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Centre d’expertise sur les mammifères marins, Rapport de recherche scientifique 2012-2014

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Centre d’expertise sur les mammifères marins, Rapport de recherche scientifique 2012-2014

Centre d’expertise sur les mammifères marins, Rapport de recherche scientifique 2012-2014 (PDF, 1.56 MB)

Inventaire des cétacés dans l’Extrême-Arctique 2013

Figure 1. L’équipe de l’Inventaire des cétacés de l’Extrême-Arctique de 2013 et l’un des aéronefs utilisés (photo : P. Carter).

Figure 1. L’équipe de l’Inventaire des cétacés de l’Extrême-Arctique de 2013 et l’un des aéronefs utilisés (photo : P. Carter).

Figure 2. Exemple des photographies haute définition prises par un appareil photo fixé ventralement à un aéroneuf Twin Otter volant à 1 000 pieds d’altitude. L’encadré est un agrandissement d’un groupe de narvals observé dans le détroit de Tremblay. (photo : DFO).

Figure 2. Exemple des photographies haute définition prises par un appareil photo fixé ventralement à un aéroneuf Twin Otter volant à 1 000 pieds d’altitude. L’encadré est un agrandissement d’un groupe de narvals observé dans le détroit de Tremblay. (photo : DFO).

Figure 3. Carte illustrant l’effort d’échantillonnage lors de l’inventaire (lignes bleues), les observations de narvals (cercles rouges) et les observations de baleines boréales (cercles bleus).

Figure 3. Carte illustrant l’effort d’échantillonnage lors de l’inventaire (lignes bleues), les observations de narvals (cercles rouges) et les observations de baleines boréales (cercles bleus).

Thomas Doniol-Valcroze, Steve Ferguson, Jean-François Gosselin, Jack Lawson et Kevin Hedges

De nombreuses communautés inuites de l’Arctique canadien chassent des narvals et des baleines boréales à des fins culturelles, économiques et de subsistance. La durabilité de ces importantes activités de chasse repose sur la constante mise à jour des estimations de l’abondance des populations concernées. Toutefois, l’obtention de ces estimations s’avère difficile en raison de la vaste zone géographique à couvrir et des conditions météorologiques rigoureuses caractéristiques de l’Arctique. En outre, les narvals sont fidèles à leur zone estivale d’année en année, impliquant que chacune des populations estivales doit faire l’objet d’un inventaire afin d’être en mesure de fournir des estimations utiles aux chasseurs locaux.

L’objectif de l’Inventaire des cétacés dans l’Extrême-Arctique, un relevé aérien à grande échelle effectué dans l’est de l’Arctique canadien en août 2013, était d’obtenir de nouvelles estimations de l’abondance des populations de narvals de la baie de Baffin et de baleines boréales de l’est du Canada et de l’ouest du Groenland. Les dernières estimations dataient d’environ une décennie et étaient incomplètes, étant donné les vastes répartitions spatiales de ces deux populations. Jamais auparavant un relevé n’avait dénombré tous les stocks canadiens de narvals de la baie de Baffin au cours d’un même été. Nous voulions également obtenir pour la première fois une estimation d’abondance de la population présumée de narvals dans les eaux entourant l’île d’Ellesmere.

La seule façon d’atteindre ces objectifs ambitieux dans un intervalle de temps limité par la couverture de glace, les conditions météorologiques souvent défavorables et les migrations saisonnières des espèces étudiées consistait à utiliser simultanément trois aéronefs à bord desquels étaient présentes autant d’équipes d’observateurs et d’opérateurs d’équipement expérimentées. Pour ce faire, il était nécessaire de combiner les ressources de trois régions du ministère des Pêches et des Océans : Centre et Arctique, Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. Des spécialistes des mammifères marins de ces trois régions ont participé à toutes les étapes du projet, de la conception de l’inventaire à l’analyse des données, en passant par la logistique et le pilotage des aéronefs. Au total, l’équipe comptait quinze membres qui se sont réunis à la base du Programme du plateau continental polaire à Resolute le 1er août et ont commencé à préparer les trois aéronefs pour le relevé (figure 1). Pendant les deux premiers jours, tous les observateurs ont reçu une formation approfondie afin de se familiariser avec les protocoles de collecte des données et effectuer des vols d’exercice aux environs de Resolute.

Des communautés du Nunavut ont participé à chacune des étapes de l’inventaire. En 2012, une visite a été effectuée à Grise Fiord afin de recueillir des renseignements sur les déplacements et la répartition des narvals autour de l’île d’Ellesmere, et quatre membres de la communauté ont participé à un relevé de reconnaissance des zones identifiées. Les connaissances traditionnelles sur le narval et la baleine boréale autour de l’île de Baffin ont été utilisées conjointement avec les relevés aériens précédents et les études de télémétrie satellitaire pour concevoir les plans de vol et déterminer dans quel ordre et à quel moment chacune des composantes spatiales de l’inventaire seraient couvertes. Pendant le relevé, chaque avion comptait un Inuit parmi les quatre membres d’équipage en charge de documenter les observations de baleines. En outre, des membres des organisations de chasseurs et de trappeurs de chaque communauté visitée au cours de l’inventaire (Resolute Bay, Arctic Bay, Pond Inlet, Clyde River, Kugaaruk, Taloyoak, Hall Beach et Pangnirtung) ont pu prendre place à bord des avions afin de survoler leur communauté lors du relevé.

Le relevé aérien a été effectué à une altitude de 1 000 pieds à l’aide de trois aéronefs Twin Otter 300, chacun équipé de quatre fenêtres concaves et d’une grande fenêtre ventrale.

Quatre observateurs étaient assignés aux fenêtres et un cinquième membre de l’équipe agissait à titre de navigateur et gérait les appareils photo. Les données d’observation ont été recueillies simultanément par deux observateurs de chaque côté afin d’augmenter la probabilité de détecter les narvals et d’améliorer la précision des résultats du relevé. En plus des observations visuelles, les trois aéronefs ont recueilli des photographies en continu à l’aide de deux appareils photo numériques orientés vers le bas, de chaque côté de la ligne du transept, qui photographiaient à travers la fenêtre ventrale (figure 2). Ces images géoréférencées seront utilisées pour générer des estimations distinctes de l’abondance de la population et fourniront un autre moyen d’estimer la proportion de baleines non détectées par les observateurs.

Le temps cumulatif de vol réalisé par les trois équipes entre le 1er et le 26 août s’élève à 241 heures et la majorité des zones initialement prévues ont été couvertes. La totalité de l’aire d’estivage des narvals de la baie de Baffin et la majeure partie de l’aire de répartition de la baleine boréale (figure 3) ont été inventoriées et ce, malgré une débâcle tardive et des conditions météorologiques difficiles tout au long du mois. La séquence de vol avait été conçue de façon à parcourir les zones par ordre de priorité tout en tenant compte des connaissances locales relatives à l’état des glaces. Afin de minimiser les biais associés aux déplacements potentiels des baleines entre les différentes zones, nous avons tenté de compléter le relevé de chaque zone en un jour ou deux. Pour les zones vastes et éloignées, l’utilisation de deux, voire trois aéronefs à la fois était parfois requise.

Des analyses supplémentaires ont été effectuées afin d’améliorer l’exactitude des estimations d’abondance. Notamment, les durées de plongée ont été ré-évaluées à partir de données de télémétrie afin de calculer un facteur de correction pour tenir compte des baleines qui n’ont pu être observées lors de l’inventaire puisqu’elles étaient submergées au moment où l’aéronef les a survolées. L’analyse des données du relevé visuel a été présentée lors de la réunion annuelle du comité national d’évaluation par les pairs sur les mammifères marins à l’automne 2014. Elle permettra d’obtenir des estimations d’abondance à jour des cinq stocks canadiens de narvals de la baie de Baffin ainsi que de la population de baleines boréales de l’est de l’Arctique et de l’ouest du Groenland. La lecture et l’analyse des 180 000 photographies haute définition sont également en cours, cependant ce processus ne sera terminé que dans plusieurs mois.

Les estimations d’abondance de chacun des stocks de narvals ainsi que de la population de baleines boréales permettront aux gestionnaires et aux intervenants de déterminer le nombre de baleines pouvant être chassé de façon durable afin de diminuer le risque d’épuisement des ressources au sein de chaque communauté.

Dans l’ensemble, le relevé a été extrêmement efficace et représente le plus vaste inventaire des populations arctiques de cétacés réalisé par le MPO à ce jour.

Le traitement des données du relevé, qui a commencé en automne 2013, consistait à transcrire, assembler et vérifier les enregistrements vocaux effectués par les observateurs; à cartographier les observations; à identifier les observations effectuées simultanément par les deux observateurs et à exécuter des programmes statistiques conçus pour optimiser les estimations d’’abondance de narvals et de baleines boréales.

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