Points saillants du rapport « L’état du saumon du Pacifique au Canada 2019 : Réponses aux changements climatiques et aux perturbations de l’habitat »
Le rapport sur l’état du saumon du Pacifique au Canada : Réponses aux changements climatiques et aux perturbations de l’habitat nous donne un premier aperçu de la façon dont le saumon réagit aux changements climatiques et aux perturbations de son habitat. Ce rapport est le résultat d'un atelier de 2018, où nos scientifiques ont présenté et discuté des observations et des recherches récentes sur les populations de saumon du Pacifique et leurs écosystèmes. Les récentes vagues de chaleur marines, les changements dans les réseaux trophiques marins, le réchauffement des eaux douces, l’intensification des pluies extrêmes et des sécheresses, ainsi que diverses activités humaines, sont autant de facteurs qui contribuent aux tendances actuelles quant au nombre de saumons.
Certaines populations de saumon réagissent mieux que d’autres, et les différences entre ces populations peuvent fournir des indices sur ce qui pourrait les rendre plus résistantes aux changements climatiques futurs. Ces travaux constituent la base des recherches et de la surveillance qui serviront à améliorer notre gestion du saumon dans un climat en évolution.
L’emblématique saumon du Pacifique
Pour les Canadiens, le saumon du Pacifique est emblématique. Il est d’une importance vitale pour les collectivités des Premières nations à des fins alimentaires, sociales et cérémonielles, et ils contribuent, par la pêche récréative et commerciale, au contexte socioéconomique de la côte Ouest du Canada. Ce poisson joue également un rôle important dans les écosystèmes marins et d’eau douce qu’il utilise tout au long de sa vie.
Nous évaluons et gérons les 5 espèces de saumon du Pacifique suivantes :
- Saumon rouge (Oncorhynchus nerka)
- Saumon quinnat (O. tshawytscha)
- Saumon coho (O. kisutch)
- Saumon rose (O. gorbuscha)
- Saumon kéta (O. keta)
Un climat mondial en évolution
La planète se réchauffe et les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. L’augmentation de la température mondiale par rapport aux niveaux préindustriels est irréversible au cours des siècles à venir.
Au Canada, le taux de réchauffement au cours du dernier siècle a été deux fois plus important que celui de la moyenne mondiale, et il est encore plus élevé aux latitudes nordiques.
Il est encore possible d’atténuer la gravité du changement climatique et de ses impacts, grâce à des mesures d’atténuation et d’adaptation. L’ampleur du réchauffement futur dépendra de notre capacité à réduire nos émissions nettes de CO2 et d’autres gaz à effet de serre. Nous devons également, par la recherche et la planification, nous adapter aux conditions climatiques actuelles et prévues et à leurs effets.
Les changements climatiques et de l’habitat affectent tous les stades de la vie du saumon
Les effets du changement climatique à l’échelle mondiale se font sentir dans les habitats du saumon. La période récente de conditions extrêmement chaudes a entraîné des changements dans l’utilisation par les saumons des écosystèmes d’eau douce et marins tout au long de leur cycle de vie. Les changements à plus long terme du paysage, d’origine humaine et naturelle, interagissent avec ces effets.
Les changements dans les écosystèmes marins et d’eau douce utilisés par le saumon du Pacifique comprennent :
- Températures de l’eau plus élevées
- Changements du réseau trophique
- Changements dans le moment où les débits de pointe des rivières atteignent leur point culminant
- Davantage de sécheresses et de fortes pluies
- Accroissement de l’érosion
- Rétrécissement des glaciers et raccourcissement des périodes de couverture glaciaire sur les rivières et les lacs
Ces changements touchent le saumon du Pacifique à toutes les étapes de son cycle de vie et modifient le nombre et l’emplacement de ceux qui survivent pour frayer.
Impact du changement climatique sur les habitats du saumon
Depuis 1950, les températures de l’océan Pacifique Nord-Est augmentent de façon régulière.
Une vague de chaleur marine extrêmement forte, surnommée la « masse » (The Blob), a été présente de 2013 à 2017 dans l’océan Pacifique Nord-Est, où la plupart des saumons du Pacifique canadien se nourrissent et se développent. Un fort épisode d’El Niño de la fin de 2015 au début de 2016 a provoqué un réchauffement supplémentaire dans cette région, ce qui a entraîné les températures océaniques les plus élevées observées en 137 ans de surveillance.
On s’attend à ce que les vagues de chaleur extrêmes en mer et les phénomènes El Niño deviennent plus fréquents avec les changements climatiques.
Les rapports annuels que nous produisons sur l’état de l’océan Pacifique contiennent des renseignements détaillés sur les conditions de l’océan Pacifique Nord-Est. Le Rapport sur l’état de l’océan de 2012 fait état de l’évolution de la situation dans les océans du Canada.
Changement climatique et réseaux trophiques marins
Les vagues de chaleur marines affectent les processus physiques et biologiques dans l’océan, causant des effets considérables sur le réseau trophique marin dont dépend le saumon.
Des espèces de zooplancton moins nutritives, généralement présentes au sud de la Colombie-Britannique, dominent l’océan Pacifique Nord-Est pendant les périodes plus chaudes. Le zooplancton est un petit animal qui se trouve à la base de la chaîne alimentaire du saumon.
Des espèces aquatiques du Mexique et d’autres régions du sud apparaissent également dans les eaux marines locales pendant les périodes de chaleur inhabituelle. Par exemple, au cours de la vague de chaleur la plus récente, un grand nombre de pyrosomes ont été observés dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique. Ces animaux ne sont généralement pas détectés dans cette zone. Bien qu’on ne comprenne pas bien comment ces espèces inhabituelles interagissent avec le saumon, ces observations indiquent que les écosystèmes marins et les réseaux alimentaires sont en train de changer.
Changement climatique dans les habitats du saumon d’eau douce
Le réchauffement climatique entraîne de nombreux changements dans l’utilisation par le saumon des cours d’eau et des lacs pendant les étapes critiques de sa vie en eau douce. Certains de ces changements comprennent des températures plus chaudes de l’eau, des changements dans les régimes de débit des rivières au fil des saisons, des débits plus extrêmes, l’érosion du sol, de la roche et de la matière organique dans les plans d’eau, la baisse des niveaux d’oxygène dans certains lacs et des changements dans le moment où les rivières et les lacs gèlent.
Effets généralement négatifs de ces changements :
- Réduction de la disponibilité et de la qualité de l’habitat du saumon
- Stress pour le saumon, ce qui le rend moins sain et provoque parfois la mort
- Modification du calendrier des processus biologiques, ce qui crée des déséquilibres avec les disponibilités alimentaires
- Accélération du métabolisme du saumon, ce qui signifie que le saumon a besoin de plus de nourriture pour grandir
Impacts des changements du paysage sur les habitats du saumon en eau douce
Les humains modifient les paysages de la Colombie-Britannique et du Yukon d’une manière qui nuit à l’habitat du saumon.
Des changements du paysage à grande échelle se sont produits à long terme dans les habitats du saumon. Le développement urbain, l’agriculture, l’exploitation minière, la foresterie et d’autres activités humaines contribuent à accroître la pollution, les apports de nutriments, l’extraction de l’eau et la déforestation. De tels changements peuvent rendre les écosystèmes d’eau douce encore plus vulnérables aux effets du changement climatique, par leurs effets sur la disponibilité et la qualité de l’eau pour le saumon.
Par exemple, la perte du couvert forestier autour des rivières et des lacs élimine l’effet rafraîchissant de l’ombre, ce qui fait augmenter davantage la température de l’eau sous l’effet de la hausse des températures de l’air associée au changement climatique.
La déforestation rend également les vallées fluviales plus sensibles à l’érosion et aux glissements de terrain, deux phénomènes qui augmenteront à mesure que le changement climatique apportera davantage de précipitations et de pluies abondantes sur la côte ouest du Canada. L’érosion accrue du sol, des roches et de la matière organique dans les rivières et les lacs peut nuire au saumon par la diminution de la qualité de l’eau et l’étouffement de ses œufs en incubation, et peut l’empêcher de migrer.
Autres facteurs qui affectent le saumon
Les pêches, les écloseries, les maladies, les polluants, les espèces envahissantes et d’autres facteurs naturels et anthropiques peuvent également affecter le saumon.
Le changement climatique interagit avec tous ces facteurs, et d’autres, pour influencer le nombre de saumons.
Des recherches sont en cours pour évaluer les effets des écloseries, des maladies, des contaminants et des espèces envahissantes, tant dans le cadre de nos propres programmes que d’initiatives externes, notamment des programmes de recherche universitaires.
Nous nous efforçons de mieux comprendre comment ces facteurs interagissent avec le saumon, seuls ou cumulativement, et comment ils interagissent avec le changement climatique.
Tendances récentes à l’égard du nombre de saumons
Fisheries, hatcheries, disease, pollutants, invasive species, and other natural and human-caused factors can also affect salmon.
Le déclin du nombre de saumons quinnat est aggravé par la diminution de l’âge et de la taille des remontées pour un âge donné, de la taille des œufs et du nombre d’œufs produits par femelle. Il y a quelques exceptions à ces importantes diminutions, comme les populations de la côte est de l’île de Vancouver.
De nombreuses populations de saumon rouge et de saumon coho sont en baisse dans le sud de la Colombie-Britannique..
Plusieurs populations de saumon rouge et de saumon coho du sud de la Colombie-Britannique ont été désignées en voie de disparition ou menacées par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Certains saumons rouges du sud de la Colombie-Britannique se portent mieux que d’autres, notamment les populations qui vivent dans des lacs éloignés et en haute altitude quand elles sont juvéniles. Plus récemment, des déclins ont également été observés dans certaines populations de saumon rouge du nord de la Colombie-Britannique.
Le saumon rose et le saumon kéta se portent généralement mieux, à quelques exceptions près.
Tendances récentes de la quantité de saumons
Version textuelle
La qualité et la quantité des données varient en fonction de la zone et de l’espèce, et sont indiquées entre parenthèses à côté de chaque tendance :
- Élevé (E)
- Moyen (M)
- Faible (F)
- Très faible (TF)
Zone | Saumon rouge | Saumon chinook | Saumon coho | Saumon rose (année impaire) | Saumon rose (année paire) | Saumon kéta |
---|---|---|---|---|---|---|
Yukon | Aucune tendance (M) | Déclin (M) | Aucune tendance (F) | SO | SO | Aucune tendance (F) |
Zone transfrontalière Canada–États-Unis | Déclin récent (E) | Déclin (E) | Déclin récent (M) | Aucune tendance (TF) | Déclin (TF) | Aucune tendance (TF) |
Nord de la Colombie-Britannique | Déclin très récent (M) | Déclin (M) | Aucune tendance (F) | Aucune tendance (F) | Aucune tendance (F) | Aucune tendance (F) |
Sud de la Colombie-Britannique | Déclin (E) | Déclin (M) | Déclin (M) | Aucune tendance (F) | Déclin (TF) | Mixte (F) |
Caractéristiques des populations de saumon sains
Malgré les effets combinés du changement climatique et de la perturbation de l’habitat, les populations de saumon n’ont pas toutes diminué au cours des dernières années. On peut se faire une idée de la façon dont le saumon réagira au changement climatique futur en comparant le rendement des populations de saumon au cours de la période récente de conditions extrêmement chaudes et des changements connexes.
Les populations de saumon du Pacifique canadien qui n’ont généralement pas connu d’importantes baisses au cours des dernières années ont certains traits en commun. Il s’agit notamment des populations qui :
- frayent plus au nord;
- passent moins de temps en eau douce;
- utilisent en grande partie des habitats d’eau douce non perturbés; et,
- sont plus à même de frayer dans divers lieux et habitats.
D’autres facteurs contribueront également aux réactions des populations de saumon du Pacifique au changement climatique. Notre compréhension de ce qui détermine ces comportements est encore incomplète.
Le maintien des populations futures de saumon face au changement climatique nécessite une collaboration
Pour prévoir les tendances futures des populations de saumon du Pacifique en réaction aux changements subis par le climat et l’habitat, nous devons comprendre ce qui les rend vulnérables à ces changements.
Notre rapport sur l’état du saumon du Pacifique au Canada : Réponses aux changements climatiques et aux perturbations de l’habitat constitue un point de départ pour ce travail.
Un autre atelier que nous avons organisé fournit des méthodes d’évaluation de la vulnérabilité du saumon au changement climatique.
Le service des pêches de la NOAA a entrepris des évaluations de la vulnérabilité du saumon aux États-Unis, et ce travail peut contribuer aux travaux connexes sur les populations de saumon du Pacifique du Canada. Rapport de la NOAA sur la vulnérabilité du saumon (anglais seulement).
La collaboration internationale a également commencé dans le cadre de l’Année internationale du saumon. Cela nous permettra d’améliorer notre compréhension des tendances du saumon et des écosystèmes à l’échelle mondiale.
Nous avons mis sur pied un Pacific Salmon-Ecosystem Climate Consortium pour favoriser l’intégration de notre science collective sur le saumon, ses écosystèmes et son climat. Ce travail de collaboration intégrera les données scientifiques pertinentes afin d’améliorer les prévisions des réactions du saumon au changement climatique. Parmi les groupes qui seront invités à participer, mentionnons des spécialistes du saumon et des écosystèmes du gouvernement, du milieu universitaire, des Premières nations et d’organisations environnementales.
Nous sommes les principaux responsables de la gestion du saumon du Pacifique du Canada. Cependant, nous partageons cette responsabilité avec d’autres lorsqu’il s’agit de maintenir des écosystèmes sains pour soutenir le saumon sauvage dans les zones d’eau douce et marines. Environnement et changements climatiques Canada, les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Yukon, les Premières nations et d’autres intervenants doivent participer officiellement à ces processus de collaboration. Cet engagement est essentiel pour faire avancer les travaux sur la vulnérabilité du saumon au changement climatique.
Études scientifiques sur le saumon du Pacifique et ses écosystèmes
Nous effectuons des activités de surveillance et de recherche pour suivre et comprendre pourquoi le nombre de saumons varie d’une population à l’autre et au fil du temps. Nous comptons sur de nombreux autres groupes contribuant à ce travail, notamment les communautés autochtones, les universités, les organismes sans but lucratif et les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Yukon.
L’étude du saumon et de ses écosystèmes favorise la gestion des populations de saumon et de leurs habitats. Une grande partie de ce travail se concentre sur le stade de vie adulte dans les eaux marines et au moment où ils retournent à leurs frayères. Des travaux sur les stades biologiques plus jeunes sont également menés dans quelques systèmes d’eau douce, dans le détroit de Géorgie et les eaux côtières, ainsi que dans le Pacifique Nord-Est.
L’intégration et l’élaboration de nouvelles recherches sur le saumon sont nécessaires pour mieux comprendre comment il réagira au changement climatique et à l’habitat. Cela comprend la recherche concertée sur tous les sujets liés au saumon, notamment la physiologie, la dynamique des populations, l’évolution, les interactions entre les espèces et les prévisions des changements de l’habitat liés au climat.
État actuel et futur de notre saumon du Pacifique
Notre rapport sur l’état du saumon du Pacifique décrit comment le saumon et ses écosystèmes ont réagi à une période récente de conditions chaudes combinées à des changements d’habitat à long terme. Cela fournit des indices sur la façon dont le saumon peut réagir au changement climatique et aux changements d’habitat futurs.
Nous avons appris que certaines populations de saumon ont mal réagi à ces changements, à l’inverse d’autres.
En comparant les tendances entre les populations et les espèces, nous avons acquis un aperçu des caractéristiques des populations de saumon qui pourraient être plus résistantes au changement climatique futur.
Une surveillance efficace du saumon et de ses écosystèmes, la recherche connexe et l’intégration de tous ces travaux peuvent aider à affiner nos prévisions.
Cette information est essentielle à la protection et à la restauration de l’habitat, au rétablissement du saumon et aux activités de gestion des pêches afin de maintenir des populations de saumon saines malgré le changement climatique.
Liens connexes
- Le rapport sur l’état du saumon du Pacifique au Canada : Réponses aux changements climatiques et aux perturbations de l’habitat
- Vidéo : Surveillance de l’océan sur la côte ouest canadienne
Saumons du Pacifique
- Préservons les saumons du Pacifique
- Plan de mise en œuvre de la Politique concernant le saumon sauvage
Changements climatiques
- Rapport sur le climat changeant du Canada, 2019
- Réchauffement de la planète de 1,5 °C – IPCC (2018) (en anglais seulement)
- Répercussions, adaptation et vulnérabilité – IPCC (2014) (en anglais seulement)
Changements climatiques dans le milieu marin
- État de l’océan Pacifique
- L’année la plus chaude, la « masse » (The Blob), La Nina, et une série d’événements inhabituels, 2016
- Page Web sur El Niño de la NOAA (en anglais seulement)
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