Gardiens de la Première Nation Mamalilikulla
La Première Nation Mamalilikulla (Mama-lee-lee-kalla) et Pêches et Océans Canada (MPO) collaborent. Ensemble, nous protégeons l'écosystème marin unique et fragile du bras de mer Knight, en Colombie-Britannique.
À propos des gardiens
Les membres de la Première Nation Mamalilikulla sont les gardiens traditionnels du refuge marin Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala (Lull/Hoeya), une zone récemment délimitée dans le bras de mer Knight. Les gardiens de la Première Nation Mamalilikulla sont maintenant formés pour contribuer à la mise en œuvre des politiques et des procédures du MPO, mais ils sont d'abord et avant tout guidés par l'Aweenak'ola, une loi traditionnelle de leur nation.
« Lorsque nous parlons de l'Aweenak'ola, nous voulons dire que nous ne faisons qu'un avec la terre, la mer, le ciel et le surnaturel », dit John Powell, conseiller en chef Winidi de la Première Nation Mamalilikulla. « Les créatures de l'eau, de la terre, de la mer et du ciel sont toutes des créatures que nous devons nourrir. Nous avons le devoir de les protéger. Nous devons veiller à gérer notre territoire de manière à ce qu'il présente des conditions propices à leur accueil. »
Consciente de la grande biodiversité et de l'importance culturelle du bras de mer, ainsi que des espèces rares qu'il abrite, la Première Nation Mamalilikulla collabore étroitement avec la province de la Colombie-Britannique et le gouvernement du Canada pour protéger la zone. Les animaux protégés dans le refuge marin Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala (Lull/Hoeya) font partie d'un milieu marin diversifié. On y trouve 240 espèces aquatiques, dont 46 espèces rares et fragiles. Il s'agit :
- de coraux d'eau froide;
- d'éponges;
- d'anémones.

Groupement massif d'éventails de coraux Primnoa (environ 1,50 m de large x 1,2 m de haut) flanqué d'un banc de sébastes à queue jaune. © Pauline Ridings, 2023
Ces espèces vivent sur le seuil de Hoeya. Cette dorsale sous-marine offre des conditions aquatiques uniques favorables à la présence d'imposants coraux gorgones arborescents. Ces coraux constituent un habitat dans lequel une quantité innombrable d'autres espèces peuvent prospérer.
Le refuge marin est également l'habitat d'herbiers de zostères et de peuplements d'algues importants. Il comprend également deux grands estuaires intertidaux, qui sont essentiels pour la santé de l'écosystème océanique. Ces estuaires subviennent aux besoins d'oiseaux rares et en voie de disparition, ainsi qu'aux besoins des grizzlis, qui revêtent une importance culturelle.
Le seuil de Hoeya, situé dans le refuge marin, est particulièrement remarquable en raison des courants profonds qui remontent par-dessus la dorsale. Des espèces qui ne sont normalement présentes qu'à des profondeurs plus importantes sont ainsi en mesure de prospérer à seulement 12 mètres sous la surface. En raison des eaux peu profondes. l'écosystème est idéal pour la réalisation d'études scientifiques. Il est toutefois extrêmement susceptible d'être endommagé par les activités de pêche en contact avec le fond, qui sont courantes dans la zone. Les espèces fragiles dont la croissance est lente, comme les coraux gorgones, sont particulièrement vulnérables.
Le refuge marin comporte des caractéristiques archéologiques intertidales notables, lesquelles :
- témoignent de la longue occupation de la zone par la Première Nation Mamalilikulla;
- comprennent des pièges à poissons et des bordigues en pierre, ainsi qu'un passage de canot lié à trois anciens villages.
La voie vers la protection
La population qui vivait sur le territoire des Mamalilikulla était considérable avant l'arrivée des Européens. Elle a toutefois chuté à environ 2 000 personnes dans les années 1840 et 1850. Un petit nombre de membres de la Première Nation Mamalilikulla vivaient encore à Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala en 1914. Cette année-là, la Commission McKenna-McBride a été mise sur pied pour étudier l'ajout de réserves foncières. La Commission a rejeté les propositions de la Première Nation Mamalilikulla relatives à la création de réserves à Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala.
Par conséquent, depuis les années 1920, aucun des 400 membres actuellement inscrits de la Première Nation Mamalilikulla n'a eu de lien direct avec son territoire ancestral et aucun n'y a habité. Toutefois, conscients du déclin de la santé des écosystèmes qui s'y trouvent, et conformément à la loi d'Aweenak'ola, les membres de la Première Nation Mamalilikulla ont créé un programme de gardiens afin d'assurer à nouveau leur présence dans leur territoire et de reprendre leur rôle d'intendance.
Compte tenu des nouveaux engagements internationaux pris par le Canada quant aux cibles à atteindre en matière de protection des milieux marins et des terres, et du fait que des écosystèmes et des sites culturels uniques sont en danger, la Première Nation a publiquement désigné la zone comme une aire protégée et de conservation autochtone le 29 novembre 2021.
Le MPO était déjà au courant des dommages causés au seuil de Hoeya par de multiples types d'engin de pêche. Le Secrétariat canadien des avis scientifiques et diverses organisations environnementales non gouvernementales ont documenté la biodiversité du site. La Première Nation Mamalilikulla et le MPO ont également proposé d'inclure la zone du seuil de Hoeya dans un nouveau réseau régional d'aires marines protégées.
En 2022, d'autres discussions ont abouti à l'élargissement de la proposition afin d'y intégrer des mesures de protection plus concrètes et de tenir compte des intérêts en matière de conservation culturelle de la Première Nation Mamalilikulla.
En février 2023, lors du cinquième Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC5), ces efforts conjoints ont été couronnés par une annonce du gouvernement du Canada, de la Première Nation Mamalilikulla et de la province de la Colombie-Britannique concernant la création d'un nouveau refuge dans la partie marine de l'aire protégée et de conservation autochtone de Mamalilikulla et une fermeture des pêches connexe en vue de protéger les écosystèmes importants du site.
Il s'agissait du premier site désigné parmi ceux proposés par un nouveau réseau d'aires marines protégées dans la biorégion du plateau Nord, créé et mis en œuvre conjointement par des Premières Nations, la province de la Colombie-Britannique et le gouvernement du Canada.
La création du refuge marin Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala (Lull/Hoeya), d'une superficie de 21,4 km2 (8,3 milles carrés), contribue à l'atteinte des objectifs de conservation marine du Canada, soit de conserver 25 % des zones marines et côtières d'ici 2025, et 30 % d'ici 2030.

Une des espèces d'éponges d'eau peu profonde que l'on trouve dans les eaux peu profondes du seuil Hoeya. © Pauline Ridings, 2016
La biorégion du plateau Nord est très productive. Les caractéristiques du fond de la mer ainsi que les caractéristiques écologiques et océanographiques y sont uniques. La biorégion englobe environ les deux tiers de la côte de la Colombie-Britannique; elle s'étend de l'extrémité supérieure de l'île de Vancouver jusqu'à la frontière canado-américaine en Alaska, et comprend l'île Quadra et le bras de mer Bute. Les refuges marins constituent des mesures de gestion des pêches (lesquelles comprennent la mise en œuvre de fermetures en vertu de la Loi sur les pêches) qui sont considérées comme d'autres mesures de conservation efficaces par zone.
Ces mesures de protection sont bénéfiques pour la biodiversité et sont destinées à être mises en œuvre à long terme. Elles contribuent de façon durable à la conservation marine.
Un réseau d'aires marines protégées est un ensemble de sites protégés individuellement qui, si on les considère dans leur ensemble, protègent la biodiversité et d'importantes caractéristiques écologiques de l'océan.
« La création du refuge marin Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala (Lull/Hoeya) est un moment déterminant pour la protection et la conservation d'un écosystème très important dans notre océan. C'est aussi l'illustration de la collaboration nécessaire pour assurer une véritable conservation », affirme Heather Brekke, gestionnaire régionale, Conservation marine, MPO.
Collaboration et renforcement des capacités
Grâce au financement alloué dans le cadre du Programme de contribution pour la gestion des océans du MPO, des activités de collaboration au sein du refuge marin Gwa̲xdlala/Nala̲xdlala sont en cours et comprennent :
- des activités de surveillance et d'intendance;
- l'élaboration d'un plan de gestion.
Le présent projet contribuera au renforcement des capacités et à l'acquisition de connaissances au sein de la Première Nation Mamalilikulla et du MPO.
Dans le cadre du projet, du financement et une formation sont offerts aux gardiens de la Première Nation Mamalilikulla, qui assurent la surveillance du refuge. Ces derniers sont chargés de déceler toute activité maritime susceptible d'endommager les écosystèmes sous-marins vulnérables. Le projet permet donc d'améliorer les capacités en matière de surveillance dans ce lieu éloigné.

Un crabe royal de Puget Sound juvénile et coloré se reposant sur un rare hydrocoralliaire de Verrill, que l'on ne retrouve généralement pas dans les eaux peu profondes. © Pauline Ridings, 2021
Il permet aussi de fournir à la Première Nation Mamalilikulla les ressources nécessaires pour gérer les activités de relevés en plongée sous-marine au seuil de Hoeya et y participer. Ces relevés permettent d'acquérir des connaissances sur la biodiversité unique de la zone, notamment sur les variétés de coraux, d'éponges et d'espèces aquatiques qui y vivent et sur leur évolution.
Les données recueillies par l'intermédiaire des relevés en plongée aideront à déterminer les zones vulnérables et à élaborer le plan de gestion du refuge.
« Ce projet constitue une occasion de comprendre et d'appuyer les lignes directrices, les normes et les règlements établis par le gouvernement pour encadrer la protection marine. Même si nous ne faisons pas de distinction entre ces éléments, conformément à notre ancienne loi d'Aweenak'ola, travailler main dans la main avec des partenaires comme le MPO nous donne l'occasion d'acquérir des connaissances au sujet de méthodes occidentales particulières tout en nous permettant d'assurer nous-mêmes l'intendance dans la zone », dit le conseiller en chef Winidi. « Nous avons donc une certaine autorité en ce qui concerne l'environnement et nous veillons à ce que les êtres qui y vivent puissent prospérer. La zone est également très importante pour notre peuple; il s'agit de notre région d'origine et nous y avons un long passé avec lequel nous souhaitons renouer. Un jour, nous pourrons y revenir et profiter des lieux de la même façon que nos ancêtres. »
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