laquelle des options en matière de récolte sont élaborées.

La méthode de relevé utilisée consiste à poser des lignes de transect de plomb perpendiculairement au rivage, dans des emplacements choisis au hasard et comportant des gisements commerciaux de panopes connus. Les plongeurs en scaphandre autonome nagent de chaque côté de la ligne de transect avec une barre d’un mètre et comptent le nombre de panopes et enregistrent des données sur l’habitat entre la ligne de transect et le bord de la barre. Les plongeurs s’arrêtent à la limite des sections marquées de 5 mètres pour enregistrer leurs observations. Pour les grands gisements, chaque 2ème, 3ème ou 4ème quadrat est échantillonné, selon la largeur. De cette façon, plus de transects peuvent être effectués à l’intérieur d’un gisement, ce qui réduit la variabilité des données.

L’effort de relevé en plongée est d’environ 50 jours de plongée par an. Les relevés en plongée sont menés à partir d’embarcations de l’industrie (UHA), de Premières Nations ou du MPO. Le programme de relevé en plongée est entièrement financé par l’UHA.

Prélèvement biologique

Chaque année, un ou deux échantillons biologiques de panopes sont prélevés sur environ 450 panopes. Les échantillons biologiques servent à surveiller les tendances affichées par le recrutement au fil du temps à différents sites le long de la côte de la Colombie-Britannique.

Les panopes sont récoltées en évitant les biais concernant leur taille, étiquetées avec des numéros uniques et expédiées à une usine de transformation agréée où elles sont mesurées, pesées et écaillées. Les coquilles sont envoyées à la Station biologique Pacifique où elles sont traitées afin de déterminer l’âge. L’âge de la panope est déterminé en comptant les anneaux sur une coupe transversale de la coquille dans la région de la charnière. L’échantillon biologique fournit de l’information sur la distribution de l’âge et de la taille des populations ainsi que sur les tendances affichées par le recrutement et les taux de croissance.

Photo : Les plongeurs participant au relevé sont équipés de barres de mètres et de planchettes à pince sur lesquelles sont fixées des feuilles de données. Photo: Dominique Bureau

Les plongeurs participant au relevé sont équipés de barres de mètres et de planchettes à pince sur lesquelles sont fixées des feuilles de données. Photo: Dominique Bureau

Photo : Transformations des panopes. Photo : Claudia Hand

Transformations des panopes. Photo : Claudia Hand

Photo : Transformations des panopes. Photo : Claudia Hand

Transformations des panopes. Photo : Claudia Hand

Classification hydroacoustique des fonds marins

La classification hydroacoustique du substrat se prête particulièrement bien à l’étude de la panope, car celle-ci est récoltée sur des sédiments sublittoraux à grain fin. Les relevés hydroacoustiques sont utilisés pour déterminer la composition des sédiments de la couche supérieure du fond marin afin de cartographier la répartition des substrats convenant aux populations exploitables de panopes. En 2018, plus de 37 % des gisements de panopes et plus de 52 % de la superficie des gisements de panopes ouverts à la récolte commerciale ont fait l’objet de relevés hydroacoustiques.

La télédétection hydroacoustique est également utile pour la conception des études biologiques sur le terrain.

Aperçu de la pêche

Photo : Coupe transversale d’une coquille de panope montrant les anneaux de croissance annuels.

Coupe transversale d’une coquille de panope montrant les anneaux de croissance annuels.

La pêche commerciale des panopes en Colombie-Britannique a débuté en 1976. Elle est pratiquée tout au long de la côte de la Colombie-Britannique et est menée par des plongeurs qui utilisent des engins de plongée HOOKA (engins non autonomes). Dans la pêche commerciale, les panopes sont récoltées à la main par des plongeurs qui utilisent un jet d’eau (appelé un « dard ») permettant d’ameublir le substrat autour du coquillage, ce qui permet d’extraire celui-ci vivant. Les panopes sont rapidement transportées aux usines de transformation où elles sont emballées et, habituellement, expédiées vivantes vers les marchés asiatiques.

La pêche récréative se limite aux méthodes de creusage à la main. Il est interdit d’utiliser des engins (« dards ») et des méthodes commerciaux lorsqu’on pratique la pêche sportive à la panope.

La pêche commerciale est gérée selon un régime limitatif qui combine l’imposition d’un total autorisé des captures (TAC), de quotas définis à l’échelon du sous-gisement, de quotas autorisés par des permis individuels, d’ouverture de secteurs et d’un programme de vérification des prises. Les gestionnaires des pêches établissent le TAC en fonction des avis scientifiques et de discussions avec des représentants de l’industrie de la pêche. On défalque du TAC les quantités de panopes prélevées à des fins scientifiques et à des fins de constitution de stocks de reproducteurs dans l’aquaculture, ainsi que pour les programmes de surveillance des biotoxines. Le reste du TAC est divisé en 550 blocs de quotas égaux et répartis entre 55 titulaires de permis. En saison, la pêche est gérée à une échelle spatiale fine (le sous-gisement), ce qui permet de collecter des données qualitatives pour la plupart des gisements ciblés, y compris des estimations de la densité et des indicateurs de productivité.

Une rotation triennale des superficies exploitées est en vigueur dans bon nombre de secteurs de la côte. La région de la côte nord et celle des eaux intérieures sont divisées en trois sous-unités qui comportent des zones de récolte des panopes à peu près égales. Certaines de ces sous-unités sont exploitées à trois fois le taux d’exploitation annuel (jusqu'à un taux de récolte maximal de 5,4 %) une fois tous les trois ans. La principale exception à la rotation des pêches concerne la côte ouest de l’île de Vancouver, où la récolte est pratiquée tous les ans pour que l’on puisse accroître la souplesse de la gestion de la pêche en raison des répercussions de la prédation par la loutre de mer. Ce régime de rotation a pour effet de concentrer l’activité de pêche, ce qui facilite la surveillance des quotas et réduit le nombre de points de débarquement à contrôler. Il permet également d’effectuer un examen plus rigoureux des zones de pêche, puisque les données concernant seulement un tiers de la côte doivent être traitées chaque année.

Plan de gestion intégrée des pêches

Contacts

Erin Wylie
Gestionnaire de la ressource en chef
Pêche à la panope
250-756-7271
Erin.Wylie@dfo-mpo.gc.ca
Dominique Bureau
Biologiste des invertébrés marins
250-756-7114
Dominique.Bureau@dfo-mpo.gc.ca

Pour d'autres contacts du Ministère de la pêche à la panope, veuillez consulter la page des personnes-ressources des mollusques et crustacés.

Pour plus d'information concernant la recherche sur le panope du Pacifique qui se fait à la Station Biologique du Pacifique, veuillez contacter :

Dominique Bureau
Biologiste des invertébrés marins
250-756-7114
Dominique.Bureau@dfo-mpo.gc.ca
Janet Lochead
Biologiste des invertébrés marins
250-756-7139
Janet.Lochead@dfo-mpo.gc.ca

Publications

Publications sur les fausses-mactres

Publications sur le panope

Rapport sur l’état des stocks

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