Conseil canadien des ministres des pêches et de l’aquaculture (CCMPA)
Rapport sur le réseau d’aires marines protégées du Canada
Décembre 2018
Table des matières
- Texte Complet
- Liste des acronymes
- Sommaire
- Introduction
- Partie A : Mise en œuvre du Cadre national pour le réseau d’aires marines protégées du Canada
- Partie B : Thème principal du rapport de 2018 – Le rôle de l’analyse socioéconomique et culturelle dans le développement d’un réseau d’aires marines protégées (AMP) et la création des AMP
- 1. Aperçu du processus de développement du réseau d’aires marines protégées
- 2. Intégration de l’analyse socioéconomique et culturelle à la configuration du réseau d’AMP
- 3. Analyse socioéconomique de la création des AMP
- 4. Intégration de l’analyse sociale et culturelle dans les processus de configuration du réseau d’AMP et de création des AMP
- Conclusion
- Glossaire
- Annexe : Résumé des études internationales sur l’efficacité des réseaux d’AMP
- Figure 1 : Aire marine conservée des eaux marines et côtières du Canada
- Figure 2 : Développement du réseau d’AMP
- Figure 3 : Analyse socioéconomique dans la configuration du réseau et la création des AMP
- Figure 4 : Processus de développement du réseau
- Figure 5 : Processus de création de ZPM en vertu de la Loi sur les océans
- Encadré no1 : Définition des AMP, de la création d’AMP, et du développement d’un réseau d’AMP
- Encadré no 2 : Plan en cinq points pour atteindre les objectifs de conservation marine
- Encadré no 3 : Définition de l’analyse socioéconomique pour l’établissement des ZPM en vertu de la Loi sur les océans
- Encadré no 4 : Exemples de mesures de conservation possibles dans le réseau d’AMP
- Encadré no 5 : Types de sources de données économiques et d’information utilisées pour la planification du réseau d’AMP et la création des AMP
- Encadré no 6 : Activités de consultation et de mobilisation durant la sélection et la création de la ZPM du banc de Sainte-Anne
- Encadré no 7 : Fonctionnement du logiciel d’aide à la prise de décisions
- Encadré no 8 : Développement du réseau dans la biorégion de l’Arctique de l’Ouest
- Encadré no 9 : Assurer un équilibre entre les objectifs de conservation et les répercussions socioéconomiques et culturelles
- Encadré no 10 : Création d’aires marines nationales de conservation
- Encadré no 11 : Exemple d’analyse socioéconomique pour la ZPM d’Anguniaqvia Niqiqyuam
- Encadré no 12 : Jeter les bases de la planification spatiale marine en Colombie-Britannique
- Encadré no 13 : Exemple de l’intégration des renseignements sociaux, culturels et économiques – Aire marine nationale de conservation de Tallurutiup Imanga
Liste des acronymes
- ACA
- Analyse coûts-avantages
- AMCEZ
- Autres mesures de conservation efficaces par zone
- AMNC
- Aire marine nationale de conservation
- AMP
- Aire marine protégée
- APC
- Agence Parcs Canada
- CCMPA
- Conseil canadien des ministres des pêches et de l’aquaculture
- CDB
- Convention sur la diversité biologique des Nations Unies
- ECCCC
- Envrionnement et Changement climatique Canada
- GTO
- Groupe de travail sur les océans
- MPO
- Pêches et Océans Canada
- RDI
- région désignée des Inuvialuit
- REIR
- Résumé de l’étude d’impact de la réglementation
- UICN
- Union internationale pour la conservation de la nature
- ZIEB
- zones d’importance écologique et biologique
- ZPM
- Zone de protection marine
Sommaire
En 2011, le Cadre national pour le réseau d’aires marines protégées du Canada (Cadre national) a été élaboré afin que le Conseil canadien des ministres des pêches et de l’aquaculture (CCMPA) puisse offrir une orientation stratégique pour la création d’un réseau national d’aires marines protégées (AMP). La vision décrit « un réseau national d’aires marines protégées exhaustif, résilient et représentatif d’un point de vue écologique cherchant à assurer la protection de la diversité écologique et de la santé du milieu marin au profit des générations actuelles et futuresNote de bas de page 1 ». En janvier 2016, le CCMPA a remis sur pied le Groupe de travail sur les océansNote de bas de page 2 (GTO) pour offrir une orientation à l’égard de la mise en œuvre du Cadre national.
Le présent rapport est divisé en deux parties. La partie A souligne les progrès réalisés pour faire progresser le réseau national d’AMP dans les cinq biorégions prioritaires : la plate-forme Nord, l’Arctique de l’Ouest, les plates-formes de Terre-Neuve et du Labrador, la plate-forme Néo-Écossaise, et l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. La partie A fournit également une mise à jour sur l’engagement international du Canada à accroître la superficie des zones marines et côtières conservées dans ses trois océans pour qu’elle atteigne 10 % d’ici 2020. Les processus de développement du réseau et de gouvernance des biorégions appuient la création de différentes AMP qui contribuent à l’atteinte des objectifs de conservation marine nationaux et internationaux.
Des progrès importants ont été réalisés en vue d’atteindre les objectifs de conservation marine nationaux et internationaux du Canada. Enjuin 2018, environ 7,9 % du territoire maritime et côtier du Canada était assujetti à une forme quelconque de conservation, et le développement du réseau progressait dans les cinq biorégions prioritaires.
Reflétant l’accord conclu par les ministres à leur réunion de juin 2017, la partie B met un accent particulier sur les considérations socioéconomiques et culturelles dans le processus décisionnel concernant la création des AMP et le réseau d’AMP, ainsi que sur d’autres domaines de coopération. Le rapport fait le point sur la mise en œuvre du Cadre national, en particulier sur la manière dont les données socioéconomiques et l’information culturelle sont recueillies et intégrées dans le développement du réseau d’AMP, y compris la création subséquente des AMP. Il s’agit d’un sujet complexe et épineux qui nécessite que l’on explique clairement les considérations complexes liées à l’atteinte d’un équilibre entre les avantages et les coûts socioéconomiques et écologiques. Le GTO est d’avis que le rapport contribuera à rehausser la crédibilité des efforts consentis par le Canada en matière de conservation marine et à garantir aux Canadiens que le processus est juste et transparent.
Déclarations d’intérêt du Groupe de travail sur les océans
- Tous les organismes responsables devraient utiliser leur mandat conformément à la compétence et aux priorités de chaque gouvernement afin de contribuer de manière significative au processus de développement du réseau d’AMP.
- Par souci de transparence, tous les rapports d’analyse coûts-avantages sur les ZPM désignées en vertu de la Loi sur les océans devraient être publiés sur le site Web de Pêches et Océans Canada.
- Il est important de réaliser le plus grand nombre possible d’analyses socioéconomiques et culturelles, et ce, le plus tôt possible pendant le développement du réseau d’AMP, afin d’appuyer la sélection des éventuelles ZPM, de déterminer les niveaux de protection pertinents et de recenser les outils législatifs adéquats.
- Tous les gouvernements devraient poursuivre leur collaboration afin d’atteindre les objectifs communs en matière de protection et de conservation du milieu marin.
- Il faudrait solliciter le plus large éventail possible d’avis, de points de vue et de valeurs auprès des détenteurs du savoir autochtone et de différents intervenants, et ce, le plus tôt possible durant le développement du réseau d’AMP.
- Il faut encourager l’uniformité à l’échelle nationale dans l’application des divers outils et approches pour la création du réseau dans l’ensemble des régions (y compris l’analyse des activités culturelles et socioéconomiques qui peuvent être touchées), et il est important de mobiliser rapidement et en permanence toutes les parties concernées par ces processus.
- Une approche de gestion adaptée devrait reconnaître le fait que les écosystèmes sont dynamiques et qu’il faut quantifier les valeurs associées à leurs fonctions. Pour être efficace à l’échelle du réseau d’AMP et des sites, cette approche nécessite un mécanisme intégré de suivi et d’établissement de rapports, même si c’est onéreux.
Introduction
Àtitre de signataire de la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies de 1992 (CDB), le Canada s’est engagé à « intégrer les considérations relatives à la conservation et à l’utilisation durable des ressources biologiques dans le processus décisionnel nationalNote de bas de page 3 ».
L’engagement envers la conservation des ressources marines biologiques est le premier et le plus important des trois objectifs du Canada pour son réseau national d’AMP : « Assurer la protection à long terme de la biodiversité marine, de sa fonction écosystémique et de ses caractéristiques naturelles particulièresNote de bas de page 4. » Le concept d’utilisation durable introduit l’élément socioéconomique dans la création du réseau et est intégré dans le deuxième objectif du réseau canadien : « Appuyer la conservation et la gestion prudente des ressources marines vivantes du Canada et de leurs habitats, ainsi que les avantages économiques et les services écosystémiques qu’elles offrent aux générations actuelles et futuresNote de bas de page 5. » Enfin, le Canada s’est engagé à promouvoir les valeurs sociales, culturelles et éducatives dans le cadre de son troisième objectif. Cela peut comprendre la protection de zones telles que des sites historiques ou archéologiques lorsque ceux-ci sont compatibles avec les objectifs du réseau national et respectent les critères d’admissibilitéNote de bas de page 6.
Au cours de la réunion des ministres du CCMPA de 2017, ceux-ci ont décidé que le GTO rédigerait son deuxième rapport sur la mise en œuvre du Cadre national en mettant un accent particulier sur les considérations socioéconomiques et culturelles dans la prise de décisions, de même que sur d’autres domaines de collaboration.
Le présent rapport fait suite à cet engagement et met l’accent sur l’intégration des analyses socioéconomiques, sociales et culturelles dans le développement du réseau d’AMP. Il illustre comment, en fonction des paramètres définis dans ces analyses, cette information est ensuite utilisée pour la création des AMP. Comprendre la façon dont l’information est intégrée au processus décisionnel concernant le réseau d’AMP et au processus de mise en place des AMP prend une importance accrue, surtout si des mesures de conservation se traduisent par de possibles coûts et avantages futurs pour les collectivités ou les intervenants, du fait de la gestion des ressources marines en vue d’atteindre les objectifs de conservation d’une AMP individuelle.
En s’assurant d’intégrer efficacement les valeurs culturelles et socioéconomiques dans le développement du réseau d’AMP, le Canada témoigne de son engagement envers la Vision pour 2050 de la CDB : « d’ici à 2050, la diversité biologique est valorisée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, en assurant le maintien des services fournis par les écosystèmes, en maintenant la planète en bonne santé et en procurant des avantages essentiels à tous les peuples. »
Le type d’analyse socioéconomique entreprise pour créer une configuration de réseau d’AMP (une carte servant de guide pour les efforts futurs de conservation dans chaque biorégion, y compris la sélection de mesures de conservation appropriées) a une portée et une profondeur différentes de celles de l’analyse réalisée au moment de la création des différentes AMP. Le présent rapport décrit les types d’analyses qui peuvent être effectuées et la manière dont l’information est ensuite utilisée différemment pour élaborer les options de configuration du réseau d’AMP et mettre en place les ZPM en vertu de la Loi sur les océans.
Encadré no 1 : Définition des AMP, de la création d’AMP, et du développement d’un réseau d’AMP.
- L’expression « aire marine protégée » ou AMP est utilisée de façon générique pour décrire les zones des eaux marines qui correspondent à la définition, donnée par l’Union internationale pour la conservation de la nature, d’une zone protégée en vertu d’instruments légaux fédéraux, provinciaux ou territoriaux. Une « ZPM établie en vertu de la Loi sur les océans » fait référence à une zone de protection marine précise désignée en vertu de la Loi sur les océans.
- La création d’une aire marine protégée signifie instaurer la protection d’un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer la conservation à long terme de la nature ainsi que des services écosystémiques et des valeurs culturelles qui lui sont associés.
- L’expression « création d’une ZPM en vertu de la Loi sur les océans » désigne le processus de réglementation précis d’une ZPM. Le terme « désignation » n’est pas utilisé tant que le règlement désignant la ZPM en vertu de la Loi sur les océans n’est pas entré en vigueur.
- Le développement d’un réseau d’AMP est un processus en quatre étapes qui se termine par la création du réseau. Un réseau d’AMP est un ensemble d’aires marines protégées individuelles et d’autres mesures de conservation qui fonctionnent en collaboration et en synergie, à diverses échelles spatiales et différents niveaux de protection, en vue d’atteindre des objectifs écologiques plus efficacement et plus exhaustivement que ne le feraient des sites individuels. Les réseaux peuvent être composés de ZPM établies en vertu de la Loi sur les océans, d’aires marines nationales de conservation et de réserves nationales de faune en milieu marin, de parties marines des refuges d’oiseaux migrateurs, de parcs nationaux et de zones protégées provinciales et territoriales, et comprendre d’autres mesures de conservation efficaces par zone telles que les refuges marins.
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