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Plan de rétablissement : Plie rouge, Pseudopleuronectes americanus - Division 4T de l’OPANO

Plie rouge illustration

Région du Golfe

  • Date à laquelle il a été déterminé que le stock se situe à un niveau inférieur ou égal de son point de référence limite: 2006
  • Stock prescrit le 4 avril 2022 selon les dispositions relatives aux stocks de poissons de la Loi sur les pêches
  • Date d’approbation du plan de rétablissement : le 26 mars 2024

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Sommaire

Une pêche dirigée à petite échelle de la plie rouge est pratiquée dans le sud du golfe du Saint-Laurent (sGSL), dans la division 4T de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO). L’espèce est également capturée comme prise accessoire dans la pêche dirigée à la limande à queue jaune, qui a lieu principalement autour des îles de la Madeleine. Un total autorisé de captures (TAC) de 1 000 t a prévalu de 1996 à 2011. Toutefois, le TAC a été réduit à 300 t en 2012 en réponse au déclin continu du stock. Comme il n'y avait aucun signe de rétablissement du stock depuis 2012, le TAC a encore été réduit à 150 t en 2022. En février 2023, une fermeture complète de la pêche commerciale de la plie rouge a été annoncée. La pêche dirigée de la limande à queue jaune a aussi été fermée en raison des captures accessoires importantes de plie rouge et de l’état précaire du stock de limande.

Le stock de plie rouge dans le sGSL est demeuré dans la zone critique du cadre de l’approche de précaution (AP) depuis 2006. Bien que l’on estime que la pêche est la principale cause du déclin initial du stock de plie rouge dans la division 4T dans les années 1970 et 1980, la menace récente qui limite le rétablissement est désormais la mortalité naturelle élevée. Les causes de cette mortalité naturelle élevée ne sont pas entièrement connues, mais les données probantes disponibles soutiennent l’hypothèse que la prédation par les phoques gris est une composante majeure de cette mortalité naturelle accrue.

Comme l’indique le cadre de l’AP, l’objectif premier de ce plan de rétablissement est de favoriser la croissance du stock de plie rouge dans le sGSL pour qu’il puisse sortir de la zone critique en s’assurant que les prélèvements de toutes sources soient maintenus au plus bas niveau possible jusqu’à le que le stock ait quitté cette zone. La cible de rétablissement du plan sera d’accroître le stock pour qu’il se situe au-dessus du point de référence limite (PRL) de 147 800 t, avec une probabilité élevée (≥ 75 %). Si la cible de rétablissement peut être atteinte, l’objectif de gestion à long terme dans le Plan de gestion intégrée des pêches (PGIP) sera de poursuivre la croissance du stock vers la zone saine, puis de maintenir la biomasse du stock reproducteur (BSR) dans cette zone.

L’atteinte et le maintien de la BSR dans la zone saine profiteraient à tous les Canadiens, y compris :

Compte tenu du niveau élevé actuel de mortalité naturelle, de la diminution de la structure de taille et du déclin de la taille estimée à 50 % de maturité sexuelle, il n'y a aucun signe d'amélioration pour le stock de plie rouge du sGSL. De plus, les connaissances scientifiques sur le temps de génération de cette espèce et du stock du sGSL sont incomplètes. Ces conditions sont telles qu’il n’est pas possible pour le moment de calculer un échéancier de rétablissement jusqu'à la cible de rétablissement. Lors de chaque révision du plan, on réévaluera les facteurs limitant le potentiel de croissance de ce stock afin de déterminer s’ils influent toujours sur le stock et s’il est possible de calculer un échéancier de rétablissement. Entre-temps et conformément au cadre de l’AP, ce plan de rétablissement vise à minimiser, dans la mesure du possible, le déclin du stock. Il s’agit de préserver le stock de façon à protéger son potentiel de rétablissement si les conditions qui le limitent changent.

Guidées par le cadre de l’AP, les mesures de gestion définies dans ce plan de rétablissement maintiennent une faible mortalité par pêche pour soutenir le rétablissement tout en assurant la surveillance et l’évaluation du stock. Les mesures suivantes sont prévues :

Acronymes utilisés dans ce document

AP
Approche de précaution
ASR
Pêches à des fins alimentaires, sociales et rituelles par les Premières Nations et les organisations autochtones
BRMD
Biomasse du stock reproducteur (BSR) qui résulte d’une exploitation sur une longue période à un taux de mortalité par pêche concordant à l’atteinte du rendement maximal durable
BSR
Biomasse du stock reproducteur
CCPFG
Comité consultatif du poisson de fond du Golfe
COSEPAC
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada
DSP
Dispositions relatives aux stocks de poissons dans la Loi sur les pêches modifiée (2019)
F
Mortalité par pêche, souvent exprimée en taux instantanée ou taux annuelle (total)
LEP
Loi sur les espèces en péril
GSL
Golfe du Saint-Laurent
M
Mortalité naturelle, souvent exprimée en taux instantanée ou taux annuelle (total)
MPO
Pêches et Océans Canada
OPANO
Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest
PGIP
Plan de gestion intégrée des pêches
PRC
Point de référence cible, déterminé au moyen des objectifs de productivité définis pour le stock, de considérations biologiques plus larges, ainsi que d’objectifs sociaux et économiques pour la pêche
PRL
Point de référence limite de la biomasse à la limite de la zone critique et de la zone de précaution du cadre de l’approche de précaution
PRS
Point de référence supérieur du stock à la limite de la zone de précaution et de la zone saine
RCP
Règles de contrôle des prises, également appelées règles de décision
Relevé par NR
Relevé de recherche (scientifique) effectué chaque année en septembre par un navire
SCAS
Secrétariat canadien des avis scientifiques
sGSL
Sud du golfe du Saint-Laurent
SRAPA
Stratégie relative aux pêches autochtones
t
Tonne métrique, soit 1 000 kg ou 2 204,6 lb
TAC
Total autorisé des captures
TER
Le taux d’exploitation de référence est le taux maximal de prélèvement acceptable pour le stock.
UD
Unité désignable telle que définie par le COSEPAC :(espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte qui peut être évaluée par le COSEPAC, lorsque ces unités sont à la fois discrètes et significatives sur le plan de l’évolution).

Avant-propos

En 2009, Pêches et Océans Canada (MPO) a préparé le document « Un cadre décisionnel pour les pêches intégrant l’approche de précaution »Note de bas de page 1 (Politique sur l’AP) aux termes du Cadre pour des pêches durablesNote de bas de page 2. Ce document décrit la méthodologie du Ministère pour appliquer l’AP aux pêches canadiennes. Un élément important de la Politique sur l’AP stipule que lorsqu’un stock est passé à un niveau inférieur ou égal au point de référence limite (PRL), un plan de rétablissement doit être mis en place de manière à avoir une probabilité élevée de faire passer les stocks au-dessus du PRL dans un délai raisonnable.

En outre, selon l’article 6.2 de la Loi sur les pêches modifiée (2019), qui fait partie des dispositions relatives aux stocks de poissons (DSP), des plans de rétablissement doivent être élaborés et mis en œuvre pour les principaux stocks prescrits qui sont descendus à un niveau égal ou inférieur à leur PRL. Cette exigence légale est soutenue par l’article 70 du Règlement de pêche (dispositions générales), qui définit le contenu requis de ces plans de rétablissement et établit un échéancier pour l’élaboration de chaque plan de rétablissement.

Le présent plan vise à établir les principaux objectifs pour le rétablissement de la plie rouge dans la division 4T de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO), ainsi que les mesures de gestion permettant d’atteindre les objectifs définis. Le présent plan fournit une interprétation commune des règles fondamentales qui régissent le rétablissement du stock. Ce stock est visé par le Règlement de pêche (dispositions générales) [article 69] et donc n’est pas soumis à l’article 6.2 de la Loi sur les pêches et à ses exigences réglementaires.

Les objectifs et les mesures énoncés dans le présent plan demeurent en vigueur tant que le stock n’a pas atteint son objectif de rétablissement. Une fois qu’il sera déterminé que le stock a atteint l’objectif, il sera géré selon le processus standard du plan de gestion intégrée des pêches (PGIP) ou un autre processus de gestion des pêches afin de satisfaire aux exigences des dispositions relatives aux stocks de poissons. Les mesures de gestion énoncées dans le présent plan de rétablissement sont obligatoires et peuvent être modifiées, ou d’autres mesures peuvent être ajoutées si le stock ne se rétablit pas.

Le présent plan de rétablissement ne constitue pas un instrument juridiquement contraignant qui pourrait tenir lieu de fondement à une contestation judiciaire. Le plan peut être modifié en tout temps et n’entrave pas l’exercice du pouvoir discrétionnaire du ministre conféré dans la Loi sur les pêches. Le ministre peut, pour des raisons de conservation ou toute autre raison valable, modifier les dispositions du plan de rétablissement conformément aux pouvoirs qui lui sont accordés en vertu de la Loi sur les pêches.

Les décisions qui découlent de l’application de ce plan de rétablissement doivent respecter les droits des peuples autochtones du Canada reconnus et affirmés par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982, y compris ceux qui sont issus de traités modernes. Lorsque le MPO est chargé de mettre en œuvre un plan de rétablissement dans une zone soumise à un traité moderne, le plan de rétablissement sera mis en œuvre d’une manière conforme à cet accord. Le plan devrait également être guidé par la décision Sparrow rendue en 1990 par la Cour suprême du Canada, selon laquelle le droit des groupes autochtones de pratiquer la pêche à des fins alimentaires, sociales et rituelles a préséance, sous réserve de la conservation des ressources, sur toute autre utilisation de ces dernières.

L’honorable Diane Lebouthillier, C.P., députée.
Ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne

1.0 Introduction et contexte

1.1 Population et répartition

L’aire de répartition de la plie rouge (Pseudopleuronectes americanus) est limitée à l’ouest de l’océan Atlantique. L’espèce est présente du Labrador au nord, jusqu’à l’État de la Géorgie au sud (Scott et Scott 1988). Elle habite principalement les eaux côtières peu profondes, bien que l’on trouve des populations au large dans des endroits comme l’île de Sable et le banc de Georges (Scott 1976). Certaines prises commerciales sont signalées dans le nord du golfe du Saint-Laurent (division 4S de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord (OPANO)) et au large de l'ouest de Terre-Neuve (division 4R de l'OPANO), ce qui indique leur vaste répartition dans tout le golfe.

La plie rouge dans le sud du golfe du Saint-Laurent (sGSL) (division 4T de l'OPANO) habite principalement dans les eaux côtières peu profondes et se limite à la région des îles de la Madeleine et aux zones du sud du Golfe :

La plie rouge peut tolérer un large éventail thermique et peut habiter dans des eaux de température inférieure au point de congélation, en raison de ses protéines antigel qui baissent le point de congélation de son sang à environ -1,4°C. La plie rouge ne quitte pas le Golfe au cours de l'hiver et ne migre pas dans des eaux plus profondes; elle passe l'hiver dans les estuaires ou les zones côtières (MPO 2012).

Bien que les prises aient diminué au fil du temps, la présence de la plie rouge dans les différentes régions du sGSL est généralement demeurée la même, bien qu'à des niveaux d'abondance beaucoup plus faibles, à l'exception de la vallée de Shediac et des zones de l'est de l'Île-du-Prince-Édouard et du nord des Îles-de-la-Madeleine, qui ont maintenant de très faibles captures de plies rouges lors du relevé par navire de recherche (NR) effectué chaque année en septembre (Surette et Rolland 2019).

1.2 Biologie

La plie rouge peut atteindre une longueur totale (LT) de 58 cm et un âge de plus de 15 ans. Le taux de croissance varie selon les zones géographiques, avec une croissance plus lente dans le nord que dans le sud de sa distribution (Pereira et al. 1999).

Les estimations de la taille à 50 % de maturité pour la plie rouge autour des Îles de la Madeleine varient considérablement d’une année à l’autre. Des travaux récents ont montré une tendance à la baisse de la taille à maturité, passant de 22 à 24 cm pour les deux sexes dans les années 1970, aux tailles actuelles d’environ 17 cm (Surette et Rolland 2019). Bien que la tendance soit ponctuée de forts effets liés aux années, elle est clairement visible et est cohérente avec celles observées chez d’autres espèces dans le sud du golfe.

Dans l’aire de répartition nord de la plie rouge, la fraie a lieu à la fin de l’hiver ou au début du printemps:

Il n’y a pas d’observations directes de la période de fraie dans le sGSL. 

La plie rouge fraye près des côtes. La collecte d’œufs de plie rouge dans la nature est difficile en raison de leur nature adhésive et démersale. La plie rouge femelle libère plusieurs centaines de milliers d’œufs qui se déposent sur le fond, adhérant aux rochers et à la végétation. Les mesures de fécondité indiquent qu’à Terre-Neuve, les femelles de 22 à 44 cm peuvent pondre de 99 000 à plus de 2 millions d’œufs (Pereira et al. 1999). Le nombre moyen d’œufs produits par femelle est d’environ 500 000 (Scott et Scott 1988).

L’éclosion des œufs a lieu au bout de 2 à 3 semaines, en fonction de la température. Les larves sont initialement planctoniques et dérivent dans les eaux de surface (MPO 2012). La métamorphose, lorsque l’œil gauche migre vers le côté droit du corps et que les larves deviennent semblables à des limandes, commence environ 5 à 6 semaines après l’éclosion et se termine lorsque les larves atteignent 8-9 mm de longueur, soit environ 8 semaines après l’éclosion. Elles deviennent de plus en plus attirées vers le fond à l’approche de la métamorphose et se fixent sur le fond à une longueur de 9 à 13 mm. (Pereira et al. 1999).

La structure du stock est une source d’incertitude pour cette espèce. La plie rouge a une distribution discontinue près des côtes et certaines caractéristiques connues, comme ses œufs adhésifs et le mouvement limité des animaux marqués, suggèrent qu’il pourrait y avoir des populations reproductrices locales dans la division 4T de l’OPANO. On peut toutefois s’attendre à un certain degré de mélange en raison de la dérive du stade larvaire pélagique et la possibilité de plies rouges adultes errantes (MPO 2012).

Le temps de génération n’a pas été estimé pour le stock de plie rouge de la division 4T de l’OPANO. D’après les travaux réalisés sur les stocks de plie rouge le long de la côte est des États-Unis (sud de la Nouvelle-Angleterre et Massachusetts), un temps de génération a été estimée à 3,5 ans dans FishBaseNote de bas de page 3. Cependant, Siskey et Frisk 2021 font état de valeurs élevées de temps de génération, comprises entre 10 et 15 ans. En supposant un taux de croissance plus lent pour la plie rouge dans le sGSL (Surette et Rolland 2019) et que les poissons atteignent 50 % de maturité sexuelle à environ 4 ans (Beacham 1982), le temps de génération devrait normalement se situer autour ou un peu plus haut que l’âge à 50 % de maturité sexuelle. Des recherches supplémentaires sont nécessaires afin d’estimer le temps de génération pour ce stock.

1.3 Besoins en matière d’habitat

La plie rouge a une grande tolérance à la salinité et à la température. Elle est présente dans des eaux dont la salinité varie de typiquement océanique à des estuaires saumâtres (4-30 ‰) et dont la température varie entre 0 et 25 °C (Pearcy 1962). Dans le sGSL, l’espèce se trouve principalement dans les eaux peu profondes le long du littoral, généralement à des profondeurs de 1,8 à 36,6 m, sur des fonds boueux à modérément durs (Scott et Scott 1988). Les jeunes poissons habitent normalement des eaux moins profondes que les poissons plus âgés ou plus gros. La plie rouge ne quitte pas le golfe en hiver et ne migre pas vers les eaux profondes. Ils hivernent plutôt dans les estuaires ou les zones côtières (Hanson et Courtenay 1996; Darbyson et Benoît 2003). La plie rouge se concentre également sur les zones de fraie du hareng de l’Atlantique et du capelan, consommant leurs œufs en grande quantité (Frank et Leggett 1984; Tibbo et al. 1963). Les mouvements saisonniers près des côtes et l’absence de données probantes que la plie rouge effectue de grandes migrations ont mené à la spéculation que le sGSL pourrait avoir plusieurs stocks locaux de plie rouge, partiellement liés par la dérive larvaire.

1.4 Interactions dans l’écosystème

Les plies rouges sont des mangeurs à vue, se nourrissent principalement pendant la journée et ont été décrites comme des mangeurs omnivores qui se nourrissent de façon opportune, et consomment diverses proies. Les polychètes et les crustacés (principalement des amphipodes) constituent généralement l’essentiel de leur alimentation. Elles se nourrissent de manière opportune de divers organismes benthiques, principalement de mollusques et de petits crustacés. Elles se nourrissent également des œufs d’autres poissons reproducteurs, notamment le capelan et le hareng (MPO 2012). On a signalé que la plie rouge cesse de s’alimenter pendant les mois d’hiver (Pereira et al. 1999).

La plie rouge adulte est la proie d’une grande variété de prédateurs, dont le bar rayé, l’aiguillat commun et l’hémitriptère Atlantique. Les cormorans, les hérons bleus et les balbuzards ont également été cités comme prédateurs (Pereira et al. 1999). Ces dernières années, les phoques gris ont également été désignés comme un prédateur important dans le sGSL (Hammil et al 2014).

1.5 La pêche

Image décrite ci-dessous
Figure 1. Divisions et sous-divisions de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO).
Version textuelle

Carte montrant les divisions et subdivisions de l'Organisation des pêches de l'Atlantique Nord (OPANO) le long de la côte atlantique canadienne, de Terre-Neuve à la Nouvelle-Écosse. La division 4T est utilisée pour définir les limites de la distribution du stock de la plie rouge du sud du golfe du Saint-Laurent.

La pêche du poisson de fond dans le sGSL comporte 9 stocks principaux (tableau 1), répartis et gérés dans la division 4T et la sous-division 4Vn de l’OPANO (figure 1). Depuis le début des années 1990, des mesures de gestion uniques ont été mises en place pour faire face au grave déclin de nombreux stocks de poissons de fond, et dans les pires des cas, à leur effondrement, ce qui a entraîné l’introduction de moratoires et d’importantes réductions de quotas.

Malheureusement, les perspectives pour un grand nombre de ces stocks demeurent précaires, 5 des 9 stocks se trouvant actuellement dans la zone critique. Quatre d'entre eux sont prescrits au Règlement de pêche (dispositions générales) (article 69) et sont par conséquent soumis à l'article 6.2 de la Loi sur les pêches et aux exigences réglementaires (tableau 1).

Quatre de ces stocks ont également été évalués par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en tant que candidats potentiels à une inscription à la Loi sur les espèces en péril (LEP) [tableau 1 ; les deux espèces de sébastes sont considérées comme un seul stock aux fins de la gestion].

La plupart des stocks de poissons de fond gérés dans la division 4T et la sous-division 4Vn de l’OPANO se chevauchent dans l’espace et dans le temps, ce qui augmente la probabilité que des espèces de poissons de fond non ciblées soient capturées accidentellement dans d’autres pêches dirigées de poissons de fond. Lorsque des mesures de gestion sont élaborées pour des pêches précises, il devient essentiel de prendre en compte toutes les interactions et sources potentielles de mortalité par la pêche. Comme plusieurs pêches commerciales de poissons de fond ont lieu dans le sGSL (tableau 1), la plie rouge peut toujours être capturée dans certaines de ces pêches, en particulier dans la pêche côtière de la limande à queue jaune. La plie rouge peut également être capturée dans le cadre d’une pêche récréative ou pour des pêches à des fins alimentaires, sociales et rituelles (ASR) des Premières Nations.

Tableau 1. Stocks de poissons de fond les plus couramment capturés dans le sud du golfe du Saint-Laurent.

Flétan atlantique1, Hippoglossus hippoglossus

Flétan du Groenland (turbot ou flétan noir), Reinhardtius hippoglossoides

Limande à queue jaune, Pleuronectes ferrugineus

Merluche blanche1, Urophycis tenuis

Morue franche1, Gadus morhua

Plie canadienne1, Hippoglossoides platessoides

Plie grise, Glypocephalus cynoglossus

Plie rouge1, Pseudopleuronectes americanus

Sébaste, Sebastes fasciutus et Sebastes mentalla

1 Stock prescrit dans le Règlement de pêche (dispositions générales) (article 69) et est donc soumis à l’article 6.2 de la Loi sur les pêches et à ses exigences réglementaires.

2 Année depuis laquelle le stock a été évalué dans la zone critique du cadre de l’AP.

3 Situation telle que présentée dans le dernier rapport d’évaluation et de situation du COSEPAC. Au moment de publier le présent Plan de rétablissement, aucune décision concernant l’inscription sur la liste en vertu de la LEP n’a été prise.

Le comité consultatif du poisson de fond du Golfe (CCPFG), qui réunit des pêcheurs, des transformateurs, des groupes autochtones, le MPO et des représentants des gouvernements provinciaux des 4 provinces de l’Atlantique et du Québec, fournit des avis et des recommandations au ministère pour la gestion des stocks de poisson de fond du golfe du Saint-Laurent exploités commercialement (divisions 4RST, 3Pn et sous-division 4Vn de l’OPANO). Le Comité consultatif se réunit tous les 2 ans et sert de forum pour présenter les résultats des récentes évaluations de stocks, pour que les intervenants de l’industrie et les détenteurs de droits abordent les questions touchant la pêche au poisson de fond et, surtout, pour que le MPO sollicite l’avis des membres du Comité sur les principales décisions de gestion.

En 2017, un plan de gestion intégrée des pêches (PGIP)Note de bas de page 4pour le poisson de fond dans les sous-divisions 3Pn et 4Vn ainsi que les divisions 4RST de l’OPANO dans le golfe du Saint-Laurent a été élaboré par le MPO en consultation avec le CCPFG. Le PGIP fournit des renseignements détaillés sur la gestion opérationnelle des pêches mixtes de poissons de fond dans le sGSL, y compris la pêche de la plie rouge. Une mise à jour du PGIP pour le poisson de fond du Golfe est en cours et tiendra compte du fait que le stock est désormais soumis à un plan de rétablissement. Par conséquent, les mesures de gestion identifiées dans le plan viendront remplacer ou ajouter à celles identifiées dans le PGIP.

1.6 Aperçu de l’importance socioéconomique et culturelle de la pêche

1.6 Aperçu de l’importance socioéconomique et culturelle de la pêche

Une pêche dirigée à petite échelle de la plie rouge est toujours pratiquée dans la division 4T de l’OPANO. L’espèce est également capturée comme prise accessoire dans la pêche dirigée à la limande à queue jaune, qui a lieu principalement autour des Îles-de-la-Madeleine. Un total autorisé de captures (TAC) de 1 000 t a prévalu de 1996 à 2011. Toutefois, le TAC a été réduit à 300 t en 2012 en réponse au déclin soutenu du stock (tableau 2). Comme il n'y avait aucun signe de rétablissement du stock depuis 2012, le TAC a encore été réduit à 150 t en 2022. En février 2023, des fermetures complètes des pêches commerciales de la plie rouge et de la limande à queue jaune ont été annoncéesNote de bas de page 5. Ces mesures, conformes aux nouvelles dispositions relatives aux stocks de poissons de la Loi sur les pêches, visaient à limiter les prélèvements des pêches commerciales afin de favoriser la croissance de ces deux stocks.

Tableau 2.  Débarquements de plie rouge déclarés (pêches dirigées et prises accessoires combinées), contribution des débarquements de prises accessoires (%) et nombre de pêcheurs actifs dans la pêche dirigée à la plie rouge dans la division 4T de l’OPANO, de 2011 à 2021.

Source: MPO, régions du Golfe et du Québec.

1Données préliminaires.

2Les prises de la pêche récréative, à des fins ASR, des relevés scientifiques et de la pêche sentinelle ne sont pas inclus puisque que ces estimés ne sont pas disponibles.

3Les débarquements de prises accessoires déclarés proviennent de la pêche dirigée à l’appât de la limande à queue jaune seulement

Le déclin de l’abondance de la plie rouge, la diminution de sa distribution dans le sGSL (Surette et Rolland 2019) et la réduction du TAC en 2012 ont entraîné une diminution importante des zones de pêche disponibles et économiquement rentables. Ces dernières années, la plie rouge, tant dans la pêche dirigée que dans les prises accessoires, a été capturée principalement autour des Îles-de-la-Madeleine. Le principal objectif de la pêche a été et est toujours d’approvisionner le marché de l’appât pour la pêche au homard et au crabe des neiges.

Au cours des années 2011 à 2017, le débarquement moyen de la plie rouge s’est élevé à 237 t, mais a commencé à enregistrer une baisse notable en 2018, avec un débarquement moyen de 140 t pour la période de 2018 à 2021. Les débarquements pour la région du Golfe en particulier ont connu une baisse de plus de 90 % depuis 2015. En 2021, la valeur des débarquements pour l’ensemble de la zone de pêche de la division 4T de l’OPANO a été estimée à 696 049 $ (tableau 2).

En 2021, les pêcheurs de la zone des Îles-de-la-Madeleine ont déclaré 89 % des 133 t de plie rouge débarquées (prises dirigées et accessoires combinées) dans la division 4T de l’OPANO, suivis de la Gaspésie-Bas-Saint-Laurent avec 11 %. Les pêcheurs de la région du Golfe représentaient moins de 1 % du total des prises de plie rouge.

Au cours de la période de 2011 à 2021, les prises accessoires de plie rouge dans la pêche commerciale à l’appât de la limande à queue jaune sont devenues plus importantes en volume que la pêche dirigée. En 2021, les débarquements de prises accessoires de plie rouge déclarés dans le cadre de la pêche à la limande à queue jaune représentaient 67 % (90 t) du total des débarquements (133 t) [tableau 2]. En ce qui concerne la valeur, les prises accessoires ont représenté plus de 500 000 $ en 2021, soit 71 % de la valeur totale des débarquements. En moyenne, pour la période de 2011 à 2020, la quantité de plie rouge capturée en tant que prise accessoire représentait 84 % des débarquements totaux de cette espèce aux Îles-de-la-Madeleine, la seule zone de débarquement de la région du Québec à enregistrer des débarquements de prises accessoires de plie rouge. Dans la région du Golfe, les prises accessoires de plie rouge dans les autres pêches dirigées de poisson de fond sont négligeables par rapport à la région du Québec.

La pêche commerciale dirigée à la plie rouge est pratiquée par des pêcheurs licenciés qui détiennent des permis plurispécifiques de pêche au poisson de fond avec des engins fixes (filets maillants, palangres et lignes à main), des engins mobiles (chaluts à panneaux et sennes danoises/écossaises), ou les deux. De nombreux pêcheurs peuvent également détenir des permis pour des crustacés (homard ou crabe des neiges) ou pour des poissons pélagiques (hareng et maquereau).

Les détenteurs de permis de poisson de fond disposant d’une condition de permis pour la plie rouge étaient environ 31 en 2021 pour la seule région du Québec. Parmi ces titulaires de permis, 21 ont capturé l’espèce au cours de la pêche dirigée de la plie rouge de 2021, ce qui représente 68 % du nombre total de titulaires de permis. Pour la région du Golfe (division 4T de l’OPANO), quatre pêcheurs ont débarqué l’espèce pendant la pêche dirigée de 2021, ce qui donnait un total de 25 pêcheurs actifs pour cette année-là (tableau 2).

Une baisse constante du nombre de pêcheurs actifs dans la pêche dirigée de la plie rouge a été observée au fil des ans, passant de 45 en 2011 à 25 pêcheurs en 2021 pour l’ensemble du sGSL (tableau 2). La plus grande partie de cette baisse a été observée parmi  les pêcheurs de la région du Golfe puisque la pêche se pratique maintenant principalement autour des Îles-de-la-Madeleine, dans la région du Québec. Le nombre de pêcheurs actifs pour la région du Québec n’a pas connu le même niveau de déclin, les chiffres étant stables autour de la moyenne de 24 pêcheurs actifs pour la période de 2017 à 2021. Le nombre de pêcheurs actifs dans la pêche dirigée de la limande à queue jaune, qui déclarent des prises accessoires de plie rouge, est demeuré stable, si situant entre 16 et 18 pêcheurs pour la série chronologique (2011-2021) [tableau 3].

Tableau 3. Valeur des débarquements effectués lors de la pêche dirigée à la limande à queue jaune et nombre de pêcheurs actifs dans cette pêche (division 4T de l’OPANO) de 2011 à 2021. Tous les pêcheurs actifs étaient de la région du Québec.

Source: MPO, régions du Golfe et du Québec.

1 Données préliminaires.

En 2021, 25 pêcheurs ont été actifs dans la pêche dirigée à la plie rouge de la division 4T de l’OPANO. Parmi eux 4 pêcheurs ont tiré plus de 10 % de leur revenu total de cette pêcheNote de bas de page 6.

Au cours de la période 2011-2021, le homard représentait 60 % de la valeur des débarquements totaux des 25 pêcheurs ayant été actifs dans la pêche dirigée à la plie rouge.  Les poissons pélagiques (hareng et maquereau; 14 %) arrivaient en deuxième position, suivie des poissons de fond autres que la plie rouge (8 %), du crabe des neiges (6 %) et des mollusques en plus d’autres espèces (6 %). La plie rouge représentait 7 % de la valeur de leurs débarquements, toutes espèces confondues.

En ce qui concerne spécifiquement la pêche dirigée à la limande à queue, elle regroupait 17 pêcheurs au Québec en 2021, dont 11 pour lesquels cette pêche comptait pour plus de 10 % de leurs débarquements totauxNote de bas de page 7. En moyenne, lors de cette pêche dirigée, ces 11 pêcheurs capturaient :

La pêche dirigée à la limande à queue jaune représentait en moyenne 69 % de leurs débarquements totaux. Ces pêcheurs, tous résidants des Îles-de-la-Madeleine, seront les plus touchés par la fermeture des pêches dirigées à la plie rouge et à la limande à queue jaune.

Il existe actuellement une pêche récréative autorisée du poisson de fond avec accès à la plie rouge dans les eaux adjacentes aux provinces maritimes dans le sGSLNote de bas de page 8. Cependant, la plupart des participants à la pêche récréative annuelle de poissons de fond ciblent la morue de l’Atlantique. Il y a aussi la pêche récréative printemps-été du poisson de fond dans le fjord du Saguenay, l'estuaire du Saint-Laurent et le golfe du Saint-LaurentNote de bas de page 9 qui présente une potentiel de capturer de la plie rouge.

En vertu du Règlement sur les permis de pêche communautaires des AutochtonesNote de bas de page 10 et des ententes sur la SRAPANote de bas de page 11, les communautés autochtones peuvent pêcher la plie rouge si elles détiennent des permis de pêche du poisson de fond. La plie rouge peut également être pêchée dans le cadre de la pêche à des fins ASR. Les pêches ASR sont gérées, lorsqu'elles sont autorisées, en vertu du Règlement sur les permis de pêche communautaires des Autochtones et des ententes sur la SRAPA. Les espèces capturées sous conditions de permis ASR ne peuvent être vendues.

Aucune estimation de captures de plie rouge n'est disponible pour les pêches récréatives, les pêches négociées sous la SRAPA et pour des fins ASR. Cependant, en raison de la faible abondance de l’espèce et sa concentration dans des zones côtières spécifiques du sGSL (principalement les îles de la Madeleine), les quantités capturées dans ces pêches sont considérées minimes, voire nulles (sur la base d’observations qualitatives recueillies sur le terrain  auprès d’agents des pêches de Conservation et Protection).

1.7 Participation des intervenants et des groupes autochtones à l'élaboration du plan

Une première rencontre a eu lieu le 24 septembre 2020 avec les intervenants de l'industrie et les partenaires autochtones pour discuter du processus d’élaboration des plans de rétablissement et solliciter la participation à un groupe de travail sur les plans de rétablissement du poisson de fond du Golfe.  Ce groupe de travail visait à appuyer le Ministère dans l’élaboration des plans. En raison des restrictions limitant les réunions en personne en lien avec la pandémie de Covid, le MPO a développé un questionnaire décrivant les objectifs de rétablissement et proposé des mesures de gestion.  Ce questionnaire était un moyen alternatif employé afin de solliciter les commentaires des parties prenantes et groupes autochtones. Le questionnaire a été envoyé aux membres du groupe de travail sur les plans de rétablissement du poisson de fond du Golfe le 15 décembre 2020. Une séance d'information avec les partenaires autochtones a également eu lieu le 26 janvier 2021.

Le but du questionnaire était d'amorcer des discussions et de recueillir des points de vue sur les options de rétablissement pour les quatre stocks de poissons de fond, dont la plie rouge. Les parties prenantes et groupes autochtones ont été invités à commenter les objectifs et les mesures de rétablissement proposés, et à recommander des mesures de gestion alternatives ou supplémentaires aux mesures de gestion présentées. Bien que des commentaires consolidés aient été sollicités par l'intermédiaire du groupe de travail, les intervenants de l'industrie de la pêche, des Premières Nations ou des organisations autochtones pouvaient fournir des commentaires écrits individuels.

2.0 État et tendances du stock

En 2003, le Bureau du Conseil privé, au nom du gouvernement du Canada, a publié un cadre applicable à tous les ministères du gouvernement fédéral. Ce document établit des principes directeurs pour l’application de l’AP dans un processus décisionnel relatif aux risques de causer des dommages graves ou irréversibles en cas d’absence complète de certitude scientifique.

Un cadre décisionnel pour les pêches intégrant l’AP a été élaboré (MPO 2009), et s’applique lorsque des décisions sur les stratégies de pêche ou les taux de récolte d’un stock doivent être prises pour déterminer le TAC ou d’autres mesures de contrôle des pêches. Il s’applique aux principaux stocks exploités gérés par le MPO, c’est-à-dire les stocks précis visés par une pêche, qu’elle soit pratiquée à des fins commerciales, récréatives ou de subsistance. La totalité des stocks prélevés par les différents types de pêche doit être prise en considération dans l’application du cadre.

Voici les principales composantes du cadre décisionnel général :

La plupart des points de référence définis dans le cadre de l’AP (MPO, 2009) ont été estimés pour le stock de plie rouge (tableau 4). En l’absence d’un modèle de production excédentaire ou d’un modèle de stock et de recrutement acceptable, une approximation de la BRMD a été définie comme la biomasse du stock reproducteur de la plie rouge pendant une période productive, soit de 1973 à 1994. Cette période a été choisie parce que la BSR était élevée et que la BSR comprenait un nombre important de poissons plus âgés et plus grands. La biomasse moyenne sur la période de production est de 369 600 t. Le point de référence supérieur du stock, défini à 80 % de la BRMD, correspond à 295 700 t. La valeur du point de référence limite (PRL) issue du modèle est estimée à  40 % de la BRMD , ce qui correspond à une valeur de 147 800 t (Surette et Rolland 2019). D'après ce modèle, le stock de plie rouge de la Division 4T de l'OPANO est en dessous du PRL depuis 2006.

Étant donné que l’évaluation complète du stock est normalement effectuée tous les 5 ans, des indicateurs provisoires de la biomasse ont été élaborés pour rendre compte de l’état du stock sans passer par une évaluation complète.

Tableau 4. Résumé des points de référence du cadre de l’approche de précaution (AP) pour la plie rouge de la division 4T de l’OPANO.

 

1 Indice du taux de capture équivalent au PRL: la moyenne mobile sur trois ans de l'indice de biomasse du relevé annuel par navire de recherche (NR) pour les plies rouges de tailles commerciales (longueur totale ≥ 25 cm) est utilisée comme indicateur de l'état du stock pour les années intermédiaires du cycle de gestion multi-années. Cet indice est à comparer avec la valeur du PRL de ce stock, ajustée à l'échelle de l'indice de biomasse qui n'est pas corrigé pour la capturabilité du chalut utilisé pour le relevé. Le PRL ajusté est de 6 609 t de biomasse chalutable en septembre, ce qui équivaut à un taux de capture du relevé de 3,82kg par trait (Surette et Rolland 2019).

 La dernière évaluation complète du stock de plie rouge du sGSL (division 4T de l’OPANO) a été réalisée en 2017 (Surette et Rolland 2019). La biomasse du stock reproducteur (BSR) a décliné pendant une grande partie de la période de 1971 à 2016, diminuant de 78 % ces dernières années par rapport à la valeur moyenne de 1975 à 1994. De plus, la proportion représentée par les poissons plus âgés (5 ans et plus) a diminué de 30-40 % à 20 %. Cela a des conséquences négatives sur la productivité du stock, car les poissons plus jeunes et plus petits produisent moins d’œufs et peut-être de moins bonne qualité que les poissons plus âgés et plus grands.

Image décrite ci-dessous

Figure 2. Indice du relevé annuel tiré du relevé de recherche (1 000 t de biomasse chalutable, axe gauche et kg par trait) de plie rouge de taille marchande (≥ 25 cm de longueur totale) des strates 415 à 439 dans le sud du golfe du Saint-Laurent, 1971 à 2021. Les cercles noirs et la ligne noire continue sont les estimations moyennes stratifiées et l’ombre grise indique les intervalles de confiance à 95 % des moyennes annuelles. La ligne continue rouge est la moyenne mobile sur 3 ans indiquée en correspondance avec la troisième année du bloc d’années. La ligne pointillée horizontale représente le seuil du point de référence limite (PRL) de 6 609 t de biomasse chalutable en septembre, ce qui équivaut à un taux de capture du relevé de 3,82 kg par trait. Les données de 2003 sont omises de la figure, car un navire non étalonné a été utilisé cette année-là (MPO 2022).

Version textuelle

L'indice de biomasse pour la plie rouge de taille commerciale (≥ 25 cm) a diminué pendant la majeure partie de la période allant de 1971 à 2021. Depuis 2004, l'indice a continué à diminuer en dessous de la valeur seuil du PRL. La valeur en 2021 de la moyenne mobile sur 3 ans de l’indice de biomasse était de 1 606 t de biomasse chalutable en septembre, ce qui équivaut à un taux de capture du relevé de 0,93 kg par trait. La moyenne mobile sur 3 ans est donc estimée à 24 % du PRL de 6 609 t.

Lors de la dernière évaluation (Surette et Rolland 2019), il a été indiqué que la moyenne mobile sur 3 ans de l’indice de biomasse du relevé de recherche pour la plie rouge de taille marchande (≥ 25 cm de longueur totale) serait utilisée comme indicateur de l’état du stock pendant les années intermédiaires du cycle de gestion pluriannuel. Cet indice doit être comparé à la valeur du PRL pour ce stock, ajusté à l’échelle de l’indice de biomasse qui n’est pas corrigé pour la capturabilité du chalut utilisé pour le relevé. Le PRL pondéré est de 6 609 t de biomasse chalutable en septembre, ce qui équivaut à un taux de capture du relevé de 3,82 kg par trait (tableau 4).

La valeur de la moyenne mobile sur 3 ans de l’indice en 2021 était de 1 606 t de biomasse chalutable en septembre, ce qui équivaut à un taux de capture du relevé de 0,93 kg par trait (MPO, 2022). La moyenne mobile de l’indice sur trois ans est donc estimée à 24 % du PRL, soit un peu plus que les 17 % signalés dans la mise à jour précédente de l’indicateur (MPO 2020), mais toujours dans la zone critique de l’AP pour ce stock (figure 3).

La longueur des poissons a diminué, les poissons de plus de 25 cm représentant aujourd’hui environ 25 % des captures du relevé de recherche, alors qu’ils représentaient 82 % des captures au début des années 1970 (figure 4). La longueur moyenne lors du relevé a diminué de 30 cm à 20 cm sur la période 1971 à 2016 (Surette et Rolland 2019).

Les indices du relevé par NR montrent que l’abondance de la petite plie rouge (< 25 cm) a généralement été stable dans le temps, bien qu’il y ait eu une diminution depuis le début des années 2000, tandis que l’abondance de la grande plie rouge (>= 25 cm) a diminué sur la majeure partie de la série chronologique (1971 à 2016), après une période d’abondance relativement élevée du début au milieu des années 1970 (Surette et Rolland 2019).

D’après un modèle de population, les estimations de la mortalité naturelle ont récemment augmenté pour les jeunes poissons (âgés de 2 à 4 ans) et ont continuellement augmenté pour les poissons plus âgés (5 ans et plus) (MPO 2017, figure 4).

Un nouveau modèle de population pour la plie rouge est en cours d’élaboration et devrait fournir des points de référence révisés. Toutefois, cette révision ne devrait pas modifier l’état général ou l’état critique du stock.

Image décrite ci-dessous
Figure 3. Distributions longueur-fréquence, exprimées en nombre par trait, de la plie rouge provenant du relevé de recherche dans le sud du golfe du Saint-Laurent, par groupes de cinq années, de 1971 à 2016. La ligne rouge verticale pointillée montre la longueur moyenne sur la période, la ligne rouge verticale pleine est la taille commerciale (25 cm). Les pourcentages des captures qui sont >= 25 cm sont indiqués en haut à droite de chaque panneau (Surette et Rolland 2019).
Version textuelle

Les longueurs moyennes se situaient autour de 27 à 29 cm pendant la première partie de la série temporelle du relevé (1971 à 1985), puis ont diminué à 24 cm à partir du milieu des années 1980, à 22 cm au début des années 2000 et à 21 cm de 2006 à 2016. La proportion de poissons de plus de 25 cm a progressivement diminué, passant de 81,7 % au début de la série temporelle à 24,6 % entre 2006 et 2016.

2.1 Évaluation du COSEPAC/considérations relatives à la LEP

Ce stock n’a pas été évalué par le COSEPAC et son inscription en vertu de la LEP n’est donc pas envisagée

2.2 Connaissances autochtones

Le MPO vise à intégrer les considérations relatives aux connaissances traditionnelles autochtones et aux connaissances écologiques traditionnelles dans les processus scientifiques en invitant des représentants autochtones en tant que participants aux réunions d’examen par les pairs, et dans la planification de la gestion des pêches en tant que membre du CCPFG. Au besoin, les connaissances autochtones sont également recueillies par le biais de consultations menées auprès des Premières Nations et d’autres organisations autochtones.

3.0 Causes probables du déclin du stock

Alors que l’on estimait que la pêche était la principale cause du déclin initial du stock de plie rouge dans la division 4T dans les années 1970 et 1980, la menace récente qui limite le rétablissement est désormais une mortalité naturelle élevée (Surette et Rolland 2019).

La diminution de la structure de taille de la plie rouge provenant du relevé de recherche (figure 3), le déclin de la taille estimée à 50 % de maturité, qui est passée de 23 à 24 cm dans les années 1970 à 17 à 18 cm ces dernières années, et le déclin des indices d’abondance du groupe de taille commerciale auparavant abondant concordent avec un stock connaissant des niveaux de mortalité très élevés (Surette et Rolland 2019). On a estimé que la mortalité naturelle totale, généralement élevée chez la plie rouge, aurait augmenté de 49 à 64 % de 1973 à 1977 et de 2013 à 2016 chez les individus plus âgés (5 ans et plus), et de 38 à 60 % chez les plus jeunes (2 à 4 ans). Ces changements correspondent également aux changements de productivité observés dans l’ensemble de la communauté de poissons marins du sGSL (Benoît et Swain 2008; Swain et Benoît 2015).

Image décrite ci-dessous
Figure 4. Estimations de la mortalité naturelle instantanée dérivées du modèle pour deux blocs de groupes d’âge (2 à 4 ans, 5 ans et plus) de plie rouge du sud du golfe du Saint-Laurent, par blocs de cinq ans de 1973 à 2016. Les symboles sont les estimations du maximum de vraisemblance et les lignes verticales sont les barres d’erreur de l’intervalle de confiance à 95 % (MPO 2017).
Version textuelle

Les estimations de la mortalité naturelle instantanée pour la plie rouge sont passées de 0.68 entre 1973 et 1977 à 1.02 entre 2013 et 2016 pour les plies rouges plus âgées (âge 5+) et de 0.48 à 0.93 pour les plies rouges plus jeunes (âge 2 à 4).

La mortalité par pêche estimée de 2010 à 2016 est très faible (< 3 %) par rapport à la mortalité naturelle, ce qui suggère que la mortalité par pêche a peu d’effet sur la trajectoire de la population (figure 5). Cependant, le modèle de population est à l’échelle de l’ensemble du sGSL alors que l’activité de pêche est maintenant largement limitée aux eaux autour des îles de la Madeleine. De plus, on soupçonne qu’une partie importante du stock se trouve dans des eaux peu profondes non échantillonnées par le relevé de recherche. Il est possible que la pêche ait eu un effet important sur la plie rouge à proximité des îles de la Madeleine qui n’est pas évident au niveau de l’ensemble du stock du sGSL (Surette et Rolland 2019).

À l’échelle du sGSL, la mortalité naturelle semble désormais être le facteur dominant affectant l’état des stocks. Les causes de cette mortalité naturelle élevée ne sont pas entièrement connues, mais les données probantes disponibles soutiennent l’hypothèse que la prédation par les phoques gris est une composante majeure de cette mortalité naturelle accrue (Surette et Rolland 2019). Les modèles de population intégrant la consommation de phoques gris suggèrent que le stock de plie rouge de la division 4T de l’OPANO est l’un des nombreux stocks de poisson de fond touchés par la prédation des phoques gris (Hammill et al. 2014; Swain et al. 2019).

Compte tenu du niveau relativement faible de captures de plie rouge dans les pêcheries de la majeure partie de la division 4T de l'OPANO, il est peu probable que les niveaux actuels de débarquements déclarés aient un impact significatif sur le stock (Surette et Rolland 2019). Cependant, la demande croissante de plie rouge à des fins d'appât crée un risque de déclarations partielles des prises, d'où la nécessité d'assurer une surveillance adéquate des captures.

Image décrite ci-dessous
Figure 5. Taux annuel estimé de mortalité par pêche (F) de plie rouge dans le sud du golfe du Saint-Laurent, de 1973 à 2016 (Surette et Rolland 2019).
Version textuelle

Dans l'ensemble, le niveau de mortalité par pêche est très faible par rapport à celui de la mortalité naturelle pour l'ensemble de la série chronologique de 1973 à 2016, avec des valeurs comprises entre 0,01 (1%) et 0,048 (4,8%).

Lors de la dernière évaluation complète en 2017 (Surette et Rolland 2019), la population a été projetée sur cinq ans (2017 à 2021) en supposant que les conditions de productivité de 2012 à 2016 persisteraient au cours de la période. La BSR projetée, même en absence de pêche, a légèrement diminué au cours de la période, passant de 74 700 t en 2017 à 73 800 t en 2021 (Surette et Rolland 2019). L'indice d'abondance présenté pour l'année 2021 corrobore la projection et montre que le stock de plie rouge est toujours sous le PRL (MPO 2022). Les projections à long terme au-delà de 2024 ne sont pas disponibles.

En tant qu'espèce côtière, les fluctuations des populations de plies rouges le long de la côte est de l'Amérique du Nord ont été liées de diverses manières aux gradients environnementaux, à la surpêche, aux différences temporelles de la colonisation et à l'emplacement (Manderson et al. 2006, Frisk et al. 2018). Cependant, il n'existe aucune recherche scientifique ou preuve que la perte ou la dégradation de l'habitat du poisson ait contribuée au déclin du stock de plie rouge du sGSL.

4.0 Objectifs mesurables pour le rétablissement du stock

4.1 Objectif de rétablissement et échéancier

Comme l’indique le cadre de l’AP, l’objectif premier de ce plan de rétablissement est de favoriser la croissance du stock afin qu’il puisse sortir de la zone critique (d’amener au-delà du PRL), en veillant à maintenir les prélèvements de toutes les pêches au plus bas niveau possible jusqu’à ce que le stock ait quitté cette zone. Dans la zone critique, cet objectif demeure le même, que le stock soit en déclin, stable ou en croissance. Selon le cadre de l’AP, l’objectif primordial pour la plie rouge dans la division 4T de l’OPANO est donc de sortir de la zone critique. L’objectif de rétablissement du plan sera d’accroître le stock de manière à ce qu’il soit supérieur au PRL (147 800 t) avec une probabilité élevée (≥ 75 %). Si la cible de rétablissement peut être atteinte, l’objectif de gestion à long terme du PGIP sera de poursuivre la croissance du stock vers la zone saine, puis de maintenir la BSR du stock dans cette zone. Cet objectif à long terme profiterait à tous les Canadiens, y compris les pêcheurs, les secteurs étroitement liés à l’industrie de la pêche et les communautés côtières qui dépendent de la ressource pour leur subsistance.

Compte tenu du niveau élevé actuel de mortalité naturelle, de la diminution de la structure de taille et du déclin de la taille estimée à 50 % de maturité, il n'y a aucun signe d'amélioration pour le stock de plie rouge du sGSL (Surette et Rolland 2019, MPO 2022). De plus, les connaissances scientifiques actuelles sur le temps de génération de cette espèce et du stock dans le sGSL sont incomplètes et ne peuvent être utilisées. Ces conditions prédominantes sont telles qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle, d’établi un échéancier pour atteindre la cible de rétablissement. Lors de chaque révision du plan de rétablissement, les facteurs limitant le potentiel de croissance du stock seront réévalués afin de déterminer s’ils influencent toujours le stock et si un échéancier de rétablissement peut être calculé. Entre-temps et conformément au cadre de l’AP, le plan de rétablissement vise toujours à minimiser, dans la mesure du possible, un plus grand déclin du stock. De cette façon, si les conditions prédominantes qui limitent le rétablissement du stock viendraient à changer, le stock conserve son potentiel de rétablissement.

4.2 Objectifs mesurables supplémentaires et échéanciers

Dans le cadre de l’AP, lorsque le stock se trouve dans la zone critique, les mesures de gestion doivent favoriser la croissance du stock, les prélèvements de toutes les sources de pêche doivent être maintenus au niveau le plus bas possible, et il ne doit y avoir aucune tolérance pour un déclin évitable. 

Le tableau 5 donne un aperçu des objectifs secondaires de rétablissement du stock de plie rouge de la division 4T de l’OPANO, qui visent à permettre au MPO de surveiller toutes les sources de mortalité, les répercussions des mesures de gestion mises en œuvre, l’amélioration éventuelle de l’état du stock et l’état général de l’écosystème.

Tableau 5. Objectifs mesurables et échéanciers supplémentaires visant à rétablir le stock de plie rouge dans la division 4T de l’OPANO.

  1. Objectifs secondaires : Maintenir les prélèvements de toutes sources au niveau le plus bas possible en introduisant des mesures de gestion nouvelles et/ou plus strictes dans toutes les pêcheries qui interceptent la plie rouge.
    • Échéancier : À compter de 2023 et à revoir tous les 5 ans au moment de la révision du plan de rétablissement.
  2. Objectifs secondaires : Assurer le suivi des sources de mortalité par pêche et veiller au respect des mesures de gestion actuelles.
    • Échéancier : À compter de 2023 et à réviser tous les 5 ans avec la révision du plan de rétablissement.
  3. Objectifs secondaires : Poursuivre et faire progresser les connaissances scientifiques dans les domaines de la surveillance de l’état des stocks, du recrutement, des conditions environnementales et des facteurs écosystémiques susceptibles d’avoir une incidence sur le recrutement, la croissance, l’habitat et la santé des stocks.
    • Échéancier : Procéder à une révision de l'état du stock tous les 5 ans, et parallèlement à la révision du plan de rétablissement.

5.0 Mesures de gestion permettant d’atteindre les objectifs

Plusieurs mesures de gestion sont nécessaires pour atteindre les objectifs indiqués dans le tableau 5. Ces mesures et leurs résultats escomptés sont présentés dans le tableau 6. Elles s’appuient sur les nombreuses politiques du cadre pour la pêche durable du MPO, comme l’approche de précaution (MPO 2009) ou les politiques sur les prises accessoires (MPO 2013) et la surveillance des prises (MPO 2019b). Puisqu’il est peu probable que la plie rouge (division 4T de l’OPANO) se rétablisse à court terme (c. à-d. : prochain 5 ans) dans les conditions dominantes actuelles (voir la section 3.0 : Causes probables du déclin du stock), les objectifs visent à préserver le stock de sorte que, si les conditions actuelles limitant son rétablissement venaient à changer, le stock conserve le potentiel de rétablissement.

Tableau 6. Résumé des mesures de gestion visant à atteindre les objectifs du plan de rétablissement de la plie rouge dans le sud du golfe du Saint-Laurent (division 4T de l’OPANO). L'année 2024 est considérée comme l'année 1 de ce plan de rétablissement

Objectif Mesure(s) de gestion Résultat attendu Conditions biologiques ou environnementales prises en compte

1 - Maintenir les prélèvements de toutes sources au niveau le plus bas possible en introduisant des mesures de gestion nouvelles et/ou plus strictes dans toutes les pêcheries qui interceptent la plie rouge.

 

 

Maintenir la fermeture de la pêche commerciale dirigée de la plie rouge dans la division 4T de l’OPANO.

Maintenir la fermeture de la pêche commerciale dirigée de la limande à queue jaune dans la division 4T de l'OPANO en 2023. Cette pêche a signalé des quantités importantes de prises accessoires de plie rouge (> 50 % des débarquements) et les deux espèces ont des distributions qui se chevauchent.

Remarque : Les fermetures des pêcheries à la plie rouge et la limande à queue jaune ont été annoncées en février 2023.

L'allocation annuelle pour couvrir les prises accessoires de plie rouge dans les autres pêches commerciales du poisson de fond sera maintenue à 150 t.

Bien que la révision exhaustive du plan de rétablissement soit prévue pour 2028 (tous les 5 ans), si après 2 ans, l'objectif fixé dans le plan en termes de niveau de prises accessoires est dépassé, des mesures de gestion supplémentaires pourront être évaluées et mises en œuvre avant la prochaine révision prévue.

Remarque : Le débarquement moyen de plie rouge de 2011 à 2021 était de 202 t (prises de la pêche dirigée et prises accessoires combinées). Pour cette période, en moyenne, les prises accessoires représentaient 62 % (93 t) des débarquements déclarés.

Remarque : Le stock de limande à queue jaune de la division 4T de l’OPANO se trouve dans la zone critique du cadre de l’AP depuis 2009 (MPO 2021, Rolland et al. 2022).

Minimiser la mortalité par pêche aux niveaux les plus bas possibles afin de préserver le stock de sorte que si les conditions dominantes changent, il puisse être en mesure de se rétablir.

Ces TAC de prises accessoires permettraient de pratiquer d’autres activités de pêche dirigées du poisson de fond tout en réduisant la mortalité par pêche à des niveaux les plus pas possibles.

Selon les exigences énoncées dans le cadre de l’AP pour les stocks de la zone critique.

Dans le cadre du protocole sur les prises accessoires en place dans d’autres pêches commerciales du poisson de fond, réduire la limite de prises accessoires pour la plie rouge en 2027 pour assurer une cohérence entre toutes les pêches dirigées de poissons de fond. Les détails concernant les limites de prises accessoires en vigueur dans les autres pêches de poissons de fond ainsi que les limites révisées sont présentés dans les annexes 1 et 2.

Lorsque la limite de prises accessoires est atteinte, la zone de pêche pourrait être fermée pour une période de temps ou pour toute la saison.

La réduction de la mortalité par pêche chez les individus matures vise à éliminer le risque d’épuisement localisé de la productivité et à favoriser la croissance du stock.

Remarque : Une période est nécessaire pour mettre en œuvre l’objectif de 5 % en 2027, afin d’évaluer pleinement les impacts opérationnels et économiques des mesures de gestion ajoutées, non seulement sur les stocks de poissons encore exploités commercialement, mais également sur les autres stocks de poissons prescrits en vertu de la section 6.2 de le FSP.

Cette mesure tient compte de la faible productivité globale du stock.

 

 

Les rejets en mer de plie rouge canadienne ne sont pas autorisés et doivent être déclarés comme prises accessoires.

 

 

2 - Assurer le suivi des sources de mortalité par pêche et veiller au respect des mesures de gestion actuelles..

 

 

 

En 2024, mettre en œuvre ou maintenir lavérification contrôle à quai à 100 % dans toutes les pêches commerciales connues pour intercepter la plie rouge.

Fournir des données fiables et opportunes pour localiser et quantifier les prises accessoires de plie rouge

 

En 2026, mettre en œuvre l’utilisation du SSN (système de surveillance des navires) dans toutes les pêches du poisson de fond de la division 4T de l’OPANO, afin de surveiller l’effort de pêche et la répartition des prises accessoires.

 

 

En 2025, lancer un projet pilote pour tester l'utilisation d'outils de surveillance électronique (par exemple, la surveillance vidéo) dans un certain nombre de pêches commerciales de poisson de fond.

 

 

Les pêches récréatives et ASR représentent des captures non significatives (pas de données quantitatives, seulement qualitatives), donc aucune mesure de surveillance supplémentaire n'est mise en œuvre pour le moment.

 

 

3 - Poursuivre et faire progresser les connaissances scientifiques dans les domaines de la surveillance de l’état des stocks, du recrutement, des conditions environnementales et des facteurs écosystémiques susceptibles d’avoir une incidence sur le recrutement, la croissance, l’habitat et la santé des stocks.

Poursuivre le relevé de NR annuel de septembre, qui est la principale source de données pour estimer la distribution et les indices d’abondance du stock.

Compléter les données des relevés de NR avec des projets de recherche dirigés par les Sciences du MPO et des sources dépendantes de la pêche, comme :

  • la pêche sentinelle,
  • les journaux de bord des pêcheurs,
  • les rapports des observateurs en mer et
  • le SSN.

Poursuivre les recherches sur l’écosystème, les interactions entre espèces et sur la mortalité naturelle.

Développer un nouveau modèle pour estimer la biomasse du stock et mettre à jour des points de référence.

Remarque : le PRS doit être élaboré par les gestionnaires des pêches informés par des consultations avec les intervenants des pêches et d'autres intérêts, avec les conseils et la contribution des Sciences.

Les évaluations de stocks dans les délais prescrits, les mises à jour intérimaires et les résultats des recherches sont examinés par des pairs et publiés.

Déterminer les changements dans la répartition de l’espèce et le chevauchement possible avec d’autres espèces exploitées commercialement afin de réduire au minimum les interactions.

6.0 Considérations socioéconomiques

Alors qu'une analyse sommaire de la contribution économique du stock de la plie rouge est présentée à la section 1.6 de ce document, la présente section fournit la base pour évaluer les impacts des fermetures de pêcheries pour les pêcheurs. Étant donné que les fermetures des pêches à la plie rouge et à la limande à queue jaune ont eu lieu au début de 2023, les impacts se sont fait sentir avant la mise en œuvre du présent plan de rétablissement. Ainsi, aucun impact supplémentaire sur les pêcheurs n'est prévu avec la mise en œuvre du plan.

Néanmoins, une estimation du nombre de pêcheurs touchés par la fermeture de la pêche de 2023 est estimée sur la base des données d'effort de pêche de 2021. En 2021, il y avait environ 40 détenteurs de permis de pêche au poisson de fond détenant une condition de permis pour la plie rouge ou la limande à queue jaune dans les régions du Golfe et du Québec (36 de ces détenteurs de permis étant issue de la région du Québec). Parmi ces détenteurs de permis, 25 ont capturé l'espèce lors d'une pêche dirigée à la plie rouge (21 pêcheurs du Québec et 4 pêcheurs du Golfe) tandis que 17 ont capturé la plie rouge comme prise accessoire lors de la pêche dirigée à la limande à queue jaune.

En 2021, les 40 pêcheurs ayant été actifs dans les pêches dirigées à la plie rouge et la limande à queue jaune ont effectué des débarquements se chiffrant à 1,97 millions de $ lors de ces 2 pêches dont :

Il est à noter que la plie rouge était capturée exclusivement lors de ces 2 pêches dirigées.

Pour 15 de ces 40 pêcheursNote de bas de page 12, la pêche dirigée à la plie rouge et/ou à la limande à queue jaune représentait plus de 10 % de leurs revenus de pêche totaux en 2021. Tel qu’illustré dans le tableau 7, ces 15 pêcheurs généraient des revenus de 1,84 millions de $ provenant des pêches dirigées à la plie rouge et limande à queue jaune en 2021. Cela représentait un revenu moyen de 123 005 $ par pêcheur, répartis de la façon suivante selon les espèces capturées:

Pour ces 15 pêcheurs, les pêches dirigées à la plie rouge et la limande à queue jaune représentaient, en moyenne, 71 % de leurs revenus totaux.

Tableau 7. Valeurs totales et moyennes des débarquements des 15 pêcheurs ayant été actifs dans la pêche dirigée à la plie rouge et/ou limande à queue jaune en 2021.

Espèce capturée:

L'ampleur des impacts socio-économiques associés à la fermeture des pêches dirigées de la plie rouge et de la limande à queue jaune (région du Québec seulement) est difficile à quantifier avec précision, en raison d’un manque de données sur les coûts d’exploitation. L’évaluation de l'impact est d’autant plus complexe que les poissons capturés lors des pêches dirigées à la plie rouge et la limande à queue jaune sont souvent utilisés comme appât dans d’autres pêches (homard, crabe des neiges, etc.). La fermeture de ces pêches pourrait ainsi se traduire par une hausse des coûts d’exploitation dans les pêches qui utilisent ces appâts, et qui sont déjà aux prises avec un problème de rareté pour d’autres sources d’appâts locaux, tel que les poissons pélagiques (hareng et maquereau).

7.0 Méthode permettant de suivre les progrès envers l’atteinte des objectifs

Les mesures de rendement fournissent au MPO un moyen d’évaluer de manière transparente les progrès du plan de rétablissement par rapport aux objectifs du plan. Pour chaque objectif, le tableau 8 ci-dessous indique comment et quand les progrès seront mesurés.

Tableau 8. Sommaire des mesures de rendement et de la fréquence des mesures associées à chaque objectif de ce plan de rétablissement.

  1. Objectif: Maintenir les prélèvements de toutes sources au niveau le plus bas possible en introduisant des mesures de gestion nouvelles et/ou plus strictes dans toutes les pêcheries qui interceptent la plie rouge.
    • Mesures d’évaluation des progrès : Les débarquements de plie rouge rapportés n’excèdent pas 150 t et proviennent exclusivement de prises accessoires de pêches autorisées de poissons de fond.
    • Fréquence des mesures : Annuellement en fin d’année dans le cadre d’un examen de toutes les activités de gestion et de pêche menées dans le sGSL (divisions 4T de l’OPANO) [région du Golfe – bilan annuel].
  2. Objectif: Assurer le suivi des sources de mortalité par pêche et veiller au respect des mesures de gestion actuelles.
    • Mesures d’évaluation des progrès : Évaluation qualitative de l'efficience et de l'efficacité des programmes de surveillance des prises avec les différentes flottilles et pêcheries.
    • Fréquence des mesures : Annuellement en fin d’année dans le cadre d’un examen de toutes les activités de gestion et de pêche menées dans le sGSL (divisions 4T de l’OPANO) [région du Golfe – bilan annuel].
  3. Poursuivre et faire progresser les connaissances scientifiques actuelles dans les domaines de la surveillance de l’état des stocks, du recrutement, des conditions environnementales et des facteurs écosystémiques susceptibles d’avoir une incidence sur le recrutement, la croissance, l’habitat et la santé des stocks.
    • Mesures d’évaluation des progrès : Effectuer le relevé annuel par navire de recherche en septembre. Publier les résultats des travaux scientifiques dans les documents de recherche du SCAS à l’intérieur du cycle de revue de 5 ans. Certains résultats peuvent également être publiés dans des revues scientifiques spécialisées.
    • Fréquence des mesures : Régulièrement, car les documents sont évalués par des pairs et publiés sur le site Web du SCAS ou dans des revues scientifiques.

8.0 Examen périodique du plan de rétablissement

Le Ministère mobilisera les intervenants sur toute question liée à la mise en œuvre/révision du plan de rétablissement par l’entremise du processus du Comité consultatif du poisson de fond du Golfe (CCPFG). Les résultats de l’application de ce plan de rétablissement feront l’objet d’un suivi périodique, et un examen approfondi sera entrepris tous les 5 ans, ce qui correspond à chaque évaluation scientifique exhaustive du stock.

L’examen du plan sera basé sur les données recueillies à l’aide des paramètres indiqués dans la section Méthode permettant de suivre les progrès envers l’atteinte des objectifs du présent document. Il évaluera les progrès de la mise en œuvre des mesures de gestion et les preuves de leur efficacité, ainsi que l’état du stock et les tendances récentes. De plus, l’examen comprendra des possibilités de consultation avec les organisations autochtones et les intervenants sur leurs points de vue concernant les progrès du rétablissement du stock.

Un rapport sera produit à l’issue du processus d’examen qui évaluera les progrès accomplis à l’égard de chaque objectif de gestion par rapport à leur échéancier, avec les preuves correspondantes, et pourra proposer des ajustements au plan de rétablissement si cela est nécessaire pour atteindre les objectifs.

Avec l'élaboration d'un nouveau modèle d'évaluation du stock de plie rouge dans le sGSL et la révision des points de référence, une révision du plan de rétablissement avant l'intervalle de 5 ans prévu pourrait avoir lieu. Le recours à cette révision avant 2027 dépendra du succès de la Direction des Sciences du MPO à développer un modèle fiable et des conclusions générales en lien avec les nouvelles informations disponibles sur le stock.

Le rétablissement des stocks n’est pas toujours un processus lent et régulier, ni même prévisible. Les stocks peuvent fluctuer et/ou se maintenir à des niveaux bas pendant des années jusqu’à ce que les conditions favorisent une production excédentaire, entraînant une croissance rapide de la population. Ainsi, l’absence de signe de rétablissement n’indique pas forcément que les objectifs du plan de rétablissement ou les mesures de gestion soient insuffisants ou inefficaces.

9.0 Références

Annexe 1

Exigences minimales en matière de couverture d'observateur en mer et de vérification à quai, et limites de prises accessoires par flottille, engin de pêche et espèce ciblée en 2022-23.

Flétan: Engins fixes - Divisions 4RST de l’OPANO

Plie rouge: Engins fixes – Divisions 4RST de l’OPANO

Limande à queue jaune: Engins mobiles – Division 4T de l’OPANO

Plie grise: Engins mobiles – Divisions 4RST de l’OPANO

Sébaste (pêche indexe): Engins mobiles – Unité 1 (4RST, 3Pn, 4Vn)

* Stocks prescrits dans le Règlement de pêche (dispositions générales) (article 69) et sont donc soumis à l'article 6.2 de la Loi sur les pêches et aux exigences réglementaires.

1 Espèce non spécifiée comme prise accessoire dans le plan de pêche axé sur la conservation, mais qui peut être déclarée comme "autre espèce de poisson de fond" si elle est capturée.

PVQ: Programme de vérification à quai.

QTI : Quota transférable individuel

SSN: Système de surveillance des navires.

Annexe 2

Principales mesures de gestion en vigueur jusqu'à la prochaine révision du plan de rétablissement prévue en 2028 pour la plie rouge de la division 4T de l’OPANO.

Objectif 1

Maintenir les prélèvements de toutes sources au niveau le plus bas possible en introduisant des mesures de gestion nouvelles et/ou plus strictes dans toutes les pêcheries qui interceptent la plie rouge.

Objectif 2

Assurer le suivi des sources de mortalité par pêche et veiller au respect des mesures de gestion actuelles.

Si l'objectif fixé dans le plan en termes de niveau de prises accessoires est dépassé, des mesures d'ajustement supplémentaires peuvent être évaluées et mises en œuvre avant la prochaine révision prévue.

1La limite de prises accessoires par sortie de pêche peut devoir être identifiée pour les pêches dirigées de poissons de fond où les prises accessoires d’espèce sont déclarées comme "autres espèces de poissons de fond".

2 La limite de prises accessoires par sortie est établie à 25 % pour les pêches dirigées à la plie grise 4RST et à la limande à queue jaune 4T.

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