Code de pratique provisoire : Batardeaux et canaux de dérivation temporaires
1.0 À propos du présent code de pratique
Le présent code de pratique décrit les meilleures pratiques nationales lors de l’installation de batardeaux et de canaux de dérivation servant à isoler temporairement une section de cours d’eau afin de réaliser des ouvrages, des entreprises et des activités à sec tout en maintenant le débit naturel en aval. Ce document peut être utilisé pour la planification, la conception et la construction de projets dans l’eau.
L’isolement efficace du chantier peut réduire considérablement les dommages aux poissons et à leurs habitats. Les batardeaux et les canaux de dérivation peuvent avoir certains effets potentiels sur les poissons et leurs habitats notamment des dommages directs aux substrats, le rejet de sédiments, la perte d’habitats riverains, l’échouement de poissons dans les sections asséchées et l’entraînement ou l’impaction de poissons dans les prises d’eau des pompes.
Dans la majorité des cas, ce code de pratique sera cité en référence dans les demandes d'examen pour des ouvrages, des entreprises et des activités qui nécessitent l'isolement du site. Par ailleurs, si d'autres susceptibles de causer des impacts sur le poisson et son habitat qui ne sont pas pris en compte par les mesures de protection du poisson et de son habitat, demandez l’examen de votre projet près de l'eau.
Ce code ne supprime ni ne remplace l'obligation de se conformer à toutes les exigences légales et réglementaires applicables de la Loi sur les pêches, la Loi sur les espèces en péril ou d'autres lois et politiques fédérales, provinciales ou municipales.
2.0 Vous pouvez utiliser ce code si :
- Il n’y a pas d’espèces aquatiques inscrites en vertu de la Loi sur les espèces en péril ni d’habitat essentiel ou de résidences d’espèces aquatiques en voie de disparition ou menacées dans la zone des travaux ou à proximité des ouvrages, entreprises et activités. Consultez la carte des espèces aquatiques en péril pour déterminer où se trouvent les populations en péril au Canada et leurs habitats essentiels
- Si la zone riveraine est identifiée comme faisant partie de l’habitat essentiel d'une espèce aquatique inscrite sur la liste des espèces en péril, il ne doit y avoir aucune augmentation temporaire ou permanente de l'empreinte existante au-dessus de la ligne naturelle des hautes eaux (voir définition ci-dessous)
- L’utilisation d’explosifs n’est pas requise afin de compléter les ouvrages, entreprises et activités
- Le passage du poisson est maintenu durant toutes les étapes des ouvrages, entreprises et activités
- Vous suivez les mesures du présent code de pratique et toutes les autres mesures applicables pour protéger le poisson et son habitat
3.0 Mesures de protection du poisson et de son habitat
3.1 Protection du poisson
- Planifier les ouvrages, entreprises et activités réalisés dans l’eau en fonction des périodes particulières établies pour protéger les poissons et leur habitat
- Limiter la durée des ouvrages, entreprises et activités dans l’eau, de manière à ne pas réduire la capacité du poisson à effectuer une ou plusieurs étapes de leur cycle de vie (fraie, alevinage, alimentation, migration)
- Installer un grillage à l’entrée des prises d’eau afin de prévenir l’entraînement et l’impaction du poisson
- Suivre le code de pratique provisoire – Grillages à poissons à l’entrée des petites prises d’eau douce
- Capturer tous les poissons captifs dans une aire isolée ou confinée du chantier et les relocaliser en toute sécurité dans un endroit approprié dans le même plan d’eau
- Évacuer l’eau progressivement afin de réduire le risque d’échouement des poissons
- Déplacer tout poisson conformément aux permis applicables pour la capture et la relocalisation de poisson
3.2 Protection du passage du poisson
- Maintenir le passage du poisson durant toutes les étapes des ouvrages, entreprises et activités
- Éviter de modifier le débit ou le niveau d’eau
- Éviter d’empêcher ou d’entraver le déplacement et la migration des poissons
3.3 Protection de la zone riveraine
- Utiliser les sentiers, les routes, les accès ou les bandes déboisées existants dans la mesure du possible
- Éviter de couper des arbres et des arbustes dans la mesure du possible
- Utiliser des méthodes pour empêcher le compactage du sol (ex. : tapis d’accès temporaires)
- Ne pas niveler les berges ou les abords des cours d’eau
- Éviter l’entreposage de matériaux sur les rives des cours d'eau et les zones riveraines
- Limiter l’accès aux rives et aux berges de cours d’eau ainsi qu’aux zones adjacentes
- Émonder ou écimer la végétation au lieu de l’essoucher ou de l’arracher
- Limiter l’essouchage des berges du cours d’eau à la surface requise pour les ouvrages, entreprises et activités
- Construire les chemins, points d’accès ainsi que leurs approches perpendiculaires au cours d'eau
- Enlever la végétation de façon sélective et par étapes
- Revégétaliser la zone perturbée avec des espèces indigènes adaptées au site
- Remettre à leur état naturel (profil, végétation, etc.) les berges des cours d'eau et la végétation riveraine affectées par les ouvrages, entreprises et activités
3.4 Protection de l’habitat aquatique
- Éviter de perturber ou d’enlever la végétation aquatique, les débris naturels de bois, les roches, le sable ou d’autres matériaux des berges, de la rive ou du lit du plan d’eau
- Opérer la machinerie de manière à perturber le moins possible le lit et les berges du cours d’eau
- Récupérer, rétablir ou restaurer la structure de l’habitat (p. ex. : gros débris de bois, blocs rocheux, végétation/substrat aquatique) à son état initial
3.5 Protection de l’habitat du poisson contre la sédimentation
- N'utiliser que des matériaux propres (p. ex. : roche, gros gravier, bois, acier, neige) pour les ouvrages, entreprises et activités
- Élaborer et mettre en place un plan contre l’érosion et le transport des sédiments pour le site des travaux afin d’éviter l’introduction de sédiments dans le plan d’eau durant toutes les étapes des ouvrages, entreprises et activités
- Entreprendre l’ensemble des ouvrages, entreprises et activités dans le milieu aquatique en isolant la zone des travaux (ex. : batardeaux, dérivation temporaire) afin de réduire l’apport de sédiments dans le cours d’eau
- Maintenir le débit naturel pour tous travaux d’isolement
- Planifier les travaux en dehors des périodes de temps venteux et pluvieux (faire attention aux avertissements météorologiques)
- Inspecter régulièrement et entretenir les structures et les mesures de contrôle de l’érosion et du transport des sédiments au cours des ouvrages, entreprises et activités
- Surveiller le cours d’eau pendant toutes les étapes des ouvrages, d’entreprises et activités pour détecter des signes d’apport de sédiments et prendre des mesures correctives au besoin
- Utiliser, dans la mesure du possible, des matériaux biodégradables pour le contrôle de l’érosion et du transport des sédiments
- Maintenir les mesures de contrôle de l’érosion et du transport des sédiments jusqu’à ce que les sols perturbés soient stabilisés de façon permanente
- Enlever tous les matériaux de contrôle de l’érosion et du transport des sédiments une fois le site stabilisé
- Opérer la machinerie à partir de la terre ferme, à partir de barges flottantes ou sur la glace
- Utiliser des méthodes pour empêcher le compactage du sol (ex. : tapis d’accès temporaires)
- Éliminer et stabiliser tous les déblais d’excavation au-dessus de la ligne naturelle des hautes eaux des plans d’eau avoisinants et veiller à ce que les sédiments ne retournent pas dans le cours d’eau
- Utiliser des matériaux adéquats et concevoir la zone à assécher de manière à minimiser la perturbation du lit et des rives du cours d’eau ou du plan d’eau
- Protéger le secteur où l’eau pompée est déversée afin de prévenir l’érosion du sol et le rejet de matières en suspension en aval
- Pomper l’eau présente dans l’enceinte vers une zone de traitement désignée (p. ex. : bassin de sédimentation, derrière un barrage filtrant, vers des zones de végétation, dans des sacs de filtration)
- Enlever les sédiments accumulés dans l’enceinte avant de retirer la structure d’isolement
- Ennoyer partiellement l’enceinte afin de mettre en suspension le matériel meuble et pomper l’eau chargée de sédiments hors du site
3.6 Protection des poissons et de leur habitat contre les substances nocives (y compris les sédiments en suspension)
- Élaborer un plan d'intervention qui doit être mis en œuvre immédiatement en cas de déversement d'une substance nocive
- Arrêter les ouvrages, entreprises et activités en cas de déversement d’une substance nocive
- Signaler immédiatement tout déversement (p. ex. :eaux usées, pétrole, essence ou autres substances nocives), que ce soit à proximité ou directement dans le plan d’eau
- Garder une trousse de lutte contre les déversements sur le site durant toutes étapes des ouvrages, entreprises et activités
- Contenir l’eau contenant des substances nocives
- Veiller à ce que les mesures de nettoyage soient appliquées convenablement de façon à ne pas entraîner d’autres altérations du lit ou des berges du cours d’eau
- Nettoyer et éliminer de façon appropriée les eaux chargées de sédiments et de substances nocives
- Maintenir l’ensemble de la machinerie du site propre et exempte de fuites
- Laver, ravitailler et faire l’entretien de la machinerie et entreposer le carburant et les autres matériaux servant au fonctionnement de la machinerie de façon à ce que les substances nocives ne s’infiltrent pas dans l’eau
- Éliminer tous les déchets (p. ex. : construction, démolition, exploitation forestière commerciale) au-dessus de la ligne naturelle des hautes eaux des plans d'eau voisins afin d'y empêcher leur introduction
- Planifier les travaux près de l’eau de manière à empêcher le rejet de matériaux comme la peinture, les apprêts, les abrasifs de décapage, les solvants antirouille, les dégraisseurs, le coulis de ciment, le béton coulé ou tout autre produit chimique dans le cours d’eau
3.7 Mesures supplémentaires pour les batardeaux
- Utiliser des batardeaux faits de matière autre que la terre (p. ex. des barrages mobiles remplis d’eau, des sacs de gravier, des blocs de béton, des murs en acier ou en bois, des roches propres, des palplanches ou autres moyens appropriés pour isoler et assécher le chantier)
- Prendre les mesures nécessaires pour étanchéiser les batardeaux et ainsi minimiser la quantité d’eau à gérer
- Utiliser des pierres propres, exemptes de matériaux fins ou meubles
- Utiliser des matériaux de taille adéquate (c.-à-d. des pierres et non du sable ou du gravier) qui résisteront aux débits prévus pendant la construction
- Construire des batardeaux d’une hauteur suffisante pour éviter les débordements en cas de crue soudaine
- Inspecter régulièrement et entretenir les batardeaux pendant toutes les phases du projet
- Ne pas creuser à l’intérieur du batardeau ou du rideau de turbidité tant que le batardeau/rideau/zone de travail n’est pas complètement isolé
- N’installer les pompes et ne les faire fonctionner que lorsque le batardeau est en place et adéquatement étanchéisé
- Surveiller en tout temps les pompes et conserver sur place des pompes de secours en cas de défaillance ou de débit élevé
3.8 Mesures supplémentaires pour les canaux de dérivation
- Concevoir le canal de dérivation de manière à ce qu’il puisse contenir les débits de pointe saisonniers pendant toute la période durant laquelle la dérivation est en place
- S’assurer que le canal de dérivation n’est pas plus long que nécessaire
- Stabiliser et étanchéiser le canal de dérivation temporaire avec un matériau étanche approprié avant d’y détourner tout débit d’eau du cours d’eau naturel
- Veiller à ce que la pente du canal de dérivation soit similaire ou inférieure à celle du cours d’eau naturel
- Utiliser des matériaux naturels pour simuler les conditions naturelles du cours d’eau lorsque possible
- Installer des structures de dissipation d’énergie (c.-à-d. des roches, des sacs de sable) dans le canal de dérivation
- Aligner la partie aval de la dérivation temporaire avec le cours d’eau naturel de manière à éviter l’érosion sur la rive opposée
- Inspecter régulièrement et entretenir les canaux de dérivation pendant toutes les phases du projet
- Relier le canal de dérivation au cours d’eau
- Excaver le canal de l’aval vers l’amont en conservant un "bouchon" de terre à l’amont pour empêcher l’arrivée d’eau dans le canal de dérivation.
- Installer un batardeau tout juste en deçà de l’extrémité amont du canal de dérivation afin de détourner l’eau du cours d’eau vers le canal
- Retirer le "bouchon" une fois que le canal est étanchéisé et que les membranes d’étanchéité sont fixées
- Installer un autre batardeau tout juste en amont de l’extrémité aval du canal pour isoler la zone de travail
- Entreprendre les ouvrages, entreprises et activités lorsque l’enceinte est isolée du cours d’eau
- Lorsque la dérivation n’est plus utilisée, enlever les matériaux d’étanchéisation, remblayer et stabiliser la zone du canal de dérivation temporaire et revégétaliser la surface pour prévenir l’érosion
3.9 Mesures supplémentaires pour la remise en eau de l’enceinte :
- S’assurer que l’intérieur de l’enceinte est libre de tout matériel qui n’est pas naturel
- Maintenir les mesures de contrôle des sédiments lors de la remise en eau de l’enceinte et l’enlèvement du batardeau afin de s’assurer que des sédiments ne sont pas rejetés dans le cours d’eau
- Enlever le reste de la structure du batardeau pour permettre le retour complet du débit dans le chenal permanent
- Lors de la remise en eau d’un segment de cours d’eau où des batardeaux qui empêchaient l’eau de s’écouler vers l’aval :
- S’assurer que toutes les composantes du lit et des berges du cours d’eau situées dans l’empreinte de la zone perturbée sont stabilisées, et que toutes les caractéristiques de l’habitat sont rétablies
- Veiller à maintenir un débit suffisant vers l’aval pour assurer la survie des poissons et le maintien des fonctions d’habitat jusqu’à ce que le débit naturel soit rétabli
- Enlever progressivement le batardeau en aval en premier afin d’égaliser les niveaux d’eau à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte permettant aux sédiments en suspension de se déposer et de pouvoir niveler le lit du cours d’eau sous l’empreinte du batardeau
- Retirer lentement la structure de contrôle des eaux en amont afin de permettre un retour progressif de l’eau dans l’enceinte
- Une fois les berges stabilisées et le canal de dérivation remblayé, les batardeaux du canal de dérivation peuvent être enlevés
4.0 Déclaration de projet
Ce code de pratique est destiné à être cité en référence dans une demande d'examen des ouvrages, entreprises et activités qui nécessitent l'isol ement du site. Lorsque vous utilisez ce code de pratique, veuillez soumettre un formulaire de déclaration de projet (PDF, 50 Ko) à votre bureau régional de Pêches et Océans Canada pour nous aider à améliorer au fil du temps ces lignes directrices sur la protection du poisson et de son habitat.
Il est de votre devoir d'informer le MPO si vous avez causé, ou êtes sur le point de causer, la mort non autorisée de poissons par des moyens autres que la pêche et/ou la modification, la perturbation ou la destruction de l'habitat du poisson. Ces notifications doivent être adressées au Programme de protection des pêches.
Pour remplir un formulaire PDF, vous devez :
- le télécharger sur votre ordinateur
- utiliser un logiciel PDF pour ouvrir (par exemple, Adobe Reader ou Foxit PDF).
Pour obtenir de plus amples renseignements, consultez le site Web : Comment télécharger et ouvrir un formulaire au format PDF
5.0 Communiquez avec nous
Si vous avez des questions au sujet du présent code de pratique, communiquez avec le Programme de protection du poisson et de son habitat de votre région.
6.0 Glossaire
- Batardeau :
- Ouvrage temporaire utilisé pour isoler et assécher une zone dans un cours d’eau ou un plan d’eau afin permettre de réaliser des travaux à sec tout en maintenant le débit en aval et les courants marin.
- Canal de dérivation :
- Ouvrage temporaire utilisé pour détourner l’eau d’un cours d’eau afin de réaliser des travaux à sec tout en maintenant le débit en aval.
- Entraînement :
- Se produit lorsqu’un poisson est attiré dans une prise d’eau et ne peut s’en échapper
- Impaction :
- Se produit lorsqu’un poisson piégé est maintenu en contact avec le grillage d’entrée et ne peut se libérer
- Ligne naturelle des hautes eaux :
- Le niveau habituel ou moyen auquel s’élève un plan d’eau à son point culminant et auquel il reste pendant un temps suffisant pour modifier les caractéristiques du sol. Dans le cas des eaux vives (rivières, cours d’eau), cette ligne se rapporte au « chenal actif/niveau de débordement », qui est souvent le niveau de la période de retour du débit de crue de un à deux ans. Dans le cas des lacs intérieurs, terres humides ou milieux marins, elle se rapporte à ces parties du lit d’eau et des berges qui sont fréquemment inondées par l’eau, ce qui laisse une marque sur le sol, et où la végétation naturelle varie d’essentiellement aquatique à terrestre (sauf les espèces qui tolèrent l’eau). Dans le cas des réservoirs, cette ligne se rapporte aux niveaux d’exploitation élevés normaux (niveau le plus haut admis pour l’exploitation d’un réservoir.
- Substance nocive :
- Toute substance qui, si elle était ajoutée à l’eau, altérerait ou contribuerait à altérer la qualité de celle-ci au point de la rendre nocive, ou susceptible de le devenir, pour le poisson ou son habitat, ou encore de rendre nocive l’utilisation par les humains du poisson qui y vit.
- Zone riveraine :
- Zone adjacente aux cours d'eau, aux lacs et aux zones humides qui abritent un mélange unique de végétation tolérante à l’eau allant des arbres et des arbustes aux herbacées et aux plantes aquatiques.
- Date de modification :