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Centre d'expertise sur les mammifères marins : Rapport de recherche scientifique 2006-2008

Table des matières

Centre d'expertise sur les mammifères marins : Rapport de recherche scientifique 2006-2008

Centre d'expertise sur les mammifères marins : Rapport de recherche scientifique 2006-2008 (PDF, 8.07 MB)

3.0 La place des mammifères marins dans l'écosystème

3.1 Répartition

3.1.1 Information sur l'épaulard de l'Arctique provenant du savoir écologique ancestral et des réseaux d'observation
Steve Ferguson

Épaulard mâle

Épaulard mâle
Photo: John Ford

Le nombre d'épaulards observés dans l'est de l'Arctique canadien a augmenté au cours des dernières années, en particulier dans l'ouest de la baie d'Hudson, et leur répartition a progressé avec les changements climatiques. Toutefois, on en sait peu sur leur répartition et leur écologie.

Le projet Orcas of the Canadian Arctic (OCA), lancé en 2005, est mené en collaboration avec le milieu universitaire, des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, l'industrie, des sociétés d'experts-conseils et des organisations Inuites. Une étude portant sur les épaulards dans l'Arctique canadien a été amorcée en 2006 et s'est poursuivie en 2007 et 2008, en vue de surveiller cette espèce dans cette région.

On recueille les connaissances ancestrales Inuites concernant les épaulards depuis août 2007; les premiers efforts portaient sur la région de la baie d'Hudson. À ce jour, des entrevues ont été réalisées dans cinq collectivités: Repulse Bay, Igloolik, Hall Beach, Rankin Inlet et Arviat. D'autres entrevues sont prévues entre 2008 et 2010. Jusqu'à présent, les entrevues ont livré une myriade de données locales sur les épaulards de l'Arctique, y compris la répartition, la migration et les habitudes migratoires, la saisonnalité et les répercussions de la prédation sur d'autres espèces de mammifères marins.

Simultanément, une base de données sur les observations a été créée et évaluée en vue de déterminer la fiabilité générale des observations, l'accent étant mis sur l'identification des espèces, le type d'observateur et la précision temporelle et spatiale. Une base de données photographiques est également en cours d'élaboration, ce qui permetttra d'identifier les épaulards individuellement.

3.1.2 Le savoir écologique ancestral et la science occidentale
Mike Hammill

On peut définir le savoir écologique ancestral (SEA) comme la somme de connaissances accumulées par des personnes qui, leur vie durant, ont procédé à des observations et acquis de l'expérience, sans le concours de la science occidentale. L'utilisation du SEA et son intégration aux sciences sont demandées par beaucoup car ce savoir fait appel aux ressources et à la longue expérience d'observation de la population locale, et peut fournir des données historiques antérieures aux données scientifiques dans les régions éloignées. En revanche, la science occidentale repose sur une approche expérimentale et la vérification des hypothèses afin d'obtenir de l'information sur des processus naturels.

Béluga marqué

Béluga marqué
Photo: Véronique Lesage

Le SEA et les sciences diffèrent pour ce qui est de l'information écologique qu'ils livrent, tant au plan de l'intensité observationnelle que du territoire couvert. Ces différences peuvent donner lieu à des conclusions distinctes sur la répartition saisonnière et le regroupement des populations de bélugas et donc influencer les décisions de gestion. À ce jour, peu d'études ont tenté de comparer de manière analytique ces deux ensembles de données. La collecte du SEA dans un format structuré en vue de son examen pour comprendre les points forts et les faiblesses demeure un défi pour les scientifiques et les détenteurs de ce savoir.

Dans la présente étude, l'information sur les mouvements et le regroupement de bélugas a été recueillie dans le cadre d'entretiens avec 427 chasseurs dépositaires du savoir ancestral, ce qui a donné lieu à 3 253 enregistrements saisis dans une base de données par la Makivik Corporation, de Kuujjuaq, au Québec. Des émetteurs satellites ont été installés sur 30 bélugas dans l'est de la baie d'Hudson, au Canada. On a comparé la répartition et les déplacements saisonniers à l'aide d'approches utilisant le SIG qui permettaient un agencement commun des ensembles de données.

Les deux ensembles de données faisaient état de rassemblement estival dans les estuaires (figure 4). Les données de télémesure ont révélé que les bélugas fréquentaient beaucoup la haute mer puisque 76 % des emplacements se trouvaient à plus de 15 km de la côte du Québec. Toutefois, ces déplacements au large ne ressortaient pas des données du SEA, où 83 % des enregistrements indiquaient que les bélugas se limitaient aux régions côtières. Les données de télémesure ont également montré que les bélugas restaient dans la région de l'arc de la baie d'Hudson tout au long de l'été, mais quittaient cette région pour passer l'hiver au large de la côte du Labrador. Les données du SEA ont révélé la présence de bélugas à proximité de la côte du Nunavik pendant l'été, et dans la région de l'arc de la baie d'Hudson en hiver.

Figure 4. Domaines vitaux en été. Calcul de probabilité de la présence dans le domaine vital de 50, 90 et 95 % d'après les données du SEA, les données de télémesure utilisant les emplacements de 30 baleines. a) SEA pour l'été; b) télémesure pour l'été.

Figure 4. Domaines vitaux en été. Calcul de probabilité de la présence dans le domaine vital de 50, 90 et 95 % d'après les données du SEA, les données de télémesure utilisant les emplacements de 30 baleines. a) SEA pour l'été; b) télémesure pour l'été.

Les résultats des deux méthodes soulignent combien il est important de comprendre la méthode de collecte des données. Les deux méthodes correspondent à différentes méthodes d'échantillonnage qui possèdent leurs avantages et leurs faiblesses. La télémesure par satellite fournit de l'information indépendante sur les déplacements des baleines, en particulier les baleines d'origine connue, dans ce cas, des baleines de la population de l'est de la baie d'Hudson (EBH). Toutefois, relativement peu d'émetteurs ont été installés (n=30) et en moyenne, ils se détachent des animaux après trois ou quatre mois. Les observations des détenteurs du SEA couvrent une plus longue période et une plus grande superficie, mais les observations sont principalement côtières, car il est dangereux de chasser au large dans de petites embarcations. Les données du SEA ne révèlent rien sur l'hivernage au large de la côte du Labrador en raison des difficultés inhérentes aux déplacements en hiver, au raccourcissement des jours et au grand territoire où passe le béluga.

Toutefois, les dépositaires du SEA ont remarqué que certaines baleines passaient l'hiver dans l'EBH. D'où viennent ces baleines? Certaines baleines de la population de l'EBH passent-elles en fait également l'hiver dans cette région? Ou celles qui y hivernent appartiennent-elles à une autre population qui passe l'été ailleurs, dans la baie James par exemple? Les données du SEA indiquent également que l'on trouve des bélugas le long de la côte du Nunavik pendant l'été. Les individus observés dans le détroit d'Hudson l'été sont-ils simplement des individus isolés des populations en migration qui sortent du détroit d'Hudson l'été? Ou appartiennent-ils à d'autres populations reliques qui passent l'été dans cette région?

D'après cette étude, il est évident que les deux ensembles de données peuvent fournir de l'information complémentaire et quand ces données concordent, les conclusions seront probablement plus fiables. Toutefois, quand les différentes méthodes donnent lieu à des conclusions différentes, il importe de comprendre le pourquoi de ces différences. Dans la plupart des cas, il faut bien comprendre les différentes méthodes d'échantillonnage employées, leurs points forts et leurs faiblesses.

3.2 Habitudes

3.2.1 Caractéristiques de plongée et estimations de l'observabilité des baleines boréales dans l'est de l'Arctique d'après la télémesure par satellite
Larry Dueck

Baleine boréale et béluga remontant à la surface dans une polynie

Baleine boréale et béluga remontant à la surface dans une polynie
Photo: Steve Ramsay

Le Canada compte deux populations de baleines boréales, l'une qui passe l'été dans la mer de Beaufort dans l'ouest de l'Arctique, et l'autre qui réside dans les eaux de l'est de l'Arctique canadien et dans l'ouest du Groenland. On croyait autrefois que deux populations particulières se retrouvaient dans la population de l'est de l'Arctique. Toutefois, les données que nous possédons nous portent à croire qu'il n'existe en fait qu'une seule et même population, probablement séparée selon la saison en fonction de l'âge et de la reproductivité. La localisation par satellite vient corroborer cette conclusion.

La localisation et la surveillance du comportement de la baleine au moyen d'enregistreurs à liaison satellite archivant les données ont grandement aidé à recueillir des renseignements que l'on n'aurait pu recueillir autrefois en raison du caractère insaisissable de l'espèce qui évolue dans des eaux septentrionales. Le suivi des déplacements de baleines boréales sur de longues distances a montré que cette espèce, dont on pensait qu'elle avait deux aires de distribution distinctes, partage en réalité les aires d'estivage et d'hivernage. L'analyse des déplacements et l'identification du lieu de résidence saisonnière ont livré de nouvelles données sur les voies migratoires, le cycle biologique et l'importance possible d'un habitat particulier.

Grâce à la technologie de pointe de télémesure par satellite, les animaux marqués ont également fourni de l'information sur le comportement de plongée, indiquant que les baleines boréales peuvent descendre à des profondeurs allant jusqu'à 400 m. Au nombre de l'information précieuse fournie par l'examen du comportement de plongée, la proportion du temps passé sous l'eau est importante quand on estime l'abondance de baleines boréales. Il s'avère que les baleines boréales passent près de 75 % de leur temps à des profondeurs supérieures à 4 mètres.

3.2.2 Écologie du phoque annelé
Steve Ferguson

Phoque annelé

Phoque annelé
Photo: J. Blair Dunn

Les phoques annelés représentent la majeure partie de la chasse de subsistance de mammifères marins pratiquée par les Inuits et ils constituent la principale ressource alimentaire des ours polaires. Les adaptations évolutives des phoques annelés en vue d'exploiter l'habitat de banquise côtière pour la reproduction et la survie pourraient exposer l'espèce à des problèmes très importants par suite du réchauffement planétaire prévu. Des préoccupations sont soulevées quant-à la baisse possible du nombre de phoques annelés dans l'ouest de la baie d'Hudson tel qu'indiqué par les dires des chasseurs, la réduction du taux de grossesse, la baisse de survie des nouveau-nés, la structure d'âges plus vieille et la réduction de la croissance et du nombre d'ours polaires. Quatre relevés aériens qui ont été réalisés entre 1995 et 2000 ont évalué que la taille de la population diminuait, s'établissant à 45 000 phoques en 2000 par rapport à 70 000 en 1995.

Un relevé aérien a été réalisé en mai 2007 et on l'a procédé à la capture et au marquage de phoques annelés en septembre 2007. Le but de ce travail sur le terrain était d'effectuer des prélèvements et de marquer les phoques, afin de mieux comprendre leurs déplacements et leur écologie d'alimentation dans la baie d'Hudson. Les phoques munis d'un enregistreur à liaison satellite fourniront de l'information sur le nombre de fois que les phoques ne sont pas visibles à partir des aéronefs et permettront ainsi de corriger les estimations des relevés aériens. L'information biologique de base, comme l'état et la morphologie, ainsi que des échantillons prélevés de phoques, vivants et morts, ont également été recueillis.

3.2.3 Mise au point de la méthode de surveillance acoustique passive pour surveiller de manière non intrusive les baleines dans leur environnement avec des exemples provenant de la voie navigable du Saint-Laurent et de l'Arctique
Yvan Simard

Figure 5. Réseau de bouées intelligentes à liaison radio et satellite WOW pour la localisation en temps réel des baleines grâce à la SAP (photo: Yvan Simard)

Figure 5. Réseau de bouées intelligentes à liaison radio et satellite WOW pour la localisation en temps réel des baleines grâce à la SAP (photo: Yvan Simard)

Les mammifères marins utilisent de manière intensive l'acoustique sous-marine pour communiquer, naviguer et déceler les proies et les prédateurs. À l'instar des oiseaux, de nombreuses espèces et de nombreux sous-groupes peuvent être identifiés en fonction de leurs cris particuliers. L'enregistrement de ces cris caractéristiques révèle alors la présence de ces espèces dans l'aire de surveillance. Comme un son se propage très efficacement dans l'eau, l'aire de détection peut être vaste, supérieure à 100 kilomètres dans des conditions favorables à des chants à basse fréquence. Ceci dépasse grandement la portée des détections visuelles. Ainsi, les scientifiques spécialistes des mammifères marins évoluant dans diverses disciplines ont travaillé pendant plusieurs décennies afin d'exploiter ce potentiel acoustique pour déceler et surveiller de manière non intrusive les baleines dans leur environnement. Grâce au développement rapide des connaissances et de la technologie dans ce domaine, une nouvelle méthode, appelée surveillance acoustique passive (SAP), voit le jour (figure 5).

On a utilisé divers systèmes de SAP dans le monde, allant des simples systèmes d'enregistrement et à un seul hydrophone jeté par-dessus bord à de vastes systèmes militaires reliés à la côte par câble pour la surveillance acoustique de tous les bassins océaniques. En collaboration avec l'Université du Québec à Rimouski, un programme de recherche a été lancé en 2002 afin d'élaborer et de tester des systèmes de SAP pour la surveillance des baleines dans l'estuaire du Saint-Laurent.

Après avoir mis au point un hydrophone autonome appelé AURAL pour enregistrer des fichiers sonores, on a déployé une série de dispositifs de ce genre dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent pendant les étés 2003, 2004 et 2005, afin d'examiner différentes configurations possibles pour déceler et localiser le chant du rorqual bleu et du rorqual commun. Plusieurs méthodes de localisation ont été étudiées afin de repérer les baleines dans le bassin de 75 km de longueur; malgré la difficulté particulière de la zone à l'étude, la modélisation de la propagation a été combinée aux caractéristiques des bruits pour montrer que la technologie parvient à déceler et localiser avec une grande efficacité les rorquals bleus et les rorquals communs d'après leurs chants. Une étude est en cours en vue de surveiller la population locale de bélugas.

Le plan pour la prochaine génération de ces systèmes est l'exploitation en temps réel et la détection et localisation automatiques des chants par l'intelligence artificielle. Par ailleurs, un projet de recherche triennal visant à élaborer un réseau de bouées intelligentes complémentaires a été mené à bien. Ce système sera mis à l'essai sur le terrain dans les années à venir. Entre-temps, des hydrophones AURAL ont été déployés en 2004 à plusieurs endroits de l'Arctique et de la baie d'Hudson en vue de surveiller les changements temporels dans l'occupation saisonnière des baleines boréales, des bélugas et des phoques barbus. Les résultats commencent à révéler clairement un lien avec les changements dans l'état des glaces.

3.3 Écologie alimentaire et régime alimentaire

3.3.1 Différences entre les sexes dans l'utilisation de l'habitat, la fréquence de l'alimentation et le régime alimentaire chez les phoques gris
Don Bowen

Phoques gris mâle (arrière-plan) et femelle (avant-plan) adultes illustrant la différence de taille selon le sexe

Phoques gris mâle (arrière-plan) et femelle (avant-plan) adultes illustrant la différence de taille selon le sexe
Photo: Don Bowen

De nombreuses espèces animales se séparent en fonction du sexe. Une telle séparation peut également être sociale de nature, ou écologique, ou les deux. Les phoques gris, comme de nombreux grands mammifères, sont de taille sexuellement dimorphe. Pour étudier la séparation de l'habitat des phoques gris en fonction du sexe, on a recueilli les traces satellites de 95 adultes se reproduisant à l'île de Sable entre 1995 et 2005 (figure 6). Les différences étaient le plus prononcées juste avant (octobre-décembre) et immédiatement après (février-mars) la reproduction. Pendant ces deux périodes, les mâles fréquentaient principalement les aires le long du rebord de la plateforme continentale, tandis que les femelles utilisaient surtout les aires au milieu de la plateforme. Ces différences peuvent servir à maximiser la bonne forme en réduisant la rivalité intersexuelle pendant les principales périodes de prospection alimentaire.

La saison et le sexe expliquent en grande partie la variation observée dans le régime alimentaire des adultes. Les estimations du régime alimentaire ont été établies d'après l'analyse des acides gras (les composantes du gras) des biopsies du petit lard prélevés sur des individus en liberté à l'aide d'une méthode appelée analyse quantitative de la signature des acides gras. Les différences étaient le plus flagrantes pendant la période de prospection alimentaire suivant la reproduction, quand l'absorption d'énergie est importante pour permettre aux femelles d'accumuler des stocks de nutriments qui leur sont utiles en cas de grossesse. Les femelles sélectionnaient moins d'espèces de proie mais de qualité plus élevée au printemps que les mâles. On n'a observé aucune différence entre les sexes dans le régime alimentaire des juvéniles.

On a traditionellement déterminé la fréquence de l'alimentation des phoques d'après l'état de la digestion des proies dans le contenu stomacal. Ces estimations sont plutôt imprécises et ne sont pas forcément représentatives de l'ensemble des déplacements effectués par les animaux en quête de nourriture. Dans une nouvelle étude, de petits émetteurs radios ont été placés dans l'estomac de phoques gris adultes. Ces émetteurs consignaient en continu les changements dans la température de l'estomac associés à l'alimentation. Les résultats ont révélé que le nombre d'événements d'alimentation est généralement plus élevé chez les mâles que chez les femelles, tout comme le temps consacré à l'alimentation chaque jour. Les phoques se nourrissaient en moyenne 57,8 % de la journée et avaient en moyenne 1,7 repas par jour. Les phoques gris avaient tendance à avoir de nombreux événements d'alimentation distincts, de longues périodes séparant chaque événement, comme on s'attend d'un grand carnivore. Ces résultats fournissent de nouvelles données sur le fondement des différences entre les sexes dans la plongée et le régime alimentaire.

Figure 6. Répartition mensuelle des phoques gris adultes mâles (jaune) et femelles (rouge) selon la localisation satellite d'Argos. Les lignes pleines entourant les secteurs correspondent aux densités des noyaux indiquant les aires de forte utilisation.

Figure 6. Répartition mensuelle des phoques gris adultes mâles (jaune) et femelles (rouge) selon la localisation satellite d'Argos. Les lignes pleines entourant les secteurs correspondent aux densités des noyaux indiquant les aires de forte utilisation.

3.3.2 Régime alimentaire du phoque du Groenland et du phoque à capuchon
Garry Stenson

Phoque du Groenland femelle et son petit

Phoque du Groenland femelle et son petit
Photo: DFO

Famille de phoques à capuchon

Famille de phoques à capuchon
Photo: Mike Hammill

Les phoques du Groenland et les phoques à capuchon sont deux des mammifères marins les plus abondants dans l'Atlantique Nord et jouent par conséquent un rôle important dans la structuration de l'écosystème. D'importantes recherches ont été réalisées au cours de la dernière décennie pour déterminer leur rôle écologique et l'incidence possible de la prédation du phoque sur la dynamique de la population de leurs proies. Toutefois, il s'agit de questions extrêmement complexes pour lesquelles il n'existe pas de réponses toutes faites.

Le développement de la télémesure par satellite a donné aux scientifiques la possibilité de mieux comprendre les déplacements et l'utilisation de l'habitat des phoques en liberté. Les phoques du Groenland et les phoques à capuchon sont des espèces pélagiques qui passent une grande partie de leur temps dans l'eau. Les phoques du Groenland se trouvent principalement le long des plateformes continentales où ils descendent à des profondeurs relativement peu élevées (100-200 m), même si on en a observé qui plongeaient à une profondeur pouvant atteindre 800 m. Par contre, les phoques à capuchon habitent les rebords des plateformes continentales et les pentes en eaux profondes. Les phoques à capuchon plongent régulièrement à des profondeurs supérieures à 300 m, et à l'occasion, à plus de 1 500 m.

Les deux espèces se nourrissent de divers poissons et invertébrés. Le régime alimentaire exact varie selon l'âge, le sexe, l'emplacement, la saison et l'année. En général, les phoques du Groenland se nourrissent d'une variété de petits poissons fourrages, comme le capelan, la morue arctique (morue polaire en Europe, Boreogadus saida), le hareng et le lançon. Leurs proies sont également des invertébrés comme des amphipodes et des crevettes. Même si les phoques à capuchon se nourrissent de nombre de ces espèces, ils ont tendance à consommer de plus grosses quantités d'espèces d'eau profonde comme le flétan noir et le sébaste que l'on trouve le long des rebords de la plateforme.

Traditionnellement, on établissait le régime alimentaire au moyen des morceaux durs trouvés dans les estomacs. Toutefois, chaque méthode présente des biais éventuels susceptibles d'affecter l'exactitude des estimations du régime alimentaire. De nouvelles techniques comme l'analyse de la signature des acides gras et l'analyse d'ADN du contenu stomacal fournissent de nouvelles données sur les régimes alimentaires à des échelles temporelles et spatiales plus grandes. Elles fournissent également de nouvelles données sur l'importance d'espèces-proies consommées par le phoque du Groenland et le phoque à capuchon et permettent de déterminer l'ampleur des biais associés à chaque méthode.

La consommation d'importantes espèces-proies par les phoques dans l'Atlantique canadien a été évaluée à l'aide de modèles bioénergétiques. Les phoques du Groenland sont d'importants prédateurs au large de la côte est de Terre-Neuve et dans le nord du golfe du Saint-Laurent, tandis que les phoques à capuchon se nourrissent principalement au large de Terre-Neuve et aux alentours du Bonnet flamand.

Plusieurs études ont tenté de déterminer l'incidence des phoques sur les stocks de poissons dans le nord-ouest de l'Atlantique, en particulier l'incidence des phoques du Groenland et des phoques gris sur la morue. Il appert généralement que même si les phoques consomment de grandes quantités d'espèces de poisson commerciales et d'importantes espèces fourrages, l'incidence de ces prélèvements sur les stocks actuels de poissons est difficile à déterminer. Les phoques sont d'importants prédateurs de la grande morue et de la jeune morue et pourraient bien jouer un rôle dans le non-rétablissement des stocks de morues, mais on ne saurait leur imputer une part importante de la mortalité dans la plupart des régions, et par conséquent, l'incidence totale de leur prédation ne peut être déterminée. Souvent, les estimations de la consommation de morues en fonction de leur âge par les phoques sont en contradiction avec la mortalité élevée observée parmi les groupes plus âgés. On ignore pratiquement tout de la réponse fonctionnelle des phoques aux changements dans l'abondance des proies, des autres sources de mortalité ou des effets écosystémiques possibles comme la compétition pour la consommation de poisson fourrage et la rétroaction positive de la prédation du phoque sur les poissons piscivores.

3.4 Interactions entre le prédateur et la proie

3.4.1 Rapport de l'Atelier national sur les répercussions des phoques sur les populations de poissons dans l'est du Canada
Don Bowen

Morue capturée dans un chalut

Morue capturée dans un chalut
Photo: DFO

Une réunion de cinq jours s'est tenue en novembre 2008 à Halifax, en Nouvelle-Écosse et portait sur des sujets se rapportant aux répercussions éventuelles des phoques sur les stocks de poissons dans l'est du Canada. On formule pour hypothèse que les phoques ont cinq effets naturels négatifs sur les populations de proies :

  1. prédation;
  2. compétition;
  3. transmission de parasites causant une mortalité accrue des poissons;
  4. perturbation du frai, ce qui entraîne une baisse du succès de reproduction; et
  5. autres effets indirects sur le comportement du poisson causés par le risque de prédation du phoque. Il s'agit du deuxième de deux ateliers et exposés axés sur les nouvelles analyses et les résultats du modèle découlant des travaux dont il a été question au premier atelier. Trente participants provenant du Canada, de la Norvège et des États-Unis ont pris part à la deuxième réunion. Des membres de l'industrie de la pêche, des étudiants des cycles supérieurs de l'Université Dalhousie et des scientifiques intéressés de l'Institut océanographique de Bedford ont également assisté à des séances de la réunion. Le principal objectif de ces ateliers était d'examiner ce qui est connu, de relever les lacunes dans nos connaissances et de formuler des conclusions concernant les répercussions du phoque sur les stocks de poissons dans l'est du Canada. Un rapport de la réunion sera établi au début de 2009.

3.4.2 L'importance de la prédation du phoque gris sur la morue
Don Bowen

Diverses catégories de taille de la morue

Diverses catégories de taille de la morue
Photo: Tom Hurlbut

L'écosystème de la plateforme Scotian a subi d'importants changements. Les prédateurs du sommet de la chaîne autrefois abondants ne représentent plus qu'une petite fraction de leur nombre historique, et une grande partie de la structure communautaire actuelle est maintenant dominée par les poissons pélagiques et les invertébrés. Dans ce réseau trophique, les populations de morue et de phoque gris ont affiché des tendances inverses. Depuis 1984, les populations de morue ont diminué de manière exponentielle à un taux moyen de 17 % par an. Parallèlement, les phoques gris ont continué d'augmenter de manière exponentielle, à un taux s'élevant en moyenne à 12 %.

L'incidence des phoques gris sur la dynamique de la morue a été réexaminée à la lumière de plus de 30 années de données sur les tendances démographiques de la morue et du phoque gris, en tenant compte de nouvelles données sur le régime alimentaire du phoque et la répartition saisonnière. La fermeture de la pêche à la morue il y a plus de 10 ans a permis de mieux évaluer les taux de mortalité naturelle.

Entre 1993 et 2000, la morue représentait en moyenne plus ou moins 2 % du régime alimentaire du phoque gris. Depuis la fermeture de la pêche, les phoques gris sont à l'origine d'un niveau élevé de mortalité instantanée, soit 21 % de la mortalité totale en moyenne. Toutefois, la mortalité naturelle de la morue pendant cette période est en grande partie imputable à des sources inconnues. Néanmoins, comme l'abondance de la morue a diminué pendant l'étude, la consommation de morue par le phoque gris a bel et bien contribué à l'échec du rétablissement des stocks de morue.

3.4.3 Stratégies antiprédatrices des cétacés à fanons
John Ford

Le rorqual commun peut nager à une vitesse de plus de 30 km/h pour échapper aux épaulards qui le poursuivent.

Le rorqual commun peut nager à une vitesse de plus de 30 km/h pour échapper aux épaulards qui le poursuivent.
Photo: Mark Malleson

On a émis récemment l'hypothèse selon laquelle les épaulards – le prédateur aquatique le plus important de la plupart des espèces de mammifères marins – étaient à l'origine de l'effondrement des populations de phoques, de lions de mer et de loutres de mer dans le Pacifique Nord. Selon cette hypothèse, la chasse industrielle de grands cétacés à fanons au XXe siècle aurait éliminé cette source de proie préférée des épaulards chasseurs de mammifères et les aurait contraints d'opter pour d'autres espèces-proies. Cette idée est loin de faire l'unanimité pour diverses raisons, entre autres le fait que rien ne nous indique que l'épaulard a jamais été un important prédateur des grands cétacés à fanons. Toutefois, ce point soulève une question intéressante – pourquoi les épaulards n'ont-ils pas pour proie régulière les grandes baleines?

Pour mieux comprendre la tactique et les stratégies que les cétacés à fanons utilisent pour éviter ces prédateurs, on a compilé et examiné des rapports publiés et des observations non publiées des interactions prédateur-proie visant l'épaulard et le cétacé à fanons. Cette étude a révélé que les cétacés à fanons adoptaient deux stratégies antiprédatrices distinctes et opposées lorsqu'ils sont harcelés ou attaqués par des épaulards: la stratégie de combat, où les baleines se regroupent et se défendent ensemble, et la stratégie de fuite, où les baleines s'enfuient rapidement et, si elles se font rattraper et attaquer physiquement, n'essaient pas de se défendre.

Au nombre des espèces de combat, mentionnons les baleines boréales, les baleines noires, les rorquals à bosse et les baleines grises, qui ont tous des formes de corps relativement robustes et massives et sont des nageurs relativement lents mais agiles. En général, ces baleines échappent aux attaques des épaulards en roulant sur elles-mêmes, en faisant des éclaboussures à la surface de l'eau et en attaquant leurs prédateurs avec la pointe de leur queue. Par contre, les espèces qui s'échappent – le petit rorqual, le rorqual boréal, le rorqual commun et le rorqual bleu – ont tous la même forme de corps hautement aérodynamique et nagent vite. Ces baleines arrivent généralement à échapper aux épaulards qui les poursuivent en s'enfuyant à des vitesses élevées allant de 20 à 40 km/h.

De nombreux aspects du cycle biologique, du comportement et de la morphologie des cétacés à fanons coïncident avec leur stratégie antiprédatrice, et il semble que l'évolution de ces traits ait été façonnée par la sélection en vue d'une prédation réduite. Par exemple, les espèces qui se battent se rassemblent souvent pour la reproduction dans des eaux côtières peu profondes, où elles sont mieux en mesure de se défendre et de défendre leurs petits contre les épaulards. La plupart des espèces qui s'échappent pénètrent rarement dans des eaux restreintes qui pourraient entraver leur fuite. Les espèces qui se battent ont également tendance à avoir sur le corps des incrustations (callosités et bernacles) qui peuvent servir d'armure ou d'armes en vue d'une meilleure défense.

En gros, il semble que ces stratégies antiprédatrices divergentes adoptées par les cétacés à fanons permettent d'éviter la prédation par les épaulards, en particulier les adultes. Par conséquent, les épaulards attaquent rarement ces grandes baleines et ciblent plutôt les mammifères plus petits, plus faciles à attraper, qui sont des proies plus profitables. Il semble douteux que la réduction du nombre de grandes baleines par suite de la chasse ait eu une grande incidence sur les habitudes alimentaires des épaulards.

3.5 Habitat des mammifères marins

3.5.1 Les phoques communs à Terre-Neuve et au Labrador: nouvelles données
Becky Sjare

Phoque commun au repos

Phoque commun au repos
Photo: DFO Quebec

Le phoque commun est l'une des sept espèces de pinnipèdes que l'on trouve dans le nord-ouest de l'Atlantique. Même si cette espèce est bien étudiée dans une grande partie de son aire de répartition, on en sait relativement peu à propos de l'écologie et du statut démographique de ces phoques dans les eaux de Terre-Neuve et du Labrador. Les objectifs de ce projet étaient de déterminer les profils des contaminants de base pour les phoques communs et leurs principales espèces-proies, de recueillir les données écologiques nécessaires afin d'évaluer si l'espèce pourrait être un bon indicateur de la santé de l'écosystème et de commencer à envisager les façons d'utiliser les données pour la surveillance des effets cumulatifs à long terme des aménagements côtiers futurs se rapportant à la production pétrolière en mer.

Selon un nombre limité de relevés de reconnaissance par bateau, des dénombrements opportunistes des individus montant sur l'échouerie effectués à partir de la côte et des entretiens avec des pêcheurs, les phoques communs sont relativement répandus mais leur répartition est clairsemée, et leur densité faible. Les exceptions sont les côtes nord-ouest et nord-est de Terre-Neuve et du Labrador, où l'on a fait peu d'observations. Il semble que l'abondance locale de phoques à des échoueries connues le long des côtes sud et sud-ouest a augmenté; l'abondance sur des sites situés plus au nord demeure faible.

En général, les phoques communs sont connus pour consommer une grande variété de proies et leur régime alimentaire varie selon la région, la saison et l'âge. Les analyses des échantillons du contenu stomacal prélevés entre 1985 et 2003 ont révélé la consommation d'une trentaine d'espèces différentes de poissons et d'invertébrés, mais dix espèces représentaient près de 95 % du contenu. La plie rouge, la morue arctique, le chaboisseau à épines courtes et la morue franche étaient les plus importantes.

Entre 2001 et 2003, un total de 66 échantillons de tissus ont été prélevés dans toute la province et analysés en vue de déceler les niveaux de mercure total, d'éléments traces et de polluants organiques persistants (POP). Les concentrations d'éléments traces et de mercure total étaient généralement comparables à celles présentes dans d'autres espèces de phoques du nord. Le mercure total, le sélénium et le cadmium ont affiché la plus grande variabilité entre les sites d'échantillonnage et dans ces sites; les phoques sur lesquels des échantillons ont été prélevés le long des côtes sud et est de la province avaient les concentrations les plus élevées de cadmium rénal. La source du cadmium n'est pas encore connue.

Selon la série de POP examinés, les phoques communs des eaux terre-neuviennes sur lesquels on a effectué des prélèvements étaient moins contaminés que ceux provenant de la population de l'estuaire du Saint-Laurent, mais leur contamination était généralement similaire à ceux du sud du golfe du Saint-Laurent. Les concentrations de mirex et de BPC étaient de 5 à 10 fois supérieures dans la population de l'estuaire tandis que celles de DDT et de chlordane étaient de deux à cinq fois plus élevées que chez les phoques de Terre-Neuve. Les niveaux de POP chez les mâles matures étaient plus élevés que chez les femelles, mais il n'existait aucune différence entre les sexes des juvéniles.

Ces nouvelles données sur les phoques communs jetteront les bases des études écologiques ultérieures, des évaluations des populations, de l'établissement d'indicateurs écosystémiques pour les régions côtières et de la recherche portant sur le mode d'accumulation des contaminants dans les chaînes trophiques côtières.

3.5.2 Caractéristiques sexospécifiques des troupeaux de loutres de mer de même sexe
Linda Nichol

Loutre de mer

Loutre de mer
Photo: Brian Gisborne

Les regroupements de loutres de mer de même sexe peuvent inclure jusqu'à 100 individus se reposant ensemble dans l'eau. Les mâles et les femelles se séparent et occupent spatialement des aires de regroupement distinctes. Ces regroupements d'individus de même sexe ont généralement lieu au même endroit pendant plusieurs années. D'après les observations sur le terrain, il semble y avoir des différences dans les caractéristiques des lieux de regroupement utilisés par les mâles et les femelles ainsi que des différences dans la formation quotidienne de regroupements. Les regroupements de femelles sont plus nombreux que ceux de mâles.

Dans cette étude, les caractéristiques de 49 sites de regroupement ont été mesurées dans un environnement de SIG. Les caractéristiques physiques incluent la profondeur moyenne, la distance par rapport aux grandes et petites masses continentales émergées, l'exposition et la complexité du fond. Les regroupements de mâles étaient en moyenne mieux protégés au sud-est que les regroupements de femelles. Plusieurs regroupements de mâles se trouvaient dans des bras, contrairement à ceux de femelles. Les regroupements de mâles se trouvaient plus près des grandes masses continentales émergées et ceux des femelles, plus près des petites masses continentales émergées. Les regroupements des deux sexes ont été observés à des profondeurs inférieures à 20 mètres.

Les différences sexospécifiques dans les caractéristiques des lieux de regroupement reflètent probablement les différences dans les besoins et les contraintes avec lesquels doivent composer les loutres de mer mâles et femelles. Les femelles adultes donnent naissance à un seul petit chaque année et s'en occupent pendant six à huit mois. Les grandes masses continentales émergées constituent des sources possibles de prédateurs terrestres et de pygargues à tête blanche, connus pour s'attaquer aux petits. Les terres émergées de moins de 50 mètres étaient généralement des écueils offrant un habitat peu profond variable, caractéristiques propres à diverses aires d'alimentation en eaux peu profondes. Pour trouver les invertébrés benthiques dont se nourrissent les loutres de mer, les femelles doivent laisser leur petit sans surveillance à la surface pendant qu'elles plongent. Il est possible que les femelles ayant des petits préfèrent les faibles profondeurs.

3.5.3 De la physique aux baleines: l'exemple de l'aire d'alimentation des cétacés à fanons de l'estuaire du Saint-Laurent
Yvan Simard

Figure 7

Figure 7

Rorqual commun

Rorqual commun
Photo: John Ford

Les cétacés à fanons du nord-ouest de l'Atlantique migrent chaque année dans le golfe du Saint-Laurent pendant la saison sans glace pour reconstituer leurs réserves de gras en s'alimentant de leurs proies préférées. Cette alimentation annuelle intensive est essentielle à la santé des individus, à leur reproduction et à la croissance de la population. La question est la suivante: qu'est-ce qui occasionne et contrôle ces regroupements?

Un plan de recherche systématique a utilisé une approche écosystémique pour répondre à cette question et mettre en lumière les processus océanographiques déterminant les regroupements de proies dans une aire d'alimentation traditionnelle des baleines dans le bassin hydrographique du Saint-Laurent. Plusieurs espèces, entre autres le rorqual bleu, le rorqual commun et le petit rorqual, visitent régulièrement cette aire, située à l'extrémité amont de leur route migratoire annuelle. Ce retour continu témoigne de l'existence d'un processus pérenne qui maintient constamment les proies regroupées à la tête du chenal.

Le programme de recherche a montré que cette aire était le site du regroupement le plus abondant de krills dans le nord-ouest de l'Atlantique. Le mécanisme (figure 7) responsable est le drainage du krill adulte d'une grande partie du golfe du Saint-Laurent. Les interactions tidales des courants et du krill avec les pentes du chenal entraînent une concentration du krill adulte dans le courant ascendant. Ce courant favorise l'accumulation de krills dans le parc marin. Des espèces de poissons fourrages pélagiques comme le capelan se réunissent aussi dans cette aire. D'autres recherches sur la dynamique de regroupement à la tête du chenal et à l'entrée du fjord du Saguenay sont en cours.

Des mesures hydro-acoustiques intensives de la répartition du krill dans l'ensemble du golfe du Saint-Laurent étaient requises pour brosser un tableau complet de l'aire d'alimentation permanente exceptionnelle des cétacés à fanons dans l'est du Canada. La modélisation a également fait ressortir d'autres zones de regroupement du krill dans le bassin hydrographique du Saint-Laurent, qui coïncident avec les données publiées provenant d'un relevé aérien du golfe.

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