Mytilicola intestinalis (maladie de vers rouges) de l'huître
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Catégorie
Catégorie 1 (non observé au Canada)
Noms courants et généralement admis de l'organisme ou de l'agent pathogène
Mytilicola, maladie de vers rouges.
Nom scientifique ou classification taxonomique
Mytilicola intestinalis (copépodes, famille des Mytilicolidae) [pas un ver] (Steuer 1902, 1905).
Répartition géographique
Mytilicola intestinalis semble être confinée aux eaux européennes, y compris les régions côtières de la mer Adriatique, de la mer Méditerranée et de la mer du Nord (plus précisément de l'Italie au Danemark, en passant par les îles Britanniques et l'Irlande, mais pas la mer Baltique). À ce jour, elle a été signalée au-delà de la mer Méditerranée et de la côte ouest de l'Europe à une seule occasion, dans une circonstance inhabituelle; on l'a trouvée dans un échantillon de plancton dans la région du détroit de Malacca, dans l'océan Indien, à 67 milles marins de la côte la plus proche et à une profondeur de 951 mètres (Wickstead 1960). Bien que diverses raisons aient été avancées pour expliquer la présence de parasites intestinaux de bivalves européens à cet endroit de la colonne d'eau (notamment la possibilité que des bivalves infectés se soient trouvés sur la coque du navire), Wickstead (1960) n'a pas pu expliquer le phénomène.
Espèces hôtes
Ostrea edulis et Crassostrea gigas, également signalé chez des moules, des palourdes et des coques ainsi que Crepidula fornicata, en laboratoire. Hepper (1956) a indiqué que le parasite M. intestinalis n'infestait pas facilement l'espèce O. edulis en présence de moules, et qu'il était peu probable qu'il devienne épidémique chez les huîtres. Ainsi, Cheng (1967) conclut que M. intestinalis préfère les moules, mais qu'il parasite l'espèce O. edulis lorsque les moules ne sont pas disponibles. Crassostrea gigas est bien moins vulnérable que l'espèce O. edulis (Dare 1982).
Impact sur les hôtes
Il existe une forte controverse quant à l'importance réelle de l'impact de ce parasite sur les huîtres infectées et l'industrie ostréicole. Certains scientifiques estiment qu'il provoque une réduction de la croissance et de l'état de santé, des dommages tissulaires importants ainsi qu'une métaplasie de la paroi intestinale et des mortalités sporadiques. D'autres estiment que l'effet de ce copépode est aggravé lorsque les conditions de croissance ne sont pas optimales. Cependant, dans la plupart des infections, on ne constate aucun signe de pathologie causée par ce parasite chez les huîtres (Hepper 1956, Dare 1982, Aguirre-Macedo et Kennedy 1999a,b).
Techniques de diagnostic
Observations générales
On peut trouver Mytilicola intestinalis dans le tractus intestinal disséqué de son hôte, examiné sous un microscope composé (à dissection). La couleur rougeâtre et la morphologie allongée facilitent la détection de ce parasite. En raison de la morphologie cylindrique relativement allongée et des petits membres de ce copépode parasite, il ressemble à un ver à l'œil nu, d'où le nom commun de ver rouge. Hockley (1951) a trouvé occasionnellement des spécimens actifs incolores. La perturbation chimique des tissus de l'hôte avant l'examen devrait améliorer sa détection (voir ci-dessous).
Le corps de l'adulte M. intestinalis comporte des segments thoraciques dotés de deux processus, et la segmentation de l'abdomen est incomplète. Le mâle devient mature sexuellement à environ 2,8 mm de longueur et peut atteindre une longueur maximale de 4,5 mm. La femelle devient mature sexuellement à environ 4,6 mm de longueur et atteint une longueur maximale d'environ 9,0 mm. Deux poches d'œufs fixées au segment génital (situé à l'arrière du thorax) de la femelle peuvent se prolonger au-delà de l'extrémité postérieure de l'abdomen. La tête de M. intestinalis porte une tache rouge médiane, la première paire d'antennes dispose de quatre segments et la seconde en possède trois. La seconde paire d'antennes se transforme en une paire de crochets robustes utilisés comme points d'ancrage pour résister à l'expulsion par l'hôte. On observe une réduction globale de la longueur et de la complexité des appendices comparativement aux copépodes libres. Cette perte de complexité est plus importante dans les parties buccales, où les mandibules sont inexistantes et les maxillules, les maxillaires et les maxillipèdes sont extrêmement simplifiés (Hockley 1951). Les stades juvéniles de M. intestinalis (stades copépodites II à V) et les stades préadultes sexuellement immatures, tous d'une longueur inférieure à 2,5 mm, peuplent également le tractus intestinal de l'hôte (Gee et Davey 1986).
On peut distinguer les trois espèces de Mytilicola par leurs caractéristiques morphologiques externes. Plus particulièrement, la rame caudale de M. intestinalis est allongée (237 µm) et très divergente, la rame caudale de M. orientalis est également allongée (233 µm), mais pas très divergente, et la rame caudale de M. porrecta est courte (96 µm) et non divergente. Chez les adultes des deux sexes, la seconde paire d'antennes possède trois segments (podomères) chez M. intestinalis, deux segments chez M. orientalis et quatre segments chez M. porrecta. Les protubérances thoraciques postéro-latérales sont plus importantes chez M. orientalis, à l'exception de la première paire qui est absente chez les mâles de M. orientalis. Le mâle adulte de M. porrecta a des protubérances thoraciques postéro-latérales réduites qui sont presque invisibles. La griffe du maxillipède de M. porrecta mâle est courte, robuste et fortement crochue, comparativement à celle des M. intestinalis et M. orientalis mâles, qui est allongée et pas très crochue. Par ailleurs, la femelle M. intestinalis (4,6 à 9,0 mm de longueur) tend à être plus courte que la femelle M. orientalis (10 à 12 mm de longueur) et plus longue que la femelle M. porrecta (environ 5 mm de longueur).
Histologie
Examiner les sections transversales du corps pour déceler la présence de gros copépodes dans la lumière de l'intestin. Les copépodes peuvent se fixer à la paroi intestinale au moyen d'appendices à crochets. Une métaplasie du tissu focal peut se produire dans l'épithélium intestinal.
Digestion
La perturbation chimique des tissus exposera les copépodes et facilitera la quantification. Plus précisément, la digestion par pepsine de la chair retirée de la coquille des bivalves, suivie d'une filtration des tissus désintégrés par des tamis (348 µm et 124 µm de taille de pore), et l'examen des résidus de Mytilicola grâce à un microscope composé est la technique utilisée pour détecter tous les stades parasitaires de M. intestinalis, notamment les sacs vitellins et les stades infectieux précoces intacts (0,45 µm de longueur) [Dare 1982]. Ce processus est recommandé pour les études à grande échelle plutôt que pour le diagnostic de l'identité du parasite.
Méthodes de contrôle
On ne connaît aucune méthode de prévention ou de contrôle. Les résultats des expériences d'exposition sur le terrain menées par Dare (1982) ont confirmé que les huîtres juvéniles (naissains) des espèces Ostrea edulis et Crassostrea gigas pouvaient être infestées par M. intestinalis, mais que l'espèce C. gigas était bien moins vulnérable que l'espèce O. edulis. À partir de ces expériences, Dare (1982) a conclu que le risque de déplacer le parasite M. intestinalis dans de nouvelles zones par l'intermédiaire du transport de juvéniles de C. gigas présentant une longueur de coquille de moins de 25 mm était négligeable, tandis que l'espèce O. edulis devait être considérée comme un vecteur potentiel de ce parasite, même si le risque est vraisemblablement faible avec des juvéniles dont la longueur de coquille est inférieure à 15 mm. Les moules provenant de zones touchées (actuellement ou par le passé) ne devraient pas être introduites au Canada.
Références
Aguirre-Macedo, M.L. et C.R. Kennedy. 1999a. Patterns in metazoan parasite communities of some oyster species. Journal of Helminthology 73: 283-288.
Aguirre-Macedo, M.L. et C.R. Kennedy. 1999b. Diversity of metazoan parasites of the introduced oyster species Crassostrea gigas in the Exe estuary. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom 79: 57-63.
Baird, R.H., G.C. Bolster et H.A. Cole. 1951. Mytilicola intestinalis, Steuer, in the European Flat Oyster (Ostrea edulis). Nature 168: 560.
Cheng, T.C. 1967. Marine molluscs as hosts for symbioses with a review of known parasites of commercially important species. In F.S. Russell [ed.]. Advances in Marine Biology. Volume 5. Academic Press Inc., London, p. 286-296.
Dare, P.J. 1982. The susceptibility of seed oysters of Ostrea edulis L. and Crassostrea gigas Thunberg to natural infestation by the copepod Mytilicola intestinalis Steuer. Aquaculture 26: 201-211.
Dethlefsen, V. 1985. Mytilicola intestinalis parasitism. In: C.J. Sindermann (ed.) Fiches d'Identification des Maladies et Parasites des Poissons, Crustacés et Mollusques, No. 24. ICES, Copenhague. 4 pp.
Gee, J.M. et J.T. Davey. 1986. Stages in the life cycle of Mytilicola intestinalis Steuer, a copepod parasite of Mytilus edulis (L.), and the effect of temperature on their rates of development. Journal du Conseil International pour l'Exploration de la Mer 42: 254-264.
Hepper, B.T. 1953. Artificial infection of various molluscs with Mytilicola intestinalis, Steuer. Nature 172(4371): 250.
Hepper, B.T. 1956. The European flat oyster, Ostrea edulis L. as a host for Mytilicola intestinalis Steuer. The Journal of Animal Ecology 25: 144-147.
Hockley, A.R. 1951. On the biology of Mytilicola intestinalis (Steuer). Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom 30: 223-232.
Lauckner, G. 1983. Diseases of Mollusca: Bivalvia. In: O. Kinne (ed.) Diseases of Marine Animals. Vol II: Introduction, Bivalvia to Scaphoda. Biologische Anstalt Helgoland, Hamburg, p. 817-828.
Steuer, A. 1902. Mytilicola intestinalis n. gen. n. sp. aus dem Darme von Mytilus galloprovincialis Lam. Zoologischer Anzeiger 25: 635-637.
Steuer, A. 1905. Mytilicola intestinalis n. gen. n. sp. Arbeiten aus dem Zoologischen Instituten der Universität Wien und der Zoologischen Station in Triest 15: 1-46.
Wickstead, J. 1960. A new record of Mytilicola intestinalis Steuer, a parasitic copepod of mussels. Nature 185 (4708): 258.
Citation
Bower, S.M. (2009): Précis des maladies infectieuses et des parasites des mollusques et des crustacés exploités commercialement: Mytilicola intestinalis (maladie de vers rouges) de l'huître.
Date de la dernière révision : Décembre 2009
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