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Haplosporidium costale (SSO) de l'huître

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Catégorie 2 (au Canada et d'intérêt régional)

Noms courants et généralement admis de l'organisme ou de l'agent pathogène

Organisme de mer, SSO

Nom scientifique ou classification taxonomique

Haplosporidium costale, (= Minchinia costalis) actuellement de la famille des Haplosporidiidae, de l'ordre Haplosporida, de la classe Haplosporea du phylum Haplosporidia (Burreson et Ford 2004). Toutefois, la taxonomie des haplosporidés doit faire l'objet d'une révision exhaustive (Hines et al. 2009).

Répartition géographique

  1. De la passe Long Island, dans l'État de New York, jusqu'au cap Charles, en Virginie, aux États-Unis, dans les eaux de grande salinité (plus de 25 parties par millier (ppm)). Des haplosporidés identiques à H. costale sur le plan morphologique ont été détectés chez C. virginica dans la baie de Tomales, en Californie, (É-.U.) qui avaient été transportés depuis les environs de New Haven, au Connecticut, plus de 18 mois plus tôt (Katkansky et Warner 1970). En 2002-2003, des plasmodes, mais pas des spores, de H. costale ont été détectés à une faible prévalence et intensité d'infection chez C. virginica à plusieurs endroits dans le sud du golfe du Saint-Laurent, sur la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse et dans le lac Bras d'Or au cap Breton, en Nouvelle-Écosse (Canada).
  2. Signalement d'une faible prévalence de Crassostrea gigas provenant des régions côtières de la mer de Bohai et de la mer Jaune (Chine) par Wang et al. (2010). Des infections ont été détectées et identifiées à l'aide d'outils moléculaires, notamment l'hybridation in situ de coupes de tissus, une réaction en chaîne de la polymérase (RCP) précise sur un extrait d'ADN génomique du tissu de la glande digestive, puis d'un séquençage de l'ADN des produits de la RCP (Wang et al. 2010).

Espèces hôtes

  1. Crassostrea virginica.
  2. Crassostrea gigas.

Impact sur les hôtes

  1. Peut causer une mortalité saisonnière aiguë (4-6 semaines) en mai et en juin en Virginie et au Maryland qui coïncide avec la sporulation de H. costale chez C. virginica (Couch et Rosenfield 1968, Andrews et Castagna 1978, Andrews 1984). La prévalence de H. costale et, par conséquent, la mortalité des huîtres est habituellement de moins de 20 %, mais elle peut atteindre 40 % certaines années le long des côtes de la Virginie. La mortalité des huîtres attribuable à la maladie SSO semble être grandement inférieure dans la partie nord de son aire de répartition (Burreson et Stokes 2006). En règle générale, les infections par H. costale sont transmises au début de l'été, mais ne se déclarent qu'au mois de mars suivant. Les plasmodes se multiplient rapidement et leur sporulation synchrone, qui survient à la fin du mois de mai ou au début de juin, s'avère mortelle pour l'hôte. (Burreson et Stokes 2006). Dans la passe Long Island, de rares cas (0,08 %) de sporulation ont été détectés d'octobre à décembre (Sunila et al. 2002). La détection et la confirmation de la présence de plasmodes de H. costale à l'aide de sondes à ADN en octobre en Virginie et dans la passe Long Island (Stokes et Burreson 2001, Sunila et al. 2002) était une première et a remis en question les critères historiques de la saisonnalité et de l'épizootiologie de ce parasite. Il n'était pas clair si ce changement apparent dans la saisonnalité était réel ou découlait simplement d'une meilleure spécificité diagnostique (Burreson et Ford 2004). La présence du Haplosporidium costale est limitée aux eaux des baies côtières présentant une salinité élevée; il n'est pas observé dans les zones affichant une salinité de moins de 25 ppm. De plus, le cycle vital de H. costale demeure inconnu. (Burreson et Stokes 2006). Des essais d'hybridation in situ indiquent qu'il se produit des co-infections avec Haplosporidium nelsoni (MSX).
  2. Aucun effet de H. costale sur C. gigas n'a été signalé.

Techniques de diagnostic

Observations générales

Aucun signe général fiable de cette infection n'a été remarqué. La maladie SSO évolue habituellement rapidement, et la mortalité survient si subitement que les huîtres infectées peuvent sembler en santé.

Histologie

nbsp;: La technique habituellement utilisée pour diagnostiquer le H. costale consiste à procéder à un examen histologique de morceaux de tissu imprégnés de paraffine (de 5 à 6 µm d'épaisseur) et coloration à l'hématoxyline-éosine à l'aide d'un microscope photonique. (Burreson et Stokes 2006). Des plasmodes multinucléés (généralement moins de 10 µm de diamètre et contenant un noyau d'environ 1,6 µm de diamètre) et des spores uninucléés contenant un sporoplasme rouge vif (après une coloration de Ziehl-Neelsen modifiée) utilisant de la fuchsine phénatée sont présents de manière extracellulaire dans les tissus conjonctifs. Les spores de H. costale ont réagi au colorant résistant à l'acide lorsque des coupes histologiques ont été colorées à l'aide de ce produit (Graczyk et al. 1998). La sporulation synchrone de ce parasite se produit dans les tissus conjonctifs de la glande digestive, du manteau et des gonades, mais pas dans l'épithélium des tubules digestifs. Les plasmodes ne sont faciles à détecter que de mars à juin et l'infection est souvent associée à une l'infiltration hémocytaire intense, mais la phagocytose des plasmodes est rare (Burreson et Stokes 2006). Des spores (environ 3-4 µm de diamètre) sont généralement présentes chez les huîtres moribondes (myes). À tous ses stades, H. costale mesure environ la moitié de Haplosporidium nelsoni (MSX) et, contrairement à H. nelsoni, ses spores ne sont pas présentes dans l'épithelium des tubules digestifs. Toutefois, en l'absence de spores, il est pratiquement impossible de faire la distinction entre H. costale et H. nelsoni en effectuant un examen histologique conventionnel. Il est difficile de détecter la présence de Haplosporidium costale de juillet à mars.

Microscope électronique

nbsp;: Durant la sporulation, les plasmodes se transforment en sporocystes, qui forment un mur de spores autour du noyau. Les spores (2,6 par 3,1 µm) sont operculées et dotées d'une protéine CAP à une extrémité (Perkins 1969).

Essai immunologique

nbsp;: Les anticorps polyclonaux produits chez les lapins contre les spores de H. costale ont reconnu les spores dans les coupes de tissus d'huîtres recouvertes de paraffine, mais pas les plasmodes du parasite (Burreson 1988).

Sondes à ADN

nbsp;: Une sonde à ADN propre à H. costale a été élaborée à partir de la petite sous-unité de la séquence d'ADN ribosomique (Ko et al. 1995). Plus récemment, on a identifié et testé (Stokes et Burreson 2001) des amorces de réaction en chaîne de la polymérase (RCP) ciblant une région de la petite sous-unité d'ARNr qui sont différentes de celles utilisées par Ko et al. (1995). Une réaction en chaîne de la polymérase multiplexe (c'est-à-dire qui teste simultanément deux pathogènes ou plus lors d'un seul test de réaction) a été élaborée pour H. costale, H. nelsoni et Perkinsus marinus (Penna et al. 1999, 2001; Russell et al. 2000, 2004). L'essai de la PCR et l'essai d'hybridation in situ élaborés pour identifier tout spécialement H. costale, conjointement avec les outils moléculaires auparavant développés pour H. nelsoni, ont permis de dépasser les limites de l'examen histologique, qui ne pouvait pas servir à différencier les plasmodes de ces deux parasites, dont les aires de répartition se chevauchent (Stockes et Burreson 2001, Burreson et Stokes 2006).

Méthodes de lutte antiparasitaire

Il n'existe aucune méthode connue à ce jour. Les pertes peuvent être atténuées en récoltant les huîtres vers l'âge de 18 à 24 mois. Une salinité supérieure à 20 parties par millier semble favorable à H. costale(Andrews et Castagna 1978). La maladie peut être freinée par le déplacement des huîtres infectées dans une eau affichant une plus faible salinité (moins de 25 ppm) (Ford et Tripp 1996). La filtration des particules (filtres de 1 µm) et l'irradiation de l'eau par les rayons UV dans les écloseries ou les nurseries devraient éliminer les stades infectieux, comme c'est le cas pour H. nelsoni(CIEM 2004). Le mode de transmission demeure inconnu.

Références

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Référence bibliographique

Bower, S.M. 2014. Précis des maladies infectieuses et des parasites des mollusques et des crustacés exploités commercialement  : Haplosporidium costale (SSO) de l'huître.

Date de la dernière révision  : Décembre  2014
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