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Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes du Pacifique, 2021

Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes du Pacifique, 2021
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Avant-propos

Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes du Pacifique, 2021 présente l’état actuel des écosystèmes marins du Pacifique du Canada et les tendances qu’ils affichent jusqu’à la fin de 2020. Le présent rapport repose sur les constatations principales des rapports techniques canadiens des sciences halieutiques et aquatiques nos 3377 et 3434, État des ressources physiques et biologiques et de certaines ressources halieutiques des écosystèmes des eaux canadiennes du Pacifique, parus en 2019Note de bas de page 2 et en 2020Note de bas de page 1. Ces rapports présentent les résultats de la dernière année de surveillance dans le contexte d’observations précédentes, ainsi que les conditions futures escomptées.

Chaque année, un rapport Les océans du Canada maintenant résume l’état actuel et les tendances de l’océan Pacifique, Atlantique ou Arctique, suivi d’une synthèse nationale. Cette série reflète l’engagement du gouvernement du Canada à informer ses citoyens sur l’état actuel des océans du Canada. Les rapports décrivent la multitude d’influences et de changements qui touchent ces systèmes océaniques et en donnent des exemples. Ces renseignements seront mis à jour dans de prochains rapports, ce qui permettra de dresser un portrait continu de l’état des écosystèmes marins de l’océan Pacifique du Canada et des tendances qu’ils affichent.

Citations

Bodt, J. L., Javorski, A. et Chandler, P.C. (éd.). 2021. État des ressources physiques et biologiques et de certaines ressources halieutiques des écosystèmes des eaux canadiennes du Pacifique en 2020. Rapp. tech. can. sci. halieut. aquat. 3434 : vii + 231 p. https://www.dfo-mpo.gc.ca/oceans/publications/soto-rceo/2020/pac-technical-report-rapport-technique-fra.html

Bodt, J. L., Javorski, A. et Chandler, P.C. (éd.). 2020. État des ressources physiques et biologiques et de certaines ressources halieutiques des écosystèmes des eaux canadiennes du Pacifique en 2019. Rapp. tech. can. sci. halieut. aquat. 3377 : x + 288 p. https://www.dfo-mpo.gc.ca/oceans/publications/soto-rceo/2019/index-fra.html

Introduction

L’océan de la côte ouest du Canada est souvent représenté comme une étendue infinie de mer bleue avec des bras de mer couverts de brouillard, au large de côtes rocheuses. Les dos des orques apparaissent et disparaissent à travers la houle, aux côtés des baleines à bosse aux sauts spectaculaires. Des récifs d’éponges de verre vieux de 9 000 ans vivent à des centaines de mètres sous la surface. Le saumon du Pacifique commence sa vie dans les rivières et les ruisseaux, arrive à maturité dans l’océan, puis revient vers les terres remonter le courant, souvent sur des centaines de kilomètres, pour pondre les œufs de la prochaine génération.

L’océan Pacifique est immense, couvrant près de 30 % de la surface de la Terre. Le Pacifique du Canada comprend de grandes îles, des fjords profonds, des monts sous-marins et plus de 600 km de plateau continental. Il s’étend du détroit de Juan de Fuca (au sud de Victoria, Colombie-Britannique) jusqu’à l’entrée Dixon (au nord de Prince Rupert, Colombie-Britannique) et jusqu’à 200 milles marins à l’ouest de la côte.

Les océans sont aujourd’hui confrontés aux effets des changements climatiques, qui entraînent une hausse des températures, une augmentation de l’acidité et une baisse du niveau d’oxygène dans les eaux océaniques. Ces multiples pressions ont des répercussions sur les plantes, les animaux et les autres organismes qui vivent dans l’océan et à proximité de celui-ci.

Un réseau complexe de vie relie les plantes, les animaux et les microorganismes qui vivent dans le Pacifique du Canada. Ce réseau les relie aux conditions géographiques et océaniques. Lorsque des conditions océaniques plus chaudes retardent le transport des nutriments océaniques, la croissance du plancton est affectée, ce qui touche à son tour la croissance des petits poissons et des mollusques et crustacés, comme les crevettes. Cela affecte les plus gros poissons, les oiseaux de mer et les mammifères qui dépendent de différents éléments du réseau trophique marin.

Les Premières Nations et les autres collectivités qui vivent le long de la côte du Pacifique dépendent des plantes et des animaux marins que leur offre l’océan Pacifique et qui constituent un élément central de leurs cultures. L’océan est également devenu la base de grandes industries telles que la pêche, le tourisme et la navigation internationale.

Les scientifiques et les chercheurs canadiens mènent des études sur les eaux, les plantes et les animaux de ces océans afin de contribuer à la compréhension internationale des systèmes océaniques. Les rapports scientifiques sur lesquels ce résumé est fondé décrivent un grand nombre de ces éléments. Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes du Pacifique, 2021 donne un aperçu de la santé de l’océan Pacifique du Canada. Voici les principales conclusions :

L’environnement dans l’océan Pacifique du Canada

Les interactions entre l’océan et l’atmosphère sont des facteurs importants de l’environnement marin du Pacifique.

Qu’est-ce qui façonne la côte du Pacifique du Canada?

Caractéristiques qui façonnent la côte du Pacifique du Canada

Figure 1 : Caractéristiques qui façonnent la côte du Pacifique du Canada

La côte du Pacifique du Canada s’étend sur une distance en ligne droite de moins de 1 000 km, mais si l’on inclut tous les bras de mer et les promontoires, le littoral de la Colombie-Britannique s’étend sur plus de 25 000 km.

Îles, fjords et cours d’eau

La chaîne de montagnes côtières s’étend sur toute la partie occidentale du Canada et se prolonge jusqu’à la côte, créant de nombreux bras de mer, fjords et îles. Des centaines de cours d’eau apportent l’eau douce des pluies et de la fonte des glaciers dans le Pacifique, avec trois grands bassins versants intérieurs : celui du fleuve Fraser et ceux des rivières Skeena et Nass. La rivière Stikine et le fleuve Columbia coulent également de l’ouest canadien vers le Pacifique, en passant par le territoire des États‑Unis.

Deux grands groupes d’îles dominent la côte :

Plateau continental et pente continentale

Le plateau continental constitue la principale caractéristique extracôtière de la côte du Pacifique du Canada. À l’exception de la péninsule Brooks (au nord-ouest de l’île de Vancouver) et du sud-ouest de Haida Gwaii, la profondeur près de la côte demeure inférieure à 200 mètres sur 95 km au large, puis chute brusquement pour atteindre des profondeurs de plus de 2 500 m. Ce bord abrupt du plateau limite les échanges d’eau entre l’océan côtier et la haute mer, mais plusieurs canyons sous-marins permettent aux eaux profondes de se déplacer sur le plateau. (voir la figure 1)

Au large, les monts sous-marins s’élèvent depuis le profond plancher océanique jusqu’à 25 m de la surface de la mer. Ils constituent des habitats uniques pour un grand nombre d’espèces rares. (Voir l’Encadré : Les cheminées hydrothermales abritent des communautés sous-marines uniques.)

Encadré : Les cheminées hydrothermales abritent des communautés sous-marines uniques.

Les cheminées hydrothermales libèrent de l’eau chaude et riche en minéraux qui contribue au maintien d’une communauté diversifiée d’organismes. La chaleur et les minéraux évacués fournissent de l’énergie et des matières premières qui favorisent la croissance des microorganismes, ce qui rend les sites de cheminées hydrothermales plus riches sur le plan biologique que les fonds marins environnants. Les microorganismes qui vivent sur les cheminées hydrothermales forment la base d’une chaîne alimentaire locale unique, avec une densité et un taux de croissance élevés. On y trouve des animaux particuliers, comme les vers tubicoles géants et des palourdes spécialisées.

Les chercheurs pensent que plus de 80 % des espèces des cheminées hydrothermales sont rares et ne vivent que dans ces sites uniques. Plus de 500 espèces animales inconnues jusqu’alors ont été identifiées depuis la découverte des écosystèmes des cheminées hydrothermales en 1977. Ces espèces dépendent de conditions uniques telles que la profondeur, la température et les courants de l’eau ainsi que les composés chimiques particuliers trouvés sur un site. Les larves peuvent dériver dans la colonne d’eau vers de nouveaux sites, mais les sites hospitaliers sont rares.

Les cheminées hydrothermales se trouvent dans des sites géologiquement actifs où le plancher océanique est en expansion. Par conséquent, elles subissent de fréquentes perturbations, voire une destruction complète dans les coulées de lave sous-marine. Certaines cheminées hydrothermales se retrouvent obstruées par des dépôts minéraux en quelques décennies. L’évolution des conditions océaniques, comme le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation, peut affecter l’environnement sensible d’un site de cheminées hydrothermales.

En 2003, le Canada a mis en place la zone de protection marine du champ hydrothermal Endeavour, d’une superficie de 97 kilomètres carrés, devenant ainsi le premier pays au monde à protéger un tel écosystème. À l’heure actuelle, seuls 8 % des cheminées hydrothermales à travers le monde sont protégés.

Comment se déplacent les eaux de l’océan Pacifique?

Les vents et les courants d’ouest dominants du Pacifique Nord déplacent l’eau de l’océan vers la côte, où le plateau continental et les îles côtières définissent son mouvement. Le mouvement de l’eau devient encore plus dynamique lorsqu’elle est poussée dans les mers intérieures et qu’elle se mélange avec l’écoulement d’eau douce des principaux réseaux hydrographiques le long de la côte du Pacifique.

Influences atmosphériques

Dans les latitudes du Canada, les vents d’ouest dominants sur le nord-est de l’océan Pacifique ont une influence déterminante sur les conditions maritimes le long de la côte ouest du Canada.

Les conditions atmosphériques ont une incidence sur les courants et les températures océaniques, ainsi que sur la remontée des eaux, c’est-à-dire le déplacement des couches d’eau froide et riche en nutriments vers la surface le long du plateau continental.

Deux systèmes atmosphériques dominants forment les principaux régimes de conditions météorologiques saisonnières dans le nord-est de l’océan Pacifique (voir la figure 2) :

L’interaction des zones de haute et de basse pression atmosphérique au-dessus du Pacifique Nord peut créer des courants mobiles de chaleur et d’humidité, appelés « rivières atmosphériques ». L’un de ces courants, communément appelé le « Pineapple Express », apporte de l’air humide de la région d’Hawaï vers la côte du Pacifique, provoquant des périodes de fortes précipitations hivernales. Dans d’autres situations, des crêtes de pression peuvent bloquer le flux atmosphérique, créant ainsi des conditions qui conduisent à des vagues de chaleur marines telles que le « Blob » de 2014-2016.

Les conditions océaniques dans le Pacifique tropical ont aussi une incidence sur les conditions météorologiques en Colombie-Britannique et dans les provinces de l’ouest. À l’occasion (environ tous les deux à sept ans), des régimes de vents climatiques persistants, appelés El Niño ou La Niña, modifient le régime dominant.

Courants océaniques

Modèles d’écoulement au large de la côte ouest du Canada

Figure 2 : Régimes d’écoulement au large de la côte ouest du Canada

Plusieurs éléments naturels se conjuguent pour générer les courants océaniques, notamment les marées, les vents, les gradients de pression atmosphérique, les échanges de chaleur avec l’atmosphère et les changements de densité de l’eau. Plus près de la côte, l’interaction avec les rejets terrestres et les écoulements fluviaux affecte également la force et la direction des courants.

Les flux océaniques

La circulation de l’eau dans les eaux canadiennes du Pacifique est liée aux flux océaniques mondiaux. Les eaux profondes et froides de l’océan s’écoulent du nord de l’Antarctique vers le Pacifique. Ces eaux se réchauffent et remontent à la surface lorsqu’elles traversent les régions équatoriales. En se mélangeant à l’eau de la mer de Béring, le courant subarctique se déplace vers l’est en direction de l’Amérique du Nord. Dans la région du large à l’ouest de l’île de Vancouver, le courant se divise en deux : une partie descend le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord sous la forme du courant de Californie, l’autre tourne vers le nord sous la forme du courant d’Alaska (voir la figure 2).

Courants saisonniers et remontée des eaux

Les influences atmosphériques saisonnières modifient ces courants mondiaux pour former des modèles régionaux. Les courants d’été au large de l’île de Vancouver, poussés par les vents du nord-ouest, se déplacent vers le sud. La rotation de la Terre fait en sorte que les couches supérieures de l’océan s’écoulent vers le large. Il se produit également un flux de remontée des eaux plus profondes vers la côte. Pendant cette saison, des eaux riches en nutriments remontent vers la zone côtière et fertilisent les eaux de surface, favorisant une abondance de phytoplancton et la croissance générale du réseau trophique. Pendant l’hiver ou la saison de plongée des eaux, les courants côtiers s’écoulent vers le nord en direction de Haida Gwaii et de l’Alaska.

Plus la transition entre la plongée des eaux en hiver et la remontée des eaux en été est précoce et plus les vents favorables à la remontée sont forts, plus les eaux côtières ont tendance à être productives. Au cours d’années comme 2005, où la transition printanière a été relativement tardive, la productivité des côtes marines était généralement moyenne ou inférieure à la moyenne pour les organismes, qu’il s’agisse de plancton, de poissons ou d’oiseaux. Ces dernières années, aucune tendance claire n’a été observée en ce qui concerne le moment et l’ampleur des vents favorables à la remontée des eaux.

Un courant relativement étroit, le courant côtier de l’île de Vancouver, circule vers le nord le long de la côte ouest de l’île de Vancouver (voir la figure 2). Ce courant est alimenté par les effets conjoints de la rotation de la Terre et de la quantité d’eau douce qui pénètre dans les régions côtières par les précipitations, le débit des cours d’eau (notamment le fleuve Fraser), la fonte des neiges ou le ruissellement des glaciers. Plus de 100 ans de données sur le débit du fleuve Fraser montrent que les débits annuels sont en augmentation. Sept des dix dernières années ont connu des débits supérieurs à la normale.

Plus au nord, dans le bassin de la Reine-Charlotte et le détroit d’Hécate, le flux d’eau douce provenant du ruissellement des cours d’eau fournit les eaux qui forment les tourbillons Haïda. (Voir l’Encadré – Les tourbillons Haïda.)

Encadré : Les tourbillons Haïda

Les conditions hivernales au large de la côte sud de Haida Gwaii peuvent former des tourbillons, qui sont des masses rotatives d’eau côtière relativement chaude et riche en nutriments pouvant atteindre 250 km de diamètre. Ces tourbillons peuvent persister jusqu’à deux ans et dériver à 1 000 km au large, transportant chaleur et nutriments vers les régions du large. La rotation dans le sens des aiguilles d’une montre du tourbillon pousse les nutriments vers le plancton dans les zones profondes et peu lumineuses. Ici, ils soutiennent une productivité deux à trois fois supérieure à ce qu’elle serait sans eux. L’augmentation de la production favorise la croissance des communautés qui se nourrissent du phytoplancton ainsi que des niveaux supérieurs de la chaîne alimentaire.

Ces remous dérivent fréquemment au large, au-dessus des monts sous-marins, dans des régions comme la zone de protection marine du mont sous-marin SG̲áan K̲ínghlas-Bowie, une montagne volcanique sous-marine dotée d’un écosystème marin à la productivité unique. La nutrition abondante a de nombreux effets sur les organismes vivants, ce qui leur permet de survivre à des profondeurs plus importantes que dans d’autres environnements sous-marins.

Réchauffement océanique

Changements de la température à la surface de la mer

Figure 3 : Carte montrant la zone de l’océan où les températures de la surface de la mer étaient nettement supérieures à la normale

Les eaux canadiennes de l’océan Pacifique affichent une tendance à long terme au réchauffement. Les températures quotidiennes de la surface de la mer le long de la côte de la Colombie-Britannique au cours des 80 dernières années montrent que les eaux côtières se sont réchauffées d’environ 0,7 oC. Bien que cette augmentation de température puisse sembler négligeable, ce changement persistant peut avoir un effet important sur l’écosystème océanique, car une eau plus chaude est associée à des concentrations plus faibles de nutriments et d’oxygène dissous. Les conditions climatiques chaudes peuvent stresser les espèces qui dépendent d’eaux plus froides, comme le saumon, et peuvent permettre aux algues toxiques de se développer, avec des effets sur toute la chaîne alimentaire.

Outre la tendance au réchauffement, des phénomènes de réchauffement extrêmes, ou vagues de chaleur marine, se produisent également (voir la figure 3). Comme les vagues de chaleur dans l’atmosphère, une vague de chaleur marine est une période persistante de températures plus élevées que la normale dans l’océan. Le nombre de vagues de chaleur marine dans le nord-est de l’océan Pacifique a augmenté ces dernières années. Des vagues de chaleur marine ont été enregistrées en 2014-2016, 2018 et 2020, et on prévoit qu’elles seront plus fréquentes à l’avenir.

Encadré : Le Blob

La vague de chaleur marine qui s’est produite dans le nord-est de l’océan Pacifique de 2014 à 2016, largement connue sous le nom de « Blob », était un événement de chaleur extrême. Des températures de surface maximales jusqu’à 3 oC supérieures à la normale ont persisté pendant près de deux ans. Le Blob a dépassé tous les records précédents en matière d’ampleur, de portée géographique et de durée. Il a eu des effets sur l’écosystème, des microorganismes aux prédateurs de niveau trophique supérieur. Le Blob a été causé par un décrochage atmosphérique, une combinaison inhabituelle et persistante de facteurs : des températures de l’air plus élevées (qui réchauffent la surface de l’océan); des changements de régime de vitesse, de direction et de durée des vents (qui réduisent le mélange des couches océaniques et l’effet de remontée des eaux froides); une masse persistante d’eau équatoriale plus chaude due au phénomène El Niño.

Les écosystèmes marins du Pacifique sous pression

Les changements climatiques font en sorte que l’océan Pacifique du Canada affiche des conditions de plus en plus chaudes et acides, avec des niveaux d’oxygène plus faibles, tandis que les activités humaines introduisent des facteurs de stress supplémentaires.

Les changements climatiques ont des répercussions diverses

L’augmentation des niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraîne une hausse des températures mondiales. L’océan Pacifique du Canada absorbe une partie de la chaleur et du dioxyde de carbone de ce réchauffement climatique. En raison de ces changements atmosphériques, les eaux superficielles sont plus chaudes et plus acides, les niveaux d’oxygène diminuent et les vagues de chaleur marine deviennent plus fréquentes et plus extrêmes.

Les chercheurs s’efforcent actuellement d’évaluer quels sont les effets de ces tendances sur les écosystèmes du nord-est de l’océan Pacifique. Certaines des sections suivantes traitent des effets sur les organismes vivants.

Augmentation de la température océanique

Les changements de température de l’eau peuvent avoir une incidence sur la répartition, la croissance et le cycle vital des plantes et des animaux. Ils influent également sur la disponibilité et la période de disponibilité des sources de nourriture dans les écosystèmes marins. Les courants et les mélanges océaniques redistribuent la chaleur et le dioxyde de carbone en surface vers les eaux plus profondes, provoquant d’autres modifications des écosystèmes marins qui pourraient persister pendant des décennies.

Le réchauffement des températures océaniques et la réduction de la circulation qu’il entraîne, combinés à l’augmentation des nutriments provenant de la terre, permettent aux proliférations d’algues nuisibles de se développer rapidement. Les observateurs ont remarqué d’importantes proliférations d’algues nuisibles dans la mer des Salish. Dans les eaux côtières, certaines proliférations d’algues provoquent des pertes de saumon d’élevage. La décomposition rapide des proliférations d’algues peut augmenter les niveaux d’ammoniac, appauvrir les niveaux d’oxygène et perturber la croissance du plancton.

Réduction du mélange vertical

Écosystèmes de monts sous-marins menacés

Figure 4 : Les écosystèmes des monts sous-marins menacés

Comme les couches chaudes et froides ne se mélangent pas facilement, les températures plus élevées de la surface de la mer augmentent la stratification dans la colonne d’eau. L’augmentation de la stratification réduit le renouvellement des nutriments en limitant le mouvement vers le haut ou vers le bas à travers les couches. Lorsque la stratification empêche le mouvement des nutriments essentiels, elle réduit la production et modifie la composition du phytoplancton. Cela a des répercussions similaires sur les organismes qui consomment du phytoplancton, que ce soit directement ou par la chaîne alimentaire.

Baisse des concentrations d’oxygène

Les eaux du Pacifique Nord sont naturellement pauvres en oxygène par rapport aux autres océans. Dans les eaux au large de la côte ouest du Canada, il existe une zone de minimum d’oxygène, où l’eau de l’océan contient un très faible niveau d’oxygène, à des profondeurs entre 500 m et 2 000 m environ. La tranche d’eau s’est étendue au cours des 60 dernières années et a fait l’objet d’une réduction de 15 % de son oxygène (voir la figure 4).

La baisse du taux d’oxygène dans l’eau (la désoxygénation) peut modifier l’équilibre de la vie marine. La plupart des poissons préfèrent les eaux riches en oxygène et peuvent migrer vers des régions où la teneur en oxygène est plus élevée. Ils peuvent être remplacés par des espèces qui tolèrent les eaux à faible teneur en oxygène (hypoxiques), comme les microbes, les scyphozoaires et certains calmars.

Sébaste à œil épineux

La baisse du taux d’oxygène dans la zone de minimum d’oxygène au large semble avoir complètement déplacé le sébaste à œil épineux du mont sous-marin Dellwood. Elle a limité la présence de ces sébastes à la partie supérieure du mont sous-marin Union.

Dans le sud de la mer des Salish, autour du bras de mer Saanich, une période d’hypoxie sévère (c’est-à-dire des taux d’oxygène anormalement bas dans l’eau) de 2015 à 2017 a entraîné l’absence de crevettes tachetées et d’autres espèces commerciales de crevettes dans la zone de relevé. Au cours de la même période, l’abondance d’autres animaux vivant sur les fonds marins, comme les gorgones, a également diminué, tandis que de nouvelles espèces, comme le nudibranche rayé et l’holothurie soignée, ont prospéré. Les animaux mobiles et les animaux à durée de vie plus courte ont commencé à se rétablir en 2019, mais les espèces moins mobiles et les espèces à durée de vie plus longue pourraient ne pas se rétablir avant plusieurs années.

En revanche, si ces conditions de faible teneur en oxygène constituent une menace pour les sébastes, les crevettes tachetées et d’autres espèces, elles pourraient entraîner une augmentation du nombre de scyphozoaires dans le Pacifique Nord.

Acidification des océans

Lorsque l’eau de mer absorbe une plus grande quantité du dioxyde de carbone en augmentation dans l’atmosphère, elle devient plus acide. Les chercheurs ont observé une augmentation des niveaux d’acidité dans le Pacifique Nord au cours des 25 dernières années.

L’acidification accrue affaiblit et endommage les coquilles des animaux à coquille, comme les moules et les huîtres. Cela a des répercussions sur la formation des coraux et des éponges, qui constituent un habitat important pour d’autres espèces. L’acidification peut également stresser les organismes des grandes profondeurs comme les crevettes roses et les poissons de fond, ainsi que les organismes marins à l’état larvaire, ce qui entraîne une diminution de leur survie. Cela peut nuire à la productivité des organismes marins, y compris aux mollusques et crustacés commerciaux et à d’autres espèces.

Les espèces vivant dans les fjords côtiers peuvent être particulièrement sensibles à ces changements. Les conchyliculteurs de la mer des Salish signalent les effets néfastes de l’acidification des océans, en particulier sur les stades larvaires des espèces de mollusques et crustacés.

L’augmentation des nutriments favorise les proliférations d’algues

Les niveaux élevés de nutriments (azote et phosphore) provenant de l’océan, ainsi que des engrais agricoles, de l’évacuation des eaux usées et du ruissellement urbain favorisent la croissance des algues dans les régions côtières. De grandes proliférations d’algues peuvent se former à la surface de l’eau, empêchant la lumière du soleil d’atteindre les eaux plus profondes et entraînant la mort et la décomposition des plantes océaniques. Lorsque les proliférations d’algues meurent, elles coulent vers le fond de la mer, où elles sont consommées par des microbes qui extraient davantage d’oxygène de l’eau. Des températures plus élevées de l’eau aggravent le problème en accélérant la croissance des algues et le rythme auquel les microbes se nourrissent de la matière végétale.

Sur la côte du Pacifique, de grandes proliférations d’algues sont clairement visibles sur les photos satellites, en particulier près des estuaires densément peuplés du fleuve Fraser et de la baie Cowichan, dans la baie Howe au nord de Vancouver, et dans les zones de la côte ouest de l’île de Vancouver.

L’augmentation de la température de l’eau résultant des changements climatiques pourrait accroître les effets néfastes de la prolifération d’algues. Par exemple, les observateurs ont remarqué des taux élevés d’acide domoïque (une neurotoxine associée à l’empoisonnement des mollusques et crustacés chez les humains et les mammifères marins) pendant le Blob, la vague de chaleur marine de 2014-2016. Les températures plus élevées peuvent également attirer des espèces animales que l’on rencontre habituellement dans les eaux tropicales. (Voir l’Encadré – Des dauphins voyageurs arrivent dans les eaux plus chaudes.)

Encadré – Des dauphins voyageurs arrivent dans les eaux plus chaudes.

Un chercheur de l’océan Pacifique étudiant les oiseaux de mer a observé un grand groupe de grands dauphins et de faux-orques (un autre type de dauphin) se déplaçant au large de la côte ouest de l’île de Vancouver (Halpin et al. 2018Note de bas de page 3). Les deux espèces vivent normalement dans les eaux tempérées et tropicales du monde entier. Cette observation est la seule enregistrée dans les eaux du Pacifique du Canada pour les grands dauphins et la première dans les eaux non côtières de la Colombie-Britannique pour les faux-orques. Le réchauffement des eaux du Pacifique pourrait entraîner une augmentation du nombre d’animaux qui vivent habituellement dans des régions plus chaudes.

Les activités humaines ont des répercussions sur les communautés d’espèces

Outre les effets des changements climatiques, d’autres activités humaines ont également des répercussions sur les espèces. La pêche récréative et la pêche commerciale ont des effets sur le nombre et la répartition des espèces qu’elles ciblent, ainsi que sur les espèces qui dépendent des espèces ciblées. La taille et le nombre croissants des ports du Pacifique entraînent la destruction ou le déplacement d’habitats. La navigation commerciale constitue une menace d’introduction et de propagation d’espèces envahissantes dans les habitats du Pacifique.

Le transport maritime est considéré comme la principale source de nouvelles espèces aquatiques envahissantes. Les navires prennent de l’eau de ballast dans les ports étrangers pour assurer leur stabilité et leur sécurité en mer. Ils les rejettent ensuite dans les eaux canadiennes, avec des espèces étrangères allant des bactéries à de plus gros organismes. Les engins de pêche peuvent également transporter des espèces envahissantes dans les régions du Pacifique.

L’évolution des conditions océaniques entraîne également l’introduction d’espèces envahissantes. Emportés par les courants océaniques ou transportés par des navires, des organismes non indigènes peuvent prospérer dans les habitats modifiés qu’ils trouvent. Ils peuvent provoquer l’extinction de plantes et d’animaux indigènes, réduire la biodiversité, concurrencer les organismes indigènes quant à des ressources limitées et modifier davantage les habitats. Ils peuvent nuire aux ressources océaniques naturelles ainsi qu’à l’utilisation de ces ressources par l’homme.

Le crabe vert envahissant, par exemple, est un prédateur robuste et agressif. Il se nourrit de mollusques et crustacés comme les palourdes, les moules, les huîtres, de petits crabes et d’autres crustacés, et même de petits poissons. Il peut supplanter les espèces locales. On trouve maintenant des crabes verts sur toute la côte ouest de l’île de Vancouver, de la baie Barkley au havre Winter. Les observateurs en ont vu en faible nombre sur la côte centrale et dans la mer des Salish, et en 2020, ils ont été détectés pour la première fois à Haida Gwaii. Le réchauffement des températures océaniques pourrait leur permettre de se propager davantage vers d’autres zones de la côte de la Colombie-Britannique.

Le réseau trophique de l’océan Pacifique

Un réseau trophique relie tous les organismes les uns aux autres et est influencé par les conditions physiques de l’océan.

Le mélange et la circulation des océans ont des effets sur la vie marine, car ils influencent les nutriments que le phytoplancton peut utiliser. Le phytoplancton est à la base des réseaux trophiques marins et, comme les plantes terrestres, il absorbe les nutriments dissous dans son environnement. Il utilise l’énergie disponible dans la lumière du soleil pour convertir les nutriments simples en sucres, graisses et protéines. Les nutriments dissous qui alimentent la croissance du phytoplancton se disséminent tout au long du réseau trophique lorsque le zooplancton, les poissons, les oiseaux de mer et les mammifères s’en nourrissent. Les pêcheurs humains font également partie des prédateurs qui dépendent de la santé de ce système pour leur propre alimentation et leur bien-être économique.

Les liens physiques entre les océans et un réseau de vie relieles organismes qui vivent dans la mer et près de la mer

Description

Les conditions atmosphériques, comme la température de l'air, les vents, la pression atmosphérique et les précipitations, affectent :

Les conditions océaniques, comme les courants océaniques, les températures, la salinité et les remontées d'eau, qui à leur tour affectent :

Les producteurs primaires, comme la croissance et la diversité du phytoplancton, qui à leur tour affectent :

Les producteurs secondaires, comme l'abondance du zooplancton et la composition de la communauté, qui a leur tour affectent :

Les prédateurs, comme les poissons, les oiseaux de mer, les mammifères et les autres prédateurs, y compris les pêcheurs humains.

Liens avec l’océan Pacifique

Outre les liens physiques entre les océans, un réseau de vie relie les organismes qui vivent dans la mer et près de la mer.

La plupart des réseaux trophiques du Pacifique commencent par le phytoplancton (organismes marins microscopiques ressemblant à des plantes), qui est mangé par le zooplancton (petits animaux à la dérive). Il est à son tour mangé par les mollusques et crustacés, les scyphozoaires, les poissons et, finalement, par les oiseaux de mer et les mammifères marins. En raison de ces liens, les changements qui interviennent dans une partie du réseau trophique pourraient avoir des répercussions sur l’état et la santé du réseau trophique.

La subsistance et le bien-être de nombreuses personnes des collectivités côtières du Canada dépendent également des réseaux trophiques marins. Les modifications des réseaux trophiques marins ont des effets sur les nombreuses personnes qui en dépendent. Lorsque des modifications de l’habitat ou des conditions environnementales ont des effets sur le réseau trophique de l’océan Pacifique, les répercussions peuvent se faire sentir tout au long du réseau.

Les communautés zooplanctoniques

Moins de nourriture pour tout le monde

Figure 5 : Vivre avec moins de nourriture

Le zooplancton est un groupe diversifié d’animaux, comprenant les copépodes, le krill, les scyphozoaires et les stades larvaires des poissons et des mollusques et crustacés. Les changements dans les communautés zooplanctoniques ont des effets sur leurs prédateurs, comme les poissons-proies et les oiseaux de mer. Les poissons-proies, comme le hareng du Pacifique, l’eulakane, les espèces d’éperlans, l’anchois du Pacifique et le lançon du Pacifique, servent à leur tour de nourriture à d’autres poissons de plus grande taille ainsi qu’à des oiseaux de mer piscivores et à des mammifères marins.

Le long de la côte du Pacifique du Canada, les eaux profondes riches en nutriments remontent et se mélangent à la couche supérieure de l’océan. Les nutriments alimentent la croissance du phytoplancton et le reste du réseau trophique. Le type et la période de prolifération du phytoplancton influent sur l’abondance, la composition, la période et la répartition des espèces de zooplancton. Si la période de prolifération du phytoplancton ne correspond pas aux besoins nutritionnels du zooplancton, la croissance du zooplancton peut être limitée. Cela peut avoir des effets sur la quantité de nourriture disponible pour leurs prédateurs, comme les poissons-proies, les oiseaux de mer et les baleines.

Lors des années plus chaudes, la composition des communautés de zooplancton se trouve modifiée. Les espèces de copépodes du sud, moins nutritives, se déplacent au gré des courants océaniques, et les copépodes du nord, riches en énergie, se trouvent en moins grand nombre. La taille plus petite et la teneur énergétique plus faible des copépodes du sud en font une nourriture plus pauvre pour les autres animaux du réseau trophique (voir la figure 5). La teneur énergétique plus faible du zooplancton d’eau chaude a une incidence sur la survie des jeunes saumons. Les oiseaux de mer, tels que les stariques de Cassin, se développent plus rapidement lorsque leur régime alimentaire contient davantage de copépodes du nord riches en énergie. La moins bonne qualité de la nourriture dans le Pacifique en réchauffement pourrait nuire à la plus grande colonie de reproduction de stariques de Cassin au monde, sur l’île Triangle, en Colombie-Britannique.

Poissons, mollusques et pêches dans l’océan Pacifique

Les conditions changeantes et l’activité humaine dans l’océan Pacifique ont des répercussions distinctes sur différentes espèces de poissons et de crustacés.

L’océan Pacifique abrite une grande variété d’espèces de poissons et de crustacés appartenant à une communauté écologique complexe. À la fois proies et prédatrices, ces espèces constituent des maillons essentiels de l’écosystème. Prisées autant par la pêche commerciale que récréative, elles sont également pêchées par les Premières Nations et revêtent une importance culturelle particulière pour ces dernières. Ces espèces comprennent entre autres le saumon du Pacifique, les poissons de fond, les poissons pélagiques et la crevette. Bien que les stocks de certaines espèces soient viables, d’autres appartiennent aux espèces en péril.

Hareng du Pacifique

Pressions écosystémiques sur le cycle biologique du hareng du Pacifique

Figure 6 : Pressions écosystémiques sur le cycle biologique du hareng du Pacifique

Le hareng du Pacifique est une espèce importante qui se nourrit principalement de zooplancton dans des eaux riches en nutriments souvent associées à des remontées d’eau au large. Poisson-proie essentiel, le hareng du Pacifique est la proie de nombreux poissons tels que la morue du Pacifique, la morue charbonnière et le flétan du Pacifique, ainsi que d’animaux tels que les otaries, les phoques et les rorquals à bosse. La fraie annuelle massive du hareng du Pacifique dans les baies et estuaires côtiers fournit de la nourriture à des millions d’oiseaux de mer et des milliers de mammifères marins.

En Colombie-Britannique, la gestion des stocks de hareng est organisée en cinq stocks principaux et deux stocks secondaires. Chaque année, en partenariat avec des Premières Nations, l’industrie de la pêche et des organisations gouvernementales et non gouvernementales, les scientifiques évaluent l’abondance du hareng du Pacifique et définissent des stratégies pour atteindre les objectifs de conservation et de gestion des pêches.

Nageant en grands bancs de la surface jusqu’à des profondeurs de 200 m, les harengs du Pacifique du large de la côte de la Colombie-Britannique peuvent atteindre 26 cm et vivre de 14 à 16 ans. Chaque printemps, les principaux stocks de harengs adultes migrent des zones d’hivernage vers les zones littorales. Ils y frayent le long des rivages, dans les zones intertidales et subtidales peu profondes. Le hareng fraye généralement dans des zones similaires chaque année, bien que leur emplacement spécifique puisse changer. Les harengs déposent leurs œufs sur les varechs, les zostères et d’autres structures. Après la fraie, ces poissons migrent vers leurs zones d’alimentation estivale.

Les œufs éclosent au bout de quelques semaines, bien que ce délai puisse varier en fonction des conditions environnementales, comme la température. Les larves séjournent dans les eaux littorales pendant deux à trois mois, se nourrissant dans les eaux peu profondes. Au cours de l’été de leur première année, les juvéniles forment des bancs dans les baies, les bras de mer et les canaux peu profonds, puis migrent vers les eaux profondes pour les deux ou trois années suivantes.

La biomasse totale de harengs (le poids total de tous les poissons, une indication de la quantité de poissons présents) varie entre ces zones. Dans les eaux de Haida Gwaii, la biomasse est très faible par rapport à la biomasse des années passées et un plan de rétablissement est en cours; la biomasse est relativement élevée dans le détroit de Georgia. D’autres stocks sont récemment demeurés stables ou ont augmenté par rapport aux années précédentes. En outre, le poids moyen des harengs individuels a diminué entre 1980 et 2010 environ. Cependant, ces dernières années, les poids individuels moyens ont augmenté dans tous les stocks. Cette situation peut être attribuable à une combinaison de facteurs, tels que des changements à grande échelle dans l’environnement, l’approvisionnement et la qualité de la nourriture, le nombre de prédateurs et la compétition.

Comme le hareng du Pacifique dépend du zooplancton pour se nourrir, les changements de température de l’océan influant sur la quantité et le type de plancton peuvent influer sur la croissance du hareng.

Poissons de fond

Le terme « poissons de fond » désigne de nombreuses espèces de poissons, dont la plupart vivent sur le fond marin ou dans les eaux avoisinantes. Dans le Pacifique du Canada, les poissons de fond comprennent la morue du Pacifique, la morue charbonnière, le flétan atlantique, la plie à grande bouche, le merlu du Pacifique, la morue-lingue et de nombreuses espèces de sébastes, comme le sébaste du Pacifique, le sébaste bocace, le sébaste aux yeux jaunes et le sébaste à bouche jaune. Les poissons de fond jouent un rôle important dans l’écosystème comme prédateurs de poissons plus petits comme le hareng du Pacifique. Ils servent également de proies pour d’autres animaux au sein de l’écosystème lorsqu’ils sont au stade de l’œuf, de la larve et une fois juvéniles. Les poissons de fond sont également importants pour l’homme : ils sont utilisés à des fins alimentaires, sociales et rituelles par les Premières Nations et font l’objet d’une pêche commerciale et récréative.

Les scientifiques effectuent des évaluations régulières des principaux stocks de poissons, dont plus de 70 stocks commerciaux de poissons de fond. Ces évaluations combinent les données des pêches (telles que les prises commerciales) et les données des relevés scientifiques pour arriver à des estimations telles que celle du poids total de tous les poissons frayant (la biomasse reproductive) ou relatives à la croissance et à la maturité. Ces données permettent aux chercheurs d’évaluer l’état des stocks et l’intensité de la pêche.

Les espèces de poissons de fond suivent différents cycles biologiques. Par exemple, les espèces de sébastes ont généralement une longue durée de vie et une croissance lente. Certaines atteignent plus de 100 ans et ne commencent pas à se reproduire avant l’âge de 20 ans. Au lieu de pondre des œufs comme la majeure partie des autres poissons, la plupart des sébastes libèrent des larves vivantes, bien que certains pondent également. Les œufs et les larves dérivent avec les courants et, au fur et à mesure de leur croissance, les juvéniles s’installent dans des eaux relativement peu profondes avant de migrer vers des eaux plus profondes avec les adultes.

L’état moyen des stocks de poissons de fond a diminué de 1950 jusqu’à l’an 2000 environ et est resté relativement stable depuis. Le changement survenu vers l’an 2000 s’est produit à la suite des changements de gestion de la pêche au chalut. Une gestion des pêches durable requiert le maintien des stocks dans la zone saine en évitant les dangers que la pêche ou d’autres activités font courir aux stocks. Si l’état moyen des stocks était supérieur au point de référence en 2020, certains stocks se trouvaient dans la zone de prudence. Quatre se trouvaient dans une zone critique où un rétablissement est nécessaire. Une gestion prudente devrait permettre de rétablir et de renforcer les stocks au fil du temps.

Le changement de température des fonds marins peut avoir une incidence sur les lieux où vivent certaines espèces de poissons (voir la figure 7). Au cours de la dernière décennie, la biomasse totale de certaines espèces de poissons de fond a diminué dans les zones déjà chaudes de la côte dont le réchauffement se poursuit. Bon nombre de stocks d’espèces semblent être stables ou en augmentation dans les zones plus fraîches. Cela peut être dû à un changement dans les concurrents ou les espèces de proies, ou au fait que les températures plus basses favorisent un développement plus sain des œufs, ce qui permet à une plus grande partie de la jeune population de survivre pour rejoindre la population en âge de se reproduire.

Des conditions océaniques extrêmes peuvent nuire à certaines espèces, mais en favoriser d’autres. À titre d’exemple, les populations de sébaste bocace, une grande espèce de sébaste pouvant vivre jusqu’à 45 ans, ont diminué de plus de 95 % au cours des 50 dernières années. En 2016 cependant, de nombreux jeunes sébastes bocaces ont survécu, peut-être parce que davantage d’oxygène était disponible à des profondeurs plus faibles. L’augmentation de l’abondance du sébaste bocace pourrait renverser la tendance à long terme vers un déclin de l’espèce.

Les pertes récentes d’habitats de fraie, dues à des changements dans les conditions océaniques, peuvent avoir empêché certains poissons de fond, comme la morue du Pacifique, de frayer avec succès. En revanche, les changements dans l’écosystème du détroit de Georgia, notamment relatifs aux périodes de croissance du plancton et au nombre de pinnipèdes tels que les phoques communs, peuvent limiter le rétablissement de la morue-lingue après les déclins dus à la pêche des années 1930 aux années 1980.

Cependant, les facteurs les plus susceptibles d’influencer les tendances ont été la pêche et la gestion des stocks de poisson. Des changements apportés aux exigences de gestion à la fin des années 1990 et au début des années 2000 ont permis de réduire l’ensemble des pêches, et des quotas de capture relativement constants sont depuis maintenus pour de nombreuses espèces.

Les changements climatiques affectent les espèces qui vivent sur les fonds marins

Figure 7 : Les changements climatiques touchent les espèces vivant dans les fonds marins

Crevette du Pacifique

Environ 85 espèces de crevettes vivent au large de la côte du Pacifique du Canada. Sept d’entre elles font l’objet d’une pêche commerciale au chalut et au casier, dont la crevette océanique. Les crevettes jouent un rôle important dans les écosystèmes des fonds marins, qu’ils soient de roche, de boue ou de sable. Elles constituent une source de nourriture importante pour de nombreux organismes marins, notamment les poissons de fond, les mammifères et les grands invertébrés.

La crevette océanique vit environ trois ans. Après son passage à l’état de larve en été, elle est d’abord de sexe mâle, puis change de sexe en milieu de vie pour devenir femelle au cours de sa troisième et dernière année de vie. Elle fraye à la fin de l’automne ou au début de l’hiver, et les femelles portent les œufs tout l’hiver jusqu’à leur éclosion au printemps.

En 2019, au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, les chercheurs ont constaté que le stock total de crevettes océaniques était parmi les plus faibles depuis le début des relevés en 1973, bien en dessous des niveaux moyens.

Tout comme le changement de température de la mer semble avoir une incidence sur le nombre de poissons de fond, il influe également sur certaines espèces de crevettes (voir la figure 7). Par exemple, au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, la hausse des températures océaniques pourrait nuire à la survie des larves de crevette océanique, qui préfèrent les températures plus fraîches. D’autres facteurs peuvent également changer avec l’augmentation de la température, comme le nombre de prédateurs dans les eaux plus chaudes. Ces deux conditions pourraient réduire le nombre de crevettes survivantes.

Saumon du Pacifique

Le cycle vital des espèces de saumon du Pacifique (saumon chinook, saumon rouge, saumon coho, saumon kéta et saumon rose) les conduit des frayères des cours d’eau douce aux estuaires côtiers, puis à l’océan, avant de revenir dans les frayères. Il existe plus de 9 000 populations de saumon (combinaisons d’espèces et de cours d’eau) en Colombie-Britannique. Elles occupent divers habitats et leurs stratégies de cycle de vie varient grandement. Par exemple, le saumon rose migre vers l’océan immédiatement après être sorti du gravier au stade d’alevin, tandis que le saumon rouge passe un à deux ans dans son lac d’alevinage avant de migrer vers l’océan au stade de saumoneau.

Le saumon joue également un rôle important dans les écosystèmes marins et d’eau douce qu’il utilise tout au long de sa vie. En Colombie-Britannique, il est d’une importance vitale pour les Premières Nations à des fins alimentaires, sociales et rituelles, et ils contribuent, par la pêche récréative et commerciale, au contexte socioéconomique de la côte ouest du Canada.

Les prises de saumon du Canada ont chuté au cours des dernières décennies, et ont été extrêmement faibles en 2019 et 2020. Malgré d’importantes réductions des prises commerciales, le nombre de saumons reproducteurs est en baisse pour de nombreuses espèces et populations.

Le saumon du Pacifique occupe une grande variété d’écosystèmes et est exposé à de nombreuses menaces, telles que la pêche, les maladies, les espèces envahissantes et d’autres modifications de l’écosystème. Les changements climatiques modifient les écosystèmes dont dépend le saumon à chaque étape de son cycle vital. Les changements de l’habitat liés au climat comprennent les vagues de chaleur marines et l’augmentation de la température de l’eau des océans, des modifications du réseau alimentaire, dans la fonte des glaciers et du moment du pic de débit des rivières, le réchauffement de l’eau douce, les pluies et les sécheresses extrêmes et une érosion accrue (voir la figure 8). Tous ces changements peuvent nuire à la survie des saumons. Par exemple :

Les changements climatiques ont des répercussions sur le cycle biologique du saumon du Pacifique

Figure 8 : Effets des changements climatiques sur le cycle vital du saumon du Pacifique

Ces menaces modifient le nombre et le lieu de vie des populations de saumon du Pacifique du Canada qui survivent jusqu’à la fraie. D’une manière générale, certaines espèces s’en sortent mieux que d’autres, mais il existe des exceptions à ces tendances.

Les différences entre les espèces et les populations peuvent donner des indices sur les facteurs qui les rendent plus résistantes aux futurs changements climatiques. Des recherches et un suivi plus poussés sur ces facteurs peuvent améliorer la gestion du saumon dans un climat changeant.

Mammifères marins du Pacifique

Le rétablissement des populations de certaines espèces de mammifères marins a une incidence sur les écosystèmes qu’elles habitent.

Les populations de mammifères marins comme les baleines, les otaries et les loutres ont fortement diminué en raison de la chasse pratiquée dans le passé et de la chasse à la baleine. Des restrictions de capture et d’autres mesures de gestion ont permis à certaines espèces de se rétablir et de recoloniser leurs anciens habitats. Grâce à ces fortes tendances au rétablissement, les mammifères marins redeviennent des éléments importants au sein de leurs écosystèmes. Cette situation aura probablement une incidence sur les réseaux trophiques qui peuvent affecter les écosystèmes et les communautés côtières de diverses manières. Par exemple, les populations d’épaulards résidents du Nord, d’épaulards de Bigg (de passage) et de rorquals à bosse sont en augmentation. Le nombre d’otaries de Steller en Colombie-Britannique a été à la hausse des années 1990 à 2000 et se maintient à environ 40 000 individus depuis 2013.

Les baleines à bosse se rétablissent, les épaulards de Bigg sont en augmentation

Figure 9 : Rétablissement des rorquals à bosse et augmentation du nombre d’épaulards de Bigg

Épaulard de Bigg et phoque commun

Les épaulards de Bigg forment une population d’au moins 500 épaulards prédateurs de mammifères et sont présents du sud de l’Alaska à la Californie, tant en eaux côtières qu’au large (voir la figure 9). Ces dernières années, un sous-ensemble de près de 350 individus a passé plus de temps dans les mers intérieures de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington, et en particulier dans la mer des Salish. Leur nombre semble avoir augmenté à un taux annuel moyen de 4,1 % depuis 2012, avec la naissance de plus de 100 veaux au cours de cette période. Cette augmentation montre une population en bonne santé et un taux de mortalité relativement faible.

Les épaulards de Bigg consomment des proies mammifères, notamment des phoques communs, des otaries de Steller, des marsouins communs et des marsouins de Dall. L’augmentation des observations d’épaulards de Bigg coïncide avec une augmentation de leurs principales proies, les phoques communs, qui pourraient avoir attiré les épaulards dans le détroit de Georgia. Leur nombre croissant est susceptible de ralentir la croissance de la population de phoques communs.

Les épaulards résidents du sud

La population d’épaulards résidents du sud, menacée d’extinction, ne compte plus que 73 individus. Leur principale source de nourriture, le saumon chinook, est en déclin sur toute la côte et que les activités humaines exercent sur eux une pression de plus en plus importante.

Retour des rorquals à bosse dans leur ancien habitat

Les rorquals à bosse continuent à se remettre de l’exploitation passée et ont recommencé à occuper leur ancien habitat en Colombie-Britannique (voir la figure 9). En 2018, un relevé effectué par un navire sur l’ensemble de la côte a permis d’étudier leur abondance estivale, estimée à environ 12 500 individus. Ce nombre inclut environ 8 500 individus sur le plateau continental au large de la côte ouest de l’île de Vancouver et de Haida Gwaii, et 3 300 autres le long de la côte centrale.

Les relevés précédents n’avaient pas détecté de rorquals à bosse dans la mer des Salish, mais le relevé de 2018 a permis d’estimer leur nombre à 350 dans cette région. Ces observations montrent qu’ils investissent des zones où ils étaient encore largement absents au début des années 2000.

Les rorquals à bosse consomment de grandes quantités de nourriture, notamment du zooplancton et du poisson-proie, et l’augmentation de leur population pourrait avoir des répercussions sur les populations de poissons.

Comme le nombre de rorquals à bosse dans le Pacifique du Canada augmente, et que le trafic maritime s’accroît également, le nombre de collisions avec des navires et d’autres incidents, comme l’empêtrement dans des engins de pêche, augmentera probablement aussi. Les rapports d’incidents pour 2019-2020 ont répertorié 714 incidents touchant des mammifères marins dans le Pacifique, dont 333 pour des espèces inscrites sur la liste des espèces en péril, aux termes de la Loi sur les espèces en péril, comme les rorquals à bosse du nord du Pacifique.

Les loutres de mer rééquilibrent le broutage de la forêt de varech

Les loutres de mer reviennent, les écosystèmes côtiers changent

Figure 10 : Retour des loutres de mer et modification des écosystèmes côtierse

Le nombre de loutres de mer a augmenté après avoir obtenu le statut d’espèce protégée. Elles avaient été chassées quasiment jusqu’à l’extinction, mais ont été réintroduites en Colombie-Britannique au début des années 1970 (voir la figure 10). Elles ont bénéficié des abondantes populations d’oursins, qui ont connu une croissance rapide en leur absence.

Le nombre de loutres de mer en Colombie-Britannique était estimé à 8 100 en 2017. Le taux annuel d’augmentation dans l’ensemble de la Colombie-Britannique était de 5,2 % par année pour la période s’étendant de 2013 à 2017. Cependant, les taux de croissance sont plus faibles dans les zones occupées par les loutres de mer durant de longues périodes, où elles ont consommé un grand nombre d’oursins. En s’attaquant aux oursins, les loutres de mer ont réduit le broutage du varech, ce qui a permis aux forêts de varech de prospérer et de s’étendre. Il a également été démontré qu’elles font augmenter le volume des herbiers de zostère lorsqu’elles creusent pour trouver des myes. Ainsi, les loutres de mer ont joué un rôle évident dans la structuration et la modification des écosystèmes côtiers et ont conduit à une augmentation de la densité et de la diversité de la faune marine.

Observation et conservation de l’océan Pacifique

Les activités d’observation et de conservation des océans peuvent aider à comprendre les conditions marines et à protéger les océans du Canada et leur réseau de vie.

Dans l’océan Pacifique du Canada, de nombreuses organisations surveillent les écosystèmes marins, notamment des organismes gouvernementaux, des Premières Nations, des universités, des organisations non gouvernementales et des scientifiques citoyens. Cette vaste coalition influence le travail des spécialistes des sciences marines. Les progrès techniques ont permis d’améliorer leurs méthodes d’acquisition, d’analyse et d’échange des données océaniques. Grâce à ces progrès techniques, notamment l’utilisation de satellites, la télédétection et les analyses innovantes, ils peuvent élaborer de nouveaux programmes de surveillance et compléter les programmes qu’ils utilisent depuis des décennies.

Les spécialistes des sciences marines veulent connaître les processus physiques, chimiques et biologiques du Pacifique. Ils doivent également comprendre comment les changements climatiques influent sur l’océan et le rôle de l’homme dans ce changement. Le Canada pourra ensuite appliquer cette compréhension pour soutenir des écosystèmes sains, des pêches durables et des zones de protection marine efficaces.

Les progrès de la technologie océanique

Aperçu de la technologie des sciences de la mer dans le Pacifique canadien

Figure 11 : Aperçu de la technologie des sciences océaniques dans l’océan Pacifique du Canada

Les scientifiques et les ingénieurs ont mis au point de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de détection, et en ont adapté d’autres, afin de mieux surveiller les conditions de l’océan. Ces progrès permettent aux chercheurs d’obtenir des données plus détaillées et plus vastes que par le passé.

Les nouvelles technologies de relevé de l’océan utilisées dans le Pacifique incluent notamment (figure 11) :

Explorer les effets cumulatifs

Les processus naturels et les activités humaines sont liés à un certain nombre de facteurs de stress environnementaux. Les exemples incluent les changements physiques, chimiques et biologiques dans l’environnement. Un événement individuel peut n’avoir aucun effet significatif sur les espèces, les populations ou les écosystèmes marins voisins, mais lorsque plusieurs facteurs de stress sont combinés dans l’espace ou dans le temps, leurs effets sur l’environnement peuvent s’additionner; ces facteurs de stress superposés sont connus sous le nom d’effets cumulatifs.

Dans le Pacifique, par exemple, les espèces de saumon peuvent être touchées par plusieurs facteurs de stress au cours de leur vie qui ont une incidence sur les populations. Les changements environnementaux, comme le réchauffement de l’eau, peuvent réduire leur taux de survie dans les premiers stades de leur vie; le développement commercial des estuaires peut modifier l’habitat qu’ils utilisent pour entrer dans les eaux océaniques; et les pêches peuvent réduire leur nombre à l’âge adulte. Une population de saumons qui pourrait normalement survivre à un ou deux de ces facteurs de stress peut devenir menacée au fil du temps par les effets cumulatifs des trois facteurs de stress réunis. Même les habitats stationnaires ou les espèces du Pacifique peuvent être mis à mal de manière cumulative au fil du temps, car ils subissent de multiples perturbations de leur environnement physique ou chimique normal.

Il est difficile de suivre ou de prévoir comment certaines parties de l’écosystème marin peuvent réagir à des facteurs de stress multiples. La compréhension des effets cumulatifs dans ces écosystèmes nécessite donc des recherches scientifiques approfondies. La collecte de données écologiques de base, telles que la température de l’eau, les effectifs des populations ou la santé de l’habitat, et la surveillance de ces données dans le temps, peut aider les chercheurs à mieux prévoir et à évaluer l’incidence des effets cumulatifs sur l’environnement.

Écosystèmes de Vancouver et de Prince Rupert

Depuis 2017, Pêches et Océans Canada a soutenu des projets des Premières Nations locales visant à décrire l’état actuel de l’écosystème dans les ports de Vancouver et de Prince Rupert. Cette collecte de données dirigés par des autochtones couvre tous les aspects de l’écosystème, y compris les propriétés physiques et chimiques de l’eau, les niveaux de contaminants, la caractérisation de l’habitat, ainsi que l’abondance et la répartition des espèces. Ces projets reflétaient les valeurs de la collectivité au moyen d’une liste de composantes cibles de l’écosystème établie par les scientifiques des Premières Nations et de Pêches et Océans Canada.

Écosystèmes de la mer des Salish

Pêches et Océans Canada s’efforce d’aider à évaluer, à comprendre et à gérer les effets cumulatifs dans l’écosystème de la mer des Salish. Dans le cadre de ce projet, le Canada investit dans la capacité de 33 Premières Nations vivant le long de la mer des Salish, afin de surveiller et d’évaluer l’incidence des activités humaines sur leurs écosystèmes locaux. Il s’agit notamment de soutenir les activités des Premières Nations menées dans le but de recueillir des données, d’intégrer les connaissances autochtones et d’établir une base de référence des effets cumulatifs de composantes valorisées sélectionnées. Leurs observations viendront s’ajouter à l’ensemble des données disponibles pour soutenir la cogestion du point de vue des valeurs de leurs nations.

Protection et conservation des océans

Réserve nationale de faune en milieu marin des îles Scott

L’aire marine entourant les cinq îles Scott, au large de la pointe nord-ouest de l’île de Vancouver, est une zone d’importance écologique et biologique. Elle fournit également un habitat important pour plusieurs espèces de mammifères marins en péril. La zone attire chaque année 5 à 10 millions d’oiseaux migrateurs, dont certains, comme le puffin fuligineux, sont menacés à l’échelle mondiale. Les îles Scott constituent un habitat de reproduction et de nidification essentiel pour 40 % des oiseaux de mer de la Colombie-Britannique. En 2018, le Canada a fait de cette région une réserve nationale de faune.

Une collaboration unique a été créée pour la réserve nationale de faune des îles Scott, notamment avec trois ministères fédéraux, la province de la Colombie-Britannique, les Premières Nations Tlatlasikwala et Quatsino, ainsi que d’autres parties intéressées, dont des organisations industrielles et environnementales. Les règlements interdisent certaines activités qui pourraient menacer la faune et son habitat, tout en en autorisant d’autres, comme la pêche.

Habitat de reproduction et de nidification essentiel

Les îles Scott constituent un habitat de reproduction et de nidification essentiel pour :

Surveillance de la zone de protection marine du mont sous-marin SG̲áan K̲ínghlas-Bowie avec la Nation Haïda

Depuis plus d’une décennie, la Nation Haïda et le gouvernement du Canada gèrent conjointement le mont sous-marin SG̲áan K̲ínghlas-Bowie, grâce à la désignation de la zone de protection marine du mont sous-marin SG̲áan K̲ínghlas-Bowie, à la création d’un conseil de gestion, et à des expéditions et projets de recherche conjoints.

Le SG̲áan K̲ínghlas-Bowie mont sous-marin, le mont sous-marin le moins profond du Pacifique Nord, s’élève à 3 000 m, à moins de 24 m de la surface de l’océan. Il est situé à 180 km au large de Xaadáa Gwáay Haida Gwaii. Le mont sous-marin est la demeure d’un être surnaturel connu sous le nom de SG̲áan K̲ínghlas, ce qui signifie en Xaad kíl « être surnaturel regardant vers l’extérieur ».

En 2018, l’expédition sur les monts sous-marins du nord-est de l’océan Pacifique a regroupé des navires de recherche et des véhicules submersibles pour explorer trois monts sous-marins : SG̲áan K̲ínghlas-Bowie, Dellwood et Explorer. L’équipe de recherche a diffusé en direct les événements afin de permettre la participation du public et l’engagement des jeunes.

Étude de la côte centrale avec les peuples Heiltsuk et Kitasoo/Xai’Xais

Des expéditions récentes pour explorer les fjords profonds de la côte centrale de la Colombie‑Britannique ont été menées par les Premières Nations Heiltsuk et Kitasoo/Xai’Xais, la Central Coast Indigenous Resource Alliance et Pêches et Océans Canada.

Les habitats des fjords abritent des récifs rocheux complexes hébergeant une grande diversité de sébastes vulnérables et des coraux et éponges d’eau froide formant un habitat. La vie marine s’épanouit dans ces habitats côtiers uniques, mais les données scientifiques occidentales dans ces zones sont minimales. Le tissage des connaissances traditionnelles et des données scientifiques occidentales est essentielle à une compréhension complète de ces écosystèmes. Les partenariats, comme celle des expéditions dans les fjords, jouent un rôle de premier plan pour ce qui est de déterminer les lieux à protéger et le type de protection nécessaire.

Conclusion

Surveillance de l’océan Pacifique du Canada

Figure 12 : Surveillance de l’océan Pacifique du Canada

Des centaines de jours de relevés en mer sur la côte ouest du Canada ont permis de recueillir des données utilisées pour surveiller ces écosystèmes du Pacifique (voir la figure 12). Des observations quotidiennes effectuées par les phares aux relevés aériens et de plongée, ces efforts de surveillance annuels ajoutent à notre compréhension et aux renseignements sur l’état et les tendances de l’environnement marin du Pacifique canadien que nous possédons déjà. L’année écoulée a été unique en raison de la pandémie de COVID-19 qui a affecté les efforts de recherche et de surveillance de diverses façons (voir la partie sur la COVID-19).

Dans le Pacifique canadien, les changements climatiques constituent une pression dominante qui agit sur les écosystèmes marins, et ils sont la cause, entre autres, de l’augmentation des températures de l’eau, de la diminution de la concentration en oxygène dans l’eau et de l’acidification de celle-ci. Ces pressions ont un impact sur les réseaux trophiques marins ainsi que sur les poissons et les mammifères marins, et des facteurs de stress supplémentaires découlant des activités humaines viennent s’y ajouter. Le travail d’observation, de recherche et de surveillance des océans, ainsi que les activités de conservation, peuvent nous aider à mieux comprendre les écosystèmes marins et à protéger l’océan Pacifique du Canada à mesure que nous continuons d’en apprendre davantage.

Encadré : COVID-19

La pandémie de COVID-19 a eu une incidence sur la recherche en sciences marines dans le Pacifique de plusieurs manières. Les programmes de surveillance à bord de navires ont été soit annulés, soit modifiés pour réduire le nombre de scientifiques à bord. Les visites prévues pour récupérer les données des instruments dans les régions éloignées ont été retardées. Le travail de collaboration avec les Premières Nations sur leurs territoires a été reporté. Ces changements ont réduit les possibilités d’observer le milieu marin et ont entraîné des lacunes dans les enregistrements de données.

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