Les activités scientifiques dans le Banc-des-Américains
Transcription
Narrateur : Le haut-fond du Banc-des-Américains est un vaste carrefour biologique où de nombreuses espèces de poissons, d'invertébrés et de mammifères marins convergent dans un impressionnant tourbillon d'abondance alimentaire.
Texte à l'écran : Les refuges marins des coraux et des éponges du golfe Saint-Laurent
Pêches et Océans Canada
Renée Gagné, Biologiste, Planification et conservation marine, Pêches et Océans Canada : L'aire marine protégée du Banc-des-Américains est située au large, à l'extrémité est de la péninsule gaspésienne, dans le prolongement de la pointe de Forillon. Elle fait une superficie de 1000 kilomètres carrés et à titre comparatif, ça représente deux fois la superficie de l'île de Montréal.
Geneviève Faille, Biologiste, Conservation marine, Pêches et Océans Canada : Le Banc-des-Américains se retrouve à un endroit particulier où on retrouve le courant de Gaspé qui va amener beaucoup de nutriments, de zooplancton qui vont se concentrer à cet endroit-là, puis permettre un grand potentiel de nourriture pour les baleines dont certaines espèces en péril. C'est aussi un endroit particulier par la grande biodiversité qu'on y retrouve autant chez les invertébrés que dans les populations de poissons.
Narrateur : Plusieurs activités de recherche scientifique ont démontré la richesse unique de cet écosystème et ont mené le gouvernement du Canada ainsi que le gouvernement du Québec à créer conjointement l'aire marines protégée du Banc-des-Américains.
Gevneviève Faille : Dans le cadre du suivi écologique, mon équipe est chargée d'un relevé d'imagerie sous-marine. L'objectif des missions en mer, c'est d'aller filmer les fonds sous-marins pour pouvoir observer les différentes espèces qui s'y trouvent et aussi pour les dénombrer. Pour notre mission, on utilise trois équipements différents pour effectuer l'imagerie sous-marine. Sur les Plaines, on va utiliser un traîneau qui est tracté par le navire et qui va filmer vers l'avant et prendre des photos directement du fond. Dans les habitats plus accidentés, on utilise la caméra déposée. Pour mieux échantillonner les espèces mobiles comme des poissons ou les crabes des neiges, on utilise un système de caméra appâté.
Renée Gagné : Pour l'aire marine protégée du banc des Américains, deux zones de gestion ont été établies. La première, la zone un, correspond à la zone centrale; c'est la crête rocheuse. C'est un milieu avec une grande biodiversité et il est très fragile. C'est entre autres pour cette raison que la réglementation y est plus rigoureuse.
Geneviève Faille : C'est un endroit où on va retrouver un substrat rocheux ou un substrat mixte, des cailloux, des galets, du sable, et dans une profondeur de 60 mètres à douze mètres. On y retrouve des espèces qui se fixent aux rochers comme des algues rouges, des algues encroûtantes, des anémones. Mais on peut aussi observer des concombres de mer, des étoiles de mer et une diversité de poissons.
On fait également le suivi du loup atlantique qui est une espèce à statut préoccupant. Le loup est particulier. Il vit caché dans des crevasses, dans des terriers qu'on retrouve sur le dessus de la crête au Banc-des-Américains. Et le meilleur moyen de l'observer, c'est en plongée sous-marine.
Au bout de la crête, on retrouve une falaise impressionnante de plus de 80 mètres de hauteur sur plusieurs centaines de mètres de largeur.
Cette falaise est rocheuse, donc on va y retrouver des espèces qui se fixent aux rochers comme des anémones, une grande diversité d'espèces d'éponges et on peut aussi voir quelques autres espèces comme des étoiles de mer.
Renée Gagné : Au niveau de la zone deux, ça correspond aux plaines adjacentes à la crête rocheuse. C'est un secteur qui est considéré un petit peu moins fragile et c'est entre autres pour cette raison que certaines activités vont pouvoir être réalisées si elles ne vont pas à l'encontre des objectifs de conservation.
Geneviève Faille : Sur ces plaines, le substrat est meuble, donc beaucoup plus comme de la vase, avec des profondeurs entre 60 et jusqu'à 210 mètres. Et on va donc retrouver des espèces différentes. Principalement, on peut voir des ophiures, des coraux mous comme des framboises de mer, mais également des crabes des neiges, différentes espèces de crevettes. C'est aussi un endroit où on peut observer des espèces fourragères, par exemple des bancs de Caplan ou du hareng
Pour avoir un suivi complet, il est important d'avoir des données sur l'environnement. On échantillonne donc la colonne d'eau avec un CTD qui est un appareil qui permet d'obtenir des mesures de température, de salinité, de profondeur. On peut donc à ce moment-là avoir une idée de la température, par exemple au fond, qui pourrait être directement affecter les espèces qui sont là. Actuellement il y a au-dessus de 40 indicateurs qui ont été identifiés pour suivre les objectifs de conservation du Banc-des-Américains.
Narrateur : Le programme de suivi du Banc-des-Américains inclut, entre autres, les données provenant de relevés faits à grande échelle par Pêches et Océans Canada, comme le relevé multispécifique qui amasse des données sur les espèces présentes sur le fond. Un relevé sur le crabe des neiges qui caractérise chaque crabe recueilli. Un relevé acoustique du hareng pour en évaluer la biomasse ainsi qu'un monitorage de l'environnement marin en temps réel grâce à une bouée océanographique automatisée déployée dans l'aire marine protégée. Cette bouée Viking est aussi équipée d'un système de détection acoustique des mammifères marins.
Geneviève Faille : C'est important de mettre en place un programme de suivi pour pouvoir évaluer l'état de nos habitats et de nos espèces importantes de notre aire marine protégée. C'est aussi essentiel de pouvoir suivre dans le temps les tendances de ces espèces et de ces habitats-là. Le programme de suivi peut également permettre de suivre l'intensité des activités qui ont encore lieu dans la marine protégée, par exemple: le trafic maritime, les activités d'observation en mer et certaines activités de pêche.
Narrateur : L'aire marine protégée du Banc-des-Américains occupe une fonction vitale dans la sauvegarde de la variété biologique du golfe du Saint-Laurent. En préservant cette zone, nous renforçons la capacité de l'écosystème de la côte est du Canada à faire face aux défis environnementaux d'aujourd'hui et de demain.
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