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Cadre de collaboration pour les activités de recherche et de surveillance conjointes du MPO et de la NOAA liées à l’acidification des océans

Table des matières

1.0 Introduction

1.1 Renseignements généraux et contexte

Les écosystèmes marins mondiaux subissent d’importants changements qui résultent de la combinaison du changement climatique, de l’acidification des océans, de la variabilité naturelle et d’autres pressions d’origine anthropique.

La hausse du niveau du CO2 atmosphérique est à l’origine du changement climatique et de l’acidification des océans. Le changement climatique influe sur les ressources marines, leurs écosystèmes, ainsi que leurs infrastructures de différentes façons. L’augmentation des températures océaniques réduit les concentrations en oxygène dissous et a aussi une incidence sur la répartition des ressources halieutiques, leur santé et les étapes de leur cycle de vie, comme la mue des homards. La hausse du niveau de la mer et l’augmentation des ondes de tempête océaniques qui y sont associées endommagent les littoraux et les infrastructures côtières et causent des dommages aux écosystèmes côtiers. L’acidification des océans réduit le pH de l’eau de mer et la disponibilité du carbonate de calcium, ce qui rend difficile pour plusieurs espèces de mollusques et de crustacés de faire croître leurs coquilles ou leurs carapaces et pour les jeunes poissons de contrer les changements internes de l’équilibre acido-basique. Cette situation peut causer plusieurs effets biologiques, y compris la mort.

La coopération bilatérale entre la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis et Environnement Canada (maintenant appelé Environnement et changement climatique Canada [ECCC]) est reconnue selon un protocole d’entente (PE) signé en janvier 2008. Dans ce PE, on expose les intérêts communs dans la collaboration aux recherches sur les océans et à l’échange de connaissances scientifiques et techniques Le PE indique également le besoin de coordination avec les autres partenaires participants de chacun des deux pays, comme Pêches et Océans Canada.

Le 29 juin 2016, le premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain Barack Obama et le président mexicain Enrique Peña Nieto se sont réunis à Ottawa à l’occasion du Sommet des leaders nord-américains. Lors de cette réunion, les trois dirigeants se sont engagés à promouvoir une économie et une société nord-américaines concurrentielles, durables et à faibles émissions de carbone, et à assurer leur leadership mondial dans la lutte contre le changement climatique. Ils se sont également engagés à améliorer la coopération en matière de gestion des océans et de recherches complémentaires sur les océans et le changement climatique, en particulier les effets du changement climatique sur les océans et les écosystèmes marins.

À l’appui de ces engagements internationaux, Pêches et Océans Canada (MPO) et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis ont tenu une réunion commune sur l’acidification des océans à Saint Andrews, au Nouveau-Brunswick, les 20 et 21 septembre 2016. Lors de cette réunion, des scientifiques et des gestionnaires des pêches ont discuté des effets de l’acidification des océans sur les espèces faisant l’objet de préoccupations communes afin d’échanger des méthodes de recherche en matière de surveillance et d’atténuation de l’acidification des océans, et de se pencher sur des possibilités de mener conjointement des activités de surveillance et de levé hydrographique. Les principaux objectifs de la réunion étaient les suivants :

  1. Fournir des mises à jour au sujet des recherches menées sur les effets biologiques de l’acidification des océans, plus particulièrement sur les espèces commerciales d’intérêt commun;
  2. Cerner les lacunes communes dans les connaissances et les domaines pour les prochaines collaborations de recherche;
  3. Établir un mécanisme de coordination pour les activités d’observation actuelles et futures de l’acidification des zones océaniques et côtières dans les océans Atlantique, Pacifique et Arctique;
  4. Élaborer un cadre de coordination des activités futures du MPO et de la NOAA.

1.2 Mission du MPO relative à l’acidification des océans

Le MPO surveille et étudie les répercussions du changement des conditions océaniques, notamment la hausse de la température de l’eau et l’acidification des océans, sur les pêches, les écosystèmes aquatiques et les côtes du Canada. Les organismes fédéraux font le suivi des conditions océaniques changeantes depuis plus de 100 ans et le MPO mène des recherches et travaille en collaboration avec des pays étrangers sur l’acidification des trois océans du Canada depuis plus d’une décennie. Les scientifiques du MPO ont entrepris diverses études régionales et internationales en vue de pouvoir décrire avec plus de précision la fréquence et l’étendue des événements acidifiants, de cerner les zones les plus vulnérables face à l’acidification et de mieux comprendre les répercussions possibles sur les organismes marins. À l’échelle internationale, le MPO participe au Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique, qui dirige de nombreuses activités de surveillance environnementale circumpolaire du Réseau mondial d’observation de l’acidification des océans (GOA-ON).

Par le truchement du Programme des services d’adaptation aux changements climatiques en milieu aquatique (PSACCMA) du MPO, les scientifiques surveillent et étudient les conditions changeantes des océans ainsi que leurs effets sur les pêches, les écosystèmes aquatiques et les côtes du Canada. Le Secteur des sciences du MPO a mené des évaluations fondées sur les risques des impacts que les changements climatiques présentent pour les systèmes biologiques dans quatre grands bassins aquatiques (écosystèmes d’eau douce du centre du Canada, Pacifique Nord-Est, Arctique canadien et Atlantique Nord-Ouest). Les résultats de ces évaluations ont permis de conclure que les infrastructures côtières du MPO, les écosystèmes et les espèces sont exposés à un risque important sur une période de 50 ans, que les risques concernant les services d’intervention d’urgence et les changements à l’égard de l’accès et de la navigabilité des cours d’eau sont les plus élevés dans l’Arctique et que l’acidification des océans est considérée comme un risque majeur pour la santé des pêches et des écosystèmes dans les trois océans.

Le PSACCMA actuel met l’accent sur l’acquisition de connaissances fondamentales sur l’acidification des océans ainsi que sur la promotion de la mise au point des indices de vulnérabilité aux changements climatiques pour l’infrastructure et les pêches côtières. Ceci comprend l’intégration des effets des changements climatiques dans les évaluations d’un stock, l’amélioration des prévisions des conditions océaniques et la communication des résultats aux autres ordres de gouvernement (p. ex. les provinces, les territoires, les villes), aux industries maritimes et aux Canadiens en général.

Le MPO continuera ses activités prioritaires scientifiques sur la chimie de la mer, y compris sur l’hypoxie et l’acidification des océans. Ceci comprend la recherche visant à mieux comprendre les effets biologiques de l’acidification des océans et les réponses des espèces visées par les principales pêches et l’aquaculture ainsi que des espèces clés sur le plan écologique dans les eaux côtières et les eaux de mer ouverte, et la façon dont la circulation océanique influe sur la fréquence et le taux d’acidification des trois océans.

En mars 2016, les premiers ministres canadiens ont signé la Déclaration de Vancouver qui les engage à élaborer un Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Cette déclaration permettra d’orienter la future stratégie pancanadienne pour l’adaptation et la résilience climatique. Ce cadre a été adopté officiellement et annoncé au public après la réunion des premiers ministres le 9 décembre 2016.

Tandis que le gouvernement fédéral va de l’avant pour la mise en place du cadre pancanadien, le MPO continuera à collaborer, le cas échéant, avec les autres ministères fédéraux et les provinces afin de faire progresser l’ordre du jour des changements climatiques au Canada ainsi que ses engagements du mandat, y compris l’utilisation de preuves scientifiques et des principes de précaution, et prendra en compte les changements climatiques durant ses prises de décisions touchant les stocks de poissons et la gestion des écosystèmes.

1.3 Mission de la NOAA relative à l’acidification des océans

En 2009, le Congrès des États-Unis a adopté la loi intitulée Federal Ocean Acidification Research and Monitoring Act, qui a permis d’établir l’Ocean Acidification Program (Programme sur l’acidification des océans) de la NOAA en mai 2011. Ce programme vise à coordonner la recherche, la surveillance et d’autres activités pour mieux comprendre le mécanisme qui sous-tend les changements et le rythme auquel changent les propriétés chimiques des océans, la variabilité de ces changements selon la région, et leurs répercussions sur la vie marine, les personnes et les économies locales, régionales et nationales. La Federal Ocean Acidification Research and Monitoring Act a aussi permis de former le Interagency Working Group on Ocean Acidification (OA-IWG; groupe de travail interorganismes sur l’acidification des océans) aux États-Unis, qui est présentement composé de représentants de 13 organismes fédéraux. Ce groupe est chargé de la coordination générale de la recherche sur l’acidification des océans et de la surveillance au sein des organismes concernés. Également, c’est le directeur de l’Ocean Acidification Program qui est le président de ce groupe de travail.

L’Ocean Acidification Program est un programme statutairement mandaté à long terme qui fait partie de la Division de recherche de la NOAA. Le financement du programme est réparti dans sept différents domaines ou thèmes prioritaires :

  1. surveillance,
  2. réaction biologique et réaction de l’écosystème,
  3. gestion de données,
  4. modélisation,
  5. stratégies d’adaptation,
  6. développement technologique et
  7. sensibilisation et éducation.

Dans le cadre de ses responsabilités, l’Ocean Acidification Program accorde des subventions et travaille en étroite collaboration avec les établissements d’enseignement afin de faire progresser les projets de recherche d’une importance cruciale dans le cadre desquels on examine les effets sur les organismes marins et les écosystèmes et les répercussions socioéconomiques menant à des stratégies adaptatives possibles. Il montre également la voie à suivre en ce qui concerne la progression de la surveillance de l’acidification des océans et dans la surveillance des pratiques exemplaires à l’échelle internationale.

La NOAA travaille à établir des observations de grande qualité et à long terme sur l’acidification des océans dans le milieu marin et côtier et les récifs coralliens, en employant un réseau de relevés par navires ciblés et volontaires, des observations à partir de postes d’amarrage fixes et des technologies de pointe. Ces renseignements orientent les expériences menées sur des organismes d’importance commerciale et écologique pour mieux faire progresser les efforts de modélisation socioéconomique et prévisionnelle sur le plan écologique. La NOAA continue également à intégrer les données et les renseignements sur l’acidification des océans dans les modèles des systèmes terrestres et dans les modèles océaniques régionaux à la fine pointe de la technologie à des fins d’utilisation par les communautés scientifiques et de gestion des ressources. Le fait d’obtenir une meilleure compréhension de la façon dont se produit l’acidification des océans à l’échelle régionale et de démêler le vaste éventail de vulnérabilités aidera à élaborer des pratiques de gestion et d’adaptation locales.

1.4 Cadre de coordination

À l’heure actuelle, il existe très peu d’efforts coordonnés sur le plan de la recherche et de la surveillance entre les deux organismes, bien qu’ils aient plusieurs ressources côtières en commun. Ce cadre de coordination fournit un moyen concret de la marche à suivre et des recommandations pour améliorer la coordination. Il définit les principaux domaines de collaboration entre les deux organismes et pourrait s’avérer utile pour élargir et améliorer le large éventail d’efforts consacrés à la recherche, à la surveillance et à la modélisation qui ont une incidence sur l’amélioration de la compréhension de l’acidification des océans au Canada et aux États-Unis.

Au cours de la réunion initiale de septembre 2016, on a abordé les obstacles aux collaborations entre le MPO et la NOAA ainsi que les moyens possibles de les surmonter. L’Ocean Acidification Program de la NOAA reçoit son financement directement du Congrès américain à titre de programme permanent, tandis que le financement du MPO pour la recherche sur l’acidification des océans est accordé selon un cycle de deux à cinq ans avec une possibilité de financement continu dans l’avenir. Puisque les cycles de financement ne sont pas toujours coordonnés entre les États-Unis et le Canada, les projets de collaboration à long terme sont difficiles à gérer. La collaboration est encore plus difficile en raison des communications limitées sur les caractéristiques de recherche ou les études de surveillance et de l’incertitude concernant les points de contact pour les projets. Dans la plupart des cas, les partenaires universitaires ont une plus grande marge de manœuvre et, historiquement, la collaboration entre la NOAA et le MPO peut donc avoir été limitée simplement parce que d’autres partenaires ont bénéficié de plus de souplesse pour les préparatifs de voyage et de travail collaboratif, et ce, avec des processus de permission moins compliqués.

Les différences à l’égard de la gestion fédérale ou étatique/provinciale d’une espèce peuvent rendre difficile de déterminer la meilleure façon de collaborer et de communiquer les approches de gestion. Par exemple, aux États-Unis, la gestion du homard se fait à l’échelle étatique dans un rayon de trois milles marins de la côte, mais au Canada, cette gestion se fait entièrement à l’échelle fédérale. Donc, la coordination de la gestion du homard est complexe. En ce qui concerne la coordination de la recherche sur le homard, les scientifiques du MPO doivent communiquer avec les chercheurs de la NOAA et des universités. À moins de simplifier les présentes relations à long terme, la complexité qui découle de l’organisation à l’échelle étatique, de la responsabilité fédérale, de la participation des universités, des priorités et des responsabilités de gestion pourrait limiter les possibilités de coopération transfrontalière.

1.5 Proposition de valeur

Le présent cadre de collaboration abordera les efforts de coordination proposés dans la surveillance, la recherche, la modélisation, l’expérimentation et l’échange des données et des renseignements entre le MPO et la NOAA. Les efforts de coordination seront appuyés par la mise en commun de l’expertise, des capacités, des méthodologies, du développement technologique ainsi que des plateformes, des navires, des postes d’amarrage et des laboratoires. L’amélioration de la collaboration sur ces objectifs communs représentera une utilisation plus efficace des ressources, ce qui sera bénéfique pour les deux pays par la capacité augmentée et le partage des connaissances. Les résultats serviront à améliorer les processus de production de rapports sur les océans, à informer la gestion des pêches de l’état et de l’étendue de l’acidification des océans et à élaborer d’autres outils d’adaptation orientant les décisions en matière de gestion des pêches et des océans.

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